Sporting du Portugal-OM (0-2) : La Canebière Académie revient dans la partie

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T’as changé.

Aïoli les sapiens,

Cette académie aurait pu être habituelle, celle d’un club d’abrutis qui se saborde par des fautes valant des pénaltys et des cartons rouges aussi débiles les uns que les autres, celle d’un club de poissards qui encaisse un but validé à la vidéo pour un hors-jeu couvert au poil de scrotum, celle d’un club maudit qui voit son capitaine et son avant-centre sortir blessés avant la mi-temps, celle d’un club de dépressifs qui a perdu tout espoir dès l’heure de jeu, et dont la fin de match n’est qu’un long calvaire n’attendant plus que l’euthanasie apportée par le coup de sifflet final. Cela aurait pu être l’académie habituelle d’un match de Ligue des Champions, ponctuée par la non moins habituelle invitation lapinesque à aller se faire enculer adressée aux joueurs, à l’entraîneur, au président, à leurs mères et aux mères de leurs mères, et à Chibrald Darmanin.

Cela aurait pu, et d’ailleurs la rencontre s’est déroulée exactement selon le schéma attendu à un détail près : les connards de l’histoire, ce n’était pas nous. Les mouches à merde s’éclatant à 110 km/h* sur le pare-brise du haut niveau, figuré en l’occurrence par une équipe aguerrie et faisant preuve d’une intensité, d’une rigueur et d’un réalisme implacables, ce n’était pas nous.

Il a fallu se pincer pour confirmer que les rôles étaient bien inversés. Oui, pour une fois, nous étions les patrons, et c’est bien nous qui avons réduit l’autre équipe à l’état de pitoyable mendiants de la Ligue des Champions.


Plus encore, et ici également c’est un rôle que nous n’avons pas souvent eu l’occasion d’endosser, ce regain d’éclat nous permet, fût-ce pour un soir, de regarder de haut le football français, dont le prétendu vaisseau amiral parisien commence enfin à voir déborder de ses placards la fange entassée depuis dix ans. Jouet de pactes de corruption conclus au plus haut niveau des États, propriété de criminels environnementaux et d’esclavagistes, commanditaires d’agence d’influence payée pour harceler en ligne des quidams, des journalistes et même ses propres joueurs… On se rend compte, pour qui en doutait encore, que ce club pourri jusqu’à l’os relègue nos errements des années Tapie à de misérables combines artisanales. On espère que les suites de l’histoire seront en rapport.

Nous après les – énièmes – révélations de Médiapart et Complément d’Enquête.


Pour ce qui est de la rencontre, tu l’auras compris, point ne sera question de Monsieur Lapin et d’enculages de mères (sauf en ce qui concerne Darmanin, bien sûr) : la soirée fut douce, voire étrangement reposante.


Les Longorious Basterds 

Lopez
Mbemba – Bailly (Gigot, 64e) – Balerdi
Clauss (Kaboré, 64e) – Rongier – Veretout (Gueye, 87e) – Tavares
Guendouzi (Ünder, 64e) – Harit (Payet, 72e)
Sanchez

Blessés et ménagés contre Ajaccio, Guendouzi et Clauss sont de retour. Tudor fait le choix d’aligner Mattéo à côté d’Harit, en soutien de Sanchez.


Le match

À la question « Avons-nous tiré les leçons de notre entame calamiteuse du match aller ? », la réponse est sans conteste : oui. Si le Sporting tente de nous accueillir avec intensité au duel et pressing haut, nos joueurs montrent le répondant nécessaire. Ça met l’épaule, ça sait faire du sale, et ça ne se prive pas d’aller titiller l’adversaire dans son camp autant que possible. Ce premier quart d’heure n’est pas sans évoquer le marquage du territoire des cerfs en période de brame, quand les enjeux consistent pour les rivaux à se mettre des grands coups de boule tout en pissant partout dans la forêt. Sur le plan footballistique, les rapports penchent légèrement en faveur des Portugais, du fait d’erreurs techniques un peu trop nombreuses de notre côté. En matière disciplinaire enfin, cette première phase de combat se solde par un avertissement de chaque côté (Guendouzi et Esgaio), à chaque fois pour des amours de bras innocemment envoyés dans la gueule sur les duels.

