LILLE – BORDEAUX (0-0) LA SCAPULAIRE ACADÉMIE AU BOUT DE L’ENNUI

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Hommage à la Ligue d’Eux.

« Trop de louange amène un chat à se prendre pour un lion. » Des recrues, une ambition à peine cachée contre un LOSC en souffrance, à se voir trop beau, nous avons perdu la face. Un mal pour un bien ?

C’est bien joli de se plaindre avec une virulence tout de même mesurée de la frivolité des médias, des analyses à la petite semaine et de présenter dans notre dernière académie un joueur qui ne signera jamais. Honte sur nous. Mais que voulez-vous, dans ces temps troubles, nous voulions être à l’affût de l’information, au plus près de l’actualité tel un journaliste de BFM avide de sang et d’images spectaculaires pour nourrir votre temps de cerveau disponible à consommer encore plus de Coca. Pour nous faire pardonner, revenons sur les derniers instants de ce mois d’août.

On ne pouvait pas laisser passer ça.  Stéphane Martin a surpris tout son monde. Actif sur les transferts, il envoie aussi du bois dans la presse, ça change de la communication paternaliste à la Triaud. Pour vous donner un aperçu, voici un résumé de ses dernières sorties. Pablo est donc « un gentil garçon » mal conseillé qui reviendra en janvier, cirer un banc que Contento aura auparavant nettoyé et lustré. Tu sens qu’il ne faut pas le faire chier le Martin. Il ressemble pourtant au gendre idéal, propre sur lui, banquier de son état, sourire éclatant toutes dents dehors mais ne t’avise pas de le chatouiller, tu risques alors de découvrir la triste réalité d’un agio dans ta gueule.


Un 30 aout de folie

Dès les premières rumeurs concernant un « futur départ potentiel » de Rolan, nous avions mis le champagne au frais. Douze mois plus tard, nous pouvons enfin le sortir du congèle. Diego Rolan est prêté à Malaga avec une option d’achat quasi obligatoire détenue par… La Corogne. Le marché des transferts devient de plus en plus ubuesque. Entre les joueurs transférés et aussitôt expédiés en prêt ou des options d’achat aux conditions aussi ridicules qu’improbables, ça ressemblerait presque  à une réforme de l’éducation nationale ou à un scénario de David Lynch. On n’y comprend absolument rien, on ne perçoit pas totalement l’intérêt du truc mais pour rien au monde tu ne te laisserais aller à montrer ton ignorance.
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Un montage financier classique de transfert en 2017.


Soyons honnête, on ne va pas se plaindre du départ de notre Uruguayen. Recruté pour remplacer numériquement Yoann Gouffran, Diego arrivait en terrain conquis dans une équipe sinistrée. Le pauvre Gouffran s’est perdu avec ses illusions chez les « magpies » dont on ne se lasse jamais de souligner la clairvoyance légendaire de leurs recruteurs. Contre toute attente, Rolan a marqué le club de son empreinte. C’est quand même le premier joueur qui enterre sa grand-mère quatre fois. Respect mec. Mais notre Uruguayen préféré (comment ça c’était le seul depuis le départ de Mauro ?) a aussi marqué le dernier but à Lescure avant d’inaugurer le nouveau stade de la plus belle des manières. Il y laissera finalement un souvenir doux-amer. Il avait un potentiel pour faire tellement mieux… et surtout on aurait pu le faire croire aux autres clubs en le cédant quelques mois plus tôt.

Aussitôt son départ acté, Luuk De Jong est contacté, le PSV semble heureux de vite conclure l’affaire et les Bataves lui souhaitent un bon vent avec un peu trop d’empressement pour que l’affaire puisse sembler honnête. Ça sentait l’arnaque à plein nez. Malgré tout, la tentation est  grande. On rêvait tous de voir un international hollandais débarquer en Gironde. Mais pas Gourvennec… Le Breton a eu peur du bide. Il lui préfère Nicolas de Préville, qui présente l’avantage de connaitre la Ligain et d’être polyvalent. Et puis c’est un gars à particule quand même, on sait comment faire plaisir au grand patron, nous. Le même jour, un Brésilien inconnu au bataillon (et ailleurs) signe à la surprise générale. A 19 ans, Matheus Pereira n’a joué que 3 matchs officiels dans sa carrière (et encore, 6 minutes pour la saison 2016/2017 où il était prêté à Empoli). Devant cette concurrence décidément trop ardue, Thomas Touré préfère partir sous bonne escorte à Angers pour le plus grand bonheur de sa femme. Les transferts clôturés, on va enfin pouvoir parler ballon.


Le sommet de l’ennui

Parler de Bielsa est un exercice périlleux. Les professionnels de l’outrance attendent avec une impatience coupable le moindre faux pas, la moindre erreur avec une certaine jubilation qui trahit de biens vilaines intentions. De l’autre côté, une horde de fanboys vénère El Loco avec une ferveur presque évangélique, refusant d’admettre que Dieu puisse se tromper. Vous serez cloué au pilori à la moindre critique, jugé sans procès par des procureurs en puissance au moindre doute émis. Mais il faut vivre une conférence de presse du technicien argentin pour comprendre la raison de cette folie. Il parle de foot comme personne, du jeu comme une science et garde des principes moraux dont ses collègues feraient bien parfois de s’inspirer. Bielsa ne perd jamais son temps à commenter les décisions arbitrales ou si vous préférez, jamais il n’utilise l’homme en noir pour masquer ses propres erreurs. Mais le bonhomme a aussi ses failles, on lui prête des décisions impulsives. Il démissionne de Marseille le soir du premier match de la saison, déçu des promesses de sa direction. Il ne reste qu’une seule journée à la Lazio, doutant des déclarations de son président (d’un jour…). Tout ça pour atterrir à Lille ? Si ce n’est pas une preuve d’humour et d’humilité, qu’est-ce donc ?


