Etoile Rouge B. – Chernomorets Odessa (0-0), la Balkans Acad’ y était

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De notre nouvel envoyé spécial, John-John Lajoie

LE CON-TEXTE

Bonjour à tous! Ayant la chance de faire un travail me procurant des vacances à outrance, j’en profite pour être sur les routes pendant un long moment. Je bourlingue donc pas mal à travers l’Europe (plus tard, le Monde, mouahahahaha) et profite de mes passages dans les villes pour tenter de regarder jouer les équipes locales (pro ou non).

Etant blindé mentalement car ayant profité des purges de Hannover (Hanovre en VF) pendant toute une année, c’est avec  le cœur léger que je me tourne vers les stades de mes vacances. J‘ai donc pu profiter d‘un magnifique « Unser Verein » Union Berlin – Vfl Bochum : un beau but, Jean-Michel Padbras dans les buts et une défense complètement anale, juste après l’égalisation.

Mais ce n‘est pas tout! (suspens) : Legia Varsovie – The New Saints, Sparta Prague – Jablonec (coucou Tristanec) et j’en passe et pas des meilleurs. Le hasard du calendrier a voulu que je puisse également voir le match retour du 3e tour préliminaire de l’Europa Ligue : Etoile Rouge de Belgrade – Chernomorets Odessa. M’ayant joliment sollicité (même pas une insulte dans ses mails!), c’est avec plaisir que je rédige cette académie pour Tristan Traversin. Oui, j’aime les parenthèses, oui je divague très souvent.

Nous sommes donc en Serbie. Ah la Serbie, pays magnifiques couvertes de ses collines verdoyantes jouant à cache-cache avec le soleil à toutes heures de la journée, révélant mille facettes le long de ses ondulations et des couleurs des prés (plus ou moins grillés par la chaleur, on atteint quand même 45 degrés parfois). La Serbie, où s’entremêle les terres, les reliefs et les cultures, permettant à l’imagination humaine de vagabonder à perte de vue. Enfin et surtout, c’est un pays qui s’en est pris plein la tronche depuis la nuit des temps. Bref.

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Le CCCC pour: Samo Sloga Srbina Spasava ou Sveti Sava – Slava Srpska ou Srbin Srbina sekirom sece, même les Serbes ne sont pas d’accord entre eux.

Dois-je réellement présenter le Red Star (Crvena zvezda), le club le plus populaire et le plus titré de Serbie? Vainqueur d’une ligue des champions en 1991, ainsi que d’une coupe intercontinentale la même année. Finaliste de l’UEFA en 1979 et 2 fois vainqueur de la coupe Mitropa. C’est aussi environ 350 000 championnats de Serbie et de coupe de Serbie. C’est aussi le club qui a formé une flopée d’excellents joueurs dont l’exemple le plus récent est certainement Nemanja Vidic.ser2

 J’ai pas la classe avec mes  étoiles?

Bon sinon que dire de Belgrade? Et bien c’est une belle ville. On y voit encore des bâtiments défoncés par les – pas si vieilles que cela – guerres de Yougoslavie, par manque de moyens paraît-il. Mais c’est surtout une très vieille ville et donc chargée d’histoire. On peut donc y voir de chouettes choses comme la forteresse Kalemegdan, la cathédrale Saint-Sava ou encore le Stari Dvor. Oui, je suis guide à mes heures perdues. C’est aussi une ville qui est bordée par deux grands cours d’eau, privilège rare : le Danube et la Sava. Elle a également été décorée de la légion d’honneur francaise car oui, apparemment une ville peut faire partie de la légion d’honneur. Enfin, il y a 50 000 quartiers et j’ai la flemme de les énumérer. La ville contient un autre club de football : c’est bien sûr le Partizan, mais on s’en tape. On verra une prochaine fois.

Parmi les personnalités de Belgrade, on a :

–          Ana Ivanovic, Bojana Jovanovski et Jelena Jankovic, joueuses de tennis.

–          Viktor Troicki, Nenad Zimonjic, Janko Tipsarevic et Novak Djokovic, joueurs de tennis.

–          Filip Filipovic, joueur de Water-polo.

