Bordeaux – Caen (1-0) : La Scapulaire Académie a presque foutu le Caen.
Heureux, mais crispé.
Le Stade Malherbe se présente face à nous, avec dix points de retard certes, mais a encore en tête qu’il a su nous contraindre au partage des points au match aller alors qu’il était mené zéro à deux à la mi-temps. Si en plus vous le supposez un brin revanchard après s’être fait taper à domicile par le grand rival régional du HAC, alors vous vous attendez à un match plein de promesses…
Bordeaux possède de nouveau un petit matelas sur le FC Metz, avec trois points d’avance mais un goal-average défavorable.
C’est une nouvelle opportunité de garder cette distance voire de l’accroitre. Jusqu’ici cette saison nous n’avons que très rarement saisi ce type d’opportunité. Nous avons toujours réagi lorsque nous n’avions pas le choix, dans l’inconfort. Alors que là ce petit matelas, surtout si nous le maintenons tel quel voire si nous l’agrandissons nous conforterait dans cette position de deuxième.
Après « six matchs, six finales« , voici venir le « cinq matchs, cinq finales« .
La composition :
Poussin
Bokele – Gregersen – Barbet (c) – Nsimba
Mwanga
Lacoux – Fransérgio
Davitashvili – Maja – Bakwa
Avec deux clean-sheets pour autant de titularisation, Straczek laisse sa place à Poussin qui revient de suspension. Guion l’a expliqué lors de la conférence d’avant-match : il s’agit avant tout de rétablir la hiérarchie initiale établie. Et même si Poussin a effectivement été l’auteur de bourdes parfois décisives, le staff mise sur l’équilibre fragile d’une dynamique de groupe ô combien importante pour le dernier virage.
Pour le reste on rebascule en 433. Le même qui avait permis de prendre un avantage de deux buts à l’extérieur à l’aller… puis de le perdre en deuxième période…
Le match :
L’émotion s’invite d’entrée à travers l’hommage silencieux rendu aux disparus Christian Larièpe et Hugo Schiano. Toutes nos condoléances à leurs familles et proches.
Sur le papier l’équipe est donc alignée en 433, mais dans les faits Sérge se positionne en pointe, avec un Maja légèrement en retrait, quand nos ailiers Dilane et Zuriko occupent la largeur du milieu de terrain.
Double occasion, d’abord avec Sérge qui centre depuis le côté droit pour Bakwa un peu court de la tête, puis avec Nsimba dans la foulée sur la gauche qui centre tendu devant le but mais Maja est légèrement devancé (5e minute).
Diagonale de Nsimba vers Davitashvili. Zuriko lance Maja dans la profondeur en une touche mais ni le Georgien ni le Nigérian ne sont hors-jeu alors ça ne va pas au bout (11e minute). Mention spéciale à l’alignement de la défense de Caen retranché.
Appel de Sérge dans le cœur du jeu. Il remet en une touche vers Maja aux avant-postes qui revient d’une position de hors-jeu sur son appel de balle précédent avorté. Josh n’est pas attaqué, il se retourne, et complète le jeu en triangle en lançant Davitashvili dans la profondeur. Zuriko se présente face à Mandréa, il frappe en première intention du plat du pied droit et glisse le ballon sous le corps du gardien (1-0, 15e minute). Hors-jeu, double hors-jeu, les poils de cul qui dépassent : « À qui la faute ? Ils le sont l’un et l’autre, double hors-jeu. C’est comme ça qu’est-ce que j’y peux ? ». Les défenseurs Caennais eux ils y peuvent quelque chose ! Probablement signe d’un profond Malherbe dans cette équipe, ils décident pour la deuxième fois en quatre minutes de faire fi des règles élémentaires d’alignement… Et puis difficile d’être au poil pour l’arbitre quand on est Vernice et non au cœur du jeu.
Les Girondins poussent encore. Zuriko lancé dans le couloir droit n’ajuste pas son centre pour Bakwa et c’est repoussé (20e minute).
Mendy sous prétexte d’Il gol dell’ex tente un lobe a bisto de nas voire au petit bonheur la chance et c’est raté (24e minute). Et toi non plus, tu n’as pas changé…
Ballon perdu par Lacoux (tume est respectée). Le contre est mené par Vandermersch qui transperce notre côté gauche et sert Mendy plein centre. Notre ex s’emmène bien le ballon mais Nsimba revient sur lui pour le gêner et provoquer ce deuxième imbroglio footballistique qui n’aboutit à rien sinon à se demander comment Mendy a fait disparaitre cette occasion de but. Gregersen suit et se jette pour écarter le danger face à Kyeremeh d’un tacle plein de détermination (26e minute).
