OM-Milan AC (0-2) : La Canebière Académie déclare la patrie en danger

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Tout va trop vite dans le football.

Aïoli les sapiens,

Telle un ministre en cas de catastrophe naturelle, la Canebière Académie n’hésite pas à interrompre ses vacances pour se rendre sur le lieu du sinistre et réconforter les riverains éprouvés. Pourtant, rien de très alarmant ne semblait devoir nous détourner d’un début d’été consacré exclusivement à la contemplation des exploits de Wout van Aert le jour et des pyromanes méditerranéens le soir.


Sampaoli est parti soudainement ? La belle affaire. La cote pour une grave crise en milieu de saison approchait de toute façon les 0,99 : l’anticipation de l’inévitable était plutôt donc un soulagement, à l’image de ces cellules qui s’autodétruisent proprement par apoptose au lieu de se nécroser brutalement en foutant du pus partout dans l’organisme. Du reste, le départ fut promptement pallié par Pablo Longoria, sortant un successeur de ses valises oculaires en moins de temps qu’il n’en faut pour taper un rail de coke.

Car hélas, si le supporter olympien est habitué à voir la tronche de ses présidents se dégrader façon Dorian Gray au fil des photos de recrutement, l’état de fatigue du bon Pablo transparaît plus que jamais, de sa tronche de démané mais aussi et surtout de ses décisions. Après tout, il n’a également fallu qu’un à Val Kilmer pour passer de « Heat » à « L’ïle du Docteur Moreau ». 

Notre nouvel entraîneur est ainsi Igor Tudor qui, en limitant autant que faire se peut les procès d’intention, n’est pas l’un des noms les plus évocateurs d’un jeu débridé et conquérant.  Pressé de limiter les frais par l’actionnaire, le club ne parvient guère à réaliser des transferts lucratifs. Des comportements baroques sont remarqués, tels que la mise à l’écart d’Amavi pourtant prolongé la saison précédente, et surtout celle de Cheikh Bamba Dieng, privé de la moindre minute en match amical (à l’exception de celui inaugural contre Marignane). Passons sur l’aspect humain de la chose, Longoria étant réputé pour s’insérer parfaitement dans la philosophie du football moderne (i.e : du trafic de barbaque). Encore faudrait-il que le club y gagne sportivement ou financièrement : à ce stade de l’été, les progrès sur chacun de ces plans semblent limités.


Pris séparément, chacun des événements de l’intersaison (changement d’entraîneur, finances contraintes, mercato difficile, matchs amicaux navrants) passerait pour simple péripétie. Mais considérés ensemble, à plus forte raison depuis le dernier match de préparation catastrophique de ce dimanche, il émane d’eux ce parfum que tous les suiveurs de l’OM savent reconnaître, et qui s’exhale de manière tellement puissante que ne pas le reconnaître relèverait de la plus mauvaise foi : le parfum de la bonne grosse saison de merde qui suit une deuxième place.

Aussi, nous n’allons pas faire semblant de croire à quoi que ce soit : l’avantage d’un ratage si évident, c’est qu’il est déjà temps de mettre tout en œuvre pour le pallier autant que possible. Alors que ses propres joueurs enterrent le coach avant même le premier match officiel, comme en témoigne cette déclaration de Jonathan Clauss, tranchons net. N’attendons pas la mi-novembre et une série de huit défaites pour prendre les mesures qui s’imposent :

1°)

Bah ouais. C’est comme les moissons ou les vendanges, on bat des records de précocité.

2°) Igor Dehors. De la même manière que Longoria a anticipé les tensions à venir avec Sampaoli, il doit anticiper le fait que son choix pris un soir de cuite estivale nous mène droit à notre perte. Nul n’est besoin d’attendre d’avoir perdu quinze fois pour s’en rendre compte et agir en conséquence. En plus la vie est bien faite : puisque ce mastre de Jacques-Henri Eyraud est toujours présent au club, il trouvera bien un motif pour le lourder sans indemnités comme il sait si bien le faire.


Pendant que nous y sommes, profitons de cette académie imprévue pour un petit point d’étape mercatal :

Les départs

Boubacar Kamara (f.c., Aston Villa) : Le cha££enge $portif.

Amine Harit (r.p., Schalke 04) : La piste ne reste pas tout à fait close, tant il paraît de plus en plus important de trouver un bâton de vieillesse à Dimitri Payet.

