OM-Angers (5-2), La Canebière académie se remet en selle

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On ne pardonne pas mais on apprécie.

Aïoli les sapiens,

Ni rachat ni pardon. C’est trop tard. La fissure anale lyonnaise de mardi guérira d’autant plus faiclement que notre organisme commence à y être accoutumé, mais la cicatrice demeurera, une de plus.

La réception d’Angers n’effacera rien de cette soirée noire, mais elle n’en est pas moins importante. Il s’agit en effet d’éviter les séquelles habituelles de notre traditionnelle claque hivernale, à savoir l’anéantisssement de tous nos espoirs sportifs en l’espace de quatre ou cinq semaines. Qu’on se le dise, l’OM est toujours vivant. En tout cas, au moins jusqu’à mardi.


Les Longorious Basterds

Lopez
Lirola– Balerdi – Saliba – Kolasinac (Luan Peres, 64e)
Guendouzi – Kamara (Rongier, 66e) – Gerson
Payet (Harit, 82e)
Milik – Bakambu (Ünder, 64e)

Sampaoli est humble, Sampaoli sait se remettre en question, et Sampaoli titularise donc Milik (sans omettre de lui préciser « T’as intérêt à me prouver que j’avais tort sinon je te ravale la figure à la barre de fer, cabron »). Le bouleversement est bien plus large, à la fois pour des raisons de fraîcheur physique et pour secouer un schéma qui commençait sérieusement à faisander. Alors que Gueye et Dieng sont en finale de CAN, et que De La Fuente est toujours blessé, l’équipe passe à deux attaquants : Arkadiusz, donc, et Bakambu. L’autre recrue, Sead Kolasinac, permet d’enfin faire souffler Luan Peres. Après deux matchs difficiles, Caleta-Car est également mis au repos au profit de Balerdi. Lirola reste arrière droit, et Gerson regagne le milieu de terrain. Kamara, lui, alterne entre le poste de sentinelle et un franc positionnement de troisième défenseur central.


Le match

Le Vélodrome retrouve ce soir son peuple, pour le plus grand bonheur de tous. Petite ombre au tableau, ces publicités déroulantes pour le RC Toulon au bord du terrain, qui nous font nous sentir comme des anciens combattants quand l’armée allemande a défilé au 14 juillet : on sait bien que ce n’est plus pareil et que l’heure est à la réconciliation, mais ça remue tout de même quelque chose.

Sur le pré, nous avons la surprise de voir le ballon confisqué par les Angevins, aux antipodes de nos débuts de rencontres habituels. Le tout est de savoir s’il s’agit là d’une tactique destinée à surprendre nos adversaires, ou bien si nous sommes simplement à côté de nos pompes. Point n’est besoin de trop creuser le sujet, puisque la réponse nous est fournie en moins d’un quart d’heure. Une perte de balle anale de Saliba aboutit à un centre sauvé par Kamara, avant que William et Gerson ne se fassent des politesses en pleine surface. Finalement, c’est Gerson qui se dévoue pour perdre le ballon comme une merde, laissant Fulgini nous remercier du cadeau par un tir croisé petit filet (0-1, 8e). Pas en reste, Lirola se fait fumer par Boufal d’un double contact, qui aboutit à un centre en retrait de Fulgini. Le tir de Bentaleb trouve sur sa trajectoire Kamara, dont le temps de réaction de vier marin n’aboutit qu’à une déviation prenant Pau Lopez à contre-pied (0-2, 11e).

Paradoxalement, ces buts sont accueillis sans émotion particulière, eu égard à leur caractère précoce : nous avons alors largement le temps soit de revenir, comme nous l’avons déjà fait, soit d’encaisser d’autres buts humiliants, ce qui incite à garder un peu d’exaspération pour plus tard.

Celui qui ne remet pas son exaspération à plus tard, c’est Mattéo Guendouzi. Mieux encore, là où n’importe quel caractériel honnête passerait ses nerfs en savatant adversaires et partenaires à tout va, Mattéo nourrit de rage son meilleur football et se met à aller chasser le ballon comme il sait si bien le faire. Une récupération à quarante mètres lui permet ainsi de lancer Milik sur la droite de la surface qui, d’un petit piqué, nous rappelle cette sensation oubliée de fêter un but avant même que l’attaquant n’ait déclenché son tir (1-2, 18e).

