OM-Atlético (0-3), La Canebière académie prend date

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On s’était dit rendez-vous dans quatorze ans.

Plus que des regrets, voici une défaite qui donne de l’appétit, une défaite qui oblige. Ce parcours exceptionnel, qui a alimenté la ferveur et l’exubérance marseillaise autant qu’il s’en est nourri, doit désormais devenir l’ordinaire du Projet®, et non l’un de ces habituels exploits sans lendemain.

Aioli les sapiens,

Il en va des rêves d’enfants comme des feux d’artifice, ils s’élèvent très haut avant de s’évanouir dans le néant en mille fleurs. C’est à peine si, plus tard, on en remarque les quelques lambeaux noircis qui en retombent sur notre ordinaire stérile, restes méconnaissables de ce passé si peu rationnel.

Olympiens, vous avez vécu un rêve d’enfants ce soir. Invités à la porte d’un exploit improbable, vous avez mesuré combien le monde des grands vous était inaccessible. Confrontées à la réalité, vos prétentions de la veille se sont anéanties de la manière la plus cruelle et la plus sèche qui soit. C’est à ce prix que l’on grandit. La plupart d’entre nous oublient ces chimères innocentes, et profitent de leur maturité pour mener une existence réaliste ; il en existe aussi, plus rares, pour qui grandir en force et en sagesse représente au contraire le moyen idéal de donner corps à ses rêves. C’est l’enfant qui s’émerveille des étoiles et devient astronaute, c’est la rock-star qui perce sous celui qui reçoit son premier orgue à Noël, ce fut vous, aussi, joueurs, qui à force de travail et de volonté vous êtes un jour extirpés de la masse de ceux pour qui le ballon n’était seulement qu’un jeu.

Puissent alors les larmes de ton échec, Olympique, comme celles de tes ancêtres en 1991, nourrir ton Projet, le faire croître et prospérer. Puisses-tu te nourrir aussi de cette énergie humaine qui t’a accompagné tout au long de ce printemps. Quoi qu’en disent les jaloux, cette énergie n’était pas un fantasme, ce n’était pas une illusion sans lendemain. Du stade de Lyon au Vieux-Port, en passant par tous les endroits de la planète où vit Marseille – et dieu sait qu’ils sont nombreux – cette fête, ces chants, ces cris, ces fumigènes, cette joie, les couleurs bleu-et-blanc brandies jusque dans la ville rivale, tout ceci a bien existé. Nos mémoires en témoigneront, longtemps. Olympique, tu as réussi à réveiller Marseille, tu l’as vue animée, rassemblée par son envie de célébrer. Que ces émotions aient fini par se trouver déçues, nul Marseillais ne te le reprochera ; au contraire les remerciements affluent, auxquels nous nous joignons volontiers : merci, merci du fond du cœur pour ce printemps inespéré.

Ton erreur serait désormais de te repaître de ces mercis et de cette fierté comme du trophée que tu n’as pas ; qu’ils te donnent au contraire faim de travail et de succès, pour franchir ces marches encore imposantes qui te séparent de la victoire et de joies sans mesure.

 

L’équipe

Mandanda

Sarr – Rami – Luiz Gustavo – Amavi

Zambo Anguissa – Sanson

ThauvinPayet (Lopez, 31e) Ocampos (Njie, 55e)

Germain (Mitroglou, 74e)

En théorie, tout le monde est rétabli pour disputer cette finale. Mitroglou et Sakai n’en sont pas moins ménagés et, choix le plus notable pour son influence sur la rencontre, Rolando n’est pas titularisé, ce qui conduit Luiz Gustavo à délaisser le milieu pour la défense.

 

Le match

Si de nombreux sportifs s’avèrent méconnaissables à l’abord d’une finale, ce n’est pas le cas de l’OM qui attaque dans son style habituel. Zambo Anguissa ratisse tout ce qui se présente, et l’une de ses interceptions provoque une montée de balle rapide de Thauvin puis Payet. Dimitri lance Germain pour un face-à-face avec Oblak: connaissant le talent du portier madrilène et soucieux de ne pas le mettre en confiance, Valère lui évite de commettre un exploit en tirant très fort à côté du but.

Avec cette énorme occasion manquée, le BFF (Bingo des finales foirées) voit sa première case cochée dès la 4e minute. Face à un Atlético très replié, l’OM n’en poursuit pas moins sa domination, que nous ne ponctuons toutefois d’aucun tir dangereux. C’est donc selon un scénario d’une prévisibilité à la limite du poncif que l’OM coche la case n°2 du BFF : le but encaissé à cause d’une bourde défensive en plein milieu d’une période de domination. Erzulie ayant un peu forcé sur les plantes de pouvoir avant le match, Steve Mandanda est sujet à une vision de Zambo Anguissa en Toni Kroos : il n’hésite donc pas à lui adresser une relance plein axe, une formalité pour un joueur de ce calibre. Bilan : jusqu’ici irréprochable, André-Frank rate lamentablement son contrôle à 25 mètres des buts, ce qui permet à Gabi d’envoyer Grizemann battre notre gardien une main dans le slip (0-1, 21e).

