Bordeaux – Toulouse (4-2) : La Scapulaire Académie en mode nanarland

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Festival déconne.

« On ne marche pas deux fois sur les testicules d’un aveugle » Par contre, on peut battre assez facilement deux fois les Toulousains.

Les Girondins ne sont donc plus qu’à une victoire de l’Europe. A l’heure où le monde du cinéma se réunit à Cannes, célébrant Godard, une coupe de champagne à la main, un petit four dans l’autre, et trouvant absolument merveilleux de ne rien comprendre à son film terriblement conceptuel, nous tenions à vous refaire le scénario de notre saison, plus torturé qu’une mise en scène avant gardiste et plus profond qu’un texte de BHL sans psychotrope. Une saison 2017/2018 en forme de pitch (à défaut de bitch)


Bande de Pitchs

Début Août 2017 : Dans un décor féerique, les Girondins s’en vont conquérir l’Europe de Viktor Orban. Les Hongrois de Vidéoton offrent, aux Bordelais en vacances, un décor bucolique. Mais rien ne va se passer comme prévu. Une comédie burlesque tout public qui vous garantit le sourire pour toute la saison.

31 Aout 2017 : Après un mercato agité, Jocelyn G décide de recruter Nicolas de Préville. Il en fera son attaquant. Sauf que le pauvre Lillois s’est fait marabouter par Bielsa en partant. Devenu allergique au ballon et à la pelouse, Nicolas essaie, par tous les moyens, de dissuader son coach de le faire jouer. Mais le Breton est têtu et résiste à l’évidence. Une comédie aux quiproquos aussi improbables que grotesques. 100% M6

30 Septembre 2017 : Une troupe d’artistes en vogue se déplace à Paris pour montrer leur talent au monde entier. Mais le spectacle tourne au carnage, le dresseur se fait bouffer, les trapézistes se cassent la gueule et monsieur Loyal ne l’est pas trop. Un mélodrame prenant et sur joué à merveille. Bref, un film à Oscar (Pistorius)

Du 30 Septembre 2017 au 28 Novembre 2017 : Une ode dépressive à souhait. Jocelyn entraîne ses joueurs à se scarifier, à implorer Satan et à traîner leur peine comme une malédiction d’Amiens à Rennes en passant par Caen. Un « road movie » passionnant où la dépression laisse, petit à petit, la place à une consternation inquiétante et à une étonnante envie de bouffer des pizzas.

Début Janvier 2018 : Une mise en abyme magnifique dans le cinéma sado-masochiste. Jocelyn et ses camarades tentent des expériences à chaque fois un peu plus dingue pour repousser les limites jusqu’à l’effondrement total: balayés par Montpellier, humiliés par Strasbourg, déglingués par les amateurs à la grosse tête, et enfin ridiculisés par Caen, les Girondins ne savent plus quoi inventer pour nourrir leurs fantasmes macabres. Gourvennec se fait renvoyer, Toulalan, dans un bruit de tempête, décide de lâcher les commandes du navire. Un film bien évidemment interdit au moins de 18 ans.

Samedi 20 Janvier 2018 (19h) : L’équipe est dirigée par le préparateur physique. Il met plus d’audace dans sa composition d’équipe que l’ensemble du staff depuis juillet. En opération commando, Bordeaux remporte la victoire contre des canaris empaillés. Alors que tout le monde attend l’arrivée d’un technicien belge, Tavernost surprend tout le monde en imposant Gustavo Poyet. Un film d’aventure et de suspens pour toute la famille (et où on peut se foutre de la gueule des belges du coup).

Fin Janvier 2018 : Des repreneurs américains sont annoncés. M6 est vendeur, l’affaire est dans le sac, le tour est joué. Mais c’était sans compter sans le grand blond à la chaussure noire. Super héros malgré lui, notre président gaffeur attend des garanties qu’il n’aura jamais. Le fond d’investissement repart la queue entre les jambes, on ne se fera pas baiser sur ce coup. Une comédie pornographique (réservée à un public averti, car il en vaut au moins deux)

Février 2018 : Poyet est victime d’une extinction de voix. Il ne communique plus qu’en sifflant. Et ça marche. Bordeaux rêve à nouveau d’Europe. Une comédie dans laquelle Mel Gibson aurait pu jouer.

