OM-Francfort (0-1), La Canebière académie est insurpassable

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Et mes fesses, tu les aimes mes fesses ?

Aïoli les sapiens,

Entendons-nous bien : nul ici n’est bien placé pour donner aux Olympiens quelque leçon en matière d’ambition ou de dépassement de soi. Nous ne pouvons pas prétendre à la légitimité de juger le comportement des nôtres, si ce n’est en nous prévalant justement de notre position d’expert en médiocrité érigée comme projet de vie. La fenêtre footballistique nous procure à intervalles réguliers des horizons plus lointains que le travail routinier, le prix du sans-plomb et la future loi sur le suicide assisté. En regardant le sport de haut niveau, nous apercevons la noblesse de l’âme, l’effort, l’inspiration, nous éprouvons cette vibration commune qui permet de voir en autrui autre chose que le connard qui grille les feux rouges, la salope qui ramasse pas les crottes du chien ou le fils de pute qui envoie des e-mails professionnels à 22h30. Au stade ou devant l’écran, nous transcendons notre condition humaine ; nous expérimentons le Grand et le Beau. Nous sommes Ensemble, nous sommes Nous.

Par conséquent, la dernière chose que nous attendons de nos représentants, c’est qu’ils profitent de ces occasions pour nous rappeler l’humain est une merde et que notre vie n’a aucun sens. Le championnat de France ? Ce sont les objectifs de l’entretien personnel annuel, savamment fixés par votre N+1 : assez élevés pour que vous vous sentiez important, pas trop hauts cependant pour ne pas risquer de s’aventurer en terrain inconnu. Le salaire tombe, les compliments aussi. Tout le monde est à sa place, personne n’est dupe.

La Ligue des Champions ? C’est cette promotion fièrement décrochée après des efforts soutenus, le jour où vous avez pris conscience du fait qu’il serait temps de rendre vos enfants fiers (alors qu’ils s’en battent les couilles). Prestige. Salaire et primes. Burn-out et retour à la niche au bout de six mois. Le cycle de la vie, le yin et le yang, la roue infinie du Destin : tous ces épisodes viennent et reviennent, inlassablement jusqu’à la retraite ou la mort – confort, sécurité, ennui, volonté d’accomplissement, échec, retour au confort, sécurité, etc.

L’OM, c’est La Vie rêvée de Walter Mitty, sauf que le film s’arrête au bout de 15 minutes : le héros cherche le photographe disparu, constate que celui-ci se trouve peut-être en Islande, se dit « pfou, c’est loin quand même » et rentre dire à son chef qu’il a perdu les photos. L’OM, c’est Chute Libre, sauf que le héros reste à suer dans l’embouteillage pendant une heure et demie et rentre chez lui à la fin du film, pour se faire engueuler par sa femme parce qu’il a oublié d’acheter des maquereaux. L’OM c’est 2001, l’Odyssée de l’espace. Un singe humanoïde regarde le ciel. Il découvre cet os qui devient outil, cet os, il ne le sait pas encore, mais c’est la porte d’accès au savoir, à la violence aussi. Son cerveau est trop fruste pour le concevoir, mais il faut qu’il se saisisse de cet os, il faut qu’il le manipule. Alors commencera une quête aux potentialités infinies, où le singe recherchera l’accomplissement jusqu’à y rencontrer son âme. L’os s’élève, en même temps que se dresse l’Homme, entreprenant au travers des âges une ascension qui le mènera au-delà de l’infini. Sauf que le singe c’est l’OM, et que l’os, parvenu au sommet de sa course, lui retombe sur la gueule en faisant « pouêt », déclenchant les rires des spectateurs.

