Monapoli / Paris SGEL (1-1) – La Porte de Saint-Cloud Académie tire une carte Chance
Fuite(s).
C’est joli comme mot, non ? Un mot sensible, émouvant, odorant : odeur d’humidité sur les murs de ce taudis surpeuplé qui sert de dortoir aux prolétaires ; odeur d’huile dans cette poubelle roulante qui n’est plus passée au contrôle technique depuis la chute du Mur ; odeur cuivrée du gaz dans les douches collectives ; odeur cuivrée de l’hémoglobine dans les WC pour dames ; odeur de pluie dans le vieux grenier de mémé, dans la Nièvre ; odeur d’urine refroidie dans les vieilles couches de mémé, dans la Nièvre…
Odeur de merde dans les comptes bancaires de Paris-Saint-Germain-en-Laye.
Avouons-le tout de go, on savait bien évidemment au fond de nos petits coeurs d’enfants passionnés que l’objet sphérique de notre amour conjoint était depuis longtemps pourri de l’intérieur par l’argent, et toutes les odeurs nauséabondes qu’il charrie avec lui. Nous ne sommes pas nés de la dernière fuite, et l’explosion soudaine à nos yeux de cette purulente gangrène footballistique n’aura surpris personne. La triche, au football financier comme au Monopoly, c’est admis tant que ça ne se voit pas. Et là-dessus, à Paris Saint-Germain-en-Laye, on n’a même pas de quoi se consoler : la médiocrité montrée par le club dans la gestion de sa politique de transferts n’a donc d’égale que son aptitude ridicule à dissimuler les montages financiers de cette même politique de transferts. Décidément, que ce soit sur le terrain, dans les cellules dorées de recrutement ou dans les loges présidentielles, l’argent n’achète pas le talent.
Enfin, si. Non. Je sais plus.
LA PARTITITA
Mais allons bon, l’argent du pétrole ne sert pas seulement à mettre un hôtel particulier rue de la Paix pour y loger Némarre, sa famille, et tous ses amis/contrats publicitaires. Malgré tout, y a une équipe à aligner sur le terrain pour notre secrétaire de section préféré, Thomas, et une pas si dégueulasse, faut pas jouer la fine bouche : le retour du quadra en pré-retraite dans les buts, pour ses retrouvailles avec la camorra le football italien, avec devant lui une défense à trois qui en vient à ne plus être si expérimentale que ça, avec sa triplette d’anciens nazis établis au Brésil. Sur les côtés, un Belge et un Espagnol pour la blague de la frite qui tombe dans le gaspacho. Au milieu, les forces de l’Axe italo-germano-maçonniques, et l’Argentin pour porter la chandelle. Enfin, deux fuites en avant dans le secteur offensivo-financier.
La première période est à l’avantage de la section séquanaise de l’Internationale footballistico-financière, dans un mélange contradictoire de situations défensives donnant des sueurs aux fesses face au trio de lutins de l’enfer d’en face, et de maîtrise globale et sereine du jeu balle au pied. PSGEL évite ainsi de peu la case prison sur quelques contres que l’on qualifierait, du côté de la Canebière, de « slipométriques », mais parvient à poser peu à peu ses maisons sur des points clés du plateau, grâce notamment à un Némarre particulièrement chatteux sur ses lancers de dés.
L’homme qui valait encore plus que 222 millions enchaine les 6 et ne compte pas ses sous ni son énergie pour acheter toutes les rues qui lui tombent sous la main et distribuer les actes de propriété à ses coéquipiers. Manque de bol, Meugné, au quart d’heure de jeu, salope une magnifique talonnade du Brésilien en piochant une carte Chance qui l’empêche de frapper du gauche. Mince alors. La Drax n’est pas en reste lorsqu’il paye un véritable boulevard Saint-Germain à Kiki sur une ouverture lumineuse à la demi-heure. Malheureusement pour le goldenboy, le défenseur presque français d’en face avait gardé de côté une carte d’immunité, et évite la case prison d’un splendide tacle.