Les dernières minutes de cette première période sont marquées par une alternance entre un jeu haché et à chier. Entre les fautes et les gestes approximatifs nous assistons à du football purgatoire.
Nouveau triangle entre Sérge en appui qui remet sur Mwanga derrière lui (mais face au jeu) qui lance en une touche Bakwa dans la profondeur plein axe mais il est hors-jeu et c’est sifflé (43e minute). Faudra parler du manque de cohérence de l’arbitrage du jour quand même, merde quoi !
Pas de changement à la mi-temps.
Nouveau test d’arbitrage dès les premières secondes de cette seconde période. Nsimba balance une sacoche loin devant à destination de Sérge hors-jeu. Une nouvelle fois de manière assez incompréhensible l’action est interrompue par le sifflet de l’arbitre… A moins que ça ne soit parce que Sérge a raté son contrôle. Oui ça doit être ça.
Les Caennais eux testent plutôt nos six mètres. Abdi adresse un centre fuyant devant la cage de Poussin à destination du second poteau mais Kyeremeh se jette comme un membre du gouvernement sur la publication d’un roman et se rate (47e minute).
C’est simple, ce début de seconde période ressemble à une tentative de zadisme dans notre camp, et on peut dire sans se mouiller que ça mégabassine tout le monde. Les sifflets tombent d’ailleurs sur la pelouse. Mais face à la menace terroriste nous pouvons évidemment compter sur nos CRS à nous pour leur faire foutre le Caen : Stian et Yoann.
Sur un ballon mollement mis en retrait par Bokele pour Poussin, ce dernier s’avance et décide de toucher le ballon plutôt que l’intégrité physique de son adversaire. Ni remake de Guingamp pour le premier, ni de Metz pour le second. C’est pas pour nous déplaire ! Le ballon est remis plein axe, mais heureusement Mwanga trainait au bon endroit. Sur son contrôle orienté Junior se défait de la pression dans son dos et se retourne même face au jeu pour envoyer Dilane balader à gauche. Bakwa s’échappe et adresse un centre en cloche à destination de Maja un peu court (60e minute). Dans la foulée, Zuriko qui hérite du ballon à droite se lance dans un Sirtaki ou un Nicolas Sirkis ou les deux je ne sais plus trop bien. Toujours est-il qu’il donne ça donne comme prévu le tournis et la gerbe aux défenseurs Caennais. Puis il trouve Maja dos au but au point de pénalty. Superbe contrôle intérieur pied droit de Maja qui lui permet de se retourner et d’aller au duel face à Mandréa. Il décoche immédiatement un tir pied gauche mais le gardien sort bien et écarte le danger (60e minute) !!
Un premier changement bordelais répond à un double changement Caennais. Ignatenko remplace Lacoux (62e minute). On la sent bien la double pénétration.
On commençait sérieusement à se ré-emmerder, les commentateurs débattaient même de problèmes de hanche, quand tout à coup Brahimi trouve Mendy dos au but sur une belle diagonale à ras de terre. Notre ex se déhanche (ce qui met fin au débat), petite roulette intérieur pied droit puis il se retourne d’une manière inattendue pour décocher un tir puissant. Poussin vigilant réalise une superbe parade réflexe d’une manchette ferme qu’il ne propulse pas dans ses propres buts comme face à Sochaux ! Dans la foulée Kyeremeh le réarrose avec le même résultat, c’est repoussé des deux poings (66e minute). Bien joué Gaëtan !
Devant l’état de mort apparent de l’équipe, Guion injecte Adrénaline et Cordarone histoire de remédier à ce trouble du rythme réfractaire : Pitu et Badji remplacent Bakwa et Maja (70e minute).
Ce n’est pas la cardioversion espérée, mais les Girondins remettent enfin un peu le pied sur le ballon et remontent plus haut sur le terrain.
Incroyable ouverture de Brahimi depuis le rond central à destination de Mendy qui a lancé un appel dans le dos de nos deux centraux. Mauvais choix du Caennais qui remise de la tête en profondeur pour Sylla alors qu’il se présentait seul au duel face à Poussin. Gaëtan plonge et se saisit du ballon (79e minute).
Ces dernières minutes sont longues, crispantes, car y a pas grand-chose de maitriser et qu’il suffirait d’un petit coup de malchance pour revoir la même chose que pour la réception d’Amiens, ou l’aller à Bastia.