Mars 2018 : Épisode II, Poyet retrouve enfin la parole. Les joueurs sont, à nouveau, perdus sur le terrain, frappent les poteaux, renoncent à jouer au foot malgré les grands gestes de l’uruguayen sur le bord de la touche. Une comédie dont on aurait pu se passer.

Avril/Mai 2018 : L’équipe a comme projet de braquer la Ligue 1. Le plan est parfait, personne ne s’attend à nous voir revenir dans la course. Les gars se mettent à jouer au ballon. La bande de copains (quand on gagne, on est toujours une bande copain) remporte chaque match et le public commence à y croire. Une comédie familiale déjà vue cent fois (et qui finit bien) …


Toulouse, le mélodrame de Trop

A force de jouer avec le feu, à force de se prendre des avions en papiers, Pascal Dupraz a quitté la scène, avec le petit pincement au cœur qui rassure. Malheureusement, le management viril (bomber le torse, parler à ses hommes du combat à venir) peut, miraculeusement, sauver le club, une fois par hasard. Mais ça s’arrête là. Sinon le général Bigeard serait devenu une star, il aurait même offert une coupe d’Europe à Saint-Étienne « On va baiser les poteaux carrés mes gars. On ne baisse pas la tête. Ces connards d’Allemands ont la chiasse. Ils ont perdu en 18 et en 45, en 66 vous allez leur marcher dessus avec vos crampons en fonte ». Mais la réalité est bien plus cruelle. Il ne suffit pas de crier à l’envie, d’invoquer « un esprit d’équipe » pour gagner des matchs et jouer au football, et tant pis pour tous les mercenaires en herbe, les nerveux de la gâchette ou les paramilitaires en quête d’orientation.

Pour le plaisir des yeux

Formé à Toulouse, Mickael Debève revient chez lui en sauveteur de l’extrême. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il a la gueule de l’emploi. Souriant, posé, tranquille, Micka garde son flegme. Quand Delort se fait attraper par la police aussi raide qu’une saillie, aussi blanc qu’un cierge de pâques (on commence à se connaître, je vais vous épargner mon refrain habituel, mais quand même, vous noterez la précision et la délicatesse de la citation), Micka ne bronche pas. Quand Lafont fait toile sur toile avec une frénésie presque « warholienne », Micka reste stoïque. Il reste là, debout, près de son banc, le regard hagard, les jambes lourdes comme s’il avait couru un marathon. Il regarde le spectacle déchirant d’une équipe mourante refusant d’offrir un dernier combat, se résignant à passer par les barrages pour boire le calice jusqu’à la lie. Ne le condamnez pas. Jack Bauer, lui-même, aurait renoncé : « Non mais sans déconner, je veux bien sauver le monde d’une bombe atomique, d’un virus à la pandémie infernale, d’une troisième guerre mondiale inéluctable, mais je refuse de venir à Toulouse pour sauver le club. Personne ne va croire à votre scénario les gars. ».

Le TEF a recruté la fille à Jack (qui n’a pas les gênes de la super héroïne visiblement)

Alors, on gardera pour nous les moqueries sur Debève, sur son look de comptable, sur son allergie capillaire ou sa haine des coiffeurs (ou les deux) ou sur son charisme aléatoire. Pourquoi ? Ben, déjà ce n’est pas dans nos habitudes de nous moquer et pis, c’est moche un club qui crève, qu’il soit violet, en amont de la Garonne, ou que ce soit Toulouse, ça ne change rien…


Les Notes

Étant donné le scénario ubuesque de notre saison, les Notes du Match seront en hommage à ce site merveilleux nanarland.com dont nous piquons régulièrement nos images pour nos modestes chroniques..

Costil 2/5 (par où t’es rentré, on t’a pas vu sortir ?)

La victoire efface tout. Après une petite erreur de placement sur le premier but, Benoît a fait son match sans vraiment trembler (la barre un peu plus) jusqu’au second but. A un quart d’heure de la fin, lassé d’attendre une attaque toulousaine, Costil a osé une Thomas Price, une relance au pied directement sur Gradel au vingt-cinq mètres. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas briller un peu… Enfin, il ne faudrait pas oublier ses derniers matchs où il a rendu de fiers services.

