Bastia – Nancy (0-0) : La Chardon à Cran Académie a déjà vu ça quelque part

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nul : la routine

Un terrain à la pelouse synthétique déjà parsemée de taches noires, résurgences urbaines de débris de pneus, la proximité d’un gymnase où le club local même pas qualifié pour le cantonal corse de basketball enchaîne les tentatives malheureuses, un parking aux trois quarts vide, pas de tribune : un déplacement comme celui-ci n’a rien d’exotique pour Benoît Pedretti et devrait seulement lui rappeler que les exigences du haut niveau passent d’abord par des entraînements dans des conditions bucoliques.

Il faut tout l’effort intellectuel d’un cerveau supérieur quoique orné de petits pics sculptés au pento pour avertir les demi-habiles qui lui servent de joueurs qu’il n’y aura pas de distribution de chasubles aujourd’hui : voyez ça comme une répétition générale de ce qui vous attend si vous prenez ça à la légère. Vous êtes relégables, rien de ce que vous avez produit depuis le début de saison ne laisse penser que vous n’êtes pas à votre place, voire un peu au-dessus.

Cette prosopopée faite et, on en convient, elle est quelque peu osée, nous allons jusqu’à nous permettre un petit conseil à nos chardons : butez-les.


Le match

On dira qu’on a essayé. La complexion de sous-bassement de maison abandonnée en campagne meusienne de ce match nous laisse froid quant à la possibilité de regarder des statistiques (on ne vas pas s’abaisser à ces considérations matheuses), mais un instinct d’amateur de foot au regard aiguisé nous penche à penser qu’on a quand même assez largement dominé. On a aussi craint que, poussés par un contexte local toujours favorable, teinté de menace, de virilité mal placée (car on sait qu’il se léchottent tous le poireau une fois loin des caméras) et d’un appétit décuplé pour les tacles au genou, nos hôtes du jour parviennent, à force de tenter crânement leur chance, à obtenir un avantage. N’y voyez pas de la jalousie, plutôt une envieuse œillade envers un idéal qui a quitté nos corps de mollusques déjà pas foutus de guider un ballon correctement et qui en plus ne donnent même jamais l’impression de vouloir se confronter à leurs adversaires.

Ces fantasmes passés, un squelette de football subsiste et vient frapper à la porte du placard pour nous rappeler que l’ennui n’attend pas les salaires de millionnaires et les indiscrétions des journaux à sensation pour s’abattre sur le spectateur comme la digestion sur un sénateur. Un match sans buts se traverse toujours avec la sensation d’être le dernier éveillé de la fête, les tempes battues d’un sang fouetté par tout un tas de produits pas toujours légaux. Errant dans des couloirs enfumés, guettant le dernier soubresaut de vie derrière une porte – et qui sait, poser une oreille tangente sur quelque ébat respectueux du consentement… on va se servir une dernière bière pour faire passer tout ça et on sera le dernier levé même si en guise de bonne odeur de café croissants, c’est un fumet de cendrier plein qui nous accueillera. J’espère qu’il reste du paracétamol à la salle de bain.


Les notes

Sourzac 4/5
Un match sans but couronne parfois la maladresse des adversaires ; c’est toujours plus facile de se moquer. La vérité c’est qu’il a encore été décisif.

Etchevarria 2/5
Fatalement, à force de tout tenter pour qu’on finisse par le remarquer, il écope de nos observations avisées toujours neutres et bienveillantes. Le verdict est donc parfaitement objectif : c’était bien triste.

Mendy 3/5
Courageux à défaut d’être au top, il semble décidé à faire preuve de sobriété, ce qui en patois meurthe-et-mosellan peut facilement se traduire par « au moins y a pas eu de catastrophe ».

Pellegrini 3/5
Ces jeunes gens qui jouent comme des darons nous impressionnent toujours, et le concernant, on pense moins au talent issu de l’expérience qu’au vice de crasseux dans les duels.

Tayot 2/5
Bombardé titulaire par le Ped’ beaucoup trop tôt et il en est conscient, mais comme nous tous, il le sait : c’est lui, jeune éphèbe à peine sorti de l’œuf sans le plumage du haut niveau, ou bien l’Homme-Ford-Transit quatre vitesses sans direction assistée qui recrache ses 16 tonnes de gaz carbonique au kilomètre.

Cropanese 3/5
Pas mal dans un rôle de 6 même si son désir naturel d’aller de l’avant en possession a laissé des trous d’air dignes de la plaine de Verdun au milieu, ypérite compris. La prise de risque ne vaudra peut-être plus le coup une fois revenu sur le continent, contre de vrais adversaires.

El Aynaoui 3/5
Au four et au moulin, il ne lui reste plus qu’à revêtir une dernière cape pour devenir le capitaine parfait : celle du psychopathe sanguinaire qui terrorise ses coéquipiers au moins autant que ses adversaires et botte le cul de ces tocards. On n’a pas que cette vision du jeu en stock, mais dans notre situation, la manière douce nous semble exclue.

Mouazan 3/5
C’est plus dur quand l’adversaire ne lui offre pas de but sur un plateau. Ceci dit, plutôt que d’attendre béatement comme un ministre qui promet le ruissellement, il s’est bougé le cul pour aller chercher des ballons et tenter de mettre fin à l’oppression capitaliste. La marche était peut-être un poil haute pour réussir tout ça en une fois.

Nangis 2/5
Lenny sait quoi faire en général et il a encore tenté de le réaliser. Dommage qu’il ait abordé sa pratique habituelle avec la nervosité d’un puceau au moment de retirer son slip face à la perspective de l’acte. Résultat, il en a foutu partout de manière désordonnée, a oublié de se protéger et on a bien cru qu’il allait devoir se retirer au vestiaire avant la conclusion.

Cissé 3/5
On ignore si le changement d’entraîneur lui est bénéfique ou si c’est le fait d’enchaîner les titularisations, mais on croit entrevoir quelques progrès le concernant. L’enquête suit son cours.

Robinet 2/5
Encore un décathlonien qui s’est trompé de sport comme la France en regorge alors qu’on a quand même Kevin Mayer. À un moment, on va finir par regarder la réalité en face et passer à des sports un poil moins frustrants que le football.

Marcel Picon

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