À la question « Le Sporting a-t-il tiré les leçons de son suicide sportif du match aller ? », la réponse est sans contexte : non, pas un brin. Dans ce genre de matchquisejouesurdesdétails, nous avons suffisamment payé pour apprendre que la moindre baisse d’engagement, la moindre saute de concentration, peuvent se payer dans des proportions cataclysmiques. Nous sommes ainsi heureux de voir Rongier gagner l’un de ces si précieux seconds ballons puis, malgré la pression défensive, de réussir à envoyer un ballon absolument pourri traîner dans la surface. Ici encore, c’est avec l’œil du connaisseur que nous apprécions de voir s’allumer chez Ricardo Esgaio tous les clignotants rouges caractéristiques du défenseur en panique : alors qu’Harit est le plus prompt à se ruer sur le ballon, le Portugais adopte la méthode dite du policier ou du chasseur, à savoir « quand je sais pas quoi faire, je bute ». Le Portugais envoie un coup de latte à Amine comme un enfant capricieux shoote dans sa boîte de Docteur Maboule, en envoyant des bouts d’organes dans toute la pièce. Le pénalty est assorti d’un second carton jaune, soit pour nous le jackpot à une condition : que nous trouvions quelqu’un pour convertir le tir.

En effet, quoique remarquablement résistant, Amine doit encore ramasser quelques morceaux avant de redevenir opérationnel. Sanchez est quant à lui notoirement mauvais dans l’exercice. Pourtant réputé bon tireur, Veretout rend quant à lui hommage à Franck Ribéry et sifflote en regardant ailleurs au moment de tenter un tir au but décisif. Une main pour se recoiffer, l’autre pour rajuster ses énormes couilles, Guendouzi prend ses responsabilités et évite le beau plongeon du gardien en plaçant son tir poteau rentrant (0-1, 20e).

L’horizon s’éclaircit soudain pour l’OM, qui ne faiblit pas et met en place son « taper, taper, taper ». Après quelques tentatives de Sanchez, nous voyons Mbemba lancer joliment Harit sur l’aile droite. Quoique se sachant probablement hors-jeu, Amine reste concentré et adresse un centre parfait pour Sanchez, qui reprend de près. Bien lui en a pris, car la révision des images montre qu’Amine se trouvait couvert de quelques centimètres par la jambe trop traînante d’un défenseur : initialement refusé, le but est finalement validé (0-2, 30e).

Cerise sur le gâteau de merde, le Sporting doit dans la foulée se passer de son capitaine et son avant-centre, sortis sur blessure. Soucieux de ne pas les enfoncer davantage, l’arbitre tolère trop de fautes de brutes de leur part sans sortir plus de cartons : si un risque existe encore dans ce match, il semble concerner davantage nos chevilles que le score. Une baisse de régime marquée par une accumulation de corners en toute fin de mi-temps nous intime cependant de maintenir intensité et concentration.


De fait, si des duels parfois trop tendres nous font craindre un accident, l’OM ne met pas deux minutes à dissiper nos craintes. Le pressing redevient collectif et haut, et nous occupons sans discontinuer le camp adverse. Harit se charge ensuite de mettre le oai dans la défense, passant d’ailleurs près d’un but somptueux après un une-deux avec Clauss. On soulignera également l’attitude exemplaire des Marseillais, qui encaissent les charcutages lisboètes avec dignité et surtout sans réaction excessive qui leur ferait risquer un carton. Du reste, l’arbitre retrouve le chemin de sa poche et se remet enfin à sanctionner les fautes. Quand l’entraîneur adverse tente le tout pour le tout en effectuant son dernier changement avant même l’heure de jeu, notre crainte est donc modérée. Elle l’est d’ailleurs encore plus quand cet âne de Gonçalves anéantit les derniers espoirs de son équipe, à peine une minute plus tard : averti pour une nouvelle charge de salopard sur Balerdi, l’attaquant trouve le moyen de contester et de prendre son deuxième jaune immédiatement.

