Brest-OM (1-1), La Canebière académie patauge

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Ca ressemble déjà plus à ce qu’on connaît.

Aïoli les sapiens,

Ce Brest-OM se fût-il joué en ouverture de la saison qu’il aurait été capable de démontrer à Igor Tudor toute la richesse du vocabulaire marseillais, dès lors qu’il s’agit de considérer les deux attributs principaux dont est pourvu tout entraîneur en difficulté, à savoir un anus et une mère. Cependant, la victoire inaugurale contre Reims est passée par là et a privé le Croate du record de l’entraîneur le plus rapidement sacqué après un début de saison. Force nous est d’admettre que l’équipe s’est montrée dimanche dernier plaisante et efficace, et surtout qu’elle semble savoir ce qu’elle a envie de faire du ballon, des intentions qui ne sautaient pas aux yeux pendant la préparation. C’est donc dans un esprit d’apaisement et de patience que nous déclarons solennellement ici lui offrir un répit, que nous évaluons à hauteur de dix points « Dehors ».

Par conséquent, face à la purge de ce dimanche soir, nous respecterons notre engagement et n’inviterons pas séance tenante Igor Tudor à insérer divers objets plus ou moins oblongs dans l’un ou l’autre des attributs cités plus haut : si acéré soit-il ce soir, notre dépit ne peut que se briser sur une rigueur morale que je n’aurai pas peur de qualifier de granitique, et si nous saisissons notre plume la plus agressive ce n’est que pour la planter, rageusement certes, sur ce carnet d’où nous biffons incontinent trois de ces points « Dehors ».

Je serais navré de paraître insulter la sagacité proverbiale de nos lecteurs qui ont déjà tiré de ces jeux d’écritures les déductions qui s’imposent, mais nous sommes en août et il peut advenir que des touristes nous lisent, ce qui nous incline à préciser ce qui va pourtant sans dire : il reste donc à M. Tudor un pécule de sept points « Dehors » dont nous attendrons sans faillir l’expiration totale pour nous remettre à réclamer divers sévices restant à définir. Voilà, comme ceci vous ne viendrez plus dire que nous sommes impulsifs, ah mais. Hop.

Aparté : j’ai trouvé tout un lot d’Achille Talon au vide-greniers, ça fait deux jours que je ne lis que ça, j’aime beaucoup.


Le point mercato

L’opération dégraissage des indésirables se poursuit, avec un tel professionnalisme dans la manière de traiter des êtres humains comme de la merde que Chibrald Darmanin songe sérieusement à proposer à Pablo Longoria une reconversion dans le corps préfectoral français. Pol Lirola fête ainsi son anniversaire dans l’avion pour Elche (en prêt), tandis que De La Fuente part également en prêt, à l’Olympiakos. Notre président couve en revanche Dieng avec les yeux de l’amour (ceux qui ont des dollars à la place des pupilles), et annonce publiquement que, lui vivant, Caleta-Car sera transféré ou prolongé mais en tout cas ne partira pas libre de contrat. Pablo a remercié à cette occasion la responsable juridique du club de lui avoir offert un exemplaire du code du travail, dont il a sans tarder enroulé les pages pour se faire des pailles : le Dalloz de 4020 pages lui a ainsi tenu quasiment toute l’intersaison, ce qui représente presque l’affaire la plus rentable de ce mercato.

En ce qui concerne les arrivées, pas grand-chose à signaler, à part ce petit milieu Chilien méconnu, Alexis Sanchez, dont l’on dit le plus grand bien paraît-il.


Sur le mercato des indignations enfin, la Team OM se montre toujours aussi active, et rehausse même ses ambitions puisqu’elle est passée des émissions de Jean-Marc Morandini et des TikTok de Sabrina Veretout aux talk shows de l’Equipe21 (la prochaine étape, ce sera sans doute les téléfilms avec Stéphane Bern). Certains ont cru judicieux d’en tamiser le purin pour en extraire une pépite malodorante d’un intervenant, mise en valeur jusqu’à attirer les plus grosses mouches, avec un petit supplément harcèlement de masse en ligne.  Après tout, on a assez dit que l’Olympique était une religion pour ne pas y repérer effectivement les deux versants : la religion qui rassemble, qui transcende et qui pousse chacun à devenir meilleur, et l’autre, la religion qui autorise à brailler « c’est nous qu’on est les plus forts et si tu nous respectes pas on va te péter la gueule ». Bon, au final l’affaire tient moins de la fatwa que du rot malodorant à la figure d’un cuistre. On a les Salman Rushdie qu’on mérite, ce qui n’est pas un compliment pour Grégory Schneider, et encore moins pour nous.


