Manuel de savoir-parler foot: Le Ballon d’Or 2012

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Barnabé est de retour. Merci Dieu d’amour. Merry CrisMessi.

Manuel de savoir-parler foot

Une initiation au footballistiquement correct

                                                                           de Barnabé la Plume

 EDITION SPECIALE 2012

« Le Ballon d’Or »

 

Et donc ? Aujourd’hui, on va au bal ? On dort ? Et bien, « ni l’un ni l’autre », comme me le disait récemment un encarté UMP. Aujourd’hui, cette superbe récompense décortiquer allons-nous. Et oui, nous pouvons le faire sans crainte car le Ballon d’Or mais contrairement à l’eau, il n’y a aucune raison de s’en méfier.

Origine : Le Ballon d’Or fut inventé en 1956 – soit seulement trois ans avant la naissance de Luis Fernandez, ce qui est sidérant. Il s’agit d’une invention éminemment française, comme tant d’autres géniales découvertes qui ont permis l’amélioration de la vie de millions d’êtres humains, comme par exemple la guillotine.

Histoire : La récompense ultime connut longtemps de nombreuses difficultés à cause d’une croyance religieuse et populaire tenace selon laquelle le Ballon d’Or serait plat et non pas rond. Il aura fallu une somme colossale de recherches scientifiques pour démontrer qu’il s’agissait effectivement d’un objet que plus rond tu meurs, à moins d’être polonais. C’est d’ailleurs le scientifique en chef Pierre Ménès qui, dans un hôtel à New York, annonça officiellement la nouvelle à Dominique Strauss-Khan au cours d’un entretien secret dont nous avons pu nous procurer la retranscription :

–       C’est typiquement français, ça, les bras m’en tombent. Je l’avais pourtant dit. Maintenant ben on est sûr : le Ballon d’Or est rond. Donc j’avais raison. Moi après, j’dis ça, j’dis rien.

–       Non mais moi, je reconnais votre talent M. Ménès. Bravo à vous, votre contribution à la marche du monde moderne est égale à celle des plus grands !

–       Genre euh…comment qu’il s’appelle…Galilée ?

–       Comme Galilée.

–       Et comme Einstein ?

–       Et Einstein !

–       Et Copernic ?

–       Lui il arrête pas, il est pire que moi.

Et c’est ainsi que la contribution de Pierre Ménès au progrès de l’humanité se grava à jamais dans les parties annales de l’Histoire et qu’il fut scientifiquement déterminé une bonne fois pour toutes que le Ballon d’Or était sensiblement plus rond qu’un triangle équilatéral.

 

Ballon d’Or, modernité et progrès : Sachant s’adapter aux grand principes humanistes de son époque avec une fulgurance inouïe, le Ballon d’Or fut ouvert aux joueurs non européens dès 1994, soit à peine 30 ans après la fin de la décolonisation et seulement un petit siècle et demi après l’abolition de l’esclavage. Avec pour résultat immédiat, dès 1995, la consécration de Georges Weah (Libéria) comme premier et dernier lauréat africain. Après quoi, en effet, plus aucun joueur africain ne sera récompensé. Ni ne montera sur le podium. Parce que faut pas déconner non plus, on leur envoie déjà du riz.

Critère éliminatoire quant au fond :Il est important de savoir quels gestes peuvent constituer ou non un handicap rédhibitoiredans l’obtention de la récompense ultime. Ainsi est-il fortement déconseillé d’asséner un coup de tête en plein thorax à un adversaire lors d’un événement assez largement médiatisé, même discrètement. Et même si l’adversaire en question est italien, ce qui pourrait, à première vue, constituer une excuse parfaitement valable en soi. A contrario, piétiner un adversaire arabe dans un match de poule est parfaitement toléré, surtout si l’auteur du piétinement parvient sans peine à démontrer qu’il avait vraiment besoin de s’essuyer les crampons à ce moment-là de la partie.

Critère éliminatoire quant à la forme :article 12b paragraphe 4 des statuts du Ballon d’Or: « Si il est admis qu’ils peuvent être nominés, on ne pourra élire des joueurs gominés. »

Le Ballon d’Or en politique française :Il a l’avantage d’être nettement plus drôle que la récompense footballistique mais l’inconvénient d’être légèrement moins bien organisé. En politique, cela  s’appelle « élection du secrétaire général de l’UMP », starring :

Jean-François Copé dans le rôle de Lionel Messi, le talent en moins ;

– François Fillon dans le rôle de Cristiano Ronaldo, le talent et la gomina en moins ;

– Alain Juppé dans le rôle du Grand Schtroumpf arbitre, le casier judiciaire en plus.

Il est évident que, contrairement au football, le ballon d’or politique permet par définition aux deux candidats d’avancer des arguments nettement plus élaborés et substantiels comme l’illustrent les exemples ci-dessous déclinés en plusieurs temps politiques.

 

Exemple politique temps 1 :

« Nananèèèèreeeuuh » (Jean-François Copé, Le Figaro, 03/12/2012)

« ‘te façon, c’est cui qui dit qui est » (François Fillon, Le Figaro, 04/12/2012)

Intermède arbitrage : « Vous commencez à me les briser menu… » (Alain Juppé, Le Schtroumpf is Back, disponible tous les jours. Exemplaire en couleur disponible sur demande.)

Exemple politique temps 2 :

« Tout d’abord, je tiens à dire que j’ai le plus grand respect pour Jean-François Copé. Ensuite, ma seule préoccupation c’est l’unité de ma famille politique (rapport quand même que c’est un mafieux qui la dirige) » (François Fillon, Le Figaro, 05/12/2012)

« Tout d’abord, je tiens à dire que j’ai le plus grand respect pour François Fillon. Ensuite,  la seule ambition qui m’anime est le rassemblement de ma famille politique (dont c’est moi que je suis le chef)» (Jean-François Copé, Le Figaro, 06/12/2012)

A la lecture de ces exemples purement fictifs – vous pouvez constater que le nom des protagonistes a ici été volontairement flouté afin de préserver leur anonymat -, on voit bien la similitude des discours politiques et footballistiques entre les principaux candidats. Pour illustrer davantage cette similitude, écoutons cette conversation entre Messi et Ronaldo enregistrée à leur insu consentante :

CrisMess

–       Tu sais ce que j’ai fait à ta maman cette nuit mon petit Leo ?

–       Je sais pas, j’étais occupé avec ta sœur.

–       Mais petit con, je vais te…ah merde, tu crois qu’on nous entend là ?

–       Je sais pas… continue à sourire comme si de rien n’était.

–       Ok. Bon au cas où, je tiens à dire que je te respecte en tant que joueur.

–       Moi pareil, je te respecte en tant que grand professionnel et je suis pour la paix dans le monde et au-delà.

–       Moi pareil. En plus je suis vraiment plus grand que toi.

–       Arrête avec ça.

–       Oui pardon, on continue à sourire.

–       Et on regarde tout droit d’un air intéressé.

Conclusion : Pour bien apprécier l’apport immense du Ballon d’Or au génie occidental, il faut bien comprendre cette sentence fondamentale d’un des analystes les plus profonds de la condition humaine qu’est Jean-Claude Van Damme : « Les cacahuètes, c’est le mouvement perpétuel à la portée de l’homme. »

 

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4 thoughts on “Manuel de savoir-parler foot: Le Ballon d’Or 2012

  1. L’ article 12b paragraphe 4 est une immense connerie.Le gominé a deja gagné.Sinon oui, faut pas déconner non plus, on leur envoie déjà du riz.

    Au fait,un vrai texte en or!

  2. il me tarde le décorticage du fameux « gicler dans le dos de la défense » (non ce n’est pas sale)

  3. Excellent.

    Juste un petit bémol : je comptais sur ce texte pour me rappeler le nom du 3e nominé mais je vois que l’auteur n’est pas plus au courant que moi.

    J’ai aussi cherché sur Internet mais j’ai rien trouvé.

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