OM-Rennes (1-1) : La Canebière Académie tire au renard

1

On achève bien les chevaux.

Aïoli les sapiens,

Le rythme dantesque du calendrier, la programmation aléatoire des matchs, obligent à des choix douloureux. Or donc, en ce dimanche après-midi des journées du patrimoine nous avons, une fois n’est pas coutume, opté pour une vie sociale : en l’occurrence la fête équestre de Pertuis dont, par un hasard malheureux, le spectacle de clôture se tenait pile au moment d’OM-Rennes.

Mais rassurez-vous, un bon académicien est toujours plein de ressources et préfèrerait se trancher un bras plutôt que de ne pas livrer son compte-rendu bihebdomadaire à votre avidité. Allons-y.

Les chevaux

Cheyenne
Indien – Vicky – Lara
Quitta – Choco – Jamira – Hubly
Ottawa– Quavalanche
Tonnerre

Un temps incertain pour cause de foulure au pied et furoncle à la bite, Tonnerre peut bien tenir sa place à la pointe du défilé. Emblématique du club hippique du PPP (Poney Prolétaire Pertuisien), Dimitri Nymphéa accuse son âge et se trouve reléguée à la barre d’attache. Bamba Coquine est quant à elle exclue du groupe, après avoir exprimé des prétentions jugées inacceptables par l’encadrement (elle a défoncé son parc pour aller manger dans celui d’à côté).


La fête

Accueillis par un public en fusion et une organisation absolument bordélique, les chevaux du Poney Prolétaire Pertuisien ont pu surmonter leur stress pour présenter un défilé propre. Passée la tension de la mise en route, le convoi peut enfin s’ébranler, pour une première période sans histoire du virage de la boucherie (comme un symbole) jusqu’à la place Parmentier. La traversée de la rue Colbert s’effectue dans un blocquéquipe dense, voire infranchissable. Le slipomètre s’affole à l’approche de la place Mirabeau, en raison d’un arbitrage à domicile que l’honnêteté nous oblige à qualifier de douteux. En effet, ces glandus de la police municipale n’ont pas jugé bon de virer les voitures des connards qui se garent sur le parvis de l’église – et encore, s’il n’y avait pas des marches, ces abrutis iraient recevoir la communion au volant de leur SUV. Les conditions virent au dantesque quand la foule se resserre comme des Néerlandais dans l’Alpe d’Huez : fort heureusement, le service d’ordre du Poney Prolétaire Pertuisien sait se substituer aux forces de l’ordre pour distribuer des raffûts aux enfants trop pressants et shooter dans les yorkshires qui aboient trop fort. Tonnerre et Vicky prennent l’aspiration des Majorettes du Luberon, voient le bras levé du curé qui réclame un hors-jeu tend son goupillon, et négocient un virage sur l’aile autour de la fontaine Mirabeau pendant que les cavalières baissent la tête coté droit. L’action s’est déroulée en un dixième de seconde, si bien qu’une révision des images par la VAR doit confirmer l’action : sur le portable d’une maman, on perçoit distinctement une goutte d’eau bénite tomber sur le naseau droit de Vicky, la bénédiction est donc valide (1-0, 45e+2).

Le débriefing s’effectue à la mi-temps, marquée par un repas médiéval savouré par tous les membres du club, sauf un (bah oui, désolé Sofiane, mais je crois que sur l’affiche les mots « traditionnel » et « cochon à la broche », de la part des comités des fêtes provençaux c’est une sorte de message. Des fois il clarifient encore un peu plus en colorant la flamme en bleu-blanc-rouge, mais c’est seulement en période électorale, je crois).

La seconde période reprend avec un spectacle de Jean-Charles Andrieux dont je ne rendrai pas compte ici parce qu’il n’avait pas amené ses dromadaires, et donc que je boude, et surtout parce que ce bel homme de Babas m’a passé le lien qui va bien pour revoir l’OM en différé et qu’on va donc peut-être quand même pouvoir vous livrer une vraie académie du vrai match.


Les chevaux

Pau Cheyenne (4/5) : Ne paie pas de mine et donne toujours l’impression de ne rien foutre puisque ce sont les chevaux de devant qui gèrent toute la panique, mais représente finalement un dernier rempart toujours sûr.  

Chancel Indien (4/5) : Cinq quintaux d’autorité naturelle. Ne bouge pas d’un pâturon quand tout part en couille autour de lui, hennit juste ce qu’il faut pour régler une contrariété, mais sait aussi sauter deux mètres avec la grâce d’une danseuse étoile.