–          Radovan Gavrilovic et Gabrijel Radic, joueurs de volley-ball.

–          Dusan Batakovic et Bosko Bojovic, historiens, pour montrer qu’il y autre chose que des sportifs.

Je ne mets pas de footballeurs, l’académie serait trop longue. Bref, énormément de sportifs, il faut dire que la Serbie s’appuie énormément dessus pour s’affirmer de manière internationale (ce qu’elle réussit plutôt bien, par ailleurs).

De l’autre côté, nous avons donc  le Chernomorets Odessa, club créé en 1936. Le palmarès est légèrement moins fourni que l’étoile rouge : 2 coupes d’Ukraine en 1992 et 1994, finaliste l’année dernière et c’est tout. Le club s’est qualifié pour l’Europa Ligue suite à sa brillante 7e place en championnat l’an dernier (hein ?) mais également grâce à la dissolution du FK Kryvbass Kryvyï Rih. Oui, c’est le nom officiel du club. Ah en fait on me signale dans l’oreillette que c’est grâce à sa finale en coupe d’Ukraine que le club a pu se qualifier, le vainqueur étant le Shaktior Donetsk déjà qualifié pour la C1. Je reconnais que je voulais surtout écrire FK Kryvbass Kryvyï Rih. Côté joueur, on retrouve de superbes techniciens comme Franck Dja Djédjé ou bien Leonardo, passé par l’OM (jamais apparu en L1). Bref sur le papier, on a l’impression d’avoir affaire à une équipe un peu… en carton. On verra bien. Au tour précédent, ils ont tapé les moldaves du Dacia Chisinau, difficilement (3-2 au global).

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Aha, les bleus contre les rouges

Odessa c’est une ville qui fait mine de rien plus de 1 million d’habitants. Ce qui en fait la 5e ville du pays. Basée sur la Mer Noire, elle est une destination touristique avec du sable fin, des discothèques etc… Mais c’est surtout la capitale de l’humour soviétique. Et étant donné qu’elle est surnommée la Marseille d’Ukraine, il faut effectivement que les habitants soient des champions de l’autodérision pour accepter cette situation.

Parmi les gens connus, on trouve Sergueï Eisenstein (Le cuirassé Potemkine), c’est déjà moins marrant.

 

AVANT-MATCH

J’arrive à Belgrade par bus via Nis (peut-être vous en parlerai-je un jour, ne ce serait-ce que pour sa célèbre tour aux crânes), complètement écrasé par la chaleur sans doute, je me dis que ce serait vachement une bonne idée d’aller au stade de foot, ne serait-ce que pour avoir des bières fraîches pas chères. Oui, bon, peut-être que je suis tout simplement un petit peu neuneu. Pour l’occasion, un ami me rejoint et nous sommes donc partis pour le Marakana (oui,  il y a un Marakana à Belgrade).

Mon pote : « la seule chose à ne pas faire en Serbie, c’est d’aller au stade ». Raté. Il faut néanmoins se dire que « l‘affaire » Brice Taton a profondément marqué les esprits en Serbie. Les habitants de Belgrade étaient venus en masse pour rendre hommage à ce supporter. La personne m’ayant hébergé a également créée une page facebook que vous pouvez joindre là. Elle m’apprend au passage que la vente d’alcool dans les enceintes sportives est interdite. Mince, faut-il que j’aime ce sport pour supporter cette terrible nouvelle? La perspective de rédiger cet article pour devenir riche et célèbre par amour du football me convainc naturellement d’y aller.

Pour y aller, c’est relativement simple. Du centre, quelques arrêts de tramway seulement. Il ne faut juste pas se tromper de stade, celui du Partizan étant juste à côté. Mais bon, en suivant les très nombreux supporters dans les rues ou bien les policiers, on trouve facilement.

Nous arrivons au guichet en nous frayant un chemin aux travers des personnes voulant revendre des billets : « hey, hey, Novak, there are strangers! ». Ouais, ouais on se dépêche d’aller aux guichets ! Nous avons le choix entre les billets à 300 ou 600 dinars (soit 2,60 ou 5,20 euros environ). Vas-y, envoie les billets à 600 (quoi? Je ne vais pas m’excuser d’être riche ).