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La compo des deux équipes.

Lille nous attendait de pied ferme après deux déroutes de suite. Bielsa surprend son monde en titularisant Thiago Maia en position de Maxime Poundje. Après deux interventions aussi inutiles que stupides, le Brésilien remercie El Loco à sa façon en prenant un rouge à la 30e minute. Bielsa change ses plans et optent alors pour un 4-4-1 très compact. En position de force, les girondins n’ont jamais su amener de la vitesse et de la percussion à leur jeu pour le plus grand bonheur des nordistes. Ce fut une litanie de passes latérales molles et de centres à la Bruno Bastos. Sankharé nous sort juste de notre état de léthargie latente en manquant l’immanquable devant un Maignan soulagé. Clap, clap, clap, fin du match. Ce match est un hommage à la ligue 2 : un public clairsemé, un match aussi intense que le dernier film des frères Dardenne. C’est le risque de programmer un match le vendredi à 19 heures, merci BeinSport pour cette délicieuse initiative. Ecrire cette académie est un petit calvaire, pour tout vous avouer, tellement le match fut insipide et insignifiant. Le score reflète aussi bien le match que le jeu et encore plus cette modeste académie.


Les Notes

Costil 3/5 Très peu de travail. Il aurait pu s’ennuyer ferme s’il n’avait pas appris, dans la soirée, le départ de Carrasso à Galatasaray pour devenir 3e gardien. Voilà un dernier challenge super excitant…

Sabaly 2/5 Youssouf n’est toujours pas revenu dans sa forme de la saison dernière. On va vite regretter de ne pas avoir recruté notre Hollandais de deux mètres s’il continue d’enchaîner des centres improbables au troisième poteau. Il est tellement dans le doute qu’il renonce à tenter sa chance dans une Equipe de France où Sidibé a gagné sa place.

Jovanovic et la Toul’ 2+/5 Difficile de ne pas les associer une nouvelle fois. Devant une équipe résolue à défendre et à laisser le ballon, on peut regretter leur manque d’audace dans la relance. Trop frileux.

Pellenard 3/5 Il est un peu là par défaut, comme le pauvre gamin choisi juste avant la fille et le gros de l’école dans la cour de récré. Mais il tient sa revanche. Le gamin mérite sa place, certes sans concurrence, il s’améliore sans l’ombre d’un doute au point de ne plus apparaitre comme le maillon faible.

Otavio 4/5 On n’a pas bien compris la décision de sortir le Brésilien. Pourtant son match avait mal commencé avec un tacle  qui aurait pu (ou dû) lui coûter un rouge. Seulement averti, il a ensuite parfaitement géré le match. Ça ressemble à une très bonne pioche pour le moment. Remplacé à la 60ème par un Vada dont on aimerait écrire un truc positif de temps en temps. Mais on ne peut pas. Un rythme de sénateur, des déchets comme c’est pas possible, c’est pas compliqué, j’ai cru qu’on avait fait rentrer Plasil à un moment donné…

Allégorie de l’entrée de Valentin

Lerager 2/5 Il a beau être un chouchou, avoir une vision du jeu formidable, il faut se rendre à l’évidence… notre beau Danois a loupé son match dans les grandes largeurs. Et pendant 90 minutes.

Sankharé 2/5 Auteur d’un match tout à fait honnête MAIS (et ça compte triple) il mange la feuille d’un match sans occasion. Enfin, on ne regrette pas encore Saivet hein. Faut pas déconner quand même. Remplacé à la 76e par Laborde qui n’a rien fait de positif depuis la saison dernière et ça commence à dater un peu.

Malcom 2 +/5 Il provoque l’expulsion et agrémente son match de quelques dribbles spectaculaires et d’une belle passe sur la tête de NdP. On attend tout de même mieux de notre meilleur joueur.

Kamano 2/5 En manque de jus, il n’a jamais mis Malcuit en danger . Remplacé par Cafu à la 64e, le brésilien offre un caviar à Sankharé dès son entrée avant de rentrer rapidement dans le rang, rappelé à l’ordre par l’apathie générale. On va attendre avant de jouer les pleureuses. Le Brésilien a 100 minutes dans les pattes. Et pour un arrière droit quarantenaire, il ne se débrouille pas si mal que ça.

De Préville 2/5 Bon, vendredi, on joue le TEF. Tu sais ce qu’il te reste à faire. Sinon, nous, on a une petite idée… Dans un match compliqué, dans un contexte singulier, il n’a pas démérité. Ça se voit tout de suite que ce n’est pas Alexandre Mendy. Le ballon est son ami.


Rendez-vous la semaine prochaine pour une académie qu’on espère bien plus palpitante. D’ici là, vous pouvez toujours lire mes navrantes saillies sur twitter.

1 thought on “LILLE – BORDEAUX (0-0) LA SCAPULAIRE ACADÉMIE AU BOUT DE L’ENNUI

  1. Tu as bien résumé les 2 heures de ma vie perdues à regarder ce match !
    En plus tu ne fais pas de blague éculée sur la fricadelle ou l’inceste, ça change de ton prédécesseur (fort talentueux tout de même) !

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