Leo Vicky (2+/5) : Panique au premier bruit soudain, ce qui en période d’ouverture de la chasse représente un léger problème. Aborde donc son premier défilé en ville avec la pression d’une Ligue des Champions, manifestant son émoi en manquant de foutre sa cavalière à terre et en essayant de me mettre des coups de boule dès que je la tiens à la longe. Des qualités certaines, mais il va falloir apprendre à gérer ton émotivité sinon c’est la boucherie chevaline, fifille.

Sead Lara (4/5) : Les monitrices l’ont affublée d’un ravissant chasse-mouches à franges pour adoucir son aspect fruste, mais rien n’y fait : Lara est ce qu’on appelle un splendide bourrin, dont l’élégance au galop n’est pas sans rappeler une attaque de Bowser dans Mario Kart.

Jonathan Quitta (3-/5) : Grande gigue sympathique montrant qu’on peut compter sur elle en toutes circonstances. Manque certes parfois de finir les quatre fers en l’air en glissant sur les pavés mais bon, on va dire que c’est l’apprentissage de l’exigence dans son nouveau club.

Valentin Choco (3/5) : Gentille sans être trop affectueuse, travailleuse sans accomplir d’exploits, dépourvue de tout motif sur la robe, bref, le milieu défensif dont on se souvient seulement après avoir compté dix fois tous les joueurs et cherché celui qu’il nous manquait pour parvenir à onze.

Jordan Jamira (3/5) : Impudique, cette jument relève la queue en permanence pour exhiber son intimité. Si elle avait des doigts à la place des sabots elle utiliserait sans doute TikTok.

Nuno Hubly (4/5) : « Si c’était un enfant, il en serait à son trentième CP », dit de lui la monitrice. Cela ne l’empêche pas d’être extrêmement affectueux et, surtout, de rendre un travail finalement toujours soigné à force d’essayer sans relâche.

Mattéo Ottawa (4/5) : Il a ses têtes et ses humeurs. Mal luné, ce nervouzzi peut te foutre en l’air deux adolescentes par cours. Correctement conduit et dans le feu de l’action, Ottawa sait cependant se cadrer et se révéler d’une compagnie très agréable.

Amine Quavalanche (3/5) : Parfois maladroite, mais toujours active et volontaire. Là par exemple, à part la fois où elle a envoyé sa cavalière à travers la vitrine du Jeff de Bruges sur un moment de panique, on a à peu près toujours compris ce qu’elle voulait faire.

Alexis Tonnerre (2+/5) : Le mâle dominant, la star, le meneur, des muscles partout, une crinière énorme. Nerveux comme les autres, Toto a su faire ce qu’on attendait de lui et mener l’équipe à bon port. Reste que d’un cheval de ce calibre, on attend toujours une action d’exception (cabrer au milieu de la foule, ramasser le doudou d’une petite fille avec les dents, chier aux pieds du maire, ce genre de choses quoi).

Cette revue d’effectif nous a laissé le temps nécessaire pour revoir le mocreau de match qui nous manquait. Remisons les bêtes à l’écurie et académisons, voulez-vous.


Les Longorious Basterds

Lopez
Mbemba – Balerdi – Kolasinac
Clauss – Rongier – Veretout (Gueye, 85e) – Nuno Tavares
Guendouzi (Ünder, 72e) – Harit (Payet, 72e)
Sanchez (Suarez, 85e)

Gigot et Bailly sont à l’infirmerie. Suite à leurs merveilleuses prestations de mardi contre Francfort, les princesses Payet et Gerson retournent se reposer sur le banc.


Le match

Une tête rennaise juste au-dessus donne le ton dès la première minute : cette première période sera placée sous le signe du slipomètre intégral. En cause, un pressing rennais coordonné et efficace, des duels nettement à l’avantage des Bretons, et pour aggraver le tout des erreurs techniques anéantissant nos rares possessions de balle. Pourtant, les Rhénais ont bénéficié de deux jours de récupération de moins que nous, ce qui limite la portée de l’argument physique.

Une frappe ratée de Guendouzi, mis en excellente position par Sanchez, fait illusion. L’OM pourrait pourtant se procurer des occasions, mais des dernières passes d’une qualité affligeante sont autant de cadeaux de retour offerts à Mandanda. Il suffit dès lors d’un infime retard de Mbemba au pressing pour qu’un jeu de domino s’enclenche, ce retard ne pouvant pas être rattrapé tout au long de l’action jusqu’au but. À la révision cependant, on s’aperçoit que dans l’affaire, le domino salement défaillant s’appelle Nuno Tavares, qui s’arrête bêtement de suivre un Rennais sollicitant le une-deux. En dernière extrémité, Mattéo tente d’intercepter le centre mais arrive juste assez tard pour une malchanceuse déviation sur Pau Lopez, puis sous la barre, puis dans le but (0-1 25e).

