Au courrier des lecteurs… toujours la mimine à Titi…et Mémé
Nos lecteurs sont indignés…

Thierry Henry, le faux-procès
Je ne veux pas défendre ni accabler Thierry Henry. Je voudrais simplement tempérer, recentrer le débat et mettre en lumière les vrais problèmes.
Henry, victime de son statut (de lui-même).
Si la presse outre-manche s’est gavée de critiques à l’encontre d’un joueur qu’elle a adulé durant des années et qu’elle continuera d’admirer une fois ce remous passé, c’est aussi à cause de son statut. On ne l’a pas trainé dans la boue, ce serait exagéré de dire cela, mais sa réputation et son image en ont été sérieusement amochées. Henry, homme de média et de communication, toujours précis dans ses propos et ses apparitions maitrisées, s’est relâché. On ne reproche jamais à un Cantona ses propos, car on connait le personnage. Et c’est pour la même raison qu’on salit Thierry Henry. Henry est victime de son image trop parfaite, certains diront trop lisses. Thierry ne fait pas rêver, du moins pas en France, on le respecte, on le salue comme le très grand joueur qu’il est mais laissera-t-il dans le cœur des supporters français (les fans d’Arsenal tiendraient un tout autre discours) une trace à l’encre noire, difficilement délébile ? Si je compare les deux hommes, c’est qu’ils ont marqué un pays, mais qui n’est pas le leur. Ils ont été adoptés par un autre peuple. Ainsi, le joueur du siècle du plus grand club anglais, n’en déplaisent à certains, est le frenchy Eric « The King » Cantona. Le meilleur buteur de l’histoire d’Arsenal est Thierry Henry. Tellement aimé et adulé, ce dernier est donc naturellement considéré comme un traitre à la patrie par son pays d’adoption. La vindicte est proportionnelle au statut qu’il a contribué à se construire outre-manche.
Henry bouc-émissaire improvisé et salutaire
Ce « faux débat » autour d’Henry est en fait le meilleur ami des imposteurs et des incompétents. Car si ce « fait de jeu » fait autant débat, aurait-il été si médiatiquement repris si l’Equipe de France (ou bien l’Irlande) avait su faire la différence plus tôt, que ce soit au cours du match, à l’aller ou pendant la campagne de qualification. La véritable question se pose ici. La différence aurait dû se faire avant, avant cette main qu’on a comparé à tort et à travers « à la main de Dieu » de Maradona. Cela aurait dû être un non-événement. Henry raffute les soucis de l’EdF et laisse l’imposture se prolonger encore un peu plus. Le coup de « pouce » du capitaine des Bleus les amène en Afrique du Sud et cloue le sélectionneur à son banc de touche. La main d’Henry un mal pour un mal ?
Leader, malgré lui
Dans une interview du 23 novembre accordée à L’Equipe, Thierry Henry explique qu’il a songé à prendre sa retraite internationale. On le sent très touché par cette campagne médiatique qui l’érige en démon d’une élimination imméritée pour les floués d’un soir. Un peu tard, peut-être, maladroit dans sa manifestation, certainement, le capitaine d’une équipe dont le brassard ne le rend pas fier, a commis une erreur dans sa communication immédiate. Lui que l’on critique souvent pour son côté bougon, qui donne l’impression ne pas être heureux sur un terrain, a cette fois basculé dans l’excès et dans la joie, non pas au mauvais moment, mais de la plus mauvaise des façons. Paradoxalement, sa volte-face que l’on attendait l’a desservie. Sa côte, si haute en Grande-Bretagne, et justifiée, a suscité autant de vagues qu’en France sa popularité est si incroyablement faible. Car rappelons juste au passage, qu’il demeure le meilleur buteur de l’histoire des Bleus, qu’il va entamer en juin sa quatrième Coupe du Monde, un record pour un joueur français, qu’il est entré dans le clan très fermé des « centenaires », qu’il a été de nombreuses fois décisif, et bien sur a fait parties des campagnes plus ou moins glorieuses de l’Equipe de France depuis 1998. Parfois le foot est aussi une histoire de chiffres. On serait alors tenté de se demander pourquoi une si faible popularité comparée à sa carrière exceptionnelle ? Thierry Henry n’a jamais désiré être un leader, dans chaque équipe dans laquelle il a joué, il faisait partie d’un groupe mais n’en constituait pas un cadre dans « la vie du groupe », selon l’expression consacrée. A Arsenal, il était d’abord protégé par son « père spirituel », Arsène Wenger, et par les grandes figures du club (Vieira, Bergkamp, Adams, Seaman, etc.). A Barcelone, il arrive comme un autre grand joueur de talent mais en aucun cas comme une figure emblématique, il est « juste » une valeur ajoutée. Enfin, sous le maillot tricolore, il a toujours été sous le joug d’une « direction technique » à laquelle il apportait une véritable plus-value (Deschamps, Blanc, Zidane). Ces « dirigeants » partis, Henry s’est trouvé malgré lui avec des responsabilités qu’il n’avait jamais demandées. Si bien qu’il a songé à tirer sa révérence à son tour. Il le dit lui-même dans la même entrevue, « en 2006, c’était trop tôt […], après l’Euro 2008, ce n’était pas le moment. »Exilé trop tôt, depuis trop longtemps, et toujours dans l’ombre d’autres en EdF, son record personne ne l’a pas vu arriver, de même que son capitanat qui découle plus d’une logique mathématique que d’une véritable envie de mener. Par défaut, il tient ce rôle de composition. Le guide technique doit être trouvé par un homme dont je tairais le nom et qui nous manque cruellement.