Le calvaire prend fin moins d’une minute après l’entrée de Louis-Go en remplacement de Davitashvili (93e minute).
Les notes :
Pour une fois nous allons noter les vrais responsables de l’actuelle deuxième place des Girondins en Liguedeux.
DNCG (3+/5) : Son début de match est complètement raté. A se demander pour quel camp il roulait. Finalement, en bon coéquipier il s’aligne sur le niveau de jeu de l’équipe et prend sur lui d’encadrer notre « projet » de jeu. Etant donné que personne n’avait pensé à en trouver un (projet), au moins il a pris ses responsabilités. Bon en vrai il a fait semblant de rater ses premières interventions, histoire de pas se faire griller de suite. En même temps c’est pas Le Mans ou Bastia hein, c’est les Girondins ici. Mais ce petit jeu initial nous a bien fait suer du cul.
CNOSF (5/5) : Rien à dire. Une intervention à réaliser et elle s’est avérée être une passe décisive. Légende du club.
Comex de la FFF (4/5) : Comme les vrais buteurs il sait se faire oublier. On croit qu’il loupe son match mais il intervient exactement au moment où il faut pour emporter la décision. Avec le recul on aurait quand même préféré le voir investi dès le début du match, puisque de toute façon maintenant tous nos adversaires sachent.
DNA (4/5) : Comme la grosse majorité de l’équipe il a mis du temps à entrer dans son match. Il a été plutôt fragile face à Grenoble, Guingamp, Caen, Sochaux, Bastia… pour finalement bien se rattraper vu le nombre de pénalty qu’il nous a offert. Et que dire de cette fin de match… là c’est du haut-vol. Il est clairement le joueur de notre équipe que nos adversaires voudraient avoir avec eux.
LFP (2+/5) : Tout au long du match nos adversaires le prennent à partie. Mais à vrai dire il ne nous apporte rien. Néanmoins si nos adversaires continuent à se focaliser sur lui, ça laisse le champ libre à ses coéquipiers. Un vrai joueur de club, mais « malgré lui » : c’est la moyenne du coup.
Quant aux autres :
Poussin (4/5) : Retour réussi, une parade décisive et on continue sur la lancée des clean-sheets.
Bokélé (2+/5) : Clairement pas son meilleur match sous nos couleurs. Il nous avait habitué à tellement mieux qu’on a plutôt eu l’œil attiré par ses ratés : passe molle, glissades, touches perdues…
Gregersen et Barbet (4+/5) : Eux ils ont joué comme d’habitude. Ce sont nos valeurs sûres. Humbles et travailleurs.
Mwanga (3/5) : Même sur courant alternatif il livre la meilleure prestation du milieu de terrain. Il a apporté parfois sérénité et sobriété et de trop rares rayons de lumière.
Lacoux et Sérge (2/5) : fidèles à eux-mêmes sur les derniers mois et non les dernières semaines.
Bakwa (3/5) : Difficile de briller quand on se situe à proximité du trou noir de l’équipe (le milieu de terrain). Sans être décisif il semble être en proie à un regain de confiance et d’énergie, son activité de replacement en témoigne. Quand il faut attaquer il donne encore un peu l’impression d’être aussi adroit que le hanneton en chaleur.
Davitashvili (3+/5) : Guion souhaitait qu’il redevienne plus décisif, c’est chose faite. Avec notre Georgien dans les pattes on a senti les Caennais aussi sereins que des collègues d’open-space fin 2020 qui venaient d’apprendre que Kévin était positif au COVID.
Maja (4/5) : Avec notre charnière centrale, voire notre gardien, il est l’un des rares à livrer une prestation dans la continuité des dernières. Toujours bien inspiré dans le placement ou les orientations de jeu, on peut toujours être sévère et se rappeler qu’il a loupé l’opportunité de nous mettre à l’abris à l’heure de jeu.
En face :
C’est une équipe qui donne l’impression de pouvoir faire tellement mieux. Néanmoins on ne peut pas dire qu’elle nous ait particulièrement inquiété sur ce match, hormis lors des fulgurances de son entrant (trop) tardif Brahimi. Elle a payé cash ses errements défensifs (et ceux du corps arbitral). A Caen on aime avant tout le beau football avant la gagne. Les pauvres n’auront eu ni l’un ni l’autre…
Pour conclure :
C R I S P A N T
Le déroulé de ce match n’aura pas manquer de nous plonger à plusieurs reprises dans des flashbacks désagréables de cette saison. Ce contenu nous aura de nouveau fait éprouver cette sensation de ne pas être dans la capacité, ou pire, dans la volonté d’enfoncer le clou !