Il vous reste un peu d’espoir ? Ne bougez pas, nous allons tout de suite cocher une 3e case à notre Bingo : Payet doit en effet quitter le terrain, blessé, dès la demi-heure. Mené à cause d’une bourde intersidérale, privé de son meilleur joueur, l’OM accuse une légitime période de moins bien. La pause survient sur ce score de 1-0, laissant encore espérer aux plus optimistes d’entre nous que l’exploit le miracle demeure possible.

Malmenés en première mi-temps, nos adversaires reviennent avec l’intention de jouer enfin à leur niveau ce qui, ne nous le cachons pas, nous complique encore davantage la tâche. D’une bête touche près de la ligne médiane résulte une succession de duels remportés par les Madrilènes, au cours desquels notre milieu de terrain se consume jusqu’à craquer brusquement. Lancé, Koke évite la sortie de Luiz Gustavo et décale Antoine Griezmann. L’attaquant français n’a plus qu’à résister à Amavi pour aller souiller Mandanda d’un petit piqué (0-2, 49e).

Concevoir une remontée olympienne relève à ce moment-là de l’irrationalité la plus complète. Voici pourquoi Rudi Garcia choisit immédiatement de faire appel à l’expert dans ce domaine : Clinton Njie qui, pour que le n’importe quoi soit plus total encore, entre à la place d’un Lucas Ocampos qui n’avait pourtant pas démérité. Il vous suffira d’entrer dans votre moteur de recherche les termes « OM-Atlético vidéo reprise Njie » pour mesurer tout le succès de l’entreprise.

L’Atlético étant réputé pour défendre à l’image de son entraîneur, un homme capable rappelons-le de dompter trois pit-bulls enragés à la seule force de ses couilles, maîtriser des Olympiens à la limite de la résignation ne représente rien d’insurmontable pour eux. Aussi la seconde période ne nous procure-t-elle qu’un pénible et stérile spectacle, à peine égayé dans les dernières minutes par une tête de Mitroglou sur le poteau (4e et dernière case de notre Bingo des finales foirées, auquel il ne nous aura donc manqué qu’un carton rouge pour atteindre la perfection). Se voyant ainsi refuser quelques minutes de fol espoir, les Olympiens sombrent définitivement sur une dernière contre-attaque. Costa donne à Koke à l’entrée de la surface, qui décale intelligemment Gabi pour une reprise imparable (0-3, 89e). Le score et le déroulement du match font de notre finale la copie quasi-conforme de celle contre Parme en 1999 (mais sans les seringues). Puisse notre avenir être plus radieux qu’alors.

 

Les joueurs

Mandanda (2-/5) : Les histoires d’amour finissent mal, en général.

Sarr (3+/5) : Le visage de cet OM, où les humbles se surpassent quand les astres pâlissent.

Rami (3/5) : L’Atlético n’étant pas du genre à faire régner en permanence le bombardement de Guernica sur les défenses, Rami a su rester concentré, et de surcroît éloigné des zones où nous nous sommes fait ouvrir.

Luiz Gustavo (2/5) : Qui sait comment le match aurait tourné s’il avait pu jouer au milieu de terrain ? Malgré tout, une belle première période, avant de réorienter ses priorités vers la recherche de la faute plus violente qu’utile (certains objecteront que chercher à envoyer un joueur espagnol à l’hôpital n’est jamais une faute inutile).

Amavi (1/5) : Ceux qui l’ont retapé après sa blessure avaient sans doute égaré la notice. Il va falloir profiter de la trêve pour le démonter entièrement et le remonter à l’endroit.

Zambo Anguissa (1+/5) : Sergio Busquets vaudou pendant vingt minutes, toujours bien placé, rentre-dedans avec à-propos, techniquement sobre… c’est alors que Steve Mandanda lui demande de contrôler un ballon et là, comme on dit, c’est le drame.

Sanson (2/5) : Baladé entre les postes de relayeur puis de meneur de jeu, dans un milieu de terrain vite orphelin de son maître à jouer. Dans ces conditions, on pouvait craindre la noyade complète, mais Morgan a sorti quelques beaux mouvements en guise de bouée en plastique.

Thauvin (1/5) : Triompher dans les MJC mais faire un bide au Palais des Papes, être le menu préféré des étudiants mais faire vomir l’inspecteur du Michelin, procurer les érections de leur vie aux clients du peep-show de Carpentras mais déféquer lors de sa première anale chez Dorcel… bref, Florian a mesuré dans la douleur ce qui le sépare encore du haut niveau.

Payet (3-/5) : J’ai une amie, je ne sais pas comment elle se débrouille, mais elle rate toujours ce qui pourrait être le rendez-vous de sa vie. Une fois, elle a eu une crise de panique au moment de rappeler le mec. Une autre fois, elle a fait un choc anaphylactique pendant un dîner aux chandelles. Pas plus tard qu’hier, elle me disait « celui-ci, c’est le bon », avant de se faire renverser par un graphiste à trottinette sur le chemin de son rendez-vous : fracture du tibia. Pour la réconforter je lui ai dit que ce n’était pas de sa faute ; mais quand même, l’horloge biologique tourne.

Maxime Lopez (1/5) : Maxime Lopez lâché au milieu des joueurs de l’Atlético, c’était Jéremstar dans une gravure de Tom of Finland.

Ocampos (3/5) : Se référer à la note de Bouna Sarr pour cette histoire d’humbles et d’astres, et toute cette sorte de choses. Sa sortie avant l’heure de jeu restera à jamais comme l’un des insondables mystères de l’existence.

Njie (55e, 1/5) : Marquera l’histoire des finales européennes par cette reprise de l’extérieur du pied filant directement en touche. Entrer dans la légende par les égouts, c’est mieux que de ne pas y entrer du tout.

Germain (1-/5) : S’illustre par son face-à-face avec Oblak à la 4e et sa tentative de charge à l’épaule de Diego Godin à la 57e. Dans les deux cas, si le but était de les faire mourir de rire, on n’était pas loin du résultat escompté. Si l’objectif était d’aider son équipe à remporter une coupe d’Europe, je crains en revanche que ce ne soit chouïa léger.

Mitroglou (74e) : Une tête magnifique mais qui, si l’on y réfléchit, nous rapporte autant que la bakayokade de Valère.

 

L’invité zoologique : Diego Gorille

Le gorille n’est certes pas l’animal le plus raffiné, mais il sait être efficace. L’inconscient qui cherche à lui dérober la moindre banane s’expose successivement à : une paire de baffes, deux coups de canines, un piétinement en bonne et due forme, et enfin un lancer d’excréments au visage. Ce primate était donc bien l’invité approprié pour évoquer avec moi ce match contre ceux qu’il ne faut pas s’amuser à faire chier trop longtemps.

– Les autres : Si vous m’autorisez cet avis tout à fait personnel dont vous me pardonnerez la familiarité, il existe un je-ne-sais-quoi pouvant atténuer la déception – très légèrement certes – à constater que pour une fois nous ne sommes pas battus par une équipe d’enculés. Ca a une identité de jeu solide depuis huit ans, ça sait bien jouer quand il faut et mettre les taquets à d’autres moments, et ça a la classe de faire entrer Fernando Torres pour les dernières minutes. La douleur anale m’empêche d’apprécier, mais je n’en salue pas moins.

– les images : fais-toi mal.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Marc D. remporte ce concours zoologique de prestige.

 

Bises massilianales,

Blaah.

14 thoughts on “OM-Atlético (0-3), La Canebière académie prend date

  1. C’était quoi l’écart de niveau entre Parme et OM en 99 ?

    Pour info, Google faisant bien les choses, il suffit actuellement de taper « Njie » dans la barre de recherche et la Frappe njiesque apparaît.

    Pour le reste, merci et bravo à l’OM pour les émotions quand même, en espérant vous revoir faire ça chaque année !

  2. On touche une fois de plus au magnifique. Merci à vous Camelus, de peindre avec tant de beauté et de réalisme ces tableaux d’apocalypse.

  3. Personne pour remettre la faute sur Evra et sa putain de vidéo?
    Alors je prend mes responsabilités, EVRA ENCULE TU NE POUVAIS PAS RESTER DANS TON TROU LA PUTAIN DE TOI!

  4. Magnifique akad. La ôte de tauvin restera dans l’anal !
    Merci aux olympien pour ce parcours magnifique. MÉric à toi pour tendre cette défaite plus douce.

  5. Encore une mission accomplie par Blaah le réanimateur de zygomatiques. Mais pour une fois, je trouverai à redire sur les notes de Steve d’un côté et Thauvin et Germain de l’autre.

  6. Quand j’ai vu Zambo Anguissa dribler (avec succès) Griezmann en début de match, je me suis dit qu’on allait droit au n’importe quoi (à défaut du but). Mais j’ai aussi pensé au facteur X, très élevé dans cette équipe (Njie capable d’une talonnade éclairée, Ocampos capable d’un but du
    mollet, Rolando capable d’une déviation tout en finesse au bout du temps règlementaire…).
    bref, le miracle permanent de l’OM 2018 a pris fin hier soir.
    j’en ai pleuré.

  7. Final pour la Ligue Europa en apothéose.
    Merci Blaah, autant émotionnant que son équipe fétiche !

  8. J’y ai cru. J’ai vu la passe suicide de Mandanda et le contrôle-sandwich-SNCF de Zambo. J’ai vaincu mes derniers préjugés en imputant notre défait à l’arbitre. Ce match a fait de moi un autre homme.

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