William Saliba (r.p., Arsenal) : Il semble malheureusement qu’Arsenal ait cette fois-ci oublié d’être bête, et compte réellement en faire un pilier de sa défense.

Lucas Perrin (Strasbourg) : Parti pour une longue et heureuse carrière de « bon joueur de club ».

Steve Mandanda (Rennes) : Transféré sans indemnité à un rival qui manquait justement d’un gardien performant. On dirait Macron qui fait des cadeaux aux milliardaires tout en rognant sur les stylos des instituteurs.

Nemanja Radonjic (p., Torino) : Prince Fada nous quitte, sans doute pour de bon puisque cette fois-ci nous avons pris soin de ne pas joindre d’enveloppe retour. Il ne reste qu’à espérer que si nous recrutons des joueurs nuls, ils aient au moins la politesse d ‘être rigolos comme l’était Nemanja.

Luis Henrique (Botafogo) : L’histoire retiendra qu’il a connu ses meilleurs moments chez nous en faisant des passes décisives à Michaël Cuisance.

Luan Peres (Fenerbahce) : Gros progrès des rois de la négo, qui tirent cette fois-ci 5 millions d’euros d’un de nos défenseurs les plus réguliers à qui il restait 3 ans de contrat.

Les arrivées

Samuel Gigot (Spartak Moscou) : AVERTISSEMENT – conscient de ses responsabilités dans la promotion d’un humour footballistique exigeant et sophistiqué, horsjeu.net (mâtin, quel site !) se refusera absolument à tout calembour éculé sur des joueurs affublés de noms prêtant au rire facile. Par conséquent, le défenseur olympien Samuel Gigot sera rebaptisé Michel-Henri Wlodarczyk pour toute la durée de la saison, ce qui devrait couper court à toute tentative de jeu de mot.

Isaak Touré (Le Havre) : Malgré ses deux mètres, cet homme a refusé une carrière de basketteur pour se consacrer à un vrai sport. Quelles que soient ses qualités footballistiques, il mérite donc a priori toute notre considération.

Chancel Mbemba (FC Porto) : Connu principalement pour être issu d’une famille aussi à l’aise avec les actes d’état-civil que les Balkany avec un avis d’imposition. Pour nous de toute façon, l’essentiel c’est de rester jeune dans ses pieds, comme on dit.

Luis Suarez (Grenade) : Utile essentiellement pour faire une farce à mon petit neveu en lui annonçant que l’OM avait recruté Luis Suarez. Autant prévenir : pour l’été ça passe, mais il faudra montrer autre chose au cours de la saison.

Ruben Blanco (p., Celta Vigo) : Recruté malgré la concurrence du FC Manuel Valls qui aurait souhaité l’associer à Ben White, Ruben arrive comme nouvelle doublure de Pau Lopez, ce qui incidemment pose la question de ce que l’on fait de Simon Ngapandouetnbu.

Jonathan Clauss (Lens) : 7,5 millions que l’on espère bien dépensés, même si Longoria s’est étonné de ne pas voir Lens le laisser partir libre « pour services rendus ».

Nuno Tavares (p. Arsenal) : On espère avoir réalisé une bonne pioche chez nos partenaires londoniens, pour ce poste maudit de latéral gauche.


Le match

Blanco
Mbemba – Michel-Henri Wlodarczyk (Touré, 72e, expulsé 79e) – Balerdi
Clauss – Guendouzi (Gueye, 46e) – Rongier – Kolasinac (Tavares, 46e)
Gerson – Payet (Bakambu, 72e)
Suarez (Milik, 46e)


On se passera ici d’un résumé de match. Selon les brochures, Igor Tudor est un adepte du jeu vertical, ce qui nécessite donc un temps d’adaptation avec les possessions interminables de Sampaoli. La traduction de ces dispositions sur le terrain s’avère, concrètement : de la merde. Offensivement, aucune construction, défensivement, des espaces que les Milanais exploitent sans forcer le moins du monde. Deux buts marqués une main dans le slip au bout de combinaisons rapides concrétisent la facile domination italienne en première période. Si quelques actions olympiennes font illusion en tout début de seconde mi-temps, Ruben Blanco doit s’employer pour ne pas transformer la purge en monstrueuse branlée. Les sifflets raccompagnent légitimement les joueurs aux vestiaires ; et encore, c’est parce qu’aucun supporter ne s’était muni de draps et de marqueurs : les banderoles d’insultes à l’entraîneur voire à la direction auraient en effet tout aussi bien pu apparaître à la pause.