Pau prive ensuite Rennes du 0-2 en remportant son face-à-face avec Gouiri, suite à une passe en retrait cataclysmique de Clauss. Un nouvel accès de sampaolyse du jeu se constate dans cette horrible fin de première période, tant l’OM peine à agresser l’arrière-garde bretonne.


La pause semble avoir été occupée par d’heureux coups de pieds au cul, tant les joueurs semblent revenir animés de l’envie de se le bouger (le cul). Sur un corner de Veretout, Guendouzi appelle la balle au premier poteau comme il le fait à chaque match depuis 1987, mais il faut croire que le magnétoscope n’est pas encore arrivée en Bretagne : les Rhénais le laissent absolument libre de placer sa tête, tandis que le réalisateur d’Amazon Prime nous prive de ce plaisir auquel ont été autorisés tous les autres clubs de ligue 1 : un gros plan sur la tronche dégoûtée de Mandanda (1-1, 52e).

Soulagé, le stade chante en cœur « taper, taper, taper », marquant le début d’une domination olympienne aussi totale que stérile. Méconnaissables, les Olympiens inversent totalement le rapport de forces dans les duels. Peu après l’égalisation, Alexis Sanchez rate un contrôle en bonne position, puis Nuno Tavares frappe en force dans le petit filet. Peu après l’heure de jeu, la fatigue fait toutefois son œuvre et le match se rééquilibre. Pour situer la qualité de ces dernières minutes, on signalera qu’une colonie de pigeons a élu domicile à vingt minutes de la fin dans un angle du terrain, sans guère y être dérangée jusqu’au coup de sifflet final.

L’OM repart donc avec ce petit point, qui présente le mérite de prolonger notre invincibilité et de maintenir Rennes loin derrière au classement. Ce nul constitue une péripétie tout à fait excusable, nous laissant seulement le regret de n’avoir réellement débuté la rencontre qu’à partir de la 46e minute. Se clôt ainsi une séquence très positive (à l’exception analissime de la Ligue des Champions) : les deux semaines qui viennent permettront de retaper les organismes et de peaufiner les aspects de notre jeu que nos adversaires comprennent et maîtrisent de mieux en mieux.


Les joueurs

Lopez (4/5) : Toujours pareil, rien de follement enthousiasmant à signaler. Ah, si, pardon, juste cette RAIE en un-contre-un qui nous préserve du 0-2 juste après l’ouverture du score. Un détail, quoi.

Mbemba (3/5) : Les médecins ont dit à Chancel de se ménager : il a donc opposé aux attaquants des gestes simples consistant à leur prendre le ballon, au lieu de ses gestes défensifs habituels consistant à leur prendre le ballon et leur dignité, et à raviver leurs regrets de ne pas avoir plutôt préféré le kayak au football quand ils étaient petits.

Balerdi (4-/5) : Ce qui est terrible, c’est que je n’arrive même plus à savourer quand Leonardo fait des belles choses : à chaque geste défensif qu’il réussit, j’ai l’impression qu’il est en train de recharger une barre d’énergie en vue d’une connerie monumentale. Finalement il ne s’est rien passé ce dimanche, donc soit l’impression est fausse, soit il nous prépare un kamehameha au prochain match.

Kolasinac (3+/5) : Le marteau Peugeot. Manche en chêne massif centenaire. Tête parallélépipédique en bloc de fonte du Creusot. Poids de l’ensemble : 8 kilogrammes. N’a jamais remporté aucun prix du design. Capacité : clous simples, clous de tapissiers, clous de maréchal ferrant, burins, poteaux électriques.

Non, je vous assure, le chasse-mouches à franges, ça ne rend pas plus avenant.

Clauss (1+/5) : Ça va être le moment de vérifier qu’on nous l’a bien vendu avec le chargeur.

Rongier (2+/5) : Aussi inutile en première mi-temps à l’équipe qu’une conscience à un militant macroniste, le Rongieur s’est réveillé en seconde pour aller enfin humer l’air du camp adverse.

