Aïoli les sapiens,

J’espère que comme moi vous avez profité de ces vacances caniculaires pour vous intéresser à une discipline qui devrait nous être utile dans un temps relativement court : la collapsologie.

L’idée, en résumé, c’est que nous avons tellement saigné la planète sans espoir de retour qu’un effondrement de notre civilisation est inévitable. Mais, et c’est là que ça devient intéressant, on peut théoriser l’idée que la fin du monde, c’est pas si grave. Ce sera l’occasion de redécouvrir la possibilité de vivre sans se goinfrer de biens de consommation ; on caguera dans des toilettes sèches sans y rester des heures, puisqu’il n’y aura plus de smartphone pour s’y distraire, on videra lesdites toilettes au compost, que nous étendrons selon un ordre savant sur nos planches de permaculture, on fera du vélo ou du cheval au lieu de sauter du SUV à la trottinette électrique. Pour ainsi dire, on va être nombreux à crever, mais pour ceux qui s’adapteront, ce ne sera pas si terrible.

Nous allons droit dans le mur, c’est trop tard pour y faire quoi que ce soit, et préparons un « après » fondé sur la sobriété heureuse. Et c’est ainsi que, contre toute apparence, notre président a entrepris de faire de l’Olympique de Marseille le premier club collapsologique.

Au travers de ce nouveau non-mercato et de cette non-construction d’effectif, le message est clair : pour Jacques-Henri, l’OM tel que nous le connaissons, basé sur une abondance obscène de titres et de spectacle, est mort. Mais c’est pas grave. Autant nous préparer tout de suite à l’effondrement olympien, puisque celui-ci est inéluctable, et nous apprêter à vivre en harmonie avec l’écosystème de la Ligue 1, en compagnie de nos semblables Rennes ou Nice, voire Bordeaux si nous nous montrons vraiment radicaux dans nos choix de vie.

Nous serons alors, à notre tour, mus par ce principe de sobriété heureuse. Nous nous rappellerons que l’on peut bien savourer la vie sans victoires, en appréciant au jour le jour le bonheur simple et rare d’un contrôle réussi, d’une frappe cadrée, ou d’une défense qui parvient au cours d’un moment de grâce à mettre un attaquant hors-jeu sans qu’un demeuré ne le couvre de deux mètres.

Comme quoi, alors qu’on le prenait pour un macroniste convaincu, Jacques-Henri pourrait bien être en réalité un président écologiste dans l’âme. Tous nos concurrents se lancent dans une course aux armements vers le Graal de la Ligue des Champions, un but qui paraîtra bien dérisoire une fois que les télévisions seront éteintes et les avions définitivement rivés au sol. Précurseur, Jacques-Henri Eyraud, lui, anticipe l’ère de l’effondrement et y fait entrer le club sans plus attendre.

Preuve supplémentaire du bouleversement climatique en cours : à l’instar des moissons ou des vendanges, Monsieur Lapin survient chaque année un peu plus tôt.

L’équipe

Un bref bilan mercatal nous servira à saluer Lucas Ocampos, parti mordre des tibias à Séville, ainsi que Clinton Njie, parti perfectionner sa maîtrise du téléphone cellulaire en Russie. Nos deux seules recrues, Alvaro Gonzalez et Dario Benedetto, sont remplaçants, si bien que l’équipe est constituée exclusivement de joueurs déjà présents l’an dernier. Ca tombe bien, ils sont revanchards paraît-il. Thauvin est quant à lui forfait pour blessure.

Mandanda
Sakai – Kamara – Caleta-Car – Amavi
Sanson (Chabrolle, 73e) – Luiz Gustavo – Strootman
Radonjic (Sarr, 59e) – Germain (Benedetto, 73e) – Payet

Le match

Le supporter olympien aborde la nouvelle année avec le même espoir que Manolito va à l’école, dans Mafalda. En début d’année la maîtresse ne connaît pas les élèves, n’a aucun préjugé et pense que tous pourraient réussir à devenir les premiers de la classe ; c’est au moment de la première dictée que la démocratie s’achève. De la même manière, nous avons enduré une alternance quasi-cyclothymique de phases d’abattement au vu de notre situation sportive, financière et managériale, et de phases d’espoir en considérant que somme toute, notre nouvel entraîneur parle plutôt bien de football et que notre effectif n’est pas si abominable.

Après des amicaux dont on sait le peu qu’ils valent en matière d’enseignements, arrive enfin cette première journée, qui nous permettra de nous baser enfin sur des faits tangibles. Et les faits sont là : notre équipe pue la merde.


Les limites techniques, soit. Le manque de temps pour assimiler les principes de Villas-Boas, pourquoi pas. Mais clamer ses envies de revanches sur la saison dernière pour finalement se faire bouffer à chaque duel et se faire ouvrir sur des sautes de concentration de mongoliens, Messieurs, cela frise le foutage de gueule. Avec un tel comportement et malgré toute l’indulgence aoûtienne dont l’on peut être capable, l’idée commence tout doucement à s’ancrer selon laquelle il n’y a vraiment rien à tirer de cette bande de pitres.

L’affaire est entendue dès la 2e minute et un sauvetage de Mandanda sur une action où Reims nous a éparpillés en trois passes. On nous les avait promis revanchards mais, si les Olympiens jouent la bave aux lèvres, ils évoquent moins des loups enragés que l’élection de Miss Alzheimer. Comme aux plus beaux moments de Rudi Garcia, les joueurs tripotent quatre fois le ballon avant de tenter une passe, et placent toutes leurs ambitions offensives dans des percussions individuelles de 30 mètres.

Reims ne force pas et attend les occasions d’éclater notre défense, mettant encore Steve à contribution. Poussant un attaquant lancé en profondeur, Caleta-Car passe près de l’expulsion et ne se voit sauvé que par le mauvais jeu d’acteur de Dia, qui accentue tellement mal sa chute que l’arbitre croit à une simulation alors que la faute était réelle.


Il faut attendre la 53e minute pour assister à notre premier timide tir cadré. Juste après, Strootman est tellement surpris de se retrouver totalement oublié par la défense qu’il envoie une volée sur l’équerre, là où un plat du pied plus serein aurait été de rigueur. Profiter ainsi de la seule erreur rémoise eût été un hold-up. Ce frisson incite nos adversaires à concrétiser, ce qu’il font dès la contre-attaque. A deux contre cinq, Dingomé et Dia ridiculisent d’un une-deux Sakai, Kamara et Caleta-Car, ce qui permet au second nommé d’enfin battre Mandanda une main dans le slip (0-1, 58e).

Les entrées de Sarr, Chabrolle et Benedetto ne changent rien à notre nullité absolue. Il semble que les envies de revanche de notre équipe soient reportées au match suivant, ces dernières minutes étant de préférence consacrée à quelque enculage de mouches mal défini mais qui, une chose est certaine, ne ressemble certainement pas à du football. Même le fier et fidèle Sakai, sans doute pris de dépression à l’idée de la saison qui se profile, est retrouvé prostré dans sa défense, deux bon mètres derrière ses camarades. Devant une couverture de hors-jeu si aimablement tricotée, les Rémois ne se font pas prier : Dia est lancé dans le dos d’Amavi et décale Suk qui conclut, la main dans le slip derechef (0-2, 91e).

Les notes

Mandanda (3/5) : Svelte et félin, c’est le Steve nouveau qui nous est apparu, et à qui les deux buts encaissés ont dû suffire à se rappeler pourquoi il s’était mis à boire.

Sakai (1/5) : La meilleure chose à faire pour oublier un mal de ventre, c’est de se donner un grand coup sur la tête. Par exemple, grâce à Hiroki, Andoni Zubizarretta a oublié ses problèmes d’arrière gauche pour la soirée.

Kamara (1/5) : S’il a mené ses amours de vacances avec les mêmes précautions que face aux attaquants rémois, j’aimerais pas être à la place de son vénérologue.

Caleta-Car (1-/5) : Des interventions à la subtilité néandertalienne assorties d’un vaste tartinage de relances longues au quatre coins du stade. Après avoir échappé au carton rouge par miracle, il se cantonne à une activité plus sobre, consistant essentiellement à imiter le feu de signalisation à chaque incursion adverse. Vert, le feu.

Amavi (2-/5) : Nul sans excès. C’est bien de laisser ses camarades prendre la lumière, de temps en temps.

