Aïoli les sapiens,

La défaite de trop à Lille prive d’enjeu nos deux derniers matchs, qui ne revêtent plus qu’une portée symbolique. Cela tombe bien, en matière de symbole nos joueurs ont fait particulièrement fort hier, en torchant complètement un match pour lequel les supporters n’attendaient rien d’autre que de faire la fête.

Que les joueurs n’aient guère d’ardeur au travail pour l’équivalent d’une dernière semaine d’année scolaire où les rares élèves ne se pointent plus que pour jouer au Uno ou au Flubupte, cela se conçoit. Si l’on élargit un peu le champ de vision, on ne peut que se navrer de voir globalement la fin de saison achever de gâcher les quelques satisfactions que l’on pouvait tirer de l’année. Nous voici à reparler de lâchage d’entraîneur, de méthodes qui ne passent pas, de « il s’en fout il se casse l’an prochain », et autres joyeusetés que ne manqueront pas de relayer les inévitables Jean-Michel Sourcinterne qui se mettent à pulluler en de telles circonstances. Autant ce genre d’ambiance de merde peut se concevoir dans des saisons foireuses de bout en bout, disons par exemple celle de Lyon, autant il est ahurissant de se voir tomber si bas alors que le collectif a entrevu du magnifique au cours de la saison. Faire de la merde et en traîner sa déprime pendant dix mois, cela se comprend, mais que dire d’une équipe qui a reçu des tombereaux de merde sur la tête avant même le premier match de la saison, qui se sort les tripes pour reconquérir le public, qui trébuche mais se relève toujours, qui reste longtemps en lice pour obtenir des résultats sportifs, et qui décide de tout bazarder pour finir par une attitude de pré-ado rageux qui s’enferme dans sa chambre pour bouder en marmonnant « de toute façon c’est nul et j’avais pas envie » alors que tout le monde autour de lui avait envie de l’aimer.

Revoici le couplet sur l’exigence ou la gestion humaine, qui a gré du vent serait défaillante de la part de l’entraîneur ou au contraire gâchée par des starlettes décidées à jouir de leur statut sans en branler une : le plus rageant reste de voir les composantes d’un collectif se laisser pourrir la gueule, ces adultes, sportifs de haut niveau de surcroît, infoutus de se rendre compte que les sommets étaient accessibles pour peu qu’ils missent un mouchoir sur leurs états d’âme seulement quelques mois supplémentaires. On dressera ici un parallèle avec la saison de Marcelo Bielsa pareillement sabordée, alors que le club d’aujourd’hui n’a pourtant plus aucun point commun avec celui d’alors (sauf un).

Mais quel jeune homme, qui a franchi les étapes pour intégrer un centre de formation, qui a réalisé des efforts et des sacrifices que nous peinons à imaginer pour passer professionnel, peut regarder les images de sa ville tout entière embrasée pour fêter un titre préhistorique sans se dire « ah ouais, putain, j’aimerais bien être le héros d’une telle fête au moins une fois dans ma carrière ». Au lieu de ça, nos joueurs oublient leurs rêves sportifs pour ne valoir ni plus ni moins que l’employé dépressif ne rêvant que d’une rupture conventionnelle pour fuir un manager ou des collègues qu’il ne peut pas blairer. Voici des attitudes qui nous remplissent finalement de tristesse, davantage que d’envie de les insulter.

Non, je déconne, on a un peu envie de les insulter quand même.

Les Longorious Basterds 

Lopez
Mbemba– Bailly (Kolasinac, 58e) – Balerdi
Ünder– Rongier – Veretout– Clauss
Guendouzi (Malinovskyi, 58e) – Sanchez
Vitinha (Nuno Tavares, 46e)

En l’absence de Gigot, blessé, Bailly fait son retour comme titulaire. Nuno Tavares n’est plus puni mais reste quand même sur le banc, parce qu’il ne faut pas déconner non plus. Guendouzi et Sanchez sont chargés d’alimenter Vitinha en bons ballons (et si possible aussi un peu en poisson frais, le garçon éprouvant un cruel manque de magnésium).