Les Longorious Basterds

Blanco
MbembaGigot – Balerdi
Clauss – Rongier (Veretout, 69e) – Guendouzi – Tavares (Kolasinac, 82e)
Ünder (Sanchez, 46e) – Gerson (Payet, 69e)
Milik (Bakambu, 69e)

Le onze titulaire contre Reims est reconduit. Touré et Dieng sont en tribune parce que, Payet est sur le banc car. Alexis Sanchez est apte sinon à débuter, du moins à entrer en jeu.


Le match

Un grand pont de Guendouzi en pleine surface adverse augure d’une nouvelle rencontre plaisante, une promesse que la suite ne met toutefois pas longtemps à nuancer sévèrement. Brest n’a pas à faire face au même pressing d’équarrisseurs que celui produit contre Reims. Quoique légèrement dominateurs, nos joueurs manquent d’imagination et surtout de qualité technique, en témoignent le nombre d’ébauches avortées par une mauvaise passe. Les Bretons passent près de nous punir de ces mauvaises dispositions, quand Le Douaron devance Gigot pour placer une belle tête, sur le poteau.

Moins de cinq minutes plus tard, nous laissons entrevoir ce style « moche mais efficace » dont nous souhaitons peut-être faire notre marque de fabrique à l’extérieur. Clauss se procure ainsi un corner, joué en deux temps. De l’angle de la surface Jonathan adresse ainsi un centre parfait en réponse à l’appel non moins superbe de Tavares, qui pladupiésécurise (0-1, 38e).

Peu avant la pause, nous constatons que si Brest a Le Douaron, Milik a les coudes pointus : à son troisième bisou de la soirée sur une pommette bretonne, l’arbitre se contente de sermonner le Polonais au lieu de lui adresser un second carton jaune. Pas tant qu’Arkadiusz nous manquerait tellement ce soir mais bon, tant qu’à le voir sortir, ce serait toujours bien d’au moins pouvoir le remplacer.


La seconde période frise quant à elle l’infâmie. Au déchet technique s’ajoute l’inanité dans les duels, si bien que Brest se trouve de moins en moins inquiété avant de se mettre à nous dominer franchement. Notre défense est sollicitée et, si elle répond « présent », c’est avec l’accent de Jean Lefebvre dans la 7e Compagnie. Une relance affreuse de Gigot assortie d’un Balerdi décoratif éveillent le slipomètre, qui subit l’inévitable sortie de route à l’heure de jeu. Un centre mal négocié par Clauss occasionne un corner, qui se voit renvoyé plein axe : l’occasion pour Lees-Melou de connaître son quart d’heure de gloire en expédiant une volée après le rebond parfaite de pureté (1-1, 60e).

Une passe de Gerson pour Guendouzi sonne un semblant de réveil, mais Mattéo est repris d’un tacle williamsalibesque à l’entrée de la surface. Les entrées de Veretout, Suarez et Payet (après celle de Sanchez à la pause) n’empêchent pas ces vingt dernières minutes d’être un supplice visuel : l’occasion pour les commentateurs de profiter de ces interminables minutes d’ennui pour égrener les annonces habituelles : la question SMS à 10 000 euros (« Quel international chilien renommé vient d’être recruté à l’OM ? Alexis Sanchez : réponse 1 ; Augusto Pinochet : réponse 2) »), les annonces caritatives diverses (« Le Variété Club de France jouera au stade municipal de la Teste-de-Buch au profit des sinistrés d’Aquitaine ; prévoir des crampons pour stabilisé »), et quelques « private jokes « de bon aloi (« Ça y est, Balerdi a fait sa connerie de la semaine, tu paies ton coup. – Ah non, on avait dit : seulement si ça fait but. »).


L’OM peut en effet s’estimer heureux que Le Douaron ait les pieds carrés, puisque le Brestois satellise une reprise seul aux six-mètres après que son coéquipier a fait subir les derniers outrages à Balerdi. Cardona devance ensuite Gigot pour placer une tête aussi lointaine que spectaculaire, que Blanco pare joliment. Chez nous, seule une frappe hors cadre de Clauss après une percée de Bakambu a l’occasion de nous faire timidement frétiller le bon côté du slip. Nous nous quittons ainsi sur un match nul au contenu excessivement inquiétant, quant à notre capacité à jouer au football dès lors que nous ne pratiquons plus notre pressing de crève-la-dalle.


