Au courrier des lecteurs, le Livre Blanc de L’Equipe page 4

Nous ne nous sommes pas attachés ici à la prose des politiques. S’ils ont des choses à dire, ils n’ont jamais su, ou pu faire, laissons les de côté surtout dans le climat actuel. Enfin, allez, pour rire Renaud Muselier qui a le toupet de demander aux joueurs d’aller « passer deux heures pour des actions caritatives, humanitaires, associatives ». Il a déjà oublié la visite du township et bien d’autres sujets personnels qui ne nous intéressent pas ici…

Le monde des médias pourrait nous faire sourire, cependant, le cas est plus grave qu’il n’y parait. Interroger Jacques Vendroux… Depuis la gourde de Sainté, impossible de le comprendre dans le Foot Hebdo, là, nous n’avons même pas tenté.

Daniel Bilalian, patron des sports de France Televisions dans un délire narcissique nous dit qu' »il faut un patron incontesté ». C’est bien beau.

Jacques Ferran, ancien rédacteur en chef de L’Equipe et de France Football suit à peu près la politique et demande un « grenelle du sport ». Au moins il ne parle pas que de foot…

Christian Jeanpierre, la voix la plus insupportable du football a une lubie allemande que nous devrions tous copier… Il faudrait collaborer avec eux et leur demander comment ils ont fait parce que « La grande force du football allemand c’est d’avoir fait de leur presse un allié »
Puis il livre cette superbe… image… « Je ne dénigre pas la presse ou la radio, mais la vérité de ce XXI ème siècle, c’est qu’il n’y a rien de plus fort qu’une image. »
Christian, demandez à Aulas quelle image L’Equipe a de son club….

Francis Brochet du Progrès, décrypteur en chef du monde politique de ce début de siècle, nous assène des vérités générales avilissantes mais ô combien rafraichissantes quant à l’actuelle mise en perspective du monde du football dans les enjeux économiques en présence. Sa démonstration peut sembler proche de la caricature, elle est pourtant frappante de vérité :

“Le football n’est plus un sport et l’erreur de l’équipe de France est de l’avoir oublié en Afrique du Sud. Le plus grave n’était pas de perdre, mais d’abîmer l’image. Il n’était pas d’écoeurer le supporter mais de repousser le client.”
Le sketch des Inconnus sur “l’hôpital” nous revient en tête.

Et de la représentativité des joueurs et de l’image d’une équipe, avec la mise en application d’un business plan au sujet de l’OL et Gourcuff :
“Il n’est pas né à Lyon, c’est sans importance : il fait Lyonnais, du Lyon bourgeois des soyeux qui ont créé l’OL. Il fait OL tel que le rêvent encore Jérôme Seydoux et Jean-Michel Aulas.”
Benzéma n’aura pas lu le bouquin, mais si on peut transmettre. Brochet a là encore la volonté de souligner le cynisme ambiant dans le monde du football actuel et va plus loin en démontrant mordant le paroxysme de l’affairisme et du marketing dont les joueurs et clubs sont responsables et coupables :

« A la veille du match à Gerland contre Schalke 04, l’OL proposait une offre spéciale : deux places gratuites au stade pour l’achat d’un maillot floqué Gourcuff, pas l’inverse !  »

Sachant que le Breton caracole en tête des ventes de maillot  -et que les clauses merchandising sont légion-  pour un joueur non historique, et comme le souligne si bien l’auteur, afin d’élargir le public susceptible de s’intéresser au club (femme et homosexuel), il en devient écoeurant de remarquer à quel point le monde du football est gangrené par l’affairisme. Le point de non-retour dans notre société semble atteint et dépassé.

Enfin, arrêtons nous bien sûr sur Fabrice Jouhaud, phare du phare de tous les pleins phares sans arrières pensées aucunes.

Jouhaud joue ici la carte du consensus pluriel, tâche ardue : se mettre d’accord avec tout le monde, ou comment se retrouver le cul entre deux chaises.

S’il explique que le “drame national qui s’est joué à Knysna” est le fait d’une erreur de management d’une personne “ce qui peut arriver à tout le monde”, il propose pour solution des postes en plus, reprenant l’exemple de Bierhoff en Allemagne, et de laisser le champ libre aux professionnels dans la FFF pour éviter le copinage (Bierhoff n’est pas du tout pote avec le staff actuel de la sélection et n’avait rien gagné en 96 avec Klinsmann).

L’aspect laissant à désirer également est le statut de la Fédération en association et non en SASP ou SA, vu que ça dégage quand même 200M€ par an, merde. Ensuite on créé des comités avec des élus, bref on efface tout, tout le monde sera là, ça gueulera, mais le monde pro sera majoritaire à un moment donné de par son poids économique, ça ira donc dans le sens voulu, celui de l’argent.

Au passage, Jouhaud n’oublie pas d’écorner les soi-disantes meilleures valeurs véhiculées par le rugby… C’est à peine lisible de mauvaise foi : “le rugby a bâti une grande partie de son image et de sa respectabilité sur des valeurs fantasmées.” Prenez ça dans les dents messieurs Gareth Thomas, Galthié, et autres Umaga, votre sport de viriles c’est de la daube pour tapette en ruth. Au moins c’est réglé.

Pour finir, Monsieur Jouhaud en appelle au fair-play, et à l’acceptation de la défaite. Pourquoi pas, c’est plutôt noble, mais c’est vite oublier les enjeux sus-cités. L’Edf, c’est tout de même un énorme business dont les bons résultats ont un impact sur les ventes de son canard. Il est difficile, Monsieur Jouhaud de concilier intérêts économiques et intégrité morale, mais cela ne vous aura pas échappé au coeur de l’été.

La première bonne nouvelle de cette “contribution” du journal et de ses 83 “contributeurs”, c’est que lorsque l’on tape “livre blanc” dans google, il n’apparaît même pas en première page, et c’est déjà une réussite pour le journal : pas d’écho notable, donc pas besoin de se justifier sous peu. Vous mêmes, en avez vous entendu parler ?

Pour nous lecteurs, ce sont 215 pages de bouillie mal rangée où même Etienne Mougeotte a le droit de s’exprimer, ce qui démange un peu le fondement. Peut-être l’intention était louable, peut-être voyons-nous le mal partout, cependant, l’on ne peut s’empêcher de penser que cet appel général à la réflexion sert d’écran de fumée gracieux à un journal en pente douce en termes de ventes comme de contenu. Aucun axe de réflexion donc, mais ça, on s’y attendait un peu, et aucun résultat intéressant, tout se passera comme à l’accoutumée, dans le secret des chambres de votes et des cabinets, ministériels ou pas.

Tenter un “Livre Blanc” plus pompeux et saugrenu qu’autre chose aura été un vif divertissement. Il y a des jours, messieurs Jouhaud et Morinière où il faut savoir s’arrêter. Si au lieu d’un livre vous nous aviez offert une page de la même couleur, nous vous aurions applaudi.

Marat.

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