OM-Lorient (3-1) : La Canebière Académie ne dévie pas de sa route
La zumba des ponews.

Aïoli les sapiens,
Le coude à la vitre, la clope et le sourire au bec, le pied loin du frein, et l’intention de ne pas tourner le volant d’un degré quand bien même les touristes auraient l’idée saugrenue de faire baisser notre moyenne en traversant en dehors des clous. On a beau dire en ce mois de janvier que l’esprit du Paris-Dakar a disparu, c’est faux : il s’est juste déplacé au Vélodrome.
Les Longorious Basterds
Lopez
Mbemba – Gigot – Balerdi
Ünder – Rongier – Veretout (Gueye, 76e) – Kolasinac (Kaboré, 65e)
Malinovskyi (Payet, 65e) – Sanchez (Dieng, 76e) – Guendouzi
Payet réintègre le groupe, ce qui n’est pas le cas de Clauss, toujours blessé. Nuno Tavares purge son dernier match de suspension, tandis que Bailly est toujours consigné en tribune en attendant de connaître sa sanction définitive. Malinovskyi honore sa première titularisation, ce qui n’empêche pas Ünder de demeurer sur le côté droit au poste de piston.
Le match
Maillot floqué D’or net de Platine, coup d’envoi tiré par Jul, l’OM est prêt pour entamer le match à la mode de Saint-Jean-du-Désert : volume poussé au maximum, 160 bpm. Autotune intégral. Forcément, quand t’arrives et que t’es Breton, t’en restes d’abord un peu délorienté. L’OM a donc tout le loisir de taper, taper, taper, ou plutôt en ces dix premières minutes de TAPERTAPERTAPERBROYERAAARARGH. Mais attention, on tape, certes, mais avec une synchronisation à faire pâlir de jalousie les pilotes de la Patrouille de France : ça court à 300 kh/h tout en échangeant et compensant les places en permanence, de sorte que les Merlus regroupés sont plongés en plein cauchemar, face à 10 mecs survoltés projetant la moitié de l’équipe dans la surface. Mais que nos adversaires récupèrent le ballon au prix de douloureux efforts, et leurs contre-attaques pourtant réputées se fracassent sur un bloc immédiatement reconstitué comme par miracle. Puissance, fluidité, coordination, en ce début d’année l’OM de Tudor fusionne la puissance d’un pack sud-africain avec les mouvements d’un ballet Prejlocaj.
Et là, vous me direz, c’est bien beau de se monter la sègue, mais l’important ça reste les buts. J’y viens. Tout d’abord, Ünder passe à une RAIE du gardien près de voir sa tête provoquer l’ouverture du score, à la réception d’un fort beau centre de Kolasinac. Secundo, si un certain déchet voire le risque de se faire ouvrir en contre représentent le pendant obligé de notre style de jeu, je signe tout de suite. Cela tombe bien, d’ailleurs, puisque le fist lorientais survient rapidement. Forcés de se calmer après leur premier quart d’heure de malades, les Olympiens sont un peu moins saignants, et laissent davantage d’espace aux Lorientais. Il faut pourtant une relance assez horrible de Malinovskyi pour offrir à ces derniers un corner : le coup de pied de coin aboutit à Moffi, qui d’un pas en retrait se défait habilement de Gigot avant de réaliser une fort jolie volée intérieur du pied au point de pénalty (0-1, 29e).
Premier accroc dans le parcours de l’OM depuis le début d’année (le thorax hyérois défoncé par Eric Bailly, ça ne compte pas), cette ouverture du score serait-elle de nature à saper la confiance acquise ces dernières semaines. La réponse tient dans les trois mots habituels : taper, taper, taper. Malgré la proportion assez agaçante de centres approximatifs, l’OM envoie tellement de ballon dans la surface que, statistiquement, quelques-uns dans le lot sont forcément appelés à devenir des passes merveilleuses : le centre plongeant d’Ünder est ainsi aimanté par la tête de Kolasinac, qui devance la sortie de Mannone (1-1, 38e).
Lorient est au fond du mortier, l’OM n’a plus qu’à rajouter le piment, l’ail, le carvi, et le sel, et à pilonner tout ça. A la réception d’un corner de Malinovskyi, Gigot se charge de la traditionnelle séance d’anthropophagie sur défenseur adverse au deuxième poteau, mais à un mètre du but ne parvient qu’à envoyer le ballon sur le montant. A la reprise, Mbemba se voit quant à lui mis en échec par le tacle d’un défenseur sur la ligne.