Les joueurs

Blanco (3+/5) : Dans les films d’horreur, on tremble davantage dans les moments calmes que pendant les scènes d’action. Je veux dire, quand le zombie cannibale est face à toi, on est en terrain connu, le héros sait ce qu’il a à faire, on peut faire place à la baston. Mais quand Brendan et Jenny sont en pique-nique, là tu angoisses parce que tu ne sais pas ce qui va leur sauter à la gueule, ni quand, ni de quelle manière. Eh bien Ruben Blanco c’est pareil, je suis certain qu’il est plus serein face à un attaquant dans la surface que lorsque Balerdi a le ballon.

Mbemba (3/5) : Donc, dans les trois petits cochons de la défense, Chancel c’est celui qui a construit sa maison en briques.

Gigot (2-/5) : Concède au duel deux têtes dangereuses depuis l’entrée de la surface. C’est bien la peine d’avoir une gueule d’ogre si c’est pour se faire tracer des bites sur le front par les petits poucets.

Balerdi (2-/5) : Les ralentis des erreurs de Balerdi pendant un match, c’est comme les scènes chantées dans les derniers Disney : non seulement ça gâche les choses sympa, mais ça les gâche tellement que tu te surprends à te cacher le visage tellement tu es gêné pour eux.

Clauss (3+/5) : Impliqué dans la plupart (deux) de nos actions dangereuses.

Rongier (2/5) : Un jour les automatismes seront tels que nos joueurs se trouveront les yeux fermés. En attendant, il serait peut-être opportun de les ouvrir avant de tenter une passe.

Veretout (69e) : N’a pas rendu l’équipe moins désordonnée.

Guendouzi (3/5) : Quelques très belles actions au milieu d’un collectif à la ramasse.

Tavares (3+/5) : Un nouveau but qui repousse à un peu plus tard ce légitime agacement quant à plusieurs pertes de balles inappropriées. Des « irritants », comme on dit chez les connards.

Kolasinac (82e) : Quelques soucis de réglage sur les hors-jeux, que dix minutes sur le terrain ne suffisaient pas à régler.

Ünder (1/5) : Allons à l’essentiel : confier notre jeu au le triangle intérieur Ünder-Gerson-Milik, pour l’instant ça fonctionne aussi bien que SNCF Connect pour commander l’armure d’Iron-Man. Alors si en plus Cengiz nous offre un récital de pertes de balle, il n’y a plus grand-chose à sauver.

Sanchez (46e, 2/5) : Pas de coup d’éclat, juste quelques gestes laissant sourdre l’idée qu’effectivement, l’individu semble s’y entendre en maniement de ballon.

Gerson (2-/5) : Totalement impuissant même s’il tente d’assurer un service minimum par quelques gestes. Rendez-lui son mojo.

Payet (69e) : Faudrait pas que ça initie une spirale de morosité, tout ça.

Milik (1/5) : Porté par des premières minutes très correctes, Arek a compensé son manque de réussite en manifestant dans les duels une grinta® très remarquée. Si c’était pour nous aider à gagner ce match ça n’a pas servi à grand-chose, mais si l’objectif était de s’entraîner à décapiter Neymar au prochain clasico, en revanche c’est probant.

Bakambu (69e) : Gagne une entrée en jeu après que Luis Suarez a été mystérieusement rappelé sur le banc, et dépense une énergie certaine sans résultat.


L’invité zoologique : Jérémy Le Douxhareng

Une autre bande dessinée qu’était bien, c’était Marine, la petite fille pirate. Dedans, il y avait un personnage qui finissait invariablement au fond d’un tonneau de harengs. Cela illustre bien le fait que le hareng est l’invité approprié pour commenter ce match dont nous ressortons poisseux et malodorants.

  • Les autres : Peu mis sous pression, ils ont tranquillement pu développer leurs approches, et peuvent même regretter de ne pas nous avoir collé la bonne défaite.
  • Le classement : aucune équipe (PSG excepté) n’ayant obtenu deux victoires, nous restons deuxièmes à ce jour.
  • Coming next : nous accueillons Nantes samedi soir avant un déplacement à Nice le dimanche suivant dans l’après-midi. Suivront Clermont et Auxerre dans la même semaine.
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

2 thoughts on “Brest-OM (1-1), La Canebière académie patauge

  1. Bonjour. Superbe analyse. Elle rafraîchit. A lire sans modération. Continue ton excellent travail. Chapeau bas.

  2. un pécule de sept points « Dehors » dont nous attendrons sans faillir l’expiration totale pour nous remettre à réclamer divers sévices restant à définir. Voilà, comme ceci vous ne viendrez plus dire que nous sommes impulsifs, ah mais. Hop.

    Effectivement on sent l’influence d’Achille et de son Papa, C’était bien, c’est toujours bien.

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