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Armagedon, round 7 : FIGHT !!!

Pressing, dribble, tacles, marquage individuel, marquage de zone… Mourinho fabrique un hybride tactique à partir du plus grand club du siècle… dernier. En face : « Mes que un club », un élevage expérimental préfigurant les cultures à venir.

Ouverture de la chasse à Cour…

Afin de redorer les armoiries de la casa du dribbling game, le majordome fusionne plusieurs traditions : la chasse à cour, différents marquages et le dribble. Ainsi, le 4231 débute par un pressing de l’avant-centre dès la balle en jeu (Benzema) destiné à l’enfermer dans des boîtes disposées sur les côtés (mc+2mo+ac.)

Asphyxié, la proie lâche la balle et s’expose au châtiment (1ère, 2ème, 26ème = rocket de CR que les poings de VV dévient sur la transversale, 28ème.) Si d’aventure la bête parvenait à échapper au pressing, le marquage individuel la priverait – théoriquement – de soutien. Inconvénient, il faut restreindre l’animation offensive pour ne pas déstabiliser le dispositif. Pour cela, la maison blanche se limite à de longs ballons vers Cristiano Ronaldo ou, plus rare, utilise Özil et Di Maria à s’accoupler par l’aile droite (19ème, Khedira perd puis récupère le ballon, combinaison Özil-Di Maria, corner, au second poteau Benzema trouve Cristiano Ronaldo à 6 mètres : 1-1.) Au cas – improbable – où l’animal échapperait aux boites et au marquage, l’attendrait un dispositif à double lames – théoriquement – redoutable. En effet, les centraux défendent leur zone en giclant sur le porteur façon push-up tandis que les latéraux compensent en resserrant dans l’axe. Ainsi, échapper à Ricardo Carvalho-Pepe permet d’affronter Sergio Ramos-Fabio Coentro. Et il reste 35 mètres avant de la mettre à Casillas. Le piège est impressionnant, l’équipage n’est qu’en rodage, et tout laisse à penser que peu de gibiers en réchapperont.

 

Cantera…

Multiplication des situations par trois groupes de quatre, en trois couleurs, avec deux ballons, des consignes « spatiales », limites de touches, le tout en verbalisant. Cela s’appelle la « surcompensation cognitive », c’est théorisé par Oriol Isaac Guerrero, et c’est la base de l’entraînement au Barça dès… 6 ans. Aussi, lorsqu’il s’agit de monter sur le grand terrain où il n’y a que deux couleurs et un seul ballon… c’est la récréation. Et comme les latéraux adverses sont collés aux centraux, ça commence par du jeu long côté gauche sur Pedro pour faire reculer les méchants (dès la 5ème.) Après 10 minutes, le Barça a étiré son 433 et Iniesta dans les 30 mètres adverses trouve Pedro dont le centre pour Messi est intercepté in extremis par Casillas (11ème.) A la 12ème, Messi permute avec Iniesta et l’envoie marquer (1-0.) Le Real Madrid presse à deux (Benzema-Özil) et enchaîne les mises en boite mais sa paire de récupérateurs gère trois voire quatre joueurs et le risque oblige à repasser en individuelle. Dans ce système, Cristiano Ronaldo doit faire le reste mais Daniel Alves s’en occupe bien (35ème), très bien (36ème), et vraiment là, c’est vraiment très très bien (40ème.) A la 36ème, Casillas s’interpose face à Messi puis les canteros mettent un petit bouillon dans la surface dont s’occupe… bien…vraiment très bien aussi… Pepe (38ème).

 

Warinho

Pressing sur le gardien, prises à 4, marquage individuel, ciseleuse bi-lame à trois portos et un Ramos… Mourinho revisite l’histoire tactique du XXème siècle et passe désormais à l’intimidation psychologique en sortant Khedira pour Marcelo (45ème.) La stratégie est simple : trois flèches lusophones dont un lutteur de vale tudo à gauche pour un « face à face » devant le banc de touche. Daniel Alves, Xavi sont déjà là, Messi s’approche, essuie les crampons de Marcelo sur un duel aérien (53ème.) Le banc barcelonais jaillit, pugilat, le Real l’emporte deux jaunes à un (Marcelo, CR contre Mascherano.) Tandis que les Madrilènes remettent le ballon sur ce côté, Busquets dégage avec autorité et Messi s’éloigne… en direction de Sergio Ramos qui titille déjà Pedro. Alors Iniesta répond à la violence par l’élégance et ouvre pour Messi qui se heurte à Casillas (65ème.) Sur le corner, Pepe – un coude pour s’imposer, l’autre dans la gueule de Pique- c’est mal… vraiment très mal (déjà averti deux minutes plus tôt pour une faute sur Messi.) A la 63ème, Warinho entre Higuain pour Di Maria et Benzema passe à gauche, poussant Cristiano Ronaldo à rencontrer Abidal. Deux flèches (Coentrao en récupérateur + Marcelo), deux attaquants polyvalents (Benzema-Higuain) et un meneur (Özil) rodent devant le banc de touche mais Guardiola ne mord pas à l’hameçon. Adriano (pour Villa, 72ème) entre s’occuper de Cristiano Ronaldo. Il ne s’agit pas d’empêcher le Real de centrer (Daniel Alves, Xavi, Busquets voire Mascherano le font très bien) mais bien de marquer et le meilleur duelliste se tient désormais à droite. Las ! En tacle synchronisé, Mascherano-Daniel Alves concèdent un corner à « Kaka » (entré pour Özil, 77ème), le ballon rebondit sur Abidal-Xavi-Piqué et récompense Benzema de ses efforts : 2-2, 82ème.