Luiz Gustavo (2-/5) : Empli de bonne volonté mais bon, la bonne volonté quand on se fait souiller par Alaixys Romao…

Strootman (2-/5) : Une heure et demi à se porter à l’attaque, à s’y vautrer n’importe comment avant d’y retourner sans peur. Croyez-en mon expérience, une telle abnégation, c’est forcément travaillé au toro-piscine.

Sanson (1/5) : Le directeur financier du club attend son transfert, mais pas autant que nous, et encore moins que son assureur-habitation.

Chabrolle (73e) : Pas d’exploit ce soir pour notre petit jeune, appelé à être revu souvent cette saison. 

Radonjic (1/5) : On a beaucoup ironisé sur la tête d’enterrement de Mandanda à chaque but encaissé, mais la figure « gros plan sur un sourire niais de Nemanja après sa perte de balle » risque d’obtenir elle aussi beaucoup de succès chez les réalisateurs.

Sarr (59e, 1/5) : Patrick Montel a demandé à l’interviewer, quelque part, en parlant à un mec qui court vite et tout droit, il aura quand même l’impression de se trouver aux mondiaux d’athlétisme.

Payet (2-/5) : Quand un nouveau premier ministre arrive à Matignon, il plante un arbre. Quand un nouvel entraîneur arrive à l’OM, il plante Dimitri Payet ailier gauche. Ca ne se discute pas, c’est la tradition, point.

Germain (1/5) : Sa présence permet de parler de l’attaque marseillaise, tout comme le figuier permet de parler de la végétalisation du Vieux-Port.

Benedetto (73e) : Un échauffement à la manière argentine (je défonce le premier adversaire qui passe) avant de regarder passer les centres au-dessus de lui.

L’invité zoologique : Alaixys Romadaire

Noble et racé, le dromadaire est un animal dont l’élégance souligne un caractère bien trempé assorti d’une grande intelligence. Nombre de spécialistes placent ainsi le dromadaire au sommet de la création, peu d’espèces lui arrivant à la cheville au sein du règne animal. Toutes ces qualités font du dromadaire un invité pas spécialement approprié pour parler de Reims – dont, soyons honnêtes, nous nous battons tous un peu les couilles – mais voilà, j’avais envie de parler de ce bel animal.

– les autres : solides, appliqués, efficaces avec, au-delà du poncif sur les bons blocquéquipes de Ligue 1, de savoureuses combinaisons à une touche que l’on aimerait bien voire produites par les nôtres un de ces jours, assez tôt si possible.
le classement : en attendant le match du PSG demain, nous perdons déjà trois points sur Lyon.
le classement qui nous concerne vraiment : Monaco et Bordeaux se font correctement fesser et nous évitent d’être décrochés dès le début de la course au maintien. Pour peu que Metz perde aussi à Strasbourg, cette première journée pourrait n’être pas trop catastrophique.
l’anniversaire : je viens de me rendre compte que l’académie fêtait ses 10 ans en octobre, figurez-vous. Il va nous falloir trouver de quoi marquer le coup.
les boutons : les petites choses ci-dessous intitulées « faire un don » et « rejoins-nous » te font de grands yeux attendrissants pour que tu viennes cliquer dessus.
les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Sisko remporte le concours zoologique, ce qui je crois est une première (‘va d’ailleurs falloir désigner le lauréat de l’an dernier, au fait…).

Bises massilianales,

Blaah.

11 thoughts on “OM-Reims (0-2) : La Canebière Académie est revancharde

  1. Ça commence fort..
    Plus l’équipe est nul, plus les akad touche au génie.
    Si la on tient pas le Goncourt…

  2. On ne va pas se mentir… il ? est ?où ? Mario Fucking Balotelli !!?

    Notre équipe pue la merde.

    Allez l’OM !

    1. Comme un symbole: le premier lapinou sorti à la première académie de la saison.
      Re-bienvenu en Enfer (encore et encore)

  3. Oui, ben le lauréat de l’an dernier, c’est moi. Voilà, merde ! Marre. PAS UNE SEULE VICTOIRE EN 15 ANS DE PARTICIPATION ! LE JEAN ALESI DU CONCOURS ZOOLOGIQUE ! Encore que lui a gagné au moins une fois…

  4. On était tellement nuls à chiers que j’ai ri à la simple lecture de votre titre…

  5. La vengeance est un plat qui se mange froid, donc impossible avec du réchauffé… en attendant, c’est quiqui trinque !?

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