Le match

L’OM tente de mettre en place son « taper, taper taper », que l’approche des congés ramollit néanmoins singulièrement. Plus que le manque d’impact, c’est cependant le manque d’application technique qui rend cette première mi-temps particulièrement vomitive. Des actions s’ébauchent néanmoins pour parvenir jusqu’à Vitinha, qui les conclut dans les vingt premières minutes avec l’agilité d’un panda obèse, puis dans les vingt suivantes avec une meilleure spontanéité mais sans plus de réussite. Notre attaquant n’a pas le loisir de confirmer sa montée en puissance puisqu’il est sacqué dès la pause par Tudor au profit de Nuno Tavares.

Côté Breton, le blocquéquipe si réputé pour nous faire caguer au Vélodrome est sans surprise au rendez-vous, avec des contre-attaques avortées toutefois par une qualité de centre aussi dégueulasse que la nôtre. Une seule occasion survient lorsque Balerdi convoque Veretout pour un duo comique, offrant à Peireira Lage un face-à-face remporté par Lopez.

Passé à droite en seconde mi-temps, Clauss trouve Ünder et, pour la première fois de la saison, les deux larrons semblent enfin comprendre qu’ils jouent dans la même équipe. Cengiz déborde à droite et centre en retrait pour Tavares, qui pousse la stupidité jusqu’à essayer de réfléchir pile au moment où il ne faut pas se poser de question.

L’action est cependant un feu de paille : la domination de l’OM devient vite tout ce qu’il y a de plus pépère, voire s’inverse franchement avec une série d’actions brestoises. Les duels sont remportés par les Bretons, qui profitent de ballons gagnés de plus en plus haut pour servir Magnetti à l’entrée de la surface. Les milieux ne sont pas là pour s’opposer à la frappe, les défenseurs sont situés juste comme il faut pour masquer le gardien : tout est réuni pour que la frappe pourtant pas terrible soit déviée par Mbemba pour un contre-pied imparable (0-1, 57e).

Les entrées de Kolasinac et Malinovskyi reviennent à planter des endives pour lutter contre la déforestation : si Marseille a le ballon, ce sont les contres brestois qui s’avèrent les plus dangereux, avec plusieurs tirs de peu hors-cadre.

Ünder parvient néanmoins à obtenir un corner, donnant à Jordan Veretout l’idée d’essayer pour une fois de bien le tirer histoire de découvrir ce qu’il se passe : bingo, Mbemba mange tout cru son défenseur et catapulte le ballon dans la cage (1-1, 75e).

Dans de tells circonstances, le scénario est écrit : porté par le public, l’OM s’enflamme, multiplie les tentatives, passe tout près d’arracher la victoire avant de se faire cueillir par un contre merdique à quelques minutes de la fin. Rendons justice ici à nos joueurs d’avoir totalement contredit ce sombre pronostic puisque, porté par le public, l’OM se met alors à ne plus rien branler, laisse Brest monopoliser le ballon et multiplier les tentatives, jusqu’à un corner prolongé par Lees-Melou jusqu’à un Camara oublié de tous au second poteau (1-2, 81e).

Sur ce je vous laisse, Belle-Maman a fait des frites.


Les joueurs

Lopez (2/5) : Dromadame a reçu un Plumbago du Cap pour son anniversaire, et je me dis qu’on devrait avoir un Plumbago du Cap comme gardien de but : il n’empêchera pas davantage les défaites mais au moins il fleurira et il aura un nom classe.

Mbemba (3/5) : Très belle évocation du but de Boli contre Milan, qui n’efface malheureusement pas sa très lamentable évocation de Franck Ribéry contre Sochaux lors d’OM-Annecy.

Bailly (3/5) : La titularisation de l’avant-dernière journée, ce Vinted du football.

Kolasinac (58e, 2/5) : En ce week-end sophistiqué de Festival de Cannes, Roland-Garros et Grand Prix de Monaco, il est toujours bon d’insuffler un peu de rusticité à l’état brut : d’où l’entrée de ce bon vieux Sead et de sa tronche à taguer des menaces de mort FNSEA sur les maisons d’écologistes.

Balerdi (3-/5) : Le défenseur des champions du monde argentins (bah quoi ?) a longtemps réalisé un match quasi-parfait, d’autant que sa traditionnelle balerdise en première mi-temps n’a exceptionnellement pas coûté un but. Mais tout le problème de Leonardo réside dans ce « quasi- », matérialisé par ce deuxième but où il rêve à la lune pendant que Camara part dans son dos. Pas de quoi le haïr pour cela cependant, puisque de toute façon nous le haïssons déjà officiellement depuis Annecy.