 

Où tu veux… Quand tu veux…

Désireux de placer Mourinho aux premières loges, Guardiola passe Adriano à droite et ajoute Fabregas pour Pedro (82ème.) Deux flèches, un milieu, un attaquant soit le symétrique du dispositif adverse, passing game versus dribbling and tackling game. 83ème, débordement d’Adriano dont le centre rencontre les valseuses de Carvalho. Acte manqué et Adriano doit prendre les choses en main. Fabregas-Messi-Adriano-Messi : 4 joueurs, 4 touches, 3ème but (3-2, 87ème.) 89ème, Marcelo dévisse, second pugilat et nouvelle victoire du Real par deux rouges à un (Marcelo-Özil contre Villa.) Warinho a gagné sa guerre, Guardiola le duel, et Iniesta invite d’une chandelle l’arbitre à siffler la fin de la récré. Maître de l’espace et du temps, le Barça pose avec ses juniors avant le match et soulève le trophée à la fin. Nouvelle étape de son évolution, il a engendré un prédateur.

 

Si par malheur vous aviez raté ce match, le service vidéo vous a préparé le résumé des buts, le résumé des belles fautes, et Hristo Mario a déjà noté les Catalans, mes que un académicien.

12 thoughts on “Notre Footballologue analyse F.C. Barcelone-Real Madrid (3-2)

  1. Bonne analyse,

    Si je peux me permettre sur 3ème but c’est Adriano et non Daniel Alves à la passe.

  2. le réal devrait arrêté le foot et se mettre au catch, il gagnerait peut-être !!!
    le mou devrait être interdit de foot . pérez, mou et zizou ont tué le réal .

  3. Pas vu le match (ni le premier) mais le Footballogue est un être doué pour expliquer le football.

    Merci M’sieur, devant une telle oeuvre pédagogique, je tiens à remercier l’enseignant.

  4. Pérez avait déjà sabordé le réal en 2003 en virant DEL BOSQUE alors que le réal était la meilleur équipe du monde le jeu était super, maintenant il a confié les clés à mou et même au rugby les gestes pratiqués par le réal serait sanctionné .
    HONTE à toi réal .

  5. Quelle belle analyse (mais le Footballologue est paraît-il un bel homme, donc cela va de soit)

    Evidemment, Mourinho a encore du boulot. Avant ce match, j’avais l’impression d’être revenu juste après la finale de la Coupe d’Espagne, avec des Madrilènes plastronnant et certains d’avoir trouvé le clef pour battre l’ennemi honnis, et des Catalans ne variant pas d’un iota leur schéma de jeu malgré la défaite. Certaines leçons ont semble-t-il du mal à rentrer.

    Sinon, petite question : la surcompensation cognitive ne serait-elle pas issue (en partie) des méthodes d’apprentissage nantaises mise en place dans les 70’s ?

  6. @Groover: Mise à part une photo de Henri Laborit en pull marin…rien de plus précis à disposition.

    Une proposition d’histoire du « Football Total » en gestation…lente.

  7. J’ai souvenir d’un (très bon) dossier de France Foot au début des années 2000 sur la formation nantaise. De mémoire, grosse partie sur la notion de jeux avec et sans ballon, les ateliers spécifiques avec les chasubles de différentes couleurs : Les jaunes doivent se passer le ballon à max 1 touche, les bleus doivent le récupérer puis enchaîner à 2 touches. Ensuite on verbalise en obligeant les joueurs à n’échanger qu’entre binôme précis, etc..

  8. @Groover: Cela a pu produire la génération 95. Mais ça semble très loin de ce qu’il se passe à la Masia.

    « Mes que un club », un élevage expérimental préfigurant les cultures à venir.

  9. Le real a était meilleur sur les deux rencontres ! Certes marcelo a pris un rouge qui le meriter largement mais pourquoi le banc du barca se leve ? pourquoi pinto essaye de taper tout le monde ?
    POURQUE ???

  10. nichon: Pourque? T’as inventé un nouveau mot! Felicitation!
    Le Real a etait meilleur ok, mais ils ont pas gagnés. Les madrilenes sont vraiment des pipes bordel, ils arrivent meme pas a battre un Barça amoindrie et pas qu’un peu. Ou est-ce le Barça qu’est trop fort???

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