Mais vous avez raison après tout, le rire est également une noble et grande ambition. Mais pour faire rire l’Europe, encore faudrait-il que vous l’intéressiez, bande de taches. Parlez-nous du PSG en Ligue des Champions, là oui, là c’est Chaplin, c’est Buster Keaton, c’est l’inattendu hilarant renouvelé à chaque film. L’OM ? Bah écoute, le club a annoncé le match avec une affiche inspirée de Taxi, ça nous situe pas mal, je trouve. Non, nous, le jour où on intéressera l’Europe, c’est quand on aura battu le record de défaites : pour l’instant, le Celtic et Anderlecht nous barrent encore le chemin mais on peut y arriver, j’ai confiance. Oui, on va se refaire un nom sur le continent, celui de l’équipe la plus régulièrement humiliée, traînée, souillée, le plus goulu garage à buts de la Ligue. Là d’accord, nous gagnerons un petit succès d’audience, voire un succès critique dans certains milieux : on deviendra une équipe-culte, un peu comme The Human Centipede est un film-culte.

Non que l’on souhaite à tout prix s’inscrire durablement au sommet de la Ligue des Champions cela dit : cette compétition incarne le football moderne dans ce qu’il a de plus vulgaire. Cela n’empêche pas que nous ne soyons pas contre un petit exploit de temps en temps, une sorte de jolie performance qui pourrait nous permettre de dire « ah, on a passé un bon moment » à d’autres occasions que des OM-Auxerre ou des OM-Lille.

Notre constance dans la médiocrité ne laisse pas de surprendre, tant le club a été renouvelé de haut en bas depuis des années : soit un esprit maléfique et surnaturel plane sur la Commanderie, soit il faut s’en prendre aux seuls éléments permanents du club, et là on risquerait de devenir paranoïaques puisque dans ce bordel, les seules choses qui sont restées en place depuis des années, c’est nous. Quoi qu’il en soit, si le staff et nos joueurs voient dans la veulerie une culture-maison, on ne peut que les féliciter de s’y être si rapidement adaptés. Continuez sur ce rythme, les amis, et vous deviendrez aussi renommés que l’exemplaire Dimitri Payet et ses statistiques de Ligue des Champions dignes d’un candidat Lutte Ouvrière à la présidentielle. Pour en revenir à ce que l’on évoquait plus haut, ça peut tout à fait représenter un projet de carrière, puisque c’est effectivement celui de nombreux d’entre nous. Juste, faut éviter de se demander après ce qu’on a fait de sa vie.

Tiens, le v’là ton trophée d’employé du mois.


Les Longorious Basterds

Lopez
Balerdi Bailly (Guendouzi, 65e) – Kolasinac
Clauss – Rongier (Kaboré, 83e)– Veretout – Tavares
Payet (Ünder, 59e) – Gerson (Harit, 59e)
Sanchez (Suarez, 59e)

Après la défaitencourageante contre Tottenham, dont chaque suiveur un peu sérieux se doutait bien qu’elle annonçait la branlée honteuse de ce soir, l’OM se présente avec une défense en piteux état. À la suspension de Mbemba s’ajoute en effet la blessure contractée par Gigot contre Lille.

Devant, le trio Gerson-Payet-Sanchez ne peut que procurer des rêves humides à tout amateur de tripotage de ballon. La déception n’en sera que plus douloureuse.


Le match

En Ligue des Champions il y a des Allemands qui foutent le bordel en ville, des Allemands qui foutent le bordel au stade, des saluts nazis, mais il y a aussi et surtout le terrible Ronquinquant (rappel pour les nouveaux : le Ronquinquant est un chien sinistre qui vient la nuit hanter tes pires cauchemars et qui, le lendemain matin, lave la rue avec ses fesses. – source : Dromadine). Des constatations que nous avons pu tirer depuis plus d’une année, le Ronquinquant se nourrit préférentiellement de testicules de footballeurs, avec une prédilection pour les couilles d’entraîneur. Toxique, sa morsure induit des conséquences immédiates sur l’organisme : hémolyse (les cellules sanguines se délitent et les organes sont moins irrigués), rhabdomyolyse (les muscles s’affaiblissent), et surtout sampaolyse (les joueurs sont désorientés et multiplient les passes vers l’arrière).

La philosophie « taper, taper, taper » d’Igor Tudor est anéantie : les duels sont anémiques, les erreurs techniques sont légion, et la volonté d’aller de l’avant a totalement disparu. Le contraste est saisissant avec une équipe de Francfort qui nous attend et, sitôt le ballon récupéré, lance des transitions meurtrières. Après plusieurs situations chaudes dans notre surface, l’OM ébauche une action qui voit Alexis Sanchez servi après un contre favorable et tirer de peu à côté. Quoique maladroit, Nuno Tavares représente l’un des seuls joueurs offensifs que nous puissions toucher en première intention, ce qui aboutit à un centre repris par Sanchez, une nouvelle fois juste à côté.