Ünder (2+/5) : Courir 70 km par match c’est bien, faire courir la même distance aux ramasseurs de balle pour aller chercher ses centres foirés, on frôle le signalement à la protection de l’enfance.

Rongier (2/5) : Capitaine malheureusement emblématique de l’OM et de son « bien mais pas top project ». Lens a Seko Fofana, nous on se sègue aux faux-fanés.

Veretout (2/5) : Avant on disait « t’as le temps de tuer ton âne à coups de figues », maintenant on dit « t’as le temps de percer un bloc bas avec les Rongetout ».

Clauss (3/5) : Des centres plus réussis qu’à l’accoutumée. Pas de quoi grimper aux rideaux mais on a besoin de réserver les notes merdiques pour d’autres joueurs. C’est comme l’étiquette énergie « A » pour les lave-linges : ça ne vaut pas tripette alors que la plupart sont notés « A+++ », mais on a besoin de réserver les notes « D » et « E » pour les escroqueries moldaves qui fonctionnent au mazout.

Guendouzi (2/5) : On allait le démonter ainsi que quelques-unes de ses aïeules pour faire bonne mesure, mais sa figure authentiquement déprimée à la sortie du match a presque fait fondre notrepetit cœur sensible. Lamentons-nous donc ensemble sur le gâchis, tâchons d’en trouver les raisons et souhaitons-lui de trouver la paix intérieure. Résilience et sérénité. Mais mon vier, un peu, quand même.

Malinovskyi (58e, 1/5) : C’est ça la difficulté de la fonction d’académicien, c’est de savoir reconnaître quand un joueur fait des matchs de vieille merde panée mais sans être méchant des fois qu’une authentique dépression soit en cause (on a eu le même problème avec Kostas Mitroglou, en son temps). Nous allons donc refuser l’obstacle et plutôt insulter ce sale branle-pétain de Gérald Darmanin, puisqu’en ce qui le concerne absolument rien ne s’oppose à ce que l’on se montre méchant, bien au contraire.

Sanchez (1+/5) : Impuissance et frustration malgré des efforts de tous les instants, un peu comme notre société contre le changement climatique. Non, attends, ça marche pas. Un peu comme Macron contre la montée du fascisme. Ah non, merde, encore moins. Un peu comme les supporters de l’OM qui se cassent le cul à faire des tifos plus somptueux les uns que les autres pour se faire invariablement pisser dessus en retour. Voilà, là c’est bon.

Vitinha (1+/5) : Espérons que celui qui est allé le chercher pour 32 millions d’euros soit ce joailler anversois capable, grâce à une taille aussi minutieuse que patiente, de façonner un diamant incomparable à partir d’un caillou en forme de crotte.

Nuno Tavares (1/5, 46e) : Nous nous rapprochons du moment des adieux à celui qui, comme Jo le Sconse ou Radonjic avant lui, aura su devenir l’un des piliers de la Canebière Académie par son abnégation à se servir de son cerveau le moins possible et la plupart du temps très mal. Espérons que Pablo Longoria saura pour l’exercice suivant dénicher une autre ce ces pépites sans qui notre apostolat aurait assurément moins de sel.


L’invité zoologique : Haris Belkeblate

La blatte est cet animal franchement désagréable dont l’on n’arrive pas à de débarrasser, et qu’on se résout à accepter comme commensal : après tout on ne le croise que deux fois par an grand maximum, quand le reste du temps il vit sa vie caché sans faire chier grand monde.

  • Les autres : Ca va, on a déjà fait un gros effort pour se lever et rédiger l’académie de ce match moisi, on va pas en plus se fader à commenter les adversaires.
  • Le classement : Lens a eu le bon goût de boucler sa deuxième place en vingt minutes pour ne pas nous laisser de regrets. Félicitations à eux, quant à nous les tours préliminaires de coupe d’Europe nous attendent en août.
  • Coming next : Les joueurs vont-ils assumer leur rien-à-branler et se laisser fesser 8-0 à Ajaccio, à l’ancienne ? Le suspense est total.
  • L’archive : pour nos lecteurs les plus récents, l’académie du 26 mai 1993, rédigée il y a 10 ans.
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Rémy B. remporte le concours zoologique.

Bises massilianales,

Blaah

1 thought on “OM-Brest (1-2) : La Canebière Académie bâcle

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