Nous faisons ensuite la queue qui avance lentement puisque les fouilles se font là. Du coup nous nous retrouvons coincés entre un amas de personnes et un amas de bouteilles, puisque chacun balance joyeusement ses contenants en plastique pour pénétrer dans l’enceinte du stade. L’attente est longue mais finalement les fouilles s’arrêtent car le match démarre dans moins de 5 minutes. Tout le monde rentre alors aussi facilement que Papa dans Maman, si bien sûr tu as un billet. Ensuite, c’est le placement à l’arrache et nous nous retrouvons juste à côté de la barrière séparant tribunes latérales et kop. Cool.

 

LE MATCH

-2e : pour rappel, le club ukrainien s’est imposé 3-1 au match aller. Le Crvena doit donc s’imposer 2-0 minimum pour se qualifier.

1e : Tout le monde saute (de toutes façons, ici, les sièges ne servent à rien et vu leur propreté, on comprend).  Pendant ce temps, un joueur du Red Star est déjà à terre, le match va être sympathique.

5e : Déjà 11 changements pour le Red Star : les supporters des tribunes latérales passent dans le kop. En fait, ils se passent beaucoup plus de choses dans les tribunes que sur la pelouse.

8e : 1e faute du match. Je crois. Je suis pris dans l’ambiance de la foule.

9e : D’ailleurs, je pense que personne ne regarde le match, mais uniquement les tribunes.

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Mec, j’ai oublié mon briquet, t’aurais pas du feu?

12e : 1er tir pour les Chernomorets. Intervention compliquée de l’étoile la croix-rouge en tribune pour évacuer la cinquantaine de blessés.

14e : Ah tiens du foot : sur une action sublime, Odessa déborde à gauche et, par le biais d’un jeu en une touche de balle, la défense serbe se fait complètement enrhumer. L’attaquant ukrainien Vitaliy Balashov (je crois – en tous cas il a la même coupe de cheveux) se retrouve en face à face avec le gardien et les buts grands ouverts. Il se dit que c’est décidemment trop facile et décide de sobrement tirer à côté, puis de s’effondrer au sol, tête entre les mains pour rajouter de l’intensité dramatique à la rencontre.

15e : pour le coup, les locaux s’en sortent bien car cela aurait pu faire 1-0 dès la 1e occasion des visiteurs. Et après mettre 3 voire 4 pions pour se qualifier…

17e : beau tir du Red Star, juste au moment où je me disais qu’elle ne faisait rien de bien dangereux…

28e : Une belle reprise de volée d’un joueur ukrainien (tfasson je ne vois pas les numéros). Il ne se passe quand même pas grand-chose sur la pelouse.

45e : OHLALALA PENALTY !!! Anale-défense à la Planus-style d’un Odessien (Odessois ? Odessacquien ?) qui fait tomber un blanchevillois (Beograd = Ville blanche, vous l’avez ?) dans la surface. L’arbitre désigne le rond de farine et c’est le numéro 10, Nenad Milijaš, qui s’en charge.

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Je la mets où ? À gauche, à droite, au milieu ? En haut, en bas ?

45e+1 : Sûrement destabilisé par la publicité située à gauche des buts (on voit la tête de lion, c’est de la bière, Yay !), le coup de pied de onze mètres (hommage à Jean-Michel Largué) est mal tiré et le portier ukrainien arrête le tir. Corner qui ne donnera rien. Bronca dans les tribunes. L’arbitre en profite pour siffler la mi-temps.

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Comment devenir le type le plus détesté du stade en cinq secondes.

Mi-temps ici au stade de l’Étoile Rouge (le vrai nom du stade) sous les sifflets, tous dirigés vers, Milijaš, qui se fait réconforter par tous ses coéquipiers. Belgrade domine légèrement le match avec des Serbes plein d’envie mais qui pêchent par trop de déchets techniques. En face, les Ukrainiens semblent contrôler le match et acceptent la domination serbe, en laissant venir les joueurs du Crvena et en annihilant assez aisément les velléités offensives serbes, tout en accélérant parfois pour montrer que oui, eux, ils sont à l’aise techniquement (cette phrase a été sponsorisée par Denis Balbir). Il faudrait quand même leur rappeler que cela pourrait éventuellement sympathique s’il se décidait à réellement essayer de marquer. Pour le match, le public, toussa quoi.

