Le premier qui marque un but à Sedan est fan de Phil Collins. Mais il n’est pas Lensois.

La culture club est un élément primordial pour les supporters et à voir le match des Sedannais face à la réserve de Lens, le groupe actuel a bien compris les valeurs du coin. C’est un peu comme chez Horsjeu, le petit nouveau que je suis, doit rapidement comprendre l’importance de l’esprit anal porté par les glorieux anciens. Lors de notre introduction nous recevons comme mission de porter l’anal plus haut, plus loin, plus fort. Je me dois de l’enseigner à tout le peuple vert et rouge, les supporters, les joueurs, le staff, le président Marc Dubois même si je crains que pour l’anal, Marc bloque.

Ai-je honte ? Un peu.

Bon, tu as bien fait le con avec ta vanne pourrie, faut parler de foot maintenant. Les nouvelles du front depuis la dernière académie qui date d’octobre :
ON NIQUE TOUT ET TOUT LE MONDE SANS VERGOGNE ET SANS PARTAGE (sauf en coupe de France) ET ON EST PLUS IMPENETRABLES QUE LES VOIES DU SEIGNEUR (sauf en coupe de France).

Je vous avais laissés, début octobre avec sept matchs, sept victoires, sept clean-sheets et un premier tour de Coupe de France gagné, je vous retrouve avant ce match face à Lens B avec dix matchs, dix victoires, dix clean-sheets et un deuxième tour de Coupe de France… perdu. Et si on parle de culture club, on ne va pas se mentir, ça fait chier. Les grandes pages de l’histoire du CSSA se sont écrites en coupe, les victoires de 1956 et 1961, la défaite de 1965. Pour ma génération, ce sont aussi les aventures de 1999 et 2005. Dans la situation du club on ne demande pas une finale mais bordel éviter de sortir bêtement avant l’entrée des pros dans la compétition ne serait-ce que pour vivre un bon match à Dugau. La dernière fois c’était en 2016, Bastia, alors en L1, était venu nous éliminer, 2-0, avec notamment un but de Brandao, #MeToo n’était pas encore passé par là.

Mais bon je pinaille, le début de saison est tout simplement exceptionnel.

Nous voici donc au Stade François Blin du Club Sportif Avion, aux portes de la Gaillette, le centre d’entraînement du RC Lens. Le match est à 16h, j’arrive un peu tôt, je retrouve les copains de Sedan Working Football qui ont fait le déplacement également. La dame qui tient la billetterie se les gèle dans sa guérite et nous engueule parce qu’on n’a pas de monnaie. Billet en poche on va boire une tisane détox ginseng-concombre au bistrot du coin, Chez Maxime, sa déco rétro-US, son patron tatoué supporter de Saint-Etienne et sa patronne, cousine de l’idole Pierre Deblock. Le monde est petit.

Le formidable outil.

Fun fact culture club toujours, les deux cents supporters qui ont fait le déplacement s’installent dans la tribune Roger Wicke, milieu de terrain né dans le coin qui s’avère avoir jouer plus de 150 matchs chez nous entre 1969 et 1974 et actuel secrétaire général du CS Avion, je fais le malin genre Lorant Deutsch de gauche mais merci Wiki hein (comme le vrai Lorant Deutsch en fait…). Nos hools du troisième âge débordent le service d’ordre (un vigile bien décidé à ne pas s’emmerder avec ça) pour s’installer au calme au milieu de la tribune pendant que les groupes se posent dans le « parcage » à l’entrée. Autant ça fait mal au cul de se retrouver à se niveau quand tu as connu la Ligue 1 et même l’UEFA (oui bon un tour, ok, mais quand même !), autant il y a un vrai plaisir à suivre ton club dans des conditions proches du district. Tu mates ton match accoudé à la barrière, la Jup’ fraîche posée dessus, tu te promènes autour du terrain, tu croises Michael Debève et son charisme houellbecquien tranquillement posés derrière un but pour jauger les jeunes pousses lensoises. Le vrai foot vrai.

L’équipe :

C’est le 11e match de la saison, les joueurs découvrent la puissance festive d’un mois de novembre dans les Ardennes, le soleil qui se couche à 11h17, une météo plus froide et humide qu’une porte-parole de LREM,… Moi je kiffe mais faut y être né, on va pas se mentir, quand on vous dit « Ardennes » c’est pas franchement un tube de crème solaire et un mojito qui vous viennent immédiatement en tête. Par contre on a des coins à cèpes je vous raconte pas.

« _ Allez les gars on va un peu sortir du département pour jouer histoire de changer d’air !
_ OUAIIIIIIIIIS !!!
_ On va aller dans la banlieue de Lens !
_ … »

Forcément, les mecs craquent nerveusement et se blessent. Donc Sedan se déplace sans Quarshie, Maluvunu, Damessi, Bekhechi entre autres. L’animation reste la même, défense à quatre avec deux latéraux capables de porter la balle devant, le milieu axial-Rapetous à trois, les deux ailes et la pointe/pivot/Char d’assaut/finisseur.

La compo.