Ce manque de réussite rageant ne nous empêche pas de savourer l’égalisation avant la pause, bien utile pour passer le quart d’heure de la mi-temps sans trop douter. Signe des temps, c’est désormais chez l’adversaire que la reprise du jeu s’effectue le slipomètre au taquet. Un Lorientais en panique envoie du bras le ballon sur la main de Sanchez, seule la seconde faute étant sifflée. C’est ici que l’on mesure toute la différence de mentalité qui nous sépare d’un sportif de haut niveau : quand le Marseillais moyen (nous, en fait), évacue sa frustration de quelques paroles pleine de sagesse et de lucidité du genre « enculé d’arbitre de ta sale race de ta mère la pute de tes morts », Alexis Sanchez préfère assister au centre de Kolasinac lancé par Guendouzi, profiter de la déviation de Gigot en position d’avant-centre parce que pourquoi pas, et enchaîner ce merveilleux contrôle-lourde qui rend le non-pénalty précédent totalement anecdotique (2-1, 53e).
La situation ainsi inversée, l’OM peut enfin se ranger dans une attitude plus gestionnaire, non, je déconne, Guendouzi lance Mbemba pour sa 178e montée du match, Chancel adresse un centre tendu qui échappe à nos attaquants. Tout va cependant trop vite pour les Bretons, à la fois le défenseur qui ne touche le ballon qu’un dixième de seconde avant de se le faire goinfrer par Veretout, et le gardien qui se baisse pour commencer à prendre ses appuis alors que la lourde de Jordan est déjà partie et passe au-dessus de sa tête : voici un parfait lauréat du prix « Yohann Pelé » du but encaissé au milieu de la cage (3-1, 59e).
Sur ces entrefaites, les deux équipes procèdent à quelques changements sans que les rapports de force ne s’inversent. Malinovskyi tire à côté avant que Dieng ne manque un face-à-face avec le gardien. De leur côté, les Bretons ne parviennent qu’à produire quelques tentatives symboliques avant, tout séduisants et ambitieux soient-ils cette saison, de faire comme tout le monde et de ployer le genou devant leurs seigneurs et maîtres olympiens.
Les joueurs
Lopez (3/5) : Mieux protégé que la virginité d’une sœur d’un gardien de la révolution, Pau n’a eu que le minimum à accomplir.
Mbemba (4/5) : Le Henry Kissinger de l’équipe : non content de mater les chevelus qui viennent l’emmerder à l’intérieur des frontières, il va également mettre le bordel à l’autre bout du continent pour montrer qui est le leader du monde libre. La différence c’est que Chancel, on n’est pas pressé qu’il nous quitte.
Gigot (3+/5) : Piégé par Moffi sur l’ouverture du score, on peut également lui reprocher ce second but manqué par maladresse plus que par malchance. Ah, oui, tant qu’à énumérer les reproches, il lui reste un peu de morceaux de Lorientais dans sa barbe aussi, il aurait quand même pu s’essuyer après les avoir cannibalisés.
Balerdi (3+/5) : En d’autres temps ce genre de prestation défensive aurait mérité une note élevée et une érection à l’avenant. Mais que voulez-vous, quand ses partenaires occupent aussi les postes d’avant-centre ou d’ailier, un défenseur qui accomplit un match défensivement parfait, on en vient à trouver cela sobre.
Ünder (4/5) : Au four, au moulin, au champ de blé, à la boulangerie et au cul de la Pomponnette, Cengiz était partout. Vas-y que je centre, que je presse, que je me tape des courses pour couper les contre-attaques, et avec ça je vous mets une passe décisive bien cuite. A force de surchauffe, Cengiz a d’ailleurs paru près de fondre un fusible en fin de match, entre volée du droit improbable et balles perdues par excès de gestechniques ambitieux ; malgré les craintes, il n’a pas fini par sortir son membre pour uriner sur les adversaires, ce qui maintient sa performance largement au-dessus du niveau très honorable.
Rongier (3/5) : Match plus discret du Rongieur, mais « discret » selon les standards 2023. Entendons par là que Valentin ne s’est guère manifesté dans les offensives, ce qui ne l’a pas empêché sur une bonne moitié des contres adverses de se planter en faisant « bouh » devant le Lorientais qui croyait l’avoir éliminé.
Veretout (4/5) : Après une trop longue période de rudi-villasbo-sampaolisme, on s’extasie à juste titre sur le nombre de joueurs présents dans la surface adverse sur chacune de nos offensives. Mais il convient de souligner qu’ils ne s’y rendent pas en touristes, mais bien avec l’intention d’écraser leurs ennemis, les voir mourir devant eux et entendre les lamentations de leurs femmes. Le but de Jordan en représente un parfait témoignage.