Poundjé 2+/5 (Arrête de ramer, t’attaque la falaise)

Maxime est au football ce que l’Eurovision est à la musique. C’est terrible. Il fait ce qu’il peut Maxime. Il attaque, il se bat, il sourit, il est sympa. Mais ça ne suffit pas. Il a beau être l’élève le plus appliqué, il a beau mettre ses plus beaux costumes, on n’y arrive pas. Qu’on soit bien d’accord, il reste notre meilleur arrière gauche et de loin. Contre Toulouse, il a fait correctement le travail. On va s’en satisfaire. Et on a plutôt intérêt. Comme visiblement, l’UEFA nous interdit, depuis plusieurs mercato, de recruter un arrière gauche correct, on risque de se le farcir un moment le gonze.

Pablo et Kounde 3/5 (l’attaque du requin à deux têtes)

On ne sait plus quoi écrire pour exprimer notre amour de notre charnière centrale. On pourrait vibrer sur un avant-centre qui claque but sur but. Mais non, c’est surfait ça. Faut être Niçois pour rêver de ça. Nous, on vibre sur les tacles de Pablo, sur le sens du placement de Kounde. Et oui, et tu sais le pire ? On en est vachement fier.

Le dernier bout d’Andy Delort encore vivant

Sabaly 3/5 (Flashman contre les hommes invisibles)

Youssouf a retrouvé ses jambes. Il mange les kilomètres avec une facilité déconcertante. Il se bat sur tous les ballons comme le lion de téranga qu’il est. Bon on s’enflamme un peu. Mais le Sénégalais est en mode Coupe du Monde. Le nom du film illustre à merveille le derby de la Garonne (qui a, à avant tout,  la couleur d’un fleuve, on ne saurait trop le répéter)

Plasil 2+/5 (l’ultime combat)

On le croyait fini. Les rédactions de L’Equipe et de France Foot avaient déjà envoyé leur petit stagiaire de troisième faire un papier, en deux-cent-quatre-vingt caractères, retraçant la carrière de notre tchèque bondissant. Et un beau jour (ou peut être une nuit), le retraité revint dans l’équipe. Poyet l’imposa contre vents et marées. Nous étions les premiers à implorer Gustavo à changer d’avis. Nous envisagions même de faire une grève de la faim, de nous mettre au Rugby, ou de zapper sur TMC les soirs de match. Et pourtant, nous avions tort. Jaroslav est devenu essentiel dans ce milieu à trois.

Si on résume un peu bêtement, Lerager défend avant tout, Meité percute de temps en temps (quand il ne dort pas bien entendu) et Plasil fait les deux. Quand Sankharé joue, son rôle évolue. Il a l’expérience, et assez de fraîcheur pour profiter de sa vista. Sa prolongation est actée. Finalement, on en serait presque content. Presque ? En effet, constater que Plasil est « un incontournable » de ce milieu de terrain en dit beaucoup sur la qualité de celui-ci (du milieu hein, pas de Plasil, suivez bordel. Comme si c’était facile de complimenter Jaro comme ça)… Remplacé par Vada qui démontre en dix minutes pourquoi Plasil est si important.

Lerager 3/5 (Beowulf)

Quand Christophe Lambert (à ne pas confondre avec Vincent même s’ils aiment les navets tous les deux) doit défendre son film en promotion il n’y va pas de main morte : « « C’est Mad Max qui rencontre Highlander en l’an 3000 », « un film techno-féodal-futuriste » qui intègre « un monde de rythmes techno, de vitesse ». Ben ça, c’est aussi la définition du nouveau Lerager. Doit-on sa résurrection récente au coaching de Poyet ou à l’approche de la coupe du Monde ?

Meité 2/5 (Capitain Barbell)

Si les dirigeants hésitaient à le recruter, Soualiho a fait le match parfait pour les dissuader. Absent des débats, Meité joue par fulgurance. Sa passe pour Braithewaite en est l’illustration parfaite. Revenu dans le onze suite à la blessure de Sankharé, il a rempli sa mission sans vraiment briller.
Meité est un super héros haltérophile en mousse. Même quand il sort un match correct, l’ensemble est encore trop burlesque pour être crédible. Il va falloir mettre bien plus d’engagement et de conviction dans son jeu s’il veut s’imposer à Monaco.