Henri Thierry.
Sur Mémé…
Quand un entraineur parle d’un autre entraineur que se passe-t-il la plupart du temps ? Rien. Un néant total, un vide informatif, une logorrhée communicative. Un peu comme une conf’ avec Domenech.
Que se passe-t-il quand un sélectionneur champion du monde parle de l’actuel sélectionneur de l’Equipe de France ? « Quatre ans, ca suffit ! » Voilà ce qu’on obtient une fois que l’on mélange cinq ans de mutisme d’un homme qui doit se sentir quelque part coupable de ce qui arrive aux Bleus. Explications. Aimé Jacquet explique en 2004, au moment de la nomination du nouveau sélectionneur national après l’échec cuisant de l’Euro, que Raymond Domenech est « le meilleur et le plus doué d’entre [eux] ». Les autres candidats étant Jean Tigana, et un certain Laurent Blanc. Nous voyons bien ici que Jacquet a eu le nez fin et ne s’est pas trompé d’un sourcil quant à l’appui qu’il a donné. Mais pardonnons-lui comme nous pardonnons à Zinédine son horrible geste de 2006. Parfois le crédit glané dans une carrière rend les hommes stupides et capables de toute absolution.
Ce coup de maître réussi, Aimé prépare tout de même sa sortie en ajoutant qu’un sélectionneur n’a pas une durée de vie « supérieure à quatre ans, soit une Coupe du monde et un championnat d’Europe ». C’est donc en toute légitimité qu’il crée l’événement vendredi matin à la Une de France Foot avec son « Haro sur Domenech » pour citer l’excellent Quotidien du Foot de jeudi. « Je pense que lorsqu’on occupe un poste comme le sien, qui fut aussi le mien, quatre ans, ça suffit ! Car après […] il y a trop de paramètres qui vous empêchent de bien travailler. […] Donc, vous saisissez, après l’Euro 2008… » Merci Aimé, on a bien compris, nous ne savons que trop bien compter. Le message est envoyé. Sera-t-il reçu par le plébiscité Raymond ? On serait tenté de dire oui si l’on écoute ce que nous dit notre excellent (encore une fois de l’excellence !) maitre des Bleus : « Quand d’anciens sélectionneurs me parlent, alors là, oui, j’écoute, j’enregistre, mêmes les reproches » relaie L’Express. On a envie de dire surtout les reproches.
De grâce, si vous ne voulez pas écoutez les autres, du moins écoutez-vous ! Que vous soyez dans une croisade seul contre tous, peut se comprendre, ce côté héros épique a même un peu de consistance, mais quand on vous met face à vos dires, essayez de ne pas faire l’autruche. CQFD
Enfin, un dernier mot de l’excellent édito du non moins excellent Denis Chaumier (et cette fois je le pense, l’ironie est passée). Il a tout résumé dans sa formule introductrice du même FF : « Ce qui est réconfortant dans l’existence, c’est que l’insuffisance finit toujours par être démasquée. Et que la communication, moteur de ce monde ne réussit pas à dissimuler les réalités ». Ai-je besoin de développer ?!
Yannick M.