OM-PSG (0-2), La Canebière académie a le bourdon

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Tout juste la force de s’énerver.

Aïoli les sapiens,

On a ressenti beaucoup de choses ces dernières années temps, après un OM-PSG. De la joie, rarement, de la haine, souvent, de l’abattement, de l’énervement, de la colère, de l’exaltation, de la honte… Mais l’envie de vite aller se coucher, c’est la première fois.

L’équipe est aussi résignée que son président est infect, et Dieu sait que Jacques-Henri a fait fort, en interdisant aux MTP d’installer un tifo en mémoire d’un membre du groupe décédé il y a deux ans. Le Stade Vélodrome est barricadé – oui oui, pour un match à huis-clos – et 8 supporters dorment aux Baumettes. Pour compléter ce sombre tableau côté médiatique, signalons que les journalistes, présentateurs et consultants de Téléfoot sont chômeurs alors que Pierre Ménès a du travail.


L’équipe

Mandanda
Sakai– Alvaro (Perrin, 78e) – Caleta-Car– Nagatomo (Lirola, 56e)
Rongier (Cuisance, 88e) – Kamara– Gueye
Thauvin (Luis Henrique, 78e) – Germain(Benedetto, 56e) – Payet (expulsé, 89e)

Alors ce n’est pas pour vous raconter ma vie mais bon, cet après-midi il y avait poney et après il a fallu faire une salade et j’ai à peine eu le temps de faire caca juste avant le coup d’envoi, enfin, bref, j’ai manqué la raison pour laquelle Nasser Larguet n’a pas aligné Pol Lirola comme titulaire et j’en déduis donc arbitrairement que c’est pour faire chier Pablo Longoria.

Amavi est toujours blessé. Parmi les nouveaux, Milik est déjà victime de son premier forfait, et tout le monde a oublié que Ntcham a été recruté. Le milieu de terrain retrouve cependant une densité acceptable, avec les retours de Rongier et Gueye. Devant, Germain est préféré à Benedetto.


Le match

Le trou du cul de Harvard mis à part, les relations entre les supporters et les joueurs se sont placées cette semaine sous le signe de la plus franche sincérité, avec une réunion tenue à la Commanderie au cours de laquelle les Olympiens ont été appelés à montrer une tenue un peu plus digne de leur maillot (et, oserait-t-on le dire, un peu plus digne de leur niveau réel, eux-mêmes gagneraient à se souvenir qu’ils valent mieux que des joueurs de Guingamp, quand même).

Le choc psychologique tant attendu s’est-il produit ? Il semble rapidement que oui, mais pas forcément dans le sens que l’on attendait. Alors qu’un corner de Payet est renvoyé par la défense, Rongier est présent à la retombée : il livre alors un authentique duel de vier marin contre Verratti, ce qui a pour effet de totalement déverrouiller notre milieu de terrain. La suite, c’est un ballon en profondeur et une lutte au sprint entre Kylian Mbappé et Hiroki Sakai, donc à partir de là je crois que bon (0-1, 7e).

Face à un PSG lui-même en reconstruction (c’est-à-dire, pour parler plus simplement, souvent à côté de ses pompes), l’OM parvient à jouer haut et même, soyons fous, à proposer quelques combinaisons offensives. Celles-ci se terminent invariablement par un centre contré, ou un tir raté. C’est finalement sur une erreur défensive parisienne que Gueye se procure la meilleure occasion, avec une LOURDE déviée par Rico au-dessus de sa barre.


Pour autant, le niveau de combativité de nos joueurs laisse clairement apparaître que leur seul espoir pour la fin de saison est le même que le nôtre : qu’elle finisse vite. Après tout, il ne reste plus grand-chose à saccager à la Commanderie, ce n’est donc pas une défaite de plus qui va changer quelque chose, n’est-ce pas ? Voici pourquoi les Parisiens sont autorisés à se promener sans opposition sur notre côté gauche, puis à adresser un centre au premier poteau. À la réception, Alvaro, notre guerrier, notre capitaine de cœur si l’on avait le cœur à droite, le mec qui préfèrerait laisser ses ligaments sur le terrain plutôt que de laisser un joueur l’humilier (si vous n’avez pas vu le match, une surprise vous attend deux paragraphes plus bas), Alvaro, donc, se trouve au duel face à Icardi, et c’est là qu’Alvaro lui-même faillit. Au lieu de défendre comme à son habitude, c’est-à-dire en plantant l’Argentin la tête la première dans la pelouse pour voir s’il fera des racines, voilà que notre Alvaro se laisse surprendre par une tête arrière toute moisie, tellement moisie que c’est en fait du dos qu’Icardi reprend le ballon. Les racines de Mandanda, elles, sont allées chercher l’eau aux antipodes et empêchent notre gardien de réagir à ce ballon lobé autrement qu’en le suivant du regard en disant « ooooooooooooooh merde. » (0-2, 24e).