Impérial toute la première mi-temps (en fait, seul olympien au niveau requis pour cette compétition), Bailly omet de récupérer le ballon après un énième duel gagné. Manque de bol, les coéquipiers d’Éric ne bousculeraient pas un adversaire même si celui-ci était en train de violer leur chien : le ballon revient donc rapidement aux abords de la surface, où Rongier arrive enfin pour interrompre un une-deux. Mollassonne et mal assurée, l’interception n’a pour effet que d’offrir une passe encore plus facile au destinataire dudit une-deux, Lindstrom, qui ajuste facilement Pau Lopez (0-1, 43e).

Quoique l’OM termine la première période à l’agonie, Tudor attend avant de procéder aux indispensables changements. On sait jamais, des fois que la Vierge Marie apparaisse à Gerson et Payet dans les vestiaires pour leur dire de se sortir les doigts du cul ; toujours est-il que Tudor attend un quart d’heure superflu avant de prendre acte de l’absence d’un tel miracle, un quart d’heure infâme pendant lequel Francfort tire sur la barre.

Une fois le trio de devant remplacé, l’OM reprend une allure un peu plus digne : avec Harit, Ünder et Suarez, si un problème de niveau subsiste, au moins la percussion est-elle au rendez-vous. Il s’agit désormais de péter dans la défense et le cas échéant de gagner des contres favorables : simpliste, la tactique procure pourtant à Clauss une occasion en or, qu’il gâche en tirant sur le gardien. Peu après, Harit lance Suarez pour un centre en retrait contrôlé par Rongier. Le temps que Valentin accomplisse son exercice de méditation anti-panique avant de tirer, Francfort a le temps de replacer sur la ligne de but le gardien, deux défenseurs, des transats et un nain de jardin avec un petit moulin alimenté par énergie solaire.

Suarez n’est pas en reste pour ce qui est de saloper des occasions : servi en retrait après un une-deux de toute beauté entre Cengiz et Amine, Luis s’emmêle les pieds au moment de reprendre, ajoutant à l’échec cette esthétique du ridicule qui nous caractérise si bien en coupe d’Europe. Trois actions en tout et pour tout, ratées d’une manière plus navrante les unes que les autres, voici tout ce qui caractérise notre production du soir. De son côté, les contres lancés par Francfort font briller Lopez à deux reprises, tandis que la VAR sauve Balerdi de l’opprobre, en refusant un but sur lequel Leo était à deux doigts de couvrir le hors-jeu comme un gland.

Être nul n’a jamais empêché de gagner un match de temps en temps. En revanche, être à la fois nul, peureux et amorphe ne peut que conduire à une seule question : qu’est-ce que vous foutez ici, bordel ?


Les joueurs

Lopez (3+/5) : Toujours impossible à juger sur ses arrêts, jusqu’à ce que Bailly sorte blessé. Là en effet, sans Mbemba, Gigot ni Bailly, il a enfin eu quelques tirs à arrêter.

Balerdi (2/5) : Plutôt que de décevoir en gâchant un bon match par une boulette horrible, Leo a exercé dans le registre de la victimisation constante mais sans dommage.

Bailly (4-/5) : Un très grand match jusqu’à ce qu’il coûte un but / prenne un carton rouge / se blesse. (oui, maintenant je mets toujours le même commentaire pour nos défenseurs en Ligue des Champions, il y a juste à rayer la mention inutile).

Guendouzi (65e) : Entré comme pompier alors qu’il aurait dû débuter comme dynamiteur.

Kolasinac (2+/5) : Souffre presque autant que Balerdi, sauf que Sead n’a pas une tronche à ce qu’on s’en inquiète outre mesure.