Gueye (75e) : Prend l’habitude de réussir un tacle décisif en pleine surface à chaque match.Une sorte de « signature mouve », comme on dit au catch, les étranglements et clés articulaires en moins (ce qui dans le cas de Pape représente une évolution très significative.
Kolasinac (4/5) : Ce matin au PPP (Poney Prolétaire Pertuisien), les chevaux étaient tout jouettes, et je peux vous garantir que c’est assez impressionnant de voir des canassons de cinq quintaux se mettre à galoper partout et sauter comme des antilopes. En plus, un cheval qui fait le jobastre, c’est comme le fou-rire, c’est contagieux : je te garantis que si à Pastré ils ont vu le match de leur congénère du Vélodrome, ça va être la zumba des bourrins toute la soirée.
Kaboré (65e) : Alors autant sur le côté droit, bien entouré, les progrès d’Issa sont de nature à nous faire déployer des trésors d’indulgence, autant en dépannage de fin de match à gauche, on reste dans le registre de la bonne grosse fausse note.
Malinovskyi (3-/5) : Encore en période d’acclimatation, d’où de multiples mots de bienvenue et d’encouragements à la suite de ce match logiquement en-dedans (quoique ponctué de beaux moments). En revanche, si dans disons deux mois tu nous foires une relance du genre de celle qui nous a coûté le premier but, c’est ta mère qui va devoir s’acclimater à ce qu’elle risque d’entendre.
Payet (65e) : Une remise en jambes pépère, avec la chance de voir à son entrée le score déjà acquis.
Guendouzi (4/5) : Parti pour un match de l’ombre, et puisque, que voulez-vous, on ne se refait pas, il n’a pas pu s’empêcher en seconde mi-temps de délivrer deux passes « pré-décisives » et de gueuler comme un putois sur la moitié des décisions arbitrales. En même temps quand la presse mercato te fait passer de Marseille à Birmingham, on comprends que tu veuilles vivre chaque jour comme si c’était le dernier.
Sanchez (4/5) : Deux matchs pas terribles, c’était bien le maximum tolérable pour Alexis avant qu’il ne dise « mes couilles maintenant » et n’envoie dans les filets une sacoche aussi décisive que rageuse. Le seul joueur encore moins patient que les supporters quant à ses propres performances.
Dieng (65e) : Loin d’être nul à la finition, mais tout aussi loin d’être régulier. Sur les traces de l’illustre Bakayoko, Dieng semble de cette trempe de buteurs à rendre cinglés les amateurs d’expected goals, puisque totalement imprévisibles quelle que soit la configuration ou la difficulté de l’occasion.
L’invité zoologique : Enzo Le Faon
Mignon, fragile et délicat, mais aussi futur cerf majestueux, le faon est sans aucun doute l’animal le plus aimé de la forêt. Cela ne l’empêche pas de finir criblé de chevrotine par onze soudards en Ford Ranger, bien décidés à montrer qui domine la chaîne alimentaire. Le faon est donc l’invité approprié pour revenir sur cette battue à l’outsider.
- Les autres : Du bloc bas bien solidaire enrichi par de la contre-attaque bien huilée, on comprend aisément qu’autant de plus naïfs ou moins agressifs que nous se soient fait piéger.
- Le classement : nous finissons la phase aller avec un total record de 42 points. C’est évidemment l’année choisie par le RC Lens pour faire encore mieux et nous promettre un duel épique, là où en d’autres temps un tel total à la mi-saison nous aurait quasiment déjà promis la Ligue des Champions une main dans le slip. On relèvera également l’écart de 17 points qui nous sépare de Lyon, et ça c’est pas an… ah bah si, c’est devenu tout à fait anodin, en fait.
- Coming next : Rennes en coupe de France vendredi, Monaco le week-end prochain : le rythme ralentit enfin, mais les enjeux des matchs vont croissant.
- La rediffusion : retrouve ici l’académie d’une autre belle soirée en milieu de semaine, dans LA CAPITALE HISTORIQUE DE LA CHAMPAGNE.
- L’anniversaire : On nous signale le troisième anniversaire de la Maraude mentalité virage Depé. Force à ces grands valables.
- Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Dégun remporte le concours zoologique, malgré la photo de poney à paillettes qui était censée vous motiver.
Bises massilianales,
Blaah
Je ne pense plus qu’à ça.
J’ai l’impression d’avoir 9 ans. Remarquez, c’est l’âge que j’avais la dernière fois où on jouait aussi bien…