Inter-Milan (1-1) : L’Internazionale Académie livre ses notes.
Snake est un peu manichéen
Ce qui est bien lorsqu’il n’y a pas de concurrence, c’est le fait que vous pouvez prendre le temps d’analyser tranquillement le match dont vous devez faire le compte-rendu afin de ne pas verser dans l’euphorie ou le catastrophisme, ainsi le recul nécessaire pour auréoler votre analyse d’une certaine part de lucidité s’en retrouvera bonifié et vous pouvez juger les joueurs et les entraîneurs à leur juste valeur.
Snake profite donc de l’absence d’Académie Rossonera pour peaufiner son analyse, et également glisser quelques quenelles aux cousins honnis histoire de les troller même après le match, parce que soyons honnêtes, outre le 4-2 de l’an dernier, les quatre derniers Derbies étaient de monstrueux trolls de la part des Intéristes.
Le Derby Della Madonnina, c’est depuis la nuit des temps la confrontation entre les forces du Bien, guidées par Jésus et dont les plus fiers représentants sont Michel Zanetti, Gabriel Handanovic et Raphaël Ranocchia, et les forces du mal gouvernées par le Diavolo, dont les perfides ministres se nomment Belzébuth Shaarawy, Jézabel Montolivo (parce que c’est une femmelette) et bien entendu Balucifer.
Organisée en 4-3-1-2, l’armée Intériste souffre d’énormes amputations, Milito, le pourfendeur officiel du Milan AC ces dernières années, est absent pour cause de blessure longue durée, idem pour Walter Samuel dont nous ignorons encore à ce jour le souci dont il souffre, Ranocchia est fortement diminué mais il tient bon et se présente quand même au combat, en conséquence c’est une équipe fortement diminuée qui se prépare à affronter son terrible ennemi. Ajoutés à cela le long voyage en Roumanie pour y affronter Cluj jeudi soir en Europa League avec une équipe type, la dynamique extrêmement négative du groupe en ce moment suite à la claque reçue face à la Viola, la peur qui envahit chaque millimètres carré du corps de Stramaccioni, le match héroïque du Milan AC face au Barca qui a boosté leur confiance, vous obtenez un rapport de force fortement déséquilibré et largement en faveur des Démons.
L’Inter débute extrêmement bien, elle contrôle le ballon, le fait bien circuler, Alvarez et Cassano sont très remuants et offrent des courses difficilement lisibles pour leurs vis-à-vis, l’arrière garde n’est pas inquiétée et on se dit que finalement, l’Inter a peut-être sa chance et qu’on les avait enterrés trop vite. En fait, c’est tout le contraire, avec tout l’irrespect qui les caractérisent, les Milanistes vont placer un coup d’accélérateur qui va complétement étouffer nos braves Nerazzurri, pressing très haut et continuel, volonté bien plus développée, des duels gagnés sans aucune once de résistance, et des combinaisons côté droit qui vont faire mal au brave Nagatomo, preuve qu’être issu d’un peuple Prosélyte ne mène pas au salut. Yuto-san se fait transpercer de toute part et fait passer De Sciglio pour un fuoriclasse en puissance, Boateng et Montolivo organisent les offensives du Diable et derrière, Mexés et Zapata contiennent leurs rivaux les doigts de pied en éventail et la noix de Coco au bec. C’est d’ailleurs sur un puissant jaillissement du Colombien sur Cassano que le but Milaniste intervient, Boateng sert intelligemment El Shaarawy qui amène parfaitement son ballon et place un magnifique extérieur du droit qui vient nettoyer la lucarne d’Handanovic. 1-0, la logique est respectée et le Milan est franchement fringuant.
La suite ? C’est le raid total de la part des forces du mal Milanistes, ce but leur octroie un surplus de motivation et ils font danser les défenseurs Intéristes (soit les onze joueurs présents sur le terrain) durant tout le reste de la mi-temps, c’est fluide, intelligent, volontaire et ça massacre les lignes arrières ennemies par la Faux sans pour autant concrétiser cette domination au tableau d’affichage. Lucifer, désireux d’achever ses anciens Camarades, se montre particulièrement remuant et mortifie Jésus mais Handanovic ne laisse rien passer, parades après parades, il prend l’ascendant sur le Prince des ténèbres qui se frustre de plus en plus. A noter qu’à droite, Abate, qui fait le malin suite à l’absence de Milito, se montre lui aussi vaillant, volontaire et intraitable défensivement, mais il peine offensivement face à l’impressionnant Javier Zanetti, implacable et seul rayon de soleil parmi la défense Nerazzurra.
L’arbitre siffle la mi-temps et offre un moment de répit aux Bleus et Noirs, qui pourront en profiter pour panser leurs plaies tant leurs blessures semblent profondes. Même si on sent une certaine frustration de la part des Rouges et Noirs qui espéraient boucler le match dès les 45 premières minutes afin de ne pas subir de contre-coup physique en seconde période en cas de second raid.
En seconde période, le frileux Stramaccioni, craintif et dont la foi en Dieu s’est estompée, décide de s’en remettre à Lui en tentant un énorme coup de poker, de ceux qui vous placent un entraîneur au panthéon des plus grands de l’Histoire, un pari « couillu » si vous me passez l’expression : Il va purement et simplement replacer Zanetti à droite et Nagatomo à gauche, ainsi chacun d’entre eux pourra évoluer à son vrai poste. Quand Snake vous disait que c’était révolutionnaire. Avec ce tour de passe-passe, Le Capitano et Guarin imposent un défi physique aux terribles El Shaarawy et De Sciglio qui s’en retrouvent perturbés, il faut reconnaître que la fatigue a joué un rôle déterminant aussi, mais l’Inter avait 24 heures de récupération en moins. Abate s’est montré plus dangereux d’un coup, mais le Milan n’arrivait plus à imposer un rythme soutenu, Nocerino – qui revenait de blessure- s’est montré un ton en dessous, Muntari, très bon, demeure limité à la création et Boateng et Montolivo commençaient à décliner sur le plan physique.
L’Inter, gargarisée par une énorme occasion de Guarin (très belle parade d’Abbiati), commence à refaire surface. C’est pas la cohue devant les cages Milanistes, mais ils sont moins baladés, le pressing est plus haut, les relances Milanistes délicates, Jésus et Ranocchia redeviennent infranchissables et Balotelli commence à sortir de son match suite aux chants entonnés par la Curva Nord. On s’approche plus facilement des buts du Milan AC mais aucune véritable occasion ne vient concrétiser cette relative domination. Stramaccioni décide alors de sortir Cambiasso – dont le cerveau ne sert à rien si les jambes ne suivent pas – et lance Schelotto, bingo, trois minutes plus tard, Nagatomo place un centre sur la tête du Metalleux Intériste qui égalise sans grande conviction.
Kuzmanovic entre alors en lieu et place d’Alvarez, pas trop dégueulasse, et pose le jeu. Il est lent, mais au moins il ne panique pas et oriente bien le jeu, il permet à l’Inter de contrôler le tempo du match et d’endormir le Milan, Cassano, Palacio et Guarin tentent quelques dernières percées mais c’est trop brouillon pour inquiéter l’arrière garde Milanista, quasiment irréprochable ce soir.
En conclusion, le Milan peut s’en mordre les doigts car en première mi-temps, ils auraient pu en mettre trois. Toutefois, c’est exagéré de parler de vol dans la mesure où le Milan s’est mis dans cette situation tout seul. L’Inter a bien réagi en seconde mi-temps et a égalisé sur sa seconde occasion du match. Si le résultat final peut décevoir le Milan AC, avec du recul, ils peuvent être satisfaits de leur semaine : Victoire face au Barca, domination dans le Derby, match nul sur la « pelouse » d’un concurrent direct pour la troisième match, une cohésion retrouvée et un Pharaon qui confirme son statut de futur Roi d’Égypte. Snake a trouvé la Squadra Rossonera très bonne dans sa globalité, mais il aimerait tirer un coup de chapeau à Nocerino, pas le plus reluisant dans le jeu, mais irréprochable dans son état d’esprit et prompt à calmer les rares enflammades de certains joueurs des deux côtés. Respect.
Quant à l’Inter, au vu des conditions dans lesquelles elle abordait le Derby, et par rapport à la physionnomie du match, elle s’en sort très bien. Stramaccioni a essayé de bricoler une équipe au vu des disponibilités de chacun mais certains de ses choix surprennent : Zanetti et Nagatomo inversent leurs postes ? Un pressing toujours aussi bas ? Un Guarin excentré à droite (même s’il a mis à mal De Siglio) ? Bref, une belle réaction d’orgueil, une semaine de relative tranquillité mais toujours beaucoup d’interrogations concernant le schéma de jeu à adopter à l’avenir.
Les Highlights en mode Sépia:
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Les Notes :
Handanovic : 5/5. L’Homme du match. Des relances foireuses mais sur sa ligne, il est imbattable. Balotelli vous en dira quelque chose. Grande Handanovic, Top 3 mondial. Grand événement : S’est énervé contre Boateng.
Zanetti 5/5. Comme c’était un gros match, sa titularisation était la bienvenue. Son absence d’apport offensif est parfaitement justifiée également. Il a parfaitement tenu Abate en première mi-temps avant de s’occuper d’El Shaarawy en seconde période. Légendaire.
Ranocchia : 4/5. On peut se dire « Quoi ? 4/5 alors que le Milan a eu toutes ces occasions ? ». Si un défenseur est abandonné par ses milieux censés le couvrir, qu’il est obligé de faire le taf de son latéral droit (Nagatomo) en plus de son taf de central, il est normal qu’il soit absent sur quelques occasions adverses. Mais chaque fois que le jeu s’est déroulé dans sa zone, il fut très bon, de la tête, dans ses relances, en un contre un, Ranocchia – qui a pourtant joué blessé – est en train de franchir un cap cette saison et s’impose comme le meilleur défenseur central Italien du moment avec Barzagli.
Juan : 4/5. Il a eu du mal en première mi-temps parce que la zone demandée par Stramaccioni l’a perturbé. Cette option défensive a permis à Zanetti de recevoir le soutien de Juan sur son côté gauche mais Balotelli et Boateng en ont profité pour se faufiler dans l’espace qui séparait Rano de Jésus. Et avec un Cambiasso peu inspiré pour couvrir … Malgré tout, il est monté en régime au fil des minutes et a – comme d’habitude, dominé ses vis-à-vis physiquement et s’est montré énorme dans l’anticipation, avec toujours ces lacunes ostensibles sur le placement. Mais match très solide et volontaire du Messie.
Nagatomo : 1/5. A contribué à tripler le prix de De Sciglio, El Shaarawy et Abate. A simulé une blessure en fin de match pour sortir sans branca. A quand même distillé une passe décisive, histoire de ne pas être fusillé.
Guarin : 3/5. Affligeant défensivement, monstrueux offensivement. Il se procure une belle occasion détournée par Abbiati, à côté de ça il a pas mal proposé dans un rôle de faux ailier droit et son duel avec De Sciglio fut très agréable à regarder. Si le Colombien a eu besoin de Zanetti pour contenir le virevoltant latéral Milaniste, ce dernier a du faire appel à Muntari pour limiter au maximum les percées de Guarin. Un partout, balle au centre.
Gargano : 3/5. Sil y a bien une chose qu’on ne reprochera jamais à Gargano, c’est son engagement, sa combativité et sa rigueur tactique. Il a essayé de se projeter vers l’avant histoire de soutenir les offensives Intéristes, mais ses carences techniques se sont vite faites ressentir. Toutefois, impossible de lui en vouloir, il s’est battu du début à la fin, a défendu successivement sur Montolivo, Nocerino et Boateng et a du courir pour trois durant le temps fort du Milan AC tant ses camarades du milieu étaient à la rue.
Cambiasso : 2/5. Décevant. Pourtant il était positionné plein axe, son poste de prédilection, mais il n’a pas su peser sur le sort de la rencontre. Il a semblé peu concerné, a rapidement baissé les bras, s’est montré nerveux (le petit essuyage de crampons sur Montolivo n’était pas dangereux mais très vilain geste) et fut le maillon faible au milieu de terrain durant le premier raid Milaniste.
Alvarez : 3/5. Le fait que Snake souligne son très bon travail défensif et ses incessants replis avant tout montre à quel point le match fut difficile pour nous et combien Alvarez fut obligé de jouer contre-nature. Toutefois, malgré beaucoup de mauvais choix, il a réalisé une honorable partie, avec des débordements, des orientations bien senties, des accélérations/relances très intéressantes qui pousseraient presque Snake à souhaiter le revoir plus souvent afin de le juger sur la durée. Presque.
Cassano : 2/5. En terme de protection de balle, il n y a pas mieux en Série A. En terme de plongeons non plus (mais on ne va pas s’en plaindre, Boateng fait fort dans ce domaine lui aussi). A bien pourri le match par moment (mais on ne va pas s’en plaindre, Boateng fait fort dans ce domaine lui aussi, il a même réussi à énerver Handanvic ce con), mais a permis au bloc équipe de remonter avec ses prises de balle indéfendables pour l’adversaire. Quelques ballons bien distillés, mais il faudra s’y faire : Cassano ne sera pas décisif lors des gros chocs, il nous permettra d’assurer face aux équipes à l’envergure moyenne, et c’est déjà excellent.
Palacio : 1/5. Il n’était pas la, cio. A quand même failli offrir un but à Guarin. A part ça ? Difficile de le critiquer, il enchaîne les matches seul en pointe.
Les remplaçants :
Chivu a fait acte de présence, sans faire de vague. Schelotto a marqué, c’est tout. Ok, c’est déjà pas mal, je l’admets. Kuzmanovic a permis à l’Inter de mieux construire ses actions et d’endormir le Milan histoire de calmer leurs ardeurs en fin de match. En plus il a balancé une crotte de nez sur le Milan en semaine qui a bien irrité leurs fans. Big up !
La Curva Nord : 5/5 pour le Tifo. 5/5 pour avoir pourri la soirée de Balotelli. 0/5 s’il y a eu des chants racistes, surtout après avoir promis de ne pas tomber dedans. 0/5 pour avoir laissé les supporters du Milan faire plus de bruit en première mi-temps.
Les commentateurs Bein : 0/5. Ils ont appelé Gargano Nagatomo toute la soirée (confondre un Uruguayen et un Japonais, faut le faire). Qui plus est, c’est pas le professionnalisme et la neutralité qui les étouffent, un parti-pris pro-Milan à peine voilé.
A la semaine prochaine pour le viol à Catane. D’ici là, regardez L’échelle de Jacob à l’infini, le chef d’œuvre d’Adrian Lyne mérite plus de considération. En plus c’est Maurice Jarre à la musique !
Snake.
Pour avoir vu le match, je suis absolument d’accord avec ton analyse.
la bise
Merci à toi Loulou : )
Et les larmes de Schelotto, hein?!? :-D Le gars est quand meme reste assis en larmes sur la pelouse pendant 30 bonnes secondes apres son but…
Il faudrait souligner l’aspect comique involontaire de l’Argentin quand il essaye de courir vite… (ce qu’il n’a sans doute jamais reussi et ce qu’il ne pourra sans doute jamais faire).
1 point, bon resultat pour l’Inter vu les occas’ de la premiere mi-temps. Comme tu l’as dit, Handanovic est grand!
Yo Benjing !
Merci pour ton comm’, hésite pas à repasser : )
Bien vu pour Schelotto, faut qu’il y avait de quoi être ému : Premier Derby, il entre et 3 minutes après il égalise, pour un tifoso Intériste c’est beaucoup d’émotions, surtout après son catastrophique premier match avec nous (Sienne).
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Après le but milanais j’ai vraiment cru qu’on allait prendre le bouillon. Mais, ils ont baissé de rythme à cause (grâce ?) à leurs 90 minutes à courir derrière le ballon Mercredi et on a émergé en seconde mi-temps. Limite à la fin j’étais optimiste pour un but victorieux. Il n’est pas venu tant pis, bon résultat quand même. A confirmer la semaine prochaine
Merci pour l’article Snake, néanmoins, je ne suis pas d’accord avec ta vision tactique ici.
J’étais au stade et moi j’ai clairement vu une Inter jouer en 4-2-3-1. Strama semble tester une nouvelle formation, déjà en place à Cluj. Cassano en pointe, Guarin à droite, Alvarez à gauche et Palacio au centre en seconda punta (ou vice-versa).
Le nouveau principe est que Cassano est une fausse pointe, qui une fois qu’il a le ballon, doit lancer en profondeur les 3 derrière lui. Ca fait de lui le seul constructeur au coeur du jeu. Le problème est que quand il est pris de près et violemment (comme lors du derby, contrairement à Cluj), et bien le jeu est totalement détruit. Aucun ballon n’arrive à Guarin Palacio et Alvarez sans lui, sauf quand on passe par nos latéraux (mais c’est rare car ils restent bien derrière).
Ce système a l’avantage de mettre Palacio dans son rôle préféré (derrière la pointe) mais a de nombreux inconvénients. Premièrement le potentiel de Guarin est totalement mis de coté. C’est pas un hasard si l’Inter allait bien mieux quand Schelotto est entré, prenant la place de Guarin à droite, et que ce dernier est repassé là où il est le meilleur, dans le coeur du jeu. Guarin est très fort lorsqu’il peut pendre le ballon au milieu de terrain, tout près de Gargano, et peut le remonter en combinant avec Palacio ou Cassano. Sur le coté, à attendre les ballons, Guarin est gaspillé.
Autre inconvénient, on perd tout le potentiel de Cassano là ou il est le meilleur, à savoir sur le coté à gauche, à combiner avec Nagatomo. Bien qu’il soit très bon, Cassano n’est pas un 10 qui a une bonne vision à 360 degré comme un Sneijder. il doit être sur son coté pour distiller les ballons. Je dis ca, mais le hic c’est que Strama n’a pas le choix, ni Cassano ni Palacio ne sont des pointes, il doit donc en sacrifier une pour mettre l’autre dans son poste.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la rumeur Carew grandit, même si le norvégien ne fera probablement pas des merveilles, il permettrait de remettre Palacio et Cassano à leurs rôles : respectivement seconda punta et créateur sur le coté.
Toujours aussi agéable à lire.
Merci pour la correction KaD, ceci dit je te maudis d’avoir assisté au match quand même, faut pas déconner : )
Et salut à John et David, ça faisait longtemps les gars, merci pour vos commentaires : )