Le robinet à buts semble tout près de s’ouvrir quand une passe suicidaire de Payet devant notre surface permet à Paredes d’allumer un missile au ras du poteau. La seconde période n’a aucun intérêt, si ce n’est de permettre aux observateurs de prétendre « qu’il y a du mieux dans le jeu de l’OM ». Indéniablement, nous avons accompli dans le camp adverse un temps de possession de balle inédit depuis bien longtemps. On nous autorisera cependant à penser que la raison principale de cette embellie était, tout simplement, que le PSG n’en avait plus rien à foutre. Une savoureuse cagade de Sergio Rico aurait certes pu offrir le but de l’espoir à Kamara, mais la déesse des mains de plâtre avait choisi de veiller particulièrement sur ce gardien ce soir. Plus aucune autre occasion digne de ce nom ne nous laisse entrevoir quoi que ce soit jusqu’à la fin du match. Au contraire, défendant une main dans le slip, les parisiens se procurent plusieurs contre-attaques ; icelles sont gâchées soit par des maladresses assez cocasses, soit parce qu’une orgie se déroulait dans le car des arbitres vidéo.

Sakai est ainsi sauvé peu avant l’heure de jeu, quand les arbitres lui pardonnent généreusement un accrochage sur Icardi dans les 6 mètres. En fin de match, l’entrée de Neymar active comme d’habitude le mode « décapitation » chez Alvaro, avec pour seule conséquence de rendre ce dernier ridicule : voulant imprimer ses crampons dans la joue du Brésilien, notre défenseur se rate et le laisse partir dans la surface, où il le rattrape d’une magnifique faute de bourrin en se tordant le genou au passage. Pour ne pas en rajouter, l’arbitre s’abstient d’un pénalty pourtant évident.

Le match s’achève ainsi sans grande émotion, y compris après le nouveau carton rouge de Payet. En effet, ses excuses immédiates après avoir posé à Verratti une prothèse de hanche en alu de 18 sans anesthésie, ainsi que sa tête authentiquement dépitée, nous incitent à classer cette expulsion dans la catégorie « je suis tout perdu dans ma tête » plutôt que dans la catégorie « je suis une tête de con et je vais faire une faute de con pour bien montrer que je boude ». Après tout, nous ne sommes plus à un dépressif près dans cette équipe.


Les joueurs

Mandanda (2/5) : Choc psychologique toujours : depuis qu’il a rencontré les supporters, Steve Mandanda se prend pour un cyprès.

Sakai (2-/5) : Je n’avais pas vu une telle disproportion entre les efforts déployés et les succès accomplis depuis Jean-Claude Dusse.

Alvaro (1+/5) : Pas affecté par son piteux duel en partie responsable du deuxième but, Alvaro a rapidement retrouvé de vraies qualités de soldat : agressif ; dur au mal ; complètement con.

Perrin (78e) : Pas eu le temps d’être souillé par les attaquants parisiens.

Caleta-Car (2/5) : La consolation, c’est que ça ne va pas beaucoup mieux à Liverpool.

Nagatomo (1/5) : « Rhôôô, vous dites que je suis brouillé avec Pablo Longoria parce que j’ai laissé sur le banc sa recrue Pol Lirola ? Allons donc, cessons ces rumeurs stupides, regardez, j’ai titularisé sa recrue Nagatomo, ça montre bien qu’en réalité je lui en veux à mort. »

Lirola (56e, 2/5) : Déjà assimilé dans la déprime ambiante.

Kamara (4/5) : À l’image du héros de la Horde du Contrevent, il a endossé le souffle vital de tous ses compagnons qu’il a vu crever les uns après les autres comme des merdes, avant de finir seul dans un désert et de bien signifier qu’il n’y aura de suite qu’à la condition de repartir de zéro (non, je déconne : dans le roman, après avoir atteint l’Extrême-Amont, le héros se casse à Milan pour 40 millions d’euros).