Veretout (1+/5) : « Michaël Cuisance, vous êtes le dernier Français à avoir remporté les internationaux de France de perte de balle en 1983, pensez-vous que Jordan Veretout sera celui qui pourra enfin vous succéder ? – Écoutez Nelson, j’en serais ravi, mais ne nous voilons pas la face, le chemin est encore long. Nous avons connu beaucoup d’espoirs français de la perte de balle, très talentueux à leur jeune âge mais qui ont eu du mal à confirmer. Cela étant, Jordan Veretout a un potentiel, c’est certain : il dispose à la fois d’un gros volume de jeu de pertes de balle, comme le montrent ses statistiques, mais aussi d’un toucher de perte de balle très fin, qui lui permet de perdre des balles très qualitatives, dans des positions très intéressantes. Il faut qu’il persévère et qu’il gomme ses défauts : par exemple hier il a perdu des balles de haut niveau à proximité de sa surface, mais il a aussi réussi quelques belles passes dans le camp adverse. Il ne faut pas négliger les bases, la perte de balle dans le camp adverse, c’est la plus facile, mais c’est indispensable de continuer à la travailler : un bon perdeur de balle ne doit pas perdre 75% de ses balles dans le camp adverse, mais 80, 85, 90 %. Même au sommet, au Bayern, je m’infligeais des heures de pertes de balles seul face au mur, à l’entraînement. Et bien sûr il faut aussi gommer des gaffes énormes, par exemple hier soir, c’est vraiment dommage pour Jordan de gâcher un si beau match en réussissant une passe décisive, à ce niveau c’est rédhibitoire si tu prétends devenir un perdeur de ballon du top 4. »

Gueye (85e) : N’a pas eu le temps de réussir grand-chose, à part à faire l’encombrant.

Nuno Tavares (2+/5) : Il est certains hommes fragiles qu’un seul 9/20 reçu au collège en arts plastiques suffit à rendre inaptes à toute ambition pour le restant de leurs jours. Et il y a ceux comme Nuno, qui peuvent produire de la bonne grosse merde plus souvent qu’à leur tour mais retourner au turbin dans la minute qui suit pour tenter de ramener une pépite. Une sorte de Radonjic, mais qui aurait conscience de lui et du monde qui l’entoure, ce qui est toujours plus appréciable.

Guendouzi (3+/5) : À deux doigts de réussir le fameux et rarissime coup du chapeau mongolien (but contre son camp, but dans le bon camp et carton rouge). Malheureusement, si Igor Tudor dispose de nombreuses qualités, la fantaisie n’en fait certainement pas partie, d’où la sortie prématurée de Mattéo.

Ünder (72e) : Si la sortie de Guendouzi a reposé les oreilles de tout le monde, et de l’arbitre en premier lieu, sur le plan du jeu l’entrée de Cengiz n’a pas apportée une plus-value éclatante.

Harit (2+/5) : Une deuxième mi-temps réellement satisfaisante, soit 27 minutes sur l’ensemble du match.

Payet (72e) : Les fameuses illusions d’optique : l’escalier de Penrose, qui semble monter sans fin ; l’illusion de Zollner, qui semble rapprocher des droites parallèles, le tour de cul de Payet, qui semble trois tailles plus gros quand Dimitri traverse une mauvaise période.

Sanchez (1/5) : Il y a deux matchs, Alexis s’est confondu en plates excuses pendant dix secondes pour avoir raté une passe. S’il suit le même régime de pénitence, ce soir il dort sur une planche à clous.

Suarez (85e) : Oui, bon, le « taper taper taper » de Tudor c’est une philosophie du jeu, certes, mais qui implique un minimum le ballon, tout de même.


L’invité zoologique : Steve Mandandinde

La dinde est cet animal familier que chaque foyer américain élève avec amour. On la nourrit, on la chérit, bref, elle fait partie de la famille. Survient alors ce moment terrible où la dinde se rend compte qu’elle n’est plus des nôtres, et que ce ménage si aimant qui l’appelait « câlinette » ne cherche plus désormais qu’à lui trancher la tête et lui fourrer des marrons dans le cul. La dinde est donc bien l’invitée appropriée pour commenter avec nous ces retrouvailles émouvantes.

  • Les autres : Je ne sais absolument pas pourquoi ils se sont arrêtés de jouer à la pause, mais on prend volontiers.
  • Le classement : Paris nous décroche légèrement en tête du classement. Pas d’autre dommage à signaler.
  • Coming next : Le championnat reprend dans deux semaines à Angers. Suivront le Sporting et Ajaccio, et ensuite je n’en parle même pas tellement ça sent la boucherie.
  • Les mentions légales : Merci à Babas sans qui cette académie n’aurait pu avoir lieu. Les prénoms des chevaux n’ont pas été modifiés.
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Olivier L. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah

1 thought on “OM-Rennes (1-1) : La Canebière Académie tire au renard

  1. Par mail je peux donner un lien pour revoir beaucoup de matches en très bonne qualité.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.