Mieux, nous versons ensuite franchement dans le révolutionnaire. C’est que, lorsque Pol Lirola le décale à quelques vingt-cinq mètres du but, Gerson prend l’initiative folle de TIRER DE LOIN ! Plus encore, de réussir son tir ! Le ballon va en effet se ficher dans le soupirail d’un Petkovic un chouïa flemmard des quadriceps (2-2, 21e).

La suite de cette première période est aussi foutraque que les vingt premières minutes le laissaient présager, entre des Olympiens nettement plus portés que d’habitude sur le jeu direct et des Angevins prompts à faire péter notre milieu de terrain pour ouvrir des brèches. Bakambu expédie ainsi un tir tout pourri alors que des coéquipiers attendaient au centre, avant que Gerson ne conclue une belle remise de Milik par un tir sur le gardien. Angers est tout près de nous faire rentrer au vestiaire sur une claque magistrale, quand une perte de Payet voit Fulgini lancer Ounahi seul dans le dos de Kamara. Saliba renfile le costume de super-héros qu’il portait pour châtier Mbappé, et revient d’entre les morts pour pousser l’attaquant à manquer son tir.

La seconde période a le bon goût de voir l’OM conserver ses intentions offensives, tout en se calmant un peu sur le slipomètre. Les tentatives de contre-attaques sont ainsi soit tuées dans l’œuf au milieu, soit mises en échec par des alignements bien sentis. Dans cette ambiance festive, même Lirola recommence à réussir quelques gestes, dont ce beau centre sans contrôle qui, mal renvoyé, aboutit à un tir de Gerson dévié de justesse. Puis, alors que la défense dort sur un coup-franc de Payet, Milik remet de la tête pour Bakambu à deux mètres de la ligne, qui ne parvient qu’à tirer sur le gardien.

Petkovic montre ensuite qu’il n’est pas l’homonyme d’un entraîneur bordelais pour rien quand, sur un long ballon d’Ünder, il sort vaillamment au-devant de l’échec qui tardait à venir. Gerson bouge son défenseur à l’épaule puis lobe ce gardien placé n’importe comment, ce dont Milik profite pour déposer le ballon dans la cage désertée (3-2, 70e).

Sachant que son fada d’entraîneur est tout à fait capable de le mettre sur le banc dès le match suivant pour le refaire entrer à la 86e minute, Arkadiusz profite de chaque instant de la vie et récupère un ballon au milieu de terrain. Après quelques passes, celui-ci échoit à Ünder sur la droite, et alors là, mes aïeux, Cengiz se fend d’une merveille de passe-laser à ras de terre, missile téléguidé pour Milik qui avait appelé la balle avec une synchronisation remarquable et tacle dans le but avant que la défense n’ait compris quoi que ce soit à ce qu’il se passait (4-2, 78e). Accessoirement, quatre buts sont inscrits sans que Payet n’y soit pour quelque chose, ce qui est assez rare pour être souligné.

Soit décomplexés, soit au contraire lestés d’une dévorante envie de se faire pardonner, les Olympiens finissent le match tout entiers voués à notre plaisir. Si Milik rate son contrôle alors qu’un boulevard s’ouvrait en contre-attaque, il conserve néanmoins la balle et la transmet à Harit, qui décale Luan Peres, parce que oui, désormais nous jouons les surnombres en contre-attaque et que oui, désormais, les remplaçants qui entrent en jeu servent à quelque chose. Luan voit son centre repoussé : voyant le ballon rebondir, Ünder arme sa frappe en tirant à la langue à moitié pour la concentration et à moitié pour l’appétit. S’ensuit une merveille d’intérieur du pied fouetté qui conclut la soirée en nous faisant plein de frissons ici (5-2, 85e) – pas assez suffisamment pour se dire que des joueurs capables de ce genre de performance méritent encore plus de claques pour leur non-match d’il y a trois jours.


Les joueurs

Lopez (3-/5) : Tellement ému par nos critiques sur le jeu de possession stérile qu’il a exceptionnellement balancé plusieurs ballons en touche pour montrer sa bonne volonté.

Lirola (3-/5) : Se fait souiller dès la deuxième minute pour confirmer sa candidature au poste officiel de tête de turc du moment. Candidature en suspens cependant tant, sans être parfait, Pol a produit une performance bien plus en rapport avec les qualités qu’on lui connaît. Disons qu’au moins on a de nouveau sur le terrain un joueur de football et non plus un poulpe avarié.