L’OM peut donc s’offrir le luxe de reposer Guendouzi et Clauss. Ayant encore un peu d’urine à dépenser sur le Sporting, Harit a droit quant à lui à quelques minutes de présence supplémentaire. Gérée une main dans le slip, la dernière demi-heure est de peu d’intérêt malgré quelques occasions de Rongier ou Ünder. Un défenseur lisboète manque de peu le grand chelem de la lose, le poteau se chargeant d’éviter le CSC. Sans avoir besoin de se monter flamboyant, l’OM a montré le visage d’un combattant solide et aguerri à la Ligue des Champions, provoquant les erreurs adverses et s’en repaissant sans pitié. Normalement une telle attitude devrait représenter le minimum requis, mais s’agissant de notre mentalité, on n’est pas loin d’avoir assisté à une révolution.


Les joueurs

Lopez (3/5) : « Ah, ça va, t’as eu la belle vie pendant le match, toi », déclara ce cuistre à Pau Lopez, encore en train d’essayer de ravoir son slip après avoir passé le premier quart d’heure à gérer une tonne de relances sous pressing.

Mbemba (4/5) : Encaisse sans faiblir l’orage initial, puis adresse la passe à l’origine du second but, pour bien être certain de passer le reste du match sans se faire trop ennuyer.

Bailly (3/5) : Quelques petites scories (carton, quelques hésitations ou duels mous), qui n’empêchent pas sa prestation d’ensemble d’être bien sympathique. C’est un peu comme quand Dromadine revient de l’école avec un « A » au lieu d’un « A++ cœur » : on la félicite quand même, mais on lui rappelle que les choses deviendront plus difficiles en grandissant.

Gigot (64e, NN) :  Alors pour Pau Lopez ou les défenseurs titulaires je dis pas, mais lui il n’a franchement rien eu à branler. Limite agent d’accueil des musées marseillais.

Balerdi (4-/5) : On peut signaler les mêmes réserves que pour Éric mais, par la suite, ses récupérations hautes au milieu de terrain nous ont fait passer sur ces petits défauts avec les yeux de l’amour.

Clauss (3/5) : Une première mi-temps qui a essentiellement consisté à s’écarter pour ne pas se trouver sur le chemin d’une montée ou d’un retour défensif de Mbemba. Chancel s’est ensuite excusé et lui a laissé la place de s’amuser un peu.

Kaboré (64e, 3/5) : Entré sans pression ni enjeu, il a honnêtement fait le nombre.

Rongier (4-/5) : Toujours insondable, le Rongieur peut parfois être le spécialiste exaspérant du « je suis bien présent au duel mais je ne vais pas au bout de mon geste et je subis le contre défavorable ». Mais il peut aussi être celui qui va chercher le second ballon à l’origine du pénalty.  On le voit ensuite rayonner sur le jeu et se projeter à qui mieux mieux en attaque, mais c’était une fois que le match était devenu facile. Bref, on apprécie, mais on attend de savoir si c’est Valentin qui s’est hissé au niveau Ligue des Champions ou si c’est ce match qui se trouvait au niveau de Valentin.

Veretout (4-/5) : Eh bien écoutez, nonobstant sa pusillanimité au moment de tirer le pénalty, on relit nos notes, on repense au match, et on finit par se dire que Jordan a bien mérité quelques compliments.

Gueye (87e) : Gagne le droit de prendre une douche.

Tavares (3/5) : On salue la tenue défensive et la provocation du premier carton jaune d’Esgaio. Pour le reste, il s’est surtout attaché à faire la petite pute auprès de ses compatriotes, sans doute dans le cadre d’un contentieux à régler avec le public local. On autorise, à condition de vite revenir au football maintenant que l’affaire est purgée.

