Bastia-Nîmes (1-1) : La Crocro Académie revient chez les ploucs

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Salut les bouseux !

On vous avait manqué ? Non ? Ben vous non plus en fait. Certes, c’est un peu bourru comme entrée en matière et il ne faut pas non plus oublier tous les succulents moments que la Ligue 2 sait nous offrir. Les virées en Corse en font partie, et c’est très exceptionnellement que votre serviteur Stan Carwash a souhaité conjuguer plaisirs balnéaires, gastronomiques et amour pour la charcuterie, surtout lorsqu’elle s’exprime sur un terrain de football. Mais avant de se livrer plus en détails à une apologie des métiers de la viande, revenons sur nos adieux à la Ligue 1 et les spectaculaires frasques à travers lesquelles le président du Nîmes Olympique a bien voulu pimenter l’intersaison. Et pour les esprits chagrins qui nous feront remarquer qu’on est à la bourre et qu’on en est déjà à la 4e journée, nous répondrons : certes.

La trêve, le mercato à sens unique, le contexte

Quelle politique sportive adopter dans un club réputé pour sa formation, quatre fois vainqueur de la coupe Gambardella et qui n’a jamais eu et n’aura jamais les moyens des plus puissants pour acheter et payer des joueurs de top niveau ?

Rani Assaf be like :

Eh oui, spectaculaire masterclass de notre président qui, après s’être fendu d’une sortie plus que dispensable dans la presse locale pour raconter que la ligue fermée était l’avenir du football :

  • déclenche une crise avec l’association (gérant la formation et possédant le numéro d’affliation FFF) ;
  • annonce fermer le centre ;
  • menace de tout plaquer s’il n’obtient pas satisfaction ;
  • fait signer aux joueurs, à l’occasion d’un comité social d’entreprise exceptionnel, un mystérieux communiqué avalisant sa politique ;
  • pour au final en venir à décider le maintien du centre, mais avec la perte de l’agrément qui coûterait la somme de 700 000€.

Plus j’y repense, plus je me dis que ce gigantesque bordel n’avait pas de sens (à l’instar de la phrase qui précède) si ce n’est d’éprouver un certain plaisir à jouer les Néron. Alors certes je n’ai pas 700 000€ sur mon compte en banque et ne les aurai jamais, certes c’est pas mon pognon et je suis mal placé pour donner des conseils au payeur, certes je suis parfaitement incapable de déterminer si le club est vraiment exsangue au point d’en arriver à des mesures d’économies aussi radicales ou bien si c’est juste l’occasion rêvée pour lui de mettre en œuvre une idée qu’il avait derrière la tête, mais je me dis que si l’on est le seul club à se lancer dans une entreprise de destruction de la formation, même dans un contexte économique rendu exceptionnellement difficile par le double effet de la crise Covid et du fiasco Médiapro, c’est soit qu’on est de géniaux précurseurs, soit qu’on est complètement cons. On verra bien si d’autres nous emboîtent le pas…

Total, on se retrouve avec un centre de formation qui a perdu en attractivité, aimablement délesté par des clubs de L1 de ses joueurs les plus prometteurs, et ne pouvant désormais plus sécuriser les éléments qu’il veut conserver du fait de la perte de l’agrément. C’est aussi la destruction de ce qui avait été mis en place par Bernard Blaquart, d’abord à la tête du centre puis de l’équipe première. Trois années de Ligue 1 n’auront pas permis de nous faire progresser sur le plan des structures, à moins qu’effectivement, comme une frange de supporters le répète à l’envie depuis plusieurs années, le fond du projet ne soit qu’immobilier. Le projet sportif, quant à lui, ne se détache pas de manière évidente.

Nîmes aura pris du retard dans son recrutement. On peut incriminer la direction mais, pour le coup et au contraire du mercato apocalyptique de 2019-2020, il est probable que le contexte global de manque de liquidités ait réellement rendu les choses difficiles et que tout ne soit pas à mettre sur le dos d’un manque d’anticipation. Ce serait malhonnête de reprocher au club de mal vendre ses joueurs « bankables » et d’autre part lui reprocher de ne pas mener les négociations assez rapidement dans le contexte actuel. Les joueurs en fin de contrat ont comme prévu quitté le navire, suivis par quelques indésirables et par ceux possédant une valeur marchande significative. Encore, pour ceux-là, fallait-il trouver des clubs solvables, ce qui semble avoir pris du temps.