Balerdi (3+/5) : Maintenu au frigo à cause de la résurrection de Caleta-Car, Balerdi a saisi l’occasion de montrer que nous pouvions compter sur lui. Certes, on pouvait comprendre que Duje eût été préféré à Leo pour sa plus grande sûreté, mais à partir du moment où l’ours des Balkans se met à son tour à donner des buts, l’argument tombe quelque peu.

Saliba (2+/5) : Mal réveillé au début du match, ce qui est très compréhensible. Ca fait plusieurs nuits que je me réveille en sursaut en pensant à ce que Dembélé lui a mis l’autre jour, j’imagine aisément ce qu’il doit en être pour William.

Kolasinac (3/5) : Première convaincante pour l’ours des Balk… ah non ,merde, c’est déjà pris. Première convaincante en tout cas pour Sead, sûr défensivement et auteur de montées de bon aloi.

Luan Peres (64e, 3/5) : L’heure de repos offerte par la titularisation de Sead a suffi à la requinquer, en juger par sa montée de la 85e minute.

Guendouzi (4/5) : Quand Mattéo Guendouzi décide que le moment est venu pour l’équipe d’arrêter ses conneries, l’équipe s’exécute. Le gouvernement manque d’un Mattéo Guendouzi.

Les grilles de Motchus de Mattéo Guendouzi sont plus simples que celles de Médéric Gasquet-Cyrus (je ne sais pas si vous le connaissez).


Kamara (2+/5) : Après un début de match si calamiteux, l’usage olympien consiste à se naufrager consciencieusement pour le reste de la rencontre, voire de la saison. On ne peut que saluer Boubacar pour avoir ramassé sa dignité, resserré les boulons, et s’être remis en seconde période à régner sur notre arrière-garde dans le plus grand des calmes.

Rongier (66e, 3/5) : Nouveau poste hybride pour le Rongieur qui, de milieutéral droit, expérimente désormais le milieufenseur central avec le même sérieux.

Gerson (4-/5) : Une erreur risible dès l’entame le jour où le Vélodrome retrouve tout son public : là où l’égo commanderait de s’enterrer aussitôt deux mètres sous la pelouse, Gerson ne s’est pas démonté et a fait oublier cette péripétie à coups de récupérations autoritaires et coups de boutoir aussi élégants que virils, avec option but et passe décisive. S’il se sent obligé de se faire pardonner de la sorte, je veux bien qu’il fasse ce genre d’erreurs à chaque match.

Payet (2/5) : J’aime pas les jours où il est à côté de ses pompes, ça fait de la peine pour lui, on dirait Akhenaton quand il se met à parler du covid.

Harit (82e) : Même Amine gagne son nom inscrit dans les comptes rendus, en participant à l’action du cinquième but.

Bakambu (2+/5) : Alors non, stop. Les arguments « il crée des espaces, il a un bon jeu sans ballon » à l’arrivée d’un attaquant, vous savez tous comment ça finit. Dans six mois, on ne verra plus que ses occasions ratées et on insultera sa mère avant même qu’il touche la balle. Cela étant, si c’est le prix à payer pour que Milik soit enfin à l’aise, ça vaut largement le sacrifice.

Ünder (64e, 4+/5) : Non, n’insiste pas, tu n’es toujours pas pardonné pour ta cagade contre Lyon. Bon allez, je veux bien te faire un bisou quand même, tu mérites.

Milik (5/5) : Tellement obnubilé par le but qu’il en a oublié de célébrer sa réussite en posant ses couilles sur le nez de l’entraîneur. En, même temps c’était pas la peine, on avait compris.


L’invité zoologique : Nabil Bentalièvre

Comme le dit la fable de Jean de la Fuente, « Rien ne sert de courir, quand t’as un Milik dans cet état en face tu l’as dans le cul quoi qu’il arrive. »

– Les autres : On leur souhaite de tout cœur de voir leur projet de jeu de qualité triompher des horribles blocquéquipes à huit défenseurs qui pullulent sous nos latitudes. D’une, parce que le football en a besoin ; de deux, parce que ça nous donnerait plus de victoires à cinq buts.

– Le classement : Nous reprenons la deuxième place et pourrons siroter nos bières tout le week-end en attendant que nos rivaux perdent des points. Non je plaisante, toutes mes bières du week-end, je les ai finies ce soir à 0-2.

Coming next : Rendez-vous à Nice mardi en coupe de France, en espérant arrêter de faire les cyclothymiques. Ensuite on a du Metz, du Clermont, du Troyes et du Qarabag, avec pour seul mot d’ordre : ce qu’on a vu faire ce soir, on le veut à chaque match.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Le rookie Thibault D. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

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