Nîmes-Amiens (2-0) : La Crocro Académie avait oublié

Il est des jours comme ça, où tu te rappelles confusément, aux alentours de 14h, un peu ensuqué, un peu déprimé, que ton club joue dans la soirée, et où tu n’as plus tellement la niaque, où tu te dis que finalement à quoi bon, que les pitres qui portent le maillot vont encore être en dessous de tout et étaler leur absence de dignité devant la France entière, qu’ils vont, comme on dit « faire une Noël Le Graët ». Tu te penses alors à ton club, à tout ce merdier qui l’entoure, à Rani Assaf, à Nicolas Usaï, et tu te dis qu’après tout, un énième non-match contre Amiens (co-leader de Ligue 2 à la veille du match, tout de même) aurait au moins un mérite : celui de hâter le dénouement qui semble désormais inéluctable, à savoir le limogeage du susnommé Nicolaï. Enfin, limogeage, peut-être pas, ça voudrait dire lui payer des indemnités, et ça l’ami Rani en serait vraisemblablement incapable. Plutôt démission alors ? Non plus, ça voudrait dire pour lui retourner chercher du travail en National, la place est bonne. Plusieurs hypothèses pour un même constat : malgré le soulagement du retour des GN au stade, l’équipe est 19e et le maintien s’annonce compliqué. En un mot comme en cent : au coup d’envoi, j’étais confiant.

On se console tout de même en constatant deux choses : le rappel déjà mentionné du retour des GN en Pesage, un putain de plaisir dans la morosité ambiante, et qui annonce on l’espère une belle fête pour la dernière aux Costières contre Bordeaux début novembre.

Ensuite, Benoît « Idolo » Poulain est de retour dans le onze, LE CAPITAINE BORDEL, avec dans son sillage l’espoir fou d’une solidité défensive enfin retrouvée, et la conséquence immédiate et jubilatoire de voir Guessoum relégué sur le banc. Alors bon, pourquoi pas espérer un malentendu ?
LE MATCH
On va pas se mentir : ça fait plaisir. Depuis combien de temps on avait pas vu ça, dites ? Je dois sérieusement fouiller ma mémoire pour trouver trace d’une MT aussi sérieuse, même pas sûr d’y arriver en se retapant l’intégralité de la saison passée. On rentre dans le lard des nordistes d’entrée (deux situations, pour Koné puis Poulain sur corner, dans les 5 premières minutes), les gars semblent à peu près au courant du schéma de jeu, la défense est stable et on s’installe dans le camp d’en face. Des débuts de match encourageants, on connaît, me direz-vous, mais ce qu’on connaît moins c’est l’évènement type faille spatio-temporelle qui se déroule à 20 minutes de jeu : Burner progresse côté gauche et enroule intérieur un centre parfait (et là tu te relis et tu te dis « mais bordayl j’ai dû mal voir ») sur la tête de Tchokounté qui ne se fait pas prier pour allumer Gurtner (1-0, 21e). C’est déjà beaucoup d’émotions, et c’est une étrange sensation que de retrouver des sentiments oubliés comme ceux-là, le plaisir, le frisson qui te fait souffler des « allez » et des « putain » en serrant les poings, des poings que tu es heureux de ne plus avoir à cogner contre les murs. On fait même le break sur un vraie belle action construite, avec incursion de Labonne sur le côté gauche, relai de Fomba et passe en retrait que rate Koné mais pas Thomasen qui cale un jouli contrepied (2-0, 33e) : je suis à deux doigts de hurler par terre en me pinçant les tétons, trop peu préparé que j’étais à voir du foot ce soir.
Le retour des vestiaires est évidemment plus tendu, avec des Amiénois désireux de moins se faire retourner. La différence notable avec les matchs précédents s’appelle Benoît Poulain, dont la présence transforme la défense et semble rassurer tout le monde, Djiga le premier, avec qui la charnière pourrait bien ne plus bouger. Maraval est lui aussi rassurant comme il faut, avec plusieurs sauvetages devant Bande puis Lachuer. Et voilà comment, en tremblant certes un peu mais pas tellement, on se dirige vers la victoire la plus tranquille de la saison. Tout ne fut pas parfait, avec notamment un Koné un peu trop gras pour ne pas être à côté de ses pompes, mais on partait de tellement loin qu’on prend l’ensemble bien volontiers.
Gardons-nous bien, en conclusion, de verser dans un optimisme malvenu. Les nuages sont encore nombreux, et on est loin d’être sortis d’affaire. Le NO est encore vivant, et c’est déjà un soulagement en soi. C’est un peu comme quand tu sors d’une rupture douloureuse et d’une dépression et que tu parviens un beau matin à te redresser et à enfiler un survêt’ pour te traîner dans la rue acheter des clopes : ce n’est pas le bout du chemin, mais c’est peut-être le début de quelque chose.
LES COLLÈGUES
(Vous êtes tous des tronches de con, mais j’ai quand même envie de vous aimer, putain de vous).
MARAVAL 4/5 : Il a réussi à survivre à une série de matchs de l’enfer et à enterrer définitivement la concurrence de Lucas Dias. Encore solide quand il le fallait, avec plusieurs interventions du type qui te font relâcher le sphincter en fin de match.
VARGAS (3+/5) : Surtout sérieux défensivement, mais il participe aussi à l’action du 2e but. On espère qu’il a bel et bien retrouvé son modjo.
POULAIN (cap., 5/5) : Même pas besoin de convoquer ma subjectivité pour lui donner la note maximale. Enfin de retour de blessure, il a expliqué aux jeunes comment s’y prendre et a transformé notre défense passoire en forteresse. Classe, sobriété, élégance, charisme, légende, fvzefpbnelmpjnsc pardon j’en ai mis partout

DJIGA (3+/5) : On avait déjà vu son potentiel par séquences sur les derniers matchs. Ce soir c’était vraiment pas mal, solide et présent au duel, combat, contact et autres mots rugbystiques galvaudés. On croise les doigts, mais on a peut-être trouvé notre charnière.
BURNER (3/5) : « Quand Burner réussira un centre » était jusque là synonