OL – Ajaccio (3-1) : La Gones Académie livre ses notes

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Aussi incroyable que ça puisse paraître, c’est une revanche.

Contexte

Au Nord, c’était les corons, qui viennent jouer la Coupe à Lyon, nous poussent en prolongation et nous la mettent dans le fion. Allez Lensois, allez.

La mascarade qui faisait de l’OL l’équipe qui jouait le plus de compétitions de France est terminée. C’est maintenant officiel, les Gones ne réaliseront pas un quadruplé historique cet été. Même si la Coupe de France était potentiellement jouable depuis la sortie de Paris au tour précédent, difficile pourtant de se plaindre de cette élimination. Même si perdre contre une (bonne) équipe de Ligue 2 est toujours un peu rageant, surtout à domicile, la perspective d’un quart de finale à Monaco ne m’enchantait qu’à moitié. Dans un calendrier chargé comme la caravane que traîne Bako Koné, alléger le tableau ne peut être que positif pour un OL qui aime certainement chasser les titres, mais qui préfère par dessus tout gagner le droit de visiter l’Europe la saison d’après. Ce droit de cumuler des Miles pour le boulot, les Lyonnais auraient pu se l’octroyer par la Coupe de France, me direz-vous. Certes. Mais maintenant que cette perspective est passée, concentrons-nous sur cette compétition qui a fait notre bonheur pendant quelques années : le Championnat.

Grâce à un mois de janvier productif, l’OL s’est permis de rêver à nouveau. Avant de parler objectifs, podium, Ligue Europa, le supporter lyonnais a surtout le privilège de voir son équipe à la lutte. Les mêmes qui ne connaissaient pas le classement de leur équipe en octobre sont aujourd’hui des grands spécialistes du tableau, en tout cas entre la 3e et la 8e place. Peut-être passerons nous pour des cons en fin de saison, à force d’avoir trop cru, trop rêvé, de s’être trop enthousiasmé sur une équipe dont on sait pourtant qu’elle peut être si fragile parfois. Mais au moins, à chaque journée, le lyonnais vibre, se sent concerné, se passionne pour une épopée qui, même si elle finissait dans la tristesse, aura au moins le mérite d’être spectaculaire. C’est dans cet esprit que se déroulent tous les matches : la reconquête, la remontée fantastique, celle qu’on pensait avoir tuée il y a quelques mois et que l’on savoure d’autant plus maintenant qu’elle est devant nos yeux.

En ce dimanche après-midi, c’est donc Ajaccio qu’il faudra défier pour continuer à rêver un peu. Ajaccio, dernier du championnat, certes. Mais surtout, Ajaccio qui compte deux victoires cette saison : contre Rennes le week-end dernier, et contre… Lyon. Je vous épargne le chapitre du match piège, mais la fameuse fragilité sous-jacente que je mentionnais dans l’acad précédente peut se révéler dans ce genre de matches que l’on « doit » gagner, mais sans pour autant allumer le streaming totalement serein. Même si l’on ne veut pas l’admettre, en ce dimanche après-midi, seul devant son ordi et sa pizza, on a les fesses qui font bravo. Pas que l’on voie dans l’équipe adverse des dangers en particulier (même si Dennis Oliech a le profil type pour marquer contre l’OL cette saison), non… Mais on a toujours peur de la capacité de l’OL à jouer à son niveau. En attendant les matches du LOSC, de Sainté et de Marseille, c’est donc face à son plus sérieux concurrent que l’OL a rendez-vous ce dimanche : lui-même.

Formation
Dans les buts et en défense, aucune surprise. Les deux Lopes sont là, ainsi que la charnière Bisevac-Umtiti et l’ami Henri, qui se retrouve donc face à Mostefa pour un duel qui sent bon les débordements et autres boulevards. Au milieu, toujours privé de Gourcuff et après un match de Malbranque jeudi qui l’a laissé dans un état proche du coma, c’est une compo qui sent le neuf, avec Fofana et Ferri alignés devant Gonalons, et Grenier en numéro 10. Devant, Rik et Rok, Rox et Rouky, Bernard et Bianca, Alex et Bafé.

OL ACA
Le Match
Devant environ 35.000 Lyonnais et 5 Ajacciens (dont notre cher Perfettu), le match commence plutôt timidement. Aucune des deux équipes ne peut revendiquer la maîtrise du jeu, ce qui est évidemment très anxiogène pour nous, Lyonnais, qui préférerions installer notre jeu pour limiter les risques. Chaude alerte à noter dans les 10 premières minutes, puisqu’un ajaccien dévie un centre sur le poteau de Lopes (du bras, mais non signalé par l’arbitre). Au fil du match, les premières tendances commencent à se dessiner, l’une d’entre elles étant à la fois très clair et plutôt attendue : face à un Bedimo en jambes, Mostefa semble aussi hermétique qu’une porte de saloon. Incapable d’arrêter le Camerounais, il s’apprête à passer une mauvaise après-midi.

mostefaL’après-midi de Mostefa, allégorie.