Il n’est sans doute pas indispensable de remuer le couteau dans la plaie et de revenir sur le départ de Ripart, qui aura beaucoup donné sous ce maillot et qui, face au manque d’ambition de remontée immédiate – l’objectif ô combien ambitieux étant d’éviter les trois dernières places du classement, remarquez ça fait une continuité par rapport à la saison dernière, après tout on s’est longtemps plaint que ce club en manquait  – a préféré poursuivre sa carrière en L1, ce qui peut tout à fait se comprendre. Il a reçu un hommage émouvant, mérité et appuyé de la part du club de supporters des Gladiators.

Les ventes effectuées – celle de Ferhat semble également inéluctable –, reste à constituer un effectif. C’est là que les choses sont plus compliquées, même si les arrivées de Ponceau (Lorient) et de Bratveit (gardien international norvégien) sont à noter. Et il faut bien avouer que la tâche du staff n’est pas rendue aisée, en particulier pour ce qui est de la définition du secteur offensif, par… (roulement de tambours)… Félindra, tête de chibre !

Têtes de chibres au pluriel devrais-je écrire, mais Sarr est trop grand, il ne rentrait pas sur l’image. Eh oui, pendant que l’ensemble de l’effectif, y compris les joueurs promis à un transfert, reprenait l’entraînement et partait en stage, ces deux chibres de Koné et de Sarr glandaient au Sénégal et postaient sans vergogne des photos ou vidéos sur Instagram, s’affichant un coup chez le coiffeur, un coup au bord d’un terrain de foot. Zéro contact avec le club, zéro justification, une belle attitude de branleurs jemenfoutistes, une belle attitude de merde. Assaf – et c’est à mettre à son crédit – a fini par réagir en mettant à disposition leur salaire par chèque uniquement, ce qui les oblige à revenir s’ils souhaitent être payés. Dans le cas de Sarr, c’est une démonstration supplémentaire d’un manque de professionnalisme patent, maintes fois éprouvé depuis son arrivée à l’été 2019 (multiples retards et absences aux entraînements, manque d’implication, etc.) ; pour Koné c’est plus étonnant et embêtant car après sa dizaine de buts en L1 la saison dernière, il apparaissait comme le titulaire idéal à ce poste en Ligue 2. Mais il y a probablement derrière tout cela des histoires de transfert, le joueur n’ayant aucune attache vis-à-vis du club (ce qui ne constitue aucunement une excuse à son attitude, rappelons qui plus est que Nîmes est allé le chercher à Dresde, dernier de D2 allemande à l’hiver 2019-2020) et ayant sans doute fait le tour des salons de coiffure de la place. En plus, depuis le décès de Jean-Louis, coiffeur situé rue Vincent Faïta et qui maniait la tondeuse sabot 0,5mm comme nul autre, la concurrence est devenue trop chère pour les maigres émoluments des footballeurs pro.

Le match

Bref, c’est avec 17 joueurs dont les jeunes Sainte-Luce, Delpech et Doucouré qu’on se pointe au stade Armand-Cesari où, très franchement, je ne donnais pas cher de la peau du crocodile et m’attendais à ce qu’on se ramasse une avoinée du même acabit que celle reçue en août 2008 (un magnifique 6-1, suivi d’une défaite à Dijon, qui sera d’ailleurs notre prochain adversaire).

Bastia et Nîmes, c’est en quelque sorte la rencontre de deux visions du football relativement convergentes, du moins traditionnellement et historiquement parlant, où l’engagement est au moins aussi bien valorisé et apprécié que la qualité technique et le spectacle. C’est également deux publics réputés chauds pour leur ferveur et la pression qu’ils sont capables de mettre sur l’adversaire, assez éloignés du dogme du fair play et plus enclins à distribuer des « relève-toi salope », « oh l’arbitre, jamais tu siffles enculé ? », à quelques variations linguistiques régionales près, que des « que le meilleur gagne dans l’esprit du baron de Coubertin, on est adversaires pendant le match mais ensuite on boit un coup à la buvette, le foot c’est la fête ».

Ouais, le foot c’est peut-être la fête, mais parfois c’est aussi la guerre. Et même si des Jeunechamp, des Cahuzac ou des Mostefa n’étaient plus sur le terrain, leur esprit n’est jamais très loin dans ce genre de rencontre. Enfin, il était surtout côté insulaire.

Rares sont pour moi les occasions de voir des matchs à l’extérieur, a fortiori en Corse, et le plaisir de se rendre au stade fut d’autant plus grand qu’outre son architecture, son ambiance et son histoire singulières, il fait face à ce remarquable local commercial au nom familier.

Nîmes a passé le match à se faire marcher dessus, avec Eliasson dans le rôle de martyr, qui aura ramassé un nombre incalculable de coups non sanctionnés par le corps arbitral. On peut également évoquer ce carton jaune incompréhensible sur Benrahou qui s’effondre dans la surface après qu’un Bastiais lui ait marché sur le pied. Drôle de conception de la simulation. C’est très con, mais entre ça et cette saloperie de VAR, je crois que je préfère encore accepter la possibilité de l’erreur humaine à chaud, que celle de l’erreur humaine confortée par une analyse vidéo totalement foireuse et déclenchée quand le corps arbitral en a envie, et jamais trop souvent quand la faute est commise par le PSG. De manière générale, l’arbitrage de M. Miguelgorry, pourtant arbitre de première division, a été à chier. C’est sans doute plus un problème de manque de couilles – on observe une recrudescence d’eunuques parmi la profession, s’il existe des études sociologiques à ce sujet, je suis volontiers preneur – que de compétence intrinsèque. Bref, nul besoin de poursuivre ce paragraphe de victimisation, les Corses seront toujours plus expérimentés et talentueux que nous à ce jeu-là.

Malgré cette petite frustration, le match nul m’a semblé équitable. Bastia, poussé par un public venu en nombre, a également eu de belles opportunités et côté croco, l’attaque était malheureusement trop expérimentale et maladroite pour espérer beaucoup mieux. Au rang des satisfactions, on notera que Fomba, omniprésent au milieu de terrain, n’a semble-t-il rien perdu des bonnes dispositions qui étaient les siennes en deuxième partie de saison dernière et que le jeune Doucouré, esseulé en pointe, se sera créé de belles occasions malgré un manque de réussite et de précision à la finition. L’entrée de Cubas et de ses qualités de récupérateur auront permis d’apporter une assise défensive supplémentaire pour la fin du match, à un moment où Bastia aurait pu prendre l’ascendant.

La chaleur a sans doute été un élément de nature à influencer la performance des joueurs (ainsi que peut-être l’arrosage du terrain, car pas mal de joueurs ont glissé de part et d’autre), mais ce match m’a laissé l’impression d’un classique match de début de saison, voire de préparation. Un peu de tension, pas mal de coups, mais au final assez peu d’intensité dans le jeu, des courses molles, beaucoup d’erreurs techniques, des passes mal ajustées, bref, difficile d’en tirer beaucoup de conclusions.

Comme l’an dernier, mais c’est sans doute une mauvaise impression de ma part (étant naturellement plus porté sur les subtilités des boissons maltées et houblonnées que sur les subtilités tactiques du foot), j’ai vu une équipe de Nîmes qui avait tendance à s’arrêter de jouer et à subir après avoir marqué le premier but, mais peut-être aussi est-ce dû à notre statut de non-favori revendiqué et assumé. Paraît-il qu’il faut attendre de construire un stade pour avoir de l’ambition.

En tout cas, c’est comptablement un point positif, puisqu’il n’est jamais facile d’aller gagner à Bastia. Espérons que le match retour sera l’occasion de revoir un peu de virilité et d’authenticité, même si nos virées à venir du côté de Rodez, Dunkerque ou Pau n’en manqueront certainement pas.

On revient vite les copaings, promis. La bise !

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