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La Dhjïade… Le noyau dur à l’origine de l’Analternance, mais qui s’en était détaché lorsqu’il jugea l’action de celle-ci trop douce. Il n’était formé que de guerriers entraînés à tuer. Le sabotage, les blocus, les rapines, tout cela n’était pas assez radical pour les membres de la Dhjïade. Ce qu’ils voulaient, c’était la mort. La semer, la porter en étendard, l’instiller dans les pensées de chaque fonctionnaire à la solde de la Fédérafion.

Ils avaient multiplié les assassinats. Un préfet de la Baie Phocéenne, un général de milice en Area Garona, un percepteur central, les cibles tombèrent une à une. Les forces miliciennes ne purent jamais identifier un seul des auteurs, encore moins les leaders de la Djhïade.

Taffarelle n’avait aucune idée des raisons qui avaient poussé Yannig à confier Louis à de tels fanatiques. Les légendes à leur sujet étaient toutes plus terribles les unes que les autres. C’était, pour la plupart de ses camarades haut placés dans l’Analternance, un ramassis de fous furieux en qui personne, à aucun moment, ne devait placer sa confiance.

— Pourquoi as-tu envoyé mon frère dans les griffes de ces malades ?

— Parce que ces malades, comme tu dis, sont les seules personnes capable de le protéger contre la Fédérafion.

— Tout ça parce que mon père lui aurait confié des secrets sur le Fifaraon… Les milices n’iraient pas jusqu’à tuer pour le récupérer quand même ?

— Si. Ton frère est beaucoup plus qu’un simple contenant.

— Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu m’as toujours dit qu’il avait des choses enfouies dans son esprit qui pourraient mettre en péril le pouvoir du Fifaraon. Il y a quelque chose d’autre que j’ignore ?

Yannig se leva d’un bond. Lui qui était d’ordinaire un homme dont la tranquilité était à toute épreuve semblait soudain en proie à une fébrilité que jamais Taffarelle n’avait vue chez lui. Il sortit précipitamment de la maison.

Elle le rejoint quelques instants plus tard. Il contemplait le paysage, des champs qui avaient été verts à une époque. En silence. Elle se posta à son côté gauche et se mit elle aussi à regarder l’horizon.

Il restèrent de longues minutes ainsi. Taffarelle sentait que dans l’esprit du vieil ami de son père se jouait une bataille féroce. Il hésitait à lui révéler quelque chose, quelque chose qu’il avait jugé bon, par le passé, de ne pas lui dire, de masquer derrière d’autres informations certes vraies, mais secondaires.

— Tu as déjà entendu parler de la légende du grantatakan ?

— Non. Qu’est-ce que c’est ?

— Quelque temps avant le Terrible Novembre, une prophétie a été écrite d’après un rêve de Thérèse Des Jeux, la fille de François. C’est la première à avoir la capacité à lire dans la cote, on ne l’a su que plus tard. Toujours est-il qu’elle a vu la prophétie zéro, que l’ordre de Pronos a par la suite mis sous cape.

— Il n’y a pas onze prophéties ?

— Non, Taffarelle, il y en a douze.

— Et que dit cette prophétie zéro ?

— Que l’équilibre sera à nouveau rétabli par un envoyé de la cote. Un qui possède le pouvoir de détruire l’ordre imposteur et par conséquent le monde d’illusions qui a été créé. Un qui ramènera le football à sa juste place, celle du plaisir. Et cet envoyé, c’est le grantatakan.

Taffarelle regarda celui qu’elle appelait affectueusement « Yaya ». Il paraissait être habité, ses yeux étaient grands ouverts, vissés sur le sol. Elle ne l’avait jamais vu ainsi.

— Yaya, qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

— C’est ton frère, mon petit soleil. C’est lui le grantatakan. C’est pour cela que la Djhïade doit le protéger. La Fédérafion ne peut pas le laisser vivre. Elle a déjà essayé de le supprimer quand vous étiez petits, c’est pour ça que ton père l’a caché. Et toi aussi, par la même occasion.

— Je me souviens d’un grand type à qui papa nous avait confiés avant de partir pour toujours.

— Ludovicus, oui. C’est un des membres actifs de la Djhïade. C’est à lui que les croisés de Serge ont dû confier ton frère.

— Comment ? Tu connais les membres de la Djhïade ?

— Les historiques, oui. Ce sont tous des amis de ton père.

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