Eul’ Match

Physiquement plus costaud, Sedan entame le match par le bon bout, dix minutes de franche domination malheureusement stérile. Puis Lens reprend progressivement le jeu et le ballon. C’est une jeune équipe qui se force à poser le ballon, et qui fait chier. Sur deux occases on ne passe pas loin du premier but encaissé. Nos ailiers sont moins percutant que d’habitude et ça se ressent.

Malgré tout, Sedan est sûr de sa force et ne panique pas. Dans le milieu on a droit à une masterclass de Dahchour. Il est partout ! Il gratte des ballons, provoque des fautes, relance… Le dix lensois doit encore voir son numéro quand il ferme les yeux. Il lui a tout fait, les petites fautes enseignées par Philippe Violeau dans son best-seller « Les crampons ne servent pas qu’à tenir debout », les provoc’ de briscard… au bout d’un quart d’heure il commençait déjà à bouillir. J’ai déjà plusieurs fois fait l’éloge du capitaine ici, aujourd’hui il a été tout simplement le meilleur joueur du match.

Alors qu’on s’emmerde un peu, faux rythme, Sedan un peu faiblard toussa toussa… On obtient un corner à la 40e, Bryan Constant le pose au premier poteau sur une tête lensoise, relance savon-saucisse qui se transforme en passe décisive lobée au deuxième poteau pour le coup de casque rageur de l’inévitable Durbant. 1-0 au meilleur des moments.

Where Jup’ comes true.

Le temps d’aller se désaltérer au charmant clubhouse du CS-Avion, la deuxième mi-temps reprend sur peu ou prou les mêmes bases. Toutes proportions gardées le style de Sebastien Tambouret tient plus du pragmatisme d’un Guy Roux que de la folie d’un Zdenek Zeman. Quand tu aimes le foot, tu as généralement tendance à préférer le côté spectaculaire du second, mais bizarrement, quand il s’agit de ton équipe en course pour la montée, tu fermes hypocritement ta mouille et tu signes les yeux fermés pour une vilaine victoire. Même quand les Lensois se retrouvent à 10 après une expulsion sympa, Sedan n’écrase pas le jeu mais joue la maîtrise. Durbant manque, temporairement, le break. Lens croit même tenir l’égalisation mais le but est refusé pour hors-jeu. Il est écrit que, telle la maman de Stifler, la cage de Lembet ne s’offrira qu’à un être exceptionnel, le Pause-caca de la N2.

Valeureux, les Lensois, laissent beaucoup d’espace dans leur dos et s’épuisent. Le jeune numéro 4, bon latéral droit au demeurant, doit tirer sa crampe. Et au final ça craque. 80e, Une mauvaise relance lensoise sur le côté gauche de l’attaque sedannaise, Lilian Fournier (rentré efficacement à la place de Sido dix minutes plus tôt) récupère le ballon, s’enfonce dans la surface comme une cartouche de LBD dans l’État de droit et offre son doublé à un Durbant physiquement cramé mais content. Il justifie ici sa première sélection internationale avec la Guadeloupe de Jocelyn Angloma. C’est bon on ferme. Place au plaisir d’un moment de proximité sympa entre joueurs et supporters.


Les notes

Lembet (3+/5)
Peu de ballons à négocier au final mais il l’a bien fait.

Mendy – Baldé (4/5) 
Une belle grosse paire solide comme on les aime.

Harvey (3+/5) 
Etonnant de voir la dimension qu’il a pris cette saison. Solide et juste. Bon match.

N’Joh Eboa (3/5)
Pas pris en défaut défensivement, pas ouf offensivement.

Calvet (3+/5) 
Bon match dans l’ensemble pour le métronome.

Misiatu (3/5) 
Première occasion pour moi de le voir vraiment titu, pas mauvais mais moins flamboyant que ce qu’il a montré jusqu’ici.

Dahchour (4+++/5) 
On n’a pas le droit de mettre de décimale sinon on nous torture à base de discours de politique générale de Raymond Barre, d’album live de Christophe Maé et de bière tiède, sinon j’aurais mis 4,9.

Sido – Constant (3-/5) 
On a joué à Avion avec des petites ailes (Badoum-Tsss).

Durbant (4+/5) 
Il a un rôle à la con, tout le match au carton, il ne se démobilise pas même quand on ne le trouve pas, il débloque la situation, il double. Bravo.

Les Subs :
Fournier (3+/5)
Une bonne entrée, une passe décisive et la volonté de percuter.
Borgniet (3/5) 
Il est entré pour prendre son petit carton, Paco a fait du bien par son agressivité dans le milieu lensois.
Romain (Non noté) 
Il n’a pas eu vraiment le temps de s’exprimer.

Sedan est premier, 33 points, 11 victoires, 18 buts marqués, 0 encaissés. 6 points d’avance sur Bastia qui a battu Bobigny dans le même temps. Point positif, on peut imaginer que ce résultat éloigne durablement les franciliens de la course, point négatif, Bastia reste à portée de fusil. Prochain match, à priori tranquille contre Saint-Quentin, avant-dernier, le 23 novembre à Dugau, donc forcément un match piège.

3 thoughts on “L’Ardwen Académie embarque pour Avion

  1. « s’enfonce dans la surface comme une cartouche de LBD dans l’État de droit. »

    Quel punchlineur.

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