Perozo, lui, prend un jaune pour un coup de pied sur Lacazette, mais dans l’ensemble, la défense ajacienne fait le travail. Même si on les sent modérément sereins, Lacazette et Gomis n’arrivent à pas grand chose, en tout cas à l’approche de la surface adverse. Alex arrive néanmoins à faire un joli une-deux avec Fofana qui rentre dans la surface, foire complètement son intérieur du pied, mais réussit parfaitement le geste technique de demander le corner pour faire genre que ce n’est pas de sa faute. Galvanisé, Gomis commence à tenter 2-3 trucs, mais sa finition est à peu près celle d’un joueur de cécifoot avec les lacets attachés ensemble. De l’autre côté du terrain, Bisevac se fait déboîter sur un 1 contre 1, et comme nous le dimanche matin quand on réalise un geste honteux, fait semblant d’être blessé. La confiance règne. Heureusement, à force de défendre dans leur surface, les ajacciens laissent Fofana seul à 23m, qui a le temps de voir Ochoa un peu avancé, de profiter de l’appel de Lacazette qui occupe les défenseurs, et de déposer un amour de frappe un peu lobée dans les filets. Sans avoir tout cassé, sans avoir été flamboyant, l’OL mène 1-0 à la mi-temps.

En début de 2e période, l’objectif est relativement simple : vite marquer le deuxième but pour se mettre à l’abri. Mais 5 minutes après, Cavalli profite d’un placement approximatif de la doublette lyonnaise pour lancer Tallo tout seul. Heureusement, ce dernier réalise un contrôle de Junior, et permet à Umtiti de revenir.

talloEncore une allégorie : Tallo contre la défense de l’OL.

5 minutes plus tard, encore un grand geste de défenseur : Bisevac et Perozo, qui se sont taquinés tout le match, sont au duel sur un corner lyonnais. L’ajaccien décide de se simplifier la tâche et fait goûter l’herbe au serbe. Bien évidemment, l’arbitre ne se prive pas de siffler… contre Bisevac. En Ligue 1, sans prétention, il a mauvaise réputation, et celle-ci semble le précéder un peu.

arbitreL’arbitre, au moment de donner un péno à Bisevac.

Heureusement, ce petit fait de jeu ne sera pas regretté longtemps, puisque quelques minutes après avoir donné une offrande à Briand qui tire en plein sur un Ochoa chaud, Henri récidive. Cette fois, ayant pris le soin d’embarquer le portier dans son envolée, il sert Briand qui n’est ici qu’un simple conflice du méfait. 2-0, on respire, mais pas pour longtemps. Le pire arrive : Dennis Oliech rentre, et s’affirme comme un sérieux candidat pour la longue liste des buteurs improbables qui ont puni l’OL cette saison. Quelques minutes plus tard, juste le temps pour Gomis de presque marquer un très beau but, ça ne rate pas : bien servi par un Cavalli décidément électrique aujourd’hui (électrique, Thomas Edison, Edinson Cavani, Cavalli, ndlr), Oliech élimine Bisevac puis envoie une belle frappe en extension. Non seulement il vient nous pourrir la fin de match, mais en plus il le fait avec style. Heureusement, les visiteurs ne parviendront pas à corser l’addition (notamment grâce à une poussette litigieuse d’Umtiti en pleine surface) et Bafé Gomis mettra un point final à l’après-midi au terme d’un 2 contre 2 bien négocié, même si ce n’est pas l’altruisme qui l’étouffe sur le coup. 3-1 score final, et on ne retiendra pas tant la manière que l’efficacité.

Notes

Lopes (3/5) : Faire le strict minimum, et bien le faire. Personne ne lui reprochera de ne pas avoir sorti la frappe d’Oliech, il n’aurait fait que dégrader le cours de l’histoire. Pas assez flamboyant néanmoins pour que le reste de la France arrête de le penser nul.

M.Lopes (3/5) : Oui, on s’est moqués de lui. Oui, Miguel est bougon, et il est fort probable qu’il Skype ses parents restés au pays tous les soirs. Mais en cherchant bien, derrière les imprécisions techniques, se cache un latéral volontaire, souvent bien placé. Et je Lopèse mes mots. Remplacé par Tolisso, qui n’a peut-être pas touché de ballon.

