Jeux vidéo vs Réalité en Coupe du monde – 2006/2010

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Coupe du monde 2006 : sur un coup de tête
La Coupe du monde 2006 est avant tout une grande et belle fête réussie “à l’européenne”. L’Allemagne, organisatrice, a su rendre l’événement grandiose, amenant l’engouement aussi loin, voire plus loin, que la Coupe du monde 1998 en France. La fête était d’ailleurs plus que belle pour nous, les Cocoricos, puisque le parcours de nos Bleus, sans ressembler à celui de 1998, nous emmène une fois de plus en finale. Un parcours qui mêle d’ailleurs le magnifique, comme l’exécrable. Le très médiocre d’abord, avec une phase de poule pour le moins inquiétante. L’équipe est vieillissante et les nouveaux venus, comme Ribery et Malouda, bien qu’enthousiastes, ne sont pas à la hauteur d’un TOP 5 mondial. Le grandiloquent ensuite, avec une phase finale de très haute volée pour les Bleus, probablement à la hauteur de celle de 1982 et de nos Platini, Fernandez, et Giresse. On se souvient notamment de l’élimination du tenant du titre, le Brésil, dont la colonne vertébrale n’a finalement que peu changée. Comme le disait si bien Thierry Gilardi : “Le meilleur Brésilien sur le terrain, c’est Zidane !”. Un récital, une démonstration, un cours magistral. Quant à la finale, deux protagonistes très importants :
- Matterazzi : Il provoque le pénalty offrant l’ouverture du score à la France, égalisant de la tête avant la mi-temps, et l’expulsion de Zidane à force de provocations.
- Zidane : Il marque le penalty provoqué par Matterazzi, et est expulsé durant les prolongations, à la suite d’un coup de tête sur ce même joueur. Il est tout de même, et malgré ce piètre geste, élu meilleur joueur du tournoi.
Au-delà de cette fête quasi-parfaite pour les Français, il est à noter un retour en force des équipes habituées aux phases à élimination directe. Alors que la Coupe du monde 2002 avait laissé passer entre ses filets des équipes atypiques, comme le Sénégal ou la Corée du Sud, l’épreuve de 2006 revient aux fondamentaux : Allemagne, Brésil, France, Italie (entre autres). La domination sud-américaine et européenne est de retour. Nous ne reviendrons pas non plus sur le cap supplémentaire franchi par cette édition sur le plan médiatique puisque à l’instar de l’édition de 1998, l’évènement est réellement perçu comme un équivalent des Jeux Olympiques : suivi à travers le monde, avec une ferveur croissante au fil des matchs.
Mais pour une fois, allons directement à l’essentiel : l’Italie. Groupe E. Première place. Le premier match contre le Ghana, jugé comme encourageant, montre déjà les ambitions d’une équipe qui ira au bout : toutes lignes sont redoutables. Gardien de but à la fois exemplaire et performant, Gigi Buffon est la classe incarnée. Fabio Cannavaro, capitaine de cette équipe et ballon d’or – une rareté pour un défenseur – la même année. Le métronome, véritable artiste de la passe, Andrea Pirlo, qui distille les “assists” comme Platini tirait des coup-francs. Et devant, une copie améliorée de notre Giroud national, avec une efficacité décisive peut-être supérieur : Luca Toni.
Une équipe d’une qualité indéniable, reflet de son pays et de son championnat. Car oui, le milieu des années 2000 est une sorte d’âge d’or, d’apogée du football italien. Et quand on regarde la sélection opérée par Marcello Lippi, une chose nous saute aux yeux : absolument tous les joueurs de la squadra azzura jouent en Serie A. 100%. Et une équipe se distingue parmi tant d’autres : le Milan AC. En 2001, un certain Carlo Ancelotti prend la tête de cette équipe mythique, et la fait remonter sur les toits de l’Europe : finale de Ligue des Champions perdue contre la Juventus en 2001, tout comme en 2005, mais contre Liverpool cette fois ; victoire de cette même compétition en 2003 et 2006. Sans oublier bien sur le titre de champion d’Italie en 2004. Quand on regarde l’effectif de ce grand Milan, on retrouve toute une partie de la colonne vertébrale de cette équipe d’Italie en 2006 : Gennaro Gattuso, Andrea Pirlo, Ambrosini, Pipo Inzaghi. Une grande équipe de club pour une grande sélection.
