OM-Clermont (0-2), La Canebière académie se décourage

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Le Ronquinquant est dans le rougail. Je répète : le Ronquinquant est dans le rougail.

Aïoli les sapiens,


L’autre jour, je me lève et ma fille Dromadine me demande si j’ai croisé le Ronquinquant.

– Le quoi ?

– Le Rrrrrrrrronquiquaaaaant, le terrrrrrible Rrrrrronquinquaaaaant me répond-elle avec l’intonation de Michel Galabru déclamant « c’est le Noord ».

– Non, je vois pas, c’est quoi encore cette histoire ?

– C’est le terrible Ronquinquant, il se cache le jour et il vient la nuit pour hanter tes pires cauchemars, puis au petit matin il vient laver la rue avec ses fesses. Sa femme s’appelle Élisabeth Ronquinquant.

– Ah. Non, non, je n’ai pas vu le Ronquinquant.

– Alors prend garde, parce que le terrrrriiiiiible Rrrrrronquinquant est là et il viendra hanter tes pires cauchemars.


Si j’ai bien tout suivi, le Ronquinquant ressemble à un gros chien funeste, un peu somme le Sinistros dans Harry Potter. Sauf que c’est le Ronquinquant. Au centre équestre, il se cache dans les tas de foin. Aux Jeux Olympiques, le Ronquinquant était là aussi, caché sous la neige. Le dernier tir horrible de Quentin Fillon-Maillet ? Le Ronquinquant. La patineuse de vitesse japonaise qui se casse invariablement la gueule dix mètres avant la médaille d’or ? Toujours le terrible Ronquinquant.

Ce n’est pas que je sois influençable, mais ce soir, à chaque contrôle de Guendouzi ou Rongier, à chaque position de centre de Lirola, Gerson, Kolasinac ou Ünder, j’avais l’impression que Dromadine était là pour crier « Attention au terrrrible Rrrrrrrrronquinquant, qui va venir hanter vos pires cauchemarrrrrrrs ». Et nos joueurs, morts d’une trouille incompréhensible, de ne rien tenter en dehors de passes en retrait interminables et de finir au petit matin, conformément à la légende du Ronquinquant, par s’être fait laver avec le cul.

Finalement pour ce qui est du Ronquinquant je ne sais pas ce qu’il en est, mais ce qui est certain c’est que la terrrrrrible criiiiiiiise de l’hiver, elle, pointe bien son sinistre museau. Un peu plus tardive que d’habitude, certes, elle s’annonce avec ses fins de matchs résignées, ses joueurs agacés et ses tensions qui grésillent au détour des déclarations des uns et des autres. Autant la peur chez Villas-Boas était assumée et érigée en principe de vie, autant cette saison le coup de froid est venu de nulle part, après un début de saison certes foutraque mais ô combien enthousiasmant. Le jeu a été sacrifié à une prétendue sécurité défensive qui n’a jamais été aussi fragile qu’aujourd’hui et, de claques en déceptions, l’équipe s’oriente vers l’un de ses sempiternels gâchis qu’elle ne saura éviter qu’en retrouvant d’urgence audace et esprit de conquête. Cela me fait penser que je n’ai pas demandé à Dromadine comment faire fuir le Ronquinquant pour qu’il cesse de venir hanter nos cauchemars, il faudra que je voie si elle a des tuyaux à ce sujet.


Les Longorious Basterds

Lopez
Lirola (Luis Henrique, 81e) – Saliba – Caleta-Car – Kolasinac (Dieng, 63e)
Guendouzi – Rongier – Gerson (Luan Peres, 89e)
Payet
Ünder – Milik (Payet, 68e)

L’équipe est au complet excepté le nouveau forfait de De La Fuente. Pour une fois, le Frankenstein de la Pampa se calme sur les expérimentations et bâtit une équipe plutôt cohérente, incluant notamment deux vrais latéraux sur les ailes. À l’usage, on constate plus précisément que Gerson joue milieutéral gauche, couvrant souvent Kolasinac en position de latérailier ; rien de bien fantasmagorique cependant, en tout cas en début de rencontre.

Plus ennuyeuse est la titularisation de Rongier en sentinelle, malgré l’échec cuisant de l’expérience contre Nice. Certes, après avoir reproché au club de « sacrifier » la Conference Ligue au profit du championnat, on aurait mauvaise grâce à critiquer maintenant Sampaoli pour mettre au repos Kamara contre Clermont (ah, au fait, l’académie du match contre Qarabag est ici, si tu l’as ratée pendant la maintenance de notre mâtin quel site). En revanche, le remplacer par un joueur hors de son poste au lieu de faire appel à Gueye est plus curieux.