Umtiti (3/5) : Toujours quelques erreurs, quelques mauvais placements, ce mauvais côté qu’il nous a laissé entrevoir ces derniers temps. Mais quand sur un long ballon, il attend que l’attaquant adverse vienne à lui pour pouvoir l’éliminer en une touche, on savoure, tout simplement.

Bisevac (3/5) : J’en ai un peu marre de mettre des 3/5, mais c’est adapté. Il n’a pas été aussi bien qu’Umtiti, mais j’ai bien aimé son comportement, notamment le pugilat permanent avec Perozo et son astuce de fdp de se tenir la cuisse quand on rate complètement son tacle. Bisevac Style.

Bedimo (5/5) : Lui, pour le coup, c’est sûr qu’il aura pas 3. Dans le débat qui agite la France pour savoir s’il est le meilleur latéral gauche du pays, d’aucuns affirment qu’il n’a pas la pléïade de stars autour de lui qui empêche par exemple Maxwell de briller. C’est vrai, tout comme il est vrai qu’on attend qu’Henri se frotte à des adversaires dignes de ce nom. Mais en attendant, les arrières droit de Ligue 1 se liquéfient quand vient leur tour, et ils ont raison. Ils se rêvent en Ravaillac jusqu’à ce qu’Henri les réveille.

Gonalons (4/5) : Et si le retour d’un peu de sérénité défensive, c’était lui ? Avec 3 milieux devant lui, il laisse les potes avancer sans sourciller. Les basses besognes, la saleté, c’est pour lui, et avec le sourire, ce qui permet à ses acolytes de mieux se projeter vers l’avant. Grâce à lui, les Gones allongent.

Ferri (2/5) : Petite déception, moi qui me réjouissait de le voir aligné. Pas de grossière erreur, mais pas de grande influence non plus, face à une équipe qui désertait pourtant souvent le milieu. Dommage. Remplacé par Koné, ô surprise, plutôt mauvais.

Fofana (4/5) : Pendant le match, un cher ami Marseillais me demandait « Mais il est pas nul, Fofana ? ». Après son but, comme @Prugneau le faisait remarquer, il a eu droit à sa gloire éphémère au CFC. On s’en serait bien passés. Tout ce qu’on demande, nous, c’est de pouvoir le cacher jusqu’à maturation. Leave Fofana alone.

Grenier (4/5) : Alors certes, il n’a pas été directement impliqué sur les buts. A trop vouloir qu’il soit décisif pour masquer ses limites, on en oublie qu’il peut faire tout l’inverse : être bon sans inscrire son nom dans les feuilles de statistiques. A choisir, je le préfère comme ça.

Lacazette (2.5/5) : C’est de ta faute, Alex, il fallait pas enquiller les buts si tu voulais continuer à avoir des bonnes notes. Maintenant, dès qu’il ne marche pas sur les adversaires, on est déçu. Deux bonnes passes décisives pour Fofana cependant, même si une seule le sera vraiment. Sorti sur (une) béquille. Remplacé par Briand, plutôt pas bon mais qui finit avec 1 but et 1 passe décisive. Jimmytigé.

Gomis (non noté) : Aujourd’hui, Bafé a fait du Bafé. Des bons gestes techniques suivis d’autres beaucoup moins bons. Une propension fabuleuse à tout croquer, puis le but réglementaire en fin de match, qui alimente encore une année de plus ses fameux 10 buts/saison. Entre Rhône et Saône, la guerre fait rage. Au plus fort de la bataille, je décide de ne pas prendre parti. C’est à la fin du bal que l’on paie les musiciens, et c’est quand celui-ci aura quitté l’OLchestre que l’on verra si, tels Blink 182, on chantera « I Gomiss you ».

 Gérard Côlon, à 3h du matin. Être académicien, c’est un métier.

5 thoughts on “OL – Ajaccio (3-1) : La Gones Académie livre ses notes

  1. « A choisir, je le préfère comme ça. »

    Putain moi aussi.

    Bravo pour le passage sur Gomis c’est tout à fait ca. Et on t’en voudra pas de faire le suisse sur le coup.

  2. N’empêche que Bafé croque vraiment beaucoup, et se qualifier pour l’Europe, pour ensuite mettre la CFA en match aller d’une phase éliminatoire, c’est complètement con. Tout ça suivi d’une branlée à Lille, encore que, avec Girard en face on devrait pas en prendre beaucoup…
    A moins qu’ils ne misent tout sur la finale de la glorieuse CdL.

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