L’académie du soleil levant : final
Hitoshi a fini par échapper à l’homme à la casquette rouge
Chers lecteurs, amis ou ennemis,
Je me trouve actuellement près de Manaus, à Rio Preto da Eva plus exactement, dans un cybercafé qui donne sur la place centrale. Quelques jeunes passent l’après midi à jouer à Call of Duty en écoutant l’album White Pony des Deftones. Je suppose qu’ils iront dans le bar-disco qui se trouve en face (en réalité une simple maison avec cour intérieure dotée d’un coffre réfrigérant) malgré la nouvelle défaite du Brésil lors du la petite finale.
Au début, les habitants me regardaient d’un air bizarre mais après quelques jours on ne fait plus trop attention à moi ni à mon costume que je garde aussi propre que possible.
En fuyant le petit morveux à la casquette rouge je me suis enfoncé dans la jungle amazonienne au péril de ma vie. J’ai été recueilli par des gens assez frustes mais sympathiques qui ont été très intrigués par mon pelage jaune. Après quelques jours avec eux ils m’ont initié au rite de l’Ayahuasca, un liquide hallucinogène noirâtre et amer tiré d’une liane censée vous mettre en contact direct avec votre totem. Au cours d’une nuit enfiévrée j’ai enfin eu les visions tant escomptées : je vis un paresseux, suspendu à sa branche, plongé dans un profond sommeil. Ma vision me parut extrêmement longue, à la limite du supportable. Lorsque je m’éveillai je me mis à raconter ce que j’avais vu (en réalité le Shaman m’avait déjà soutiré ces informations durant mon sommeil) tout le monde riait autour de moi en dansant et les petits garçons me jetaient des cailloux (une coutume locale) en me criant que j’étais l’incarnation de la forêt puisque le paresseux est l’animal qui se rapproche le plus de la plante. Autant vous dire que je n’étais pas peu fier. En deux jours à peine me voilà en complète symbiose avec mon nouveau biotope !
Je pense à tout cela devant mon écran, à ces enfants joyeux et le terrible drame que vivent les supporters brésiliens aujourd’hui.
En réalité ce ne sont pas des supporters. Ce sont des patriotes peut être, des amateurs de football sans doute mais ils ne peuvent pas être de vrais supporters.
JE suis un vrai supporter. Qu’est ce qui distingue le supporter de l’humain lambda ? Le supporter soutient toujours son équipe, dans la victoire comme dans la défaite, jusqu’au bout. Et comment peut-il tenir cette position sans se mettre en danger mentalement ? La réponse m’est apparue clairement cette semaine, au milieu de la jungle. Le supporter a la FOI. C’est ce qui le distingue du commun de l’humanité : il sait qu’un miracle est toujours possible.
Depuis ce match contre la Colombie je sais que le Japon est toujours en course. Il s’est qualifié in extremis aux dépens de la Grèce, a battu le Costa Rica, puis la Hollande et l’Argentine. Aujourd’hui nous nous battons contre l’Allemagne pour écrire l’histoire. Voilà ce que je sais. Voilà ce que la réalité ne sait pas.
Ganbate Japan
Hitoshi
Je… Euh…
Service assistance d’Hors-Jeu.net, je crois qu’il va falloir intervenir au Brésil, là. Ou préparer l’indemnité d’assurance compensatoire pour la famille de ce futur-ex-académicien.
Il faut peut être attendre que la drogue redescende.
Adieu !!
Leur cupuaéu attaque bien la tête : mon âme s’est désolidarisée de mon corps je crois.
Champions du monde ! ça valait le coup de rêver sa vie…
C’était beau, comme un Pays-Bas vs Argentine vers 5h du matin avec commentaires en japonais lorsque l’on souffre de migraines dues à une dent de sagesse qui pousse.
L’extase.
Tu vas nous manquer, Pikatchu.