Kamano 2/5 (Super nichon contre Mafia)

C’est un homme de promesses sauf qu’il ne les tient pas toujours. A part dans un film nanaresque, une paire de nichons a bien peu de chance de vaincre la pègre. Ben François Kamano c’est presque pareil. Sorti pour de Préville auteur d’une belle passe pour Lerager. Pour une fois, on ne va pas même pas écrire de méchancetés sur l’homme à la particule.

Malcom 4/5 (L’homme Puma)

Un but et bien plus que ça. J’ai eu l’honneur de me rendre au Haillan. Je vous passerai mes commentaires sur la rocade bordelaise et de ses bouchons à la con. Bref, sous un soleil aussi radieux qu’un crochet de Cheick Diabaté, j’ai pu assister, non sans mal (enfin, vous l’aviez compris, mais je me permets d’insister), à l’entraînement des pros. Première surprise, Gustavo use du sifflet à bon escient. Il réserve ses jolies mélodies pour les jours de match. Deuxième surprise, tout le monde est bien impliqué. Malcom éclabousse de son talent. On ne voit que lui. Les gamins commençaient à s’agglutiner devant la sortie du terrain n’espérant plus que le coup de sifflet final. Mais Poyet a enchaîné les séances à leur grand désespoir.

A 12h30, les joueurs quittent tranquillement le terrain d’entraînement. Malcom prend le temps de s’arrêter, de prendre la pose, de discuter avec les gosses. Il aime ça le bougre. On est loin de l’image de la star inaccessible. Alors, même si nous n’oublierons pas les errements de ses agents et sa communication parfois hasardeuse, il faudra se souvenir aussi de ce Malcom-là. Ça sera ma dernière note pour lui. Plus jamais, je ne pourrai m’émouvoir du talent de ce gamin dans la Scapulaire Académie. Contre Toulouse, il signe un match parfait, il marque, il sort et il reçoit, pour ses adieux, une standing ovation qu’il mérite amplement. Remplacé par Otavio pour l’anecdote.

Braithewaite 4/5 (Yeti, le géant d’un autre monde)

C’est terrible pour les toulousains. La seule fois où il a retrouvé ses jambes de vingt ans, où il marque un doublé, c’est pour enfoncer ceux qui étaient encore les siens l’année dernière. Il lui reste un dernier match pour gagner sa place en coupe du Monde et nous décrocher l’Europe.


Ailleurs dans le Monde

Le pauvre Hadi Sako aura donc passé sa saison à ramasser les plots, à porter les chasubles. L’Angleterre est souvent un mirage où se noie les jeunes footballeurs. Il faut partir pour grandir, encore faut il en avoir le courage et la possibilité. Adam Ounas vit aussi une saison sur le banc. Mais rester sur le banc à Naples n’a pas tout à fait la même signification qu’à Leeds. Ounas a gagné du temps de jeu, quelques entrées en Série A et des buts qui ont ouvert l’appétit à une des corva les plus chaudes d’Europe.

En attendant de nous lire, l’année prochaine, on vous réserve quelques surprises sympatoches pour l’été…

Vous retrouverez la semaine prochaine le délicieux Nausée Savajicl pour l’académie messine, en attendant perdez vous sur horsjeu.net et venez tailler le bout de gras sur twitter.


 

4 thoughts on “Bordeaux – Toulouse (4-2) : La Scapulaire Académie en mode nanarland

  1. C’est pas vrai que ces connards de la LFP ont bloqué la diffusion du résumé sur ce site ?!
    Pour protester je le regarderai pas tiens, bien fait les connards !
    Je me ferai un nanard à la place…

  2. Vraiment bien cette acad en effet…

    L’idée des nanard est vraiment sympa. Plein de titres que je ne connaissais pas… Un peu comme le club de Rennes.

    (Pardon.)

  3. Merci chers camarades pour vos commentaires qui font vraiment plaisir. Et il me reste quelques fameux nanars en réserve.

    Et je me devais de rendre hommage à nanarland.

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