Ce premier match, suivi d’un match nul contre les Etats-Unis et d’une victoire contre la République Tchèque permettent à la squadra azzura d’arriver, tranquillement, en huitième de finale. Tranquillement, c’est toujours le cas à cette étape de la compétition, puisque la grande Italie rencontre la petite Australie, véritable surprise du tournoi. Remportant un match renversant contre la Japon en phase de poule (3-1) et s’étant dépassée contre la Croatie pour décrocher un match nul et donc accéder aux huitièmes de finale (match tout à fait rocambolesque d’ailleurs, avec trois expulsions et quelques minutes où la Croatie a joué avec un joueur supplémentaire sur le terrain !). C’était la 1ère victoire d’une équipe d’Océanie en Coupe du monde, et donc par la même occasion, la première accession aux phases couperets d’une telle compétition. Bien que le match, sur le papier, était plutôt facile, l’Italie s’est fait peur. Tout commence pourtant très bien, avec une première mi-temps globalement dominée par les Italiens, mais tout bascule à la 50e minute et l’exclusion, probablement injuste, de Materazzi. La physionomie change alors, presque du tout au tout, et l’Australie prend le jeu à son compte. 0-0 à la fin du temps réglementaire, et un penalty plus tard, transformé par Totti, l’Italie file en quart de finale.
Match bizarre s’il en est non ? Eh bien vous n’avez encore rien vu… En lançant l’épisode pour la Coupe du monde 2006 sur la XBox 360, j’étais loin de croire que l’Australie pouvait s’imposer… Mais avant toute chose, un petit tour du propriétaire s’impose car ce millésime 2006 et probablement le point de bascule qu’EA cherchait pendant très longtemps.
En effet, la version 2006 de FIFA est la première à sortir sur les consoles nouvelles générations, “Next-Gen” comme on disait à l’époque. Et c’est à ce moment-là que la peur a changé de camp. En voulant s’orienter plus en avant vers la simulation, FIFA prend le contrepied d’un PES qui cherche à s’ouvrir en accélérant son rythme et en débridant les attaques. L’équilibre de PES6 est donc tout à fait correct, bien qu’assez loin du très bon PES3, mais celui de FIFA commence sérieusement à être intéressant. Et bien entendu, la mouture “Coupe du monde” ne déroge pas à la règle. Au-delà des scénarios pour rejouer des matchs emblématiques de la compétition, on prend finalement beaucoup de plaisir à faire des matchs, seul ou avec des amis. Et ce fameux point de bascule, ce “sommet de pyramide”, va pencher d’un côté deux ans plus tard, avec un FIFA08 finalement objectivement bien plus plaisant qu’un PES2008 qui s’est totalement renié. Mais cela, c’est une autre histoire !
Mais revenons-en à nos moutons, car oui, comme j’ai pu l’énoncer, l’Italie perd contre l’Australie, et pas qu’un peu… 2-0. Et quand on regarde la physionomie du match virtuel, il est finalement assez proche de celui du match réel : domination de L’Italie en première période, puis de l’Australie en seconde, qui prend le jeu à son compte et marque deux buts pas totalement immérités. Et c’est à la fois un vrai résultant envisageable et totalement inenvisageable. Car je vais peut-être enfoncer des portes ouvertes, mais le football est par essence un sport indécis ! Et ce couple virtuel/réel le démontre :
- En 2006, l’Australie fait sensation en gagnant son premier match en Coupe du monde. Et alors que le match est accroché avec l’Italie, surtout grâce/à cause de l’exclusion de Materazzi, l’Australie perd le match.
- Dans Coupe du Monde 2006 sur Xbox360, l’Italie possède des statistiques bien plus efficaces, dans tous les compartiments du jeu. Et pourtant c’est bien l’Australie qui a gagné.
Cela montre d’ailleurs les limites des statistiques dans le football, bien que 9 fois sur 10, l’Italie doit gagner ce match, ce ne fut pas le cas dans la vie virtuelle, contrairement à la vie réelle. Est-ce là une vraie limite de notre exercice que nous déroulons maintenant depuis quelques temps ? Je ne pense pas, pour une seule raison : les statistiques nous donnent toujours un point de vue majoritaire. C’est à dire que l’Italie a bien 90% de chance de gagner contre l’Australie (voire plus) et pourtant, c’est cette fois la plus faible chance qui s’est montrée à nous !
Coupe du monde 2010 : changement de méthode !