Alors que le money-time c’est maintenant, et que nous avions la sensation de monter en puissance aussi bien dans les capacités mentales que physiques, faut avouer que c’est un peu la douche froide. Et pourtant… on se rassure en se disant qu’à l’issue de ce genre de prestation sur le reculoir il y a quelques semaines nous n’aurions pas pris les trois points. Quand on veut aller au bout d’un processus aussi long qu’un championnat à 38 matchs, on dit qu’il faut probablement savoir gagner de toutes les manières qui soient, y compris sans panache voire sans mérite.
Au final ce sont trois points et un nouveau clean-sheet. Comme la semaine dernière, et celle d’avant en fait. La régression crainte et supposée n’est donc pas établie de fait.
Parmi les motifs de satisfaction, hormis les prestations de l’arbitre et des Ultramarines, on peut noter le maintien de la solidité du bloc équipe, une charnière centrale de haute sécurité et un Maja toujours inspiré.
Avant ce match nous avions entrevu un esprit conquérant. Il a disparu ce coup-ci. Un match crispant avons-nous dit ? Ne serait-ce pas simplement parce que les joueurs l’étaient eux-mêmes ? C’est compréhensible, mais ils ne tiendront pas les quatre matchs restants dans cet état d’esprit, c’est trop énergivore. Tout l’enjeu réside donc dans leur capacité à rester concentrés, tout en étant relâchés. D’évoluer dans les certitudes mais en restant aux aguets.
A ceux qui beuglent à l’envie que les Girondins manquent de maitrise et d’humilité pour mériter leur promotion, nous répondons que nous saurions faire amende honorable de certains comportements parmi les joueurs et supporters, mais que nous n’allons pas demander pardon pour autant.
Nous avons la chance de jouer la montée. Une montée ô combien importante pour la survie d’un club qui a été méthodiquement brisé depuis plusieurs années. Vous vous moquez de ce manque de maitrise et de domination franche dans nos confrontations ? Nous n’en sommes pas étonnés, nous dressons le même constat. Ce qui nous étonne par contre c’est d’être malgré tout encore en droit de rêver à une promotion. Cette promotion inespérée qui charrie avec elle des émotions franches, brutes, qui blessent probablement ceux qui n’ont pas la chance de les vivre. Mais pour nous il s’agit justement de les vivre pleinement. Nous ressentons de la fierté, un sentiment qui ne s’était plus présenté à nous depuis trop longtemps alors même que nous étions toujours habités par une passion dévorante.
Nous avons bien conscience que des Girondins Grands Seigneurs, dominateurs et maitrisant leur sujet comme leurs émotions, renverraient une image plus positive. Mais nos joueurs sont jeunes. Ils nous voient rêver avec eux. Et c’est bien cette naïve authenticité qui nous touche, nous contamine et nous pousse à exprimer notre fierté parfois sans retenue ni sobriété. Pourquoi devrions-nous nous en excuser ? C’est cette impétuosité qui va peut-être nous aider à nous relever plus vite que prévu. Nous ne saurions la brider totalement.
Si malgré tout vous pensez que nous devrions apprendre l’humilité plus longtemps en Liguedeux, c’est que vous estimez que nous n’avons pas assez appris ces dernières années face à notre lente agonie… Mais rassurez-vous, si l’an prochain nous ne faisons pas preuve de suffisamment d’humilité et de travail, alors nous reviendrons vous rendre visite aussi sec. Ne vous en faites pas pour nous.
Nous ne faisons peut-être pas l’unanimité, mais nous n’en avons cure. Je vous souhaite de vivre une saison comme la nôtre. Même si elle a été agaçante, nous avons vu souffler un vent nouveau sur notre club et surtout sur le terrain : abnégation, jeunesse, insouciance comme autant de choses inespérées.
Quant à ceux qui gèrent leur frustration en se persuadant que toutes les instances dirigeantes font tout pour notre retour en élite, vous voyez, finalement nous faisons bien l’unanimité autour de nous. Et vous avouerez qu’il est toujours plaisant de voir que tout le monde peut travailler main dans la main !
Sur ce… rendez-vous ce samedi 15h à Diochon pour lancer le « quatre matchs, quatre finales » en affrontant QRM, une équipe décomplexée.
C’est simple : vaincre ou périr.