Guendouzi (4+/5) : C’est officiel, Mattéo est devenu Taichi Master. Entouré d’ennemis fourbes jamais avares de coups en traître, Mattéo a revêtu sa plus belle chemise en satin blanc pour se laisser guider par sa maîtrise du Qi. Ni énervement ni haine, juste ses coups de chaussons bien placés pour ramener les méchants à la raison et permettre à la paix de régner sur la vallée. La loi de l’effort juste, ni plus, ni moins.

Ünder (64e, 3/5) : Ses lourdes enroulées sont hélas moins bien téléguidées que l’an dernier. L’envie est toujours là en tout cas.

Harit (5/5) : Un meneur de jeu qui rehausse encore son niveau dans les matchs au sommet, on n’avait pas vu ça depuis longtemps. Depuis longtemps chez nous, en tout cas.

Payet (64e, 3+/5) : Savoure apparemment très sincèrement la bonne première mi-temps olympienne sur le banc, puis rentre pour se faire plaisir avec ce mélange d’altruisme et d’initiative qui caractérise son meilleur profil. Si ça se trouve, Dimitri acquiert peu à peu la sagesse et se rend compte qu’il peut vivre sa meilleure vie de la sorte.

Sanchez (4+/5) : En dehors bien sûr des moments passés à se faire déboîter la gueule par les Lisboètes, Alexis a vécu 90 minutes de pur plaisir. A 9 contre 11, il s’est mis à distribuer les passes comme un employé de bureau apporte les bonbons le vendredi après-midi, juste pour le plaisir, la convivialité et le team-building.


L’invité zoologique : Franco Azrael

Accessoire incontournable des sorciers et sorcières, le chat n’est redouté que par les petits animaux prédestinés à une fin de victimes. Pour tous les autres, il est surtout le témoin privilégié des expériences de son propriétaire, toutes plus tordues et vouées à un échec lamentable les unes que les autres.

  • Les autres : Bah écoutez, tant qu’à voir des gens bêtes et violents, je préfère que ce soit à Lisbonne avec un ballon de foot que dans nos rues avec un uniforme bleu.
  • Le classement : Replacement spectaculaire de l’OM, deuxième et assuré de finir devant le Sporting en cas d’égalité de points. Reste que rien n’est assuré, pas même cette troisième place qualificative en Ligue Europa qui suffirait pourtant à nous combler d’aise.
  • Coming next : Quatre des onze matchs figurant à notre mois dantesque se sont écoulés, et plutôt pas trop mal. Ce climat apaisé relativise un peu l’enjeu de dimanche face à un PSG qui, bien qu’en crise, garde toutes les probabilités de nous éclater salement.
  • L’anecdote : Passé relativement inaperçu dans la presse, un assistant d’Igor Tudor a pourtant été vu se précipiter aux vestiaires à la fin du match, porteur d’un carton rempli de chatons de trois semaines. Interrogé sur cet accessoire incongru, l’assistant aurait répondu : « excusez-moi, je n’ai pas le temps de vous parler, il faut que j’aille vite livrer ce colis à Mattéo Guendouzi. Comme il doit faire des efforts énormes pour garder son calme quand on le tacle par derrière, il a pris l’habitude de décapiter des chatons avec les dents une fois le match fini ; c’est le seul moyen qu’on a trouvé pour qu’il se passe les nerfs, sans cela il défonçait le carrelage de la douche à coups de tête, ça nous coûtait trop cher en frais de réparation. »
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Homerc remporte le concours zoologique.


* dans un souci écologique, la vitesse de nos blagues a été abaissée à 110 km/h. Merci de votre attention, vous pouvez rependre votre lecture. [NdA]

Bises massilianales,

Blaah

2 thoughts on “Sporting du Portugal-OM (0-2) : La Canebière Académie revient dans la partie

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