Le match

Des Angevins qui se présentent à nous l’anus en chou-fleur, c’est bien agréable, mais ça ne court pas les rues en Ligue 1. Ni fantaisiste, ni encore moins masochiste, Clermont va au plus efficace pour nous ennuyer, avec un blocquéquipe façon aligot triple-patates, le truc qui tient bien au corps, quoi. Les Auvergnats se montrent ici fidèles au précepte de Mohamed Ali (pas le boxeur, non, je parle de Momo de la Cabucelle dit « Momo la Brique » : 30 combats, 30 victoires par KO dont 28 contre sa femme, 1 contre les forces de l’ordre et 1 par soumission dans la douche des Baumettes) : « c’est simple minot, t’ies tanqué comme un rhinocéros et tu piques comme un taser ».

Ainsi, après 13 minutes de baballe de notre part, Clermont récupère dans son camp et lance Zedadka loin derrière la caravane de Gerson et Kolasinac. Centre en retrait et lourde de Bayo sous la barre, merci, on peut rentrer et refaire une tournée d’aligot (en rajoutant un peu de farine, sinon ça fait un peu léger ; 0-1, 13e).


Soyons sincères, en cette première période, on est encore loin de la catastrophe. Certes, l’OM peine à prendre de réelles initiatives et à se procurer de vraies occasions. Pour autant, les Clermontois courent énormément dans le vide et révèlent qu’ils n’ont pas besoin de subir un pressing énorme pour perdre des ballons dangereux. En revanche, défensivement, leur défense solidaire et acharnée leur permet d’écarter systématiquement tout ballon annonçant un danger quelconque. Les Auvergnats finissent par craquer à dix minutes de la mi-temps, en balançant Guendouzi en pleine surface après un centre en retrait d’Ünder. Dans un monde normal un pénalty justifié venait nous sauver les miches mais, inexplicablement, les arbitres de pelouse et de car-vidéo préfèrent regarder ailleurs. Ayant parfois été servi par quelques injustices en notre faveur, on s’abstiendra de trop râler, néanmoins l’événement confirme que les procédures d’arbitrage vidéo ne sont parfois pas loin du coaching de Sampaoli en matière de n’importe quoi insondable.

Bref, à la mi-temps, l’affaire est mal engagée mais les motifs d’espoir demeurent nombreux : l’essentiel est alors que l’OM intensifie la pression, les Clermontois étant malmenés à chaque accélération de notre part. Cela rend d’autant plus rageants – et incompréhensibles – tous ces ralentissements et rebroussements constatés à de multiples reprises, alors que l’OM était en situation de se projeter à l’avant.


Comme souvent ces derniers temps, nous revenons des vestiaires avec un comportement rigoureusement inverse de l’attitude requise. Plus cague-aux-brailles que jamais, nous faisons tourner la balle jusqu’à la caricature, comme s’il fallait attendre que les défenseurs laissent Milik démarqué d’un mètre pour daigner lui passer la balle. Aucun centre n’est tenté, aucun jeu en première intention, le ballon tourne et retourne entre nos pieds pour aboutir, au mieux, à un tir lointain. À ce jeu, Rongier produit des frappes un peu moins dégueulasses que d’habitude, sur lesquelles le gardien doit s’employer. Des positions intéressantes sont obtenues sur nos seconds ballons, ce qui rend d’autant plus invraisemblable notre conservation de balle prolongée : nous en venons au point où il serait plus rentable pour nous de miser sur le gegenfootball, à savoir envoyer le ballon au hasard et presser ensuite.

L’entrée de Dieng à la place de Kolasinac nous apporte enfin un jeu plus direct, en même temps qu’une nouveauté tactique croquignolette en la personne de Gerson mi-latéral-mi-central-gauche. Surtout, même si nous avons déjà connu notre lot de défaites piquantes, celle qui se profile présente un faciès bien plus inquiétant : celui de la résignation. Les erreurs techniques se multiplient et paraissent témoigner moins de notre maladresse que du fait que nos joueurs commencent à lâcher la rambarde, à l’image des coups-francs bazardés par Payet. Les duels sont de moins en moins âprement disputés et c’est presque avec fatalité que notre équipe laisse Gerson se faire manger sur la tête par Allevinah sur corner (0-2, 84e).

L’OM n’attend plus que la fin du match et se moque même d’encaisser un troisième but, seule une RAIE de Lopes empêchant Khaoui de se rappeler à notre bon souvenir après que Luan Peres et Saliba, entre autres, se soient fait déposer sur contre-attaque.


Maîtriser le ballon semble être le dogme de Sampaoli, en réaction à un début de saison mené à 100 à l’heure, entre folie offensive et boulevards en défense. Poussée à l’extrême, cette stratégie confirme aujourd’hui tout ce qu’elle a de toxique, avec des joueurs tétanisés à l’idée de prendre la moindre initiative comme aux pires heures de Villas-Boas. On craignait en 2021 que nos joueurs ne s’usent mentalement à force de jouer des matchs sur un fil, or aujourd’hui notre équipe se lasse d’autant plus que, balle au pied, elle s’enferme dans un état d’esprit totalement négatif. Qu’a-t-on gagné à ce nouveau visage ? Rien : nous ne gagnons pas davantage, nous n’encaissons pas moins de buts et, pire, désormais on a peur et on se fait chier. Comme nous le disions pourtant en début de saison : puisque nous avons vu cet été ce vous étiez capables de faire, on ne va pas vous lâcher.