46e : c’est reparti, aucun changement.

48e : on crève de chaud quand même et la seule boisson disponible est un cola chaud, sans bulles, servi par un vieux bonhomme qui se balade dans les tribunes bondées avec un cageot. On s’en contentera, nous sommes assoiffés.

49e : l’avantage d’être déshydraté, c’est que tu ne transpires plus.

53e : CRVENA ohohohooooooooooooo !

56e : 37730 spectateurs. 3e tour préliminaire de l’Europa Ligue. Jeudi soir. Ouais… Et le stade paraît quand même vide (la tribune opposée au kop, c’est le désert).

60e : Mais l’ambiance est bien là ! Olé Olé Olé Olé Olé Ola !

68e : Sortie de l’attaquant nigérien Daouda sous les sifflets, faut dire que s’il n’était pas le seul joueur noir de la pelouse, nous ne l’aurions pas remarqué.

69e : parce qu’il faut parler un peu de football, un coup-franc côté Red Star passe de peu à côté…

78e : changement côté ukrainien, je commence à être super bon en insultes serbes.

82e : énorme occasion pour le Red Star, un gros cafouillage dans la surface ukrainienne qui malheureusement se termine sur une frappe contrée

86e : remarque de mon pote : « j’ai payé 5 euros ma place, je veux un but ! »

88e : tiens un changement pour le Red Star. L’entraîneur espère encore en mettre 2 ?

Et fin du match sur un 0-0. Le public, sympa, applaudit ses joueurs.

– j’écris vraiment trop souvent « sympa ».

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La protection des joueurs est très discrète

On ne va pas se mentir, il ne s’est pas passé grand-chose sur la pelouse. La seconde mi-temps étant similaire à la 1e, à savoir des Ukrainiens qui, bénéficiant de l’avantage du match aller, se sont contentés de défendre. Les serbes ont essayés jusqu’au bout mais malheureusement ils ne disposaient tout simplement pas d’assez de talent pour l’emporter. Le penalty manqué aurait certainement tout changé, vu à quel point le public est derrière son équipe (ce n’est pas sale).

Et d’ailleurs, QUELLE AMBIANCE ! C’est dingue, cela chante, bouge, saute sans arrêt ! Cela pousse, crie, encourage l’équipe. Un vrai bonheur d’être dans les tribunes. J’ai du passer la moitié du match à les regarder et à ressentir les vibrations émises par le public. Que du bonheur. J’espère y revenir un jour, au final on s’en fout du score.

Sortie du stade facile. On évite de se faire écraser par les voitures et les tramways. Direction les bars pour finir la soirée (car oui, rappelez-vous, je meurs de soif).

 

Bonus Bouffe

J’adore manger, donc je vous fais partager 2 spécialités serbes.

– Le Burek (ouais, cela vient des Ottomans, mais peu importe) : pain fourré au fromage, aux épinards, à la viande hachée…

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–          La confiture de poivrons : confiture, poivrons, toussa…

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Bonus Alcool

La Rakija évidemment. Eau-de-vie et boisson nationale en Serbie. Ne jamais refuser une rakija là-bas. De nombreux serbes ont l’habitude d’en boire un verre le matin afin de se « purifier ». On la boit en général avant les repas. Elle se boit en shot, mais pour avoir testé, dès que vous videz votre verre, les Serbes toujours sympas, vous le remplisse. Donc bon…  Živeli !

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Une eau, qu’elle est bonne.

 

Bonus Femme

Ana Ivanovic. Elle seule suffit à donner l’envie de faire un tour en Serbie.

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Rendez-vous pour une prochaine destination, qui sait ?

John-John Lajoie (ou le baroudeur internatianal)

 

4 thoughts on “Etoile Rouge B. – Chernomorets Odessa (0-0), la Balkans Acad’ y était

  1. Et oui cinq euros et pas de but !! :'(
    Mais très bon moment et superbe ambiance !!
    Merci pour les souvenirs grâce à l’article ^^

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