Clauss (2+/5) : En bon artésien, n’attendez pas de Jonathan qu’il brille trop dans une compétition sponsorisée par Heineken. Ce serait comme un Breton qui participe à une compétition parrainée par le beurre normand ou la France qui joue dans un pays qui bafoue les droits de l’homme : il y a des principes avec lesquels on ne transige pas.

Rongier (2-/5) : C’est ça la magie de la Ligue des Champions : on peut donner le meilleur de soi-même malgré ses limites, pour finalement produire le même résultat que les coéquipiers qui branlent rien.

Kaboré (83e) : Une nouvelle entrée bien sympathique du cousin.

Veretout (1+/5) : Sacqué ici pour avoir déclaré à propos de l’OM : « on a montré un beau visage » (à moins que ce ne soit une expression nantaise qui signifie « on a donné notre cul », auquel cas je m’excuse).

Tavares (1+/5) : Alors oui, la Ligue des Champions, c’est le prestige et il faut venir au stade au costard, là-dessus aucun problème. On n’aurait pas pensé te prévenir de ne pas garder les chaussures de ville sur le terrain, par contre.

Payet (1-/5) : Ce soir, Dimitri c’était notre reine d’Angleterre à nous : prestigieux, ne sert à rien, promène son cercueil dans tout le royaume.

Ünder (59e, 3/5) : Voilà : courir et tenter des choses, on n’en demandait pas plus.

Gerson (1-/5) : Si Balerdi avait été à sa place, Tudor l’aurait remplacé au bout de 15 minutes, et encore : en lui lâchant un pit-bull au cul pour qu’il sorte plus vite, en prenant le micro du speaker pour inviter le public à insulter sa mère, et en chargeant un adjoint d’aller chier dans son vestiaire.

Harit (59e : 3/5) : Ce soir, Amine c’était notre princesse de Galles à nous : pétillant, des difficultés à ne pas foncer droit dans les obstacles, laisse quand même un bon souvenir.

Sanchez (1+/5) : Du mal à s’accommoder des défenseurs, et plus encore des deux gros boulets censés le fournir en ballons. Son remplacement en même temps que ces deux mastres illustre l’expression « jeter le bébé avec l’eau du bain ».

Suarez (59e, 2-/5) : Une combativité à toute épreuve, Luis n’a de cesse qu’il ne fasse rendre gorge à ses adversaires. Il est seulement dommage que les ballons de football comptent parmi ces derniers.


L’invité zoologique : Randal Kolo Moineau

Le moineau est un animal délicat, proie facile pour n’importe quel prédateur. Sauf si ledit prédateur est lui-même mort et en train de pourrir, auquel cas le moineau se fera un plaisir d’aller lui picorer les yeux. Le piaf est donc l’invité approprié pour raconter ce match où les Allemands n’ont eu qu’à détrousser les cadavres.

  • Les autres : Onzièmes du championnat allemand mais victorieux de la tête et des épaules, parce qu’ils se sont… ils se sont ? D?É-PAS-SÉS. Vous savez, ce genre de truc où il faut montrer une performance supérieure parce que le niveau est plus relevé ? Tas de cons.
  • Le classement : Autant on ne dira trop rien sur les deux premières places (compétition vulgaire, tout ça…), autant voir le repêchage en Europa Ligue nous échapper, c’est le genre d’échec qui me rendrait facilement irritable.
  • Coming next : Plus qu’un match (Rennes, dimanche) avant une mini-trêve qui permettra de panser les blessés et de donner un gros coup de pied au cul de ceux qui boudent.
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

5 thoughts on “OM-Francfort (0-1), La Canebière académie est insurpassable

  1. « L’Europe va trembler, les Marseillais sont de retour! »
    Effectivement l’Europe a tremblé… De rire!
    Affligeant!

    1. T’as oublié tes médocs pépé, tu t’es trompé, t’es pas sur lefigaro ici.

      Sinon, mon chameau préféré, gros bisous. Et svp, ne vous ramollissez pas, on a déjà Jérôme Latta!

      1. Pas la peine d’être condescendant le cdtm…
        Nouveau à lire et à commenter les, excellents, bulletins de Blaah, je n’ai pas encore les codes, alors un peu de respect pour pépé et arrête de tirer sur ton prépuce en rabaissant les autres, « jeune »!

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