Les joueurs

Lopez (3/5) : Fusillé sur les deux seuls tirs qu’il a eu à subir, il nous évite au moins l’humiliation de nous en faire coller un troisième par un ancien de la maison.

Lirola (2/5) : On a voulu y croire en première période quand Pol a pris pas mal d’initiatives, dont un dribble absolument magnifique. Il ne met cependant pas longtemps à réintégrer le rang de santons qui nous fait office d’équipe.

Saliba (2/5) : À l’aise pendant toute la rencontre, sauf quand Clermont a eu envie d’attaquer.

Caleta-Car (2/5) : De même, une absence de dépassement de fonction qui vaut à notre charnière le prix « OUAIS VAS-Y JE SUIS AVEC TOI,  JE TE SOUTIENS de loin bien au chaud derrière », à égalité avec les socialistes derrière Anne Hidalgo.

Kolasinac (1+/5) : Certes volontaire offensivement, on ne peut pas pour autant dire qu’il ait mis la défense auvergnate au supplice. Celle-ci s’est empressée de lui envoyer un missile dans le dos pour qu’il puisse voir à quoi ressemble un débordement tranchant.

Dieng (63e, 3/5) : Il a bougé et réclamé le ballon pour en faire autre chose que des passes en retrait. Même sans réussite et même s’il ne pouvait pas secouer ces stassis à lui tout seul, reconnaissons que Cheikh a apporté quelque chose de positivement différent.

Rongier (2-/5) : Souhaitons aux armées russe et ukrainienne de placer deux Rongier à leur commandement : le temps que l’un d’eux prenne une initiative, on aura déjà gagné 20 ans de paix.

Guendouzi (1+/5) : Volontaire et (relativement) percutant en première mi-temps, avant d’être volontaire mais nul, puis de finir nul et découragé. Si Sampaoli arrive à ruiner même la combativité de Mattéo, il ne sera pas loin de mériter un trophée.

Gerson (1+/5) : Tente laborieusement de se coordonner avec Kolasinac, avant de passer la dernière demi-heure à se demander ce qu’il fout dans une telle position.

Luan Peres (89e) : Entre une minute avant la fin pour mettre fin au supplice enduré depuis la 63e par Gerson. Conscients du peu de temps qu’il restait à jouer, les Clermontois se sont dépêchés de faire subir à Luan son quota d’humiliations à peine le pied posé sur la pelouse.

Payet (1/5) : Quelques tentatives et puis surtout du renoncement, du marronnage sur le terrain et ensuite au micro, bref, pas de doute : Rougail Toxique n’est pas mort et il va falloir que le staff déploie tout son talent pour lui éviter de revenir au grand jour.

Ünder (1/5) : Un jour l’histoire du football reviendra sur cette période où un club européen disposait de Payet, Ünder et Milik à moins de dix mètres l’un de l’autre, et n’était pas foutu de les faire jouer ensemble.

Milik (1/5) : Les défenseurs clermontois ne lui ont pas lâché les mollets de toute la rencontre. Faute d’autre attaquant pour lui ouvrir les espaces (quoique la demi-heure de présence de Dieng ne l’ait pas plus vu à son avantage), faute aussi de centre correct voire de centre tout court, Arkadiusz a vécu ce que l’on appelle en langage technique : un bon gros match de merde.


L’invité zoologique : Cédric Gloutondji

Le glouton est cet animal mignon et paisible qui fait la sieste, se sent tenaillé par une petite faim, file égorger un animal dix fois plus gros que lui dans un déchaînement de violence, et retourne faire la sieste. Il s’agit donc de l’invité approprié pour livrer ses observations :

– Les autres : Sérieux et solidaires, mais nos occasions et leurs quelques pertes de balle de la première mi-temps laissent à penser que face à une équipe manifestant une envie constante de les attaquer (pas nous, donc), ça peut craquer assez spectaculairement.

Le classement : Monaco, Lens, Strasbourg et Lyon subissent un coup d’arrêt mais nous grattent donc tout de même un point, pendant que Nice et Rennes nous en prennent trois. Sachant qu’il nous reste à affronter toutes ces équipes, a fortiori toutes au Vélodrome (Rennes excepté) où nous sommes infoutus de gagner, notre place sur le podium est plus menacée que jamais.

Coming next : Premier objectif : éviter la grosse claque au retour contre Qarabag. Deuxième objectif : engranger des points et des certitudes contre Troyes, avant un mois de mars qui s’annonce beaucoup plus relevé.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

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