Rongier (1/5) : Vous avez vu « Annihilation » ? Ce film d’horreur barré où un dôme extraterrestre fusionne les ADN de tous les êtres vivants qui s’y trouvent ? Eh bien on a l’impression que ce dôme s’est implanté au-dessus de la Commanderie, mais en fusionnant uniquement l’ADN de l’endive.

Cuisance (88e) : Soit.

Gueye (3/5) : Restons dans la métaphore jardinière pour indiquer qu’avec Kamara, Pape représente la dernière branche de l’effectif qui n’a pas pris le gel et peut espérer refleurir au printemps.

Thauvin (2-/5) : Le quota d’activité règlementaire pour s’autoriser à dire : « j’ai essayé ».

Luis Henrique (78e) : Pas pire.

Payet (1-/5) : À l’avant-dernier sous-sol du lâchage mental (le dernier, ce sera de se bourrer la gueule avec Benoît Paire en direct sur Instagram).

Flippant, ce film.

Germain (1/5) : Résumé des épisodes précédents : Valère Germain mène une quête solitaire sur tous les terrains de football de France. De la pointe de l’attaque au pressing défensif,  du premier poteau à la ligne de touche, Valère cherche inlassablement la réponse à la question qui gouverne sa vie : « et donc, je fais quoi, là ? ». Alors que le déplacement à Lens l’avait une nouvelle fois laissé avec ses doutes, la réception du PSG allait-elle enfin apporter la réponse tant attendue ?

Résumé de l’épisode du jour : non.

Au prochain épisode : Valère Germain sera peut-être titularisé de nouveau en pointe, à moins qu’il n’entre en false-nine-advanced-libero si nous menons au score, à moins que la suspension de Payet ne le positionne en false-latéral-defensive-winger. Mais alors que retentira le coup d’envoi, ou que se lèvera le panneau du quatrième arbitre, Valère Germain se tournera vers l’entraîneur et lui demandera : « et donc, je fais quoi, là ? »

Benedetto (56e, 1/5) : Rude semaine pour Dario qui, non content de s’être fait piquer sa place de titulaire, s’apprête à se faire piquer sa place sur le divan du psychanalyste.


L’invité zoologique : Monsieur Lapin

Le jour où l’on sera résigné au point de ne plus sortir Monsieur Lapin après une telle défaite, c’est là que notre exigence sera morte et enterrée.

– Les autres : C’est pas super fluide et pas super solide. Si l’on ajoute à ça le fait que Kurzawa a utilisé le chambrage maudit « Zumba Cafew » après le match, la probabilité est réelle qu’il foirent leur fin de saison.

Le classement : Le classement c’est surfait, on va plutôt se baser sur la coupe de France. Programmer ce match un mercredi après-midi, en revanche c’est irresponsable. Vous me direz, ce n’est pas à destination des gens qui travaillent, c’est plus pour que les enfants puissent voir jouer l’OM. Ce à quoi je vous répondrai : justement.

Le replay :  L’académie du milieu de semaine revenait sur le match à Lens, et surtout sur les événements de la Commanderie. C’est là.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter.


Bises massilianales,

Blaah.

4 thoughts on “OM-PSG (0-2), La Canebière académie a le bourdon

  1. « Lirola (56e, 2/5) : Déjà assimilé dans la déprime amiante. »
    La déprime amiante, c’est une version encore plus toxique et cancérigène de la déprime ambiante ?
    Hé bien… il ne vous manque plus que récupérer Mourinho comme entraineur, et ce sera parfait. Parfait pour le spectacle des supporters non-olympien, cela va sans dire.

  2. Je trouve que JHE a eu raison d’interdire ce tifo… lui qui enterre ce club un peu plus chaque jour, avec une équipe enfermée dans un purgatoire sans fin, damnée devant l’éternel retour de saint Drogba…
    Comment retrouver un semblant de dignité et se recueillir sereinement, en contemplant ce Vélodrome vide, ce collectif qui se débat pour ne pas se noyer … et finalement, la mort elle-même qui se retire, écœurée par la trahison de son allié: le temps… devenu plus visqueux que la coupe d’Icardi…

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