Les notes

Blanco (3+/5) : Un jeu au pied qui ferait passer Mandanda pour Riquelme. En revanche, sur sa ligne, Ruben nous a gratifiés de jolies envolées et de plongeons salvateurs devant les attaquants.

Mbemba (3/5) : De belles interventions mais aussi des épisodes plus douteux, que l’on passera cependant sous silence parce qu’on ne peut décemment pas assaisonner tout le monde dès le zéroïème match de la saison.

Michel-Henri Wlodarczyk (2/5) : Encore un peu trop rosé à mon goût.

Touré (72e, expulsé 79e, 0/5) : Deux cartons jaunes en deux minutes, ce que dans le milieu on appelle une « Jo le Sconse ». Ceci dit, pour entrer dans la légende, c’est en match officiel qu’il faut réussir ce coup de génie.

Balerdi (1/5) : On est d’accord que si Igor Dehors réédite le côté gauche Balerdi / Kolasinac en match officiel, c’est qu’il veut très explicitement se faire virer ?

Clauss (2/5) : Une belle empoignade avec son rival en équipe de France Théo Hernandez. Une belle santé, à défaut d’efficacité.

Guendouzi (2/5) : Faute de savoir ce qu’Igor Dehors veut faire, on est bien en peine de dire si Mattéo y est parvenu ou pas.

Gueye (46e, 2/5) : Sert surtout à confirmer que si l’entraîneur (dehors) ne fait pas jouer Dieng, ce n’est donc pas par sénégalophobie. Le mystère reste entier.

Rongier (2/5) : Maintenant qu’il joue à un seul poste à la fois eu lieu d’être aligné comme milieutéral relayeur inversé, on a l’impression de ne pas le voir du match, c’est troublant.

Kolasinac (1/5) : Pour le même genre de performance, Amavi est exclu du groupe et des salariés du club sont missionnés pour chier dans son casier et laisser des messages d’insultes sur le répondeur de sa femme.

Tavares (46e, 3/5) : Expulsé sans pitié pour une faute comme dernier défenseur dès la 49e minute, Nuno est sauvé par la VAR et peut profiter de la seconde période pour montrer quelques jolies actions.

Gerson (2+/5) : Atteint le sommet de son match en deuxième période quand, excédé par la tournure des événements, il passe ses nerfs en collant un petit pont à un adversaire avant de se retourner en disant « eh mon vier, ah ».

Payet (1+/5) : Alors exceptionnellement je suis pour qu’il foute la merde vis-à-vis de l’entraîneur, et le plus tôt sera le mieux. Au vu de ses gestes d’agacement il a l’air dans d’excellentes dispositions pour cela, en plus.

Bakambu (72e) : Entre dans une équipe résignée comme si l’on était déjà quatorzièmes du classement et menés contre Auxerre à la mi-novembre.

Suarez (1/5) : C’est dommage qu’il y ait cette contrainte liée au ballon et toute cette sorte de choses, parce que dans l’absolu, il court.

Milik (46e, 2/5) :  Il a tiré au but, ce qui dans le contexte de l’équipe est à la limite de l’exploit retentissant.


N’allons pas plus loin dans cette académie visant surtout à prendre connaissance de nos nouvelles têtes et à donner le ton de la saison. Nous nous retrouverons très bientôt pour nos premières contre-performances certifiées, dès la semaine prochaine en Ligue 1 et dans un gros mois en (rires) Ligue des Champions.


Bises massilianales,

Blaah.

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5 thoughts on “OM-Milan AC (0-2) : La Canebière Académie déclare la patrie en danger

  1. Seule consolation, relire une Académie.
    Pour les expatriés, c’est déjà une petite odeur d’aisselles du Virage Nord en début de mois d’août.

  2. Matin, quelle académie ! Hâte que la saison commence avec Veretout en cerise sur le gros gâteau Marseillais !

  3. Content de vous relire, mon camélidé préféré.

    Je précise juste que, selon les rumeurs, Wlodarczyk est un dangereux et subversif militant monarchique à l’allure de blédar chic.

  4. Bonjour,
    euh « rp » j’ai compris retour de prêt, « p » ce doit être prêt, mais « fc » ? Je comprends que c’est un transfert mais ça veut dire quoi concrètement fc ?

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