Il faut attendre le temps en plus de la première période pour voir enfin ces investissements immobiliers payer : Impayés-au-fisc-espagnol ouvre la voie à Prêt-avec-clause-d’achat-obligatoire-et-illégale-sous-seing-privé d’une belle louche à gauche, lequel fixe, crochète et centre en retrait pour Panic-buy-de-latéral-gauche qui avait suivi et la met au fond tout en se cassant la gueule dans la surface napolitaine. 1-0, un beau montage fin une belle combinaison collective qui porte ses fruits.
Le retour des citrons n’est pas des plus calmes pour nos ouailles. Une offensive immobilière en règle des actionnaires napolitains commence sur les propriétés parisiano-saint-germanoises, avec pas moins de 13 tirs au but dans les quinze premières minutes de la seconde période. Jean-Louis est mis à contribution plus d’une fois sur sa ligne, et doit même être suppléé par sa défense centrale pour sauver les meubles. La millième offre finit par être la bonne à l’heure de jeu : endettée de fatigue, la défense bleu-violette est dépassée par l’incursion d’un Napolitain saupoudré de chocolat dans la surface. L’intervention en tenaille de Jean-Louis et Thiago est jugée illicite, la pénalité est transformée, 1-1.
La dernière demi-heure de jeu fait uniquement parler d’elle pour son grand manque d’intérêt(s), les deux équipes se repliant sur leurs capitaux durement gagnés à la sueur de leurs ouvriers, craignant de perdre leurs précieux gains dans un all-in qui peut coûter très cher de part et d’autre. Heureusement pour nos camarades, les Angliches ont chuté à Belgrade peu de temps auparavant, et tous les scénarios restent permis dans cette coupe des coupes. On a hypothéqué Lassana, mais pas nos chances de victoire.
Enfin, si. Non. Je sais plus.
LE SOVIET BANQUEROUTIER
Jean-Louis (4/5) : Il fallait un roc pour tenir le coup quand toute la défense prenait l’eau de toutes parts au début de la seconde période. Malgré le pénalty concédé, il a tenu la baraque. Un hôtel rue du Roi-de-Sicile pour papy Jean-Louis, siouplé.
Titi Silva (1/5) : Comme d’hab, ça flageole des guiboles au moment de l’instant de vérité : c’est à cause de son contrôle raté que son gardien doit faire la faute qui entraîne le pénalty de l’égalisation. Le match référence dans une grosse affiche, c’était pas encore pour tout de suite.
Marquehrer (2/5) : Un peu mieux mais pas vraiment de beaucoup. Il paie le mauvais quart d’heure qu’a passé PSGEL après la mi-temps.
Kehrerinhos (3/5) : Il nous en sauve plus d’une pendant le temps fort napolitain. On va finir par bâtir notre PROJEEET sur lui, le con.
(Remplacé à la 90e par Maxéric Choupomotine, la Teuton connection)
Meugnééé (2/5) : Némarre lui a fait renverser son cornet de frites en lui demandant de tirer du gauche.
(Remplacé à la 73e par Prunelle de Quimperlé, histoire de fermer le bazar)
Jean Bernard (3/5) : Une belle gamelle dont on se souviendra.
Marcoco (2/5) : C’était une dure journée pour jouer au milieu.
Juju la Drax (3/5) : Il s’est gardé quelques-unes des belles avenues du plateau pour défiler au pas de l’oie, en mode 1940.
Ange de Marie (?/5) : Comme celui qui triche au Monopoly : pas vu, pas pris.
(Remplacé à la 77e par Eddy Cavani, pour les retrouvailles avec Saint-Paulo)
Némarre (4/5) : Il a les rues rouges, les vertes, les quatre gares, la compagnie générale des eaux et en plus il a une chance de cocu aux lancers de dés. Le maître à jouer, à n’en pas douter.
Kiki Mbap-p-p-p-p-pé (2/5) : Bon, ça court bien, ça prélève des reins, ça ouvre des brèches, mais à l’arrivée y a que t’chi, tiens.
Et avant de nous quitter, une nouveauté aujourd’hui :
Le journal de bord de notre bon ami Lassie
Des bisous les banquiers,
Sans oublier le verre pour Moké,
Georges Trottais