La coupe du monde 2010 est probablement une des plus intéressantes jamais jouées, notamment pour toutes les “premières fois” qu’elle incarne :
- Il s’agit de la toute première jouée sur continent africain. Terre de football et véritable antre des nations deux fois tous les deux ans, avec la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), l’Afrique peut enfin écrire son nom dans l’histoire des hôtes.
- Il s’agit de la toute première où les deux derniers finalistes de la compétition n’arrivent pas à sortir des phases de poule : la France et l’Italie, la seconde étant pourtant jugée comme un des favorites.
- Il s’agit de la toute première où le pays organisateur, à savoir l’Afrique du Sud, ne parvient pas à se qualifier pour les phases à élimination directe.
- Il s’agit finalement de la toute première Coupe du monde où un pays européen remporte le trophée en dehors des terres du vieux continent. Attention spoiler : l’Espagne.
- L’Espagne d’Iniesta et de Xavi a aussi ses anecdotes, et au-delà de leur première étoile, puisqu’il s’agit du vainqueur de la compétition ayant marqué le moins de buts, 8 au total, dont 5 pour le buteur David Villa.
Cette courte infographie n’est là que pour servir un propos plus large : c’est la première fois que FIFA, version numérique, est sur le toit du monde. Mais avant d’y revenir, faisons le tour de cette équipe victorieuse qu’est l’Espagne. Tenant du titre de l’Euro 2008, il s’agit là d’un des favoris les plus sérieux, avec un milieu de terrain qui fait des ravages avec le Barça : Xavi et Iniesta. Pour autant, les débuts de l’équipe ne sont pas encourageants puisque les Espagnols sont défaits par la courageuse équipe de Suisse.
Les Helvètes et leur défense d’acier viennent à bout des esthètes ibériques. Véritable surprise, le diesel s’est tout de même mis en route sans jamais atteindre une vitesse de pointe satisfaisante : victoire 2-0 face au Honduras et 2-1 face au Chili, les maux de l’Espagne sont là : beau jeu, beaucoup de passe, mais finition à la peine. Et cet aspect fastidieux poursuit l’équipe jusqu’en finale avec des matchs à la limite du rocambolesque :
- Victoire 1-0 en huitième de finale contre le voisin portugais sur un but de David Villa clairement hors-jeu.
- Victoire 1-0 en quart contre les Paraguayens alors que ces derniers avaient marqué un but refusé pour hors-jeu, puis avaient raté un pénalty. Le but salvateur de David Villa est le reflet de ces difficultés : deux poteaux avant de franchir la ligne de but.
- Victoire 1-0 contre l’Allemagne en demi-finale, avec un but sur corner de la tête, signé Carles Puyol.
- Et une victoire en finale, contre les – encore – malheureux Néerlandais, via la délivrance d’Iniesta au bout de 116 minutes de jeu.
Au-delà scénario en tant que tel, et de la – finalement – victoire méritée au bout du suspense des Espagnols, c’est bien la simulation qui va poser problème : tous les matchs des phases finales ont été remportés par le plus petit des écarts. Statistiquement, cela met en avant une marge d’erreur assez fine dans la simulation des matchs. C’est pour cela que nous avons changé de méthode.
Un changement qui doit sa présence uniquement par le plus grand des hasards, soyons honnête : la version officielle de FIFA Coupe du monde 2010 propose un mode qui permet tout simplement de simuler la coupe du monde dans son entièreté, match après match, d’une simple pression de bouton. Cela permet, certes, d’aller plus vite, mais ça nous empêche également de vous tous les progrès, dont certains hallucinants, effectués par EA Sport sur son jeu de football. Car oui, comme je pouvais le dire précédemment, FIFA est maintenant sur le toit du monde. Le jeu a su bander les muscles et accentuer ce qu’on sentait venir, déjà, avec l’édition 2006 :
- Une emphase mise sur la simulation : sans arriver au sel des parties fermées d’un ISS Pro Evolution 2, il est clair que gagner un match sur FIFA relève maintenant, non de l’exploit, mais d’un effort particulier. Les actions sont moins stéréotypées, le comportement des gardiens plus logique, et le déroulé d’un match se rapproche beaucoup plus du “réel” qu’auparavant.
- L’ambiance de folie : marque de fabrique de la saga, les consoles HD ont donné une nouvelle vie à toute l’animation hors terrain, où FIFA excellait déjà : chants de supporters, stades magnifiques, habillage classe, et bien sûr, licences à foison.
- La diversité des modes de jeux : même si cela est moins vrai pour la version Coupe du monde, il ne faut pas oublier que la mouture 2009 signe l’arrivée du mode maintenant le plus populaire de FIFA (et qui constitue une véritable rente financière pour EA) : UltimateTeam
Que ce soit sur les ventes, sur les critiques, ou sur le ressenti des joueurs (beaucoup ont migré de PES à FIFA au tournant de 2010), FIFA est maintenant devant, qu’on se le dise !
Grâce à cette simulation de match, nous avons d’ailleurs pu entamer notre périple non pas en huitième de finale, mais bien dès le premier tour. Et pour l’Espagne, le constat est sans appel : 3 matchs, 3 victoires. Net et sans bavure. Une balade qui se poursuit d’ailleurs en huitème de finale, où l’équipe de Xavi rencontre celle de Kaka (nous sommes en 2010, ne l’oubliez pas). Ce qui signifie déjà que le Brésil a fini second de son groupe (on n’oublie pas le monde réel : à ce stade l’Espagne est censée rencontrer le Portugal). Là encore, pas de difficultés pour l’Espagne, avec une victoire 2-0. Un score qui suit d’ailleurs l’équipe puisqu’en quart de finale, qui l’oppose au Cameroun (équipe qui, par ailleurs, n’a pas gagné un seul match sur cette Coupe du monde, et a donc fini dernière de son groupe…), c’est le même score qui est affiché en fin de match, tout comme pour la demi-finale contre le Ghana.
C’est l’affiche de la finale qui est intéressante : Espagne – Suisse. Comme un remake des matchs de poule. Ce qui prouve d’ailleurs que la Suisse est sûrement une des équipes nationales les plus sous-cotés de notre ère, mais passons. Score final 3-2. Score assez éloigné s’il en est des physionomies de matchs habituels de l’Espagne, qui gagne ses matchs en ne marquant qu’un seul but, mais en n’en prenant aucun.
D’après cette analyse, nous sommes donc à un pourcentage de réussite maximum puisque le gagnant de la Coupe du monde réelle est le même que celui de la Coupe du monde virtuelle, comme ce fut le cas pour l’édition 1994. Et afin de tester les limites de l’exercice, j’ai relancé plusieurs fois la simulation de la Coupe du monde, puisque l’ordinateur faisait tout à ma place (comprendre : je n’avais pas à regarder le match et attendre 15 minutes pour chaque simulation). Résultat ? Sur 4 autres simulations, 3 victoires de l’Espagne, contre 3 équipes différentes. Cela me conforte donc dans l’aspect “majoritaire” des résultats que je peux obtenir avec cette méthode. Tel Paul le poulpe, révélation de l’édition 2010 de la Coupe du monde, je m’en vais prédire les résultats dans un autre monde !
La suite et fin demain pour les Coupes du monde 2014 et 2018 !
Les sources ont été essentiellement prises sur internet, nous remercions les producteurs de tous ces contenus :
• www.fff.fr, pour les compositions des listes officielles des équipes qualifiées
• www.footballdatabase.eu, pour les compositions des matchs officiels
• La chaine Youtube de Wiloo pour ses méthodes d’analyses de matchs inspirantes (https://www.youtube.com/channel/UCIJZA6SJ3JjvuOZgYPYOHnA)
• La chaine de RétroEDF, pour quelques résumés des matchs des bleus (https://www.youtube.com/channel/UCAcBFMto9xUakH9Tsh1-yEQ)
• Le reportage les yeux dans les bleus
• Le site www.gamekult.fr, sur deux aspects :
? Le fabuleux rétrodash sur l’histoire des jeux de football (accessible uniquement aux abonnés) : https://www.gamekult.com/emission/le-ballon-rond-du-temps-ou-il-etait-carre-on-explore-l-histoire-du-jeu-de-foot-dans-retro-dash-3050818771.html#player
? Les statistiques chiffrées sur les résultats financiers d’EA
• Le site www.jeuxvideo.com, pour les statistiques chiffrés sur les résultats financiers d’EA • Wikipedia, pour les images de composition des équipes • www.oldpanini.com, pour de belles photographies des équipes
• ESPN, pour son interview de Michael Mueller-Moehring, sur le recueil des statistiques : https://www.espn.com/soccer/blog/espn-fc-united/68/post/2959703/fifa-17-player-ratings-system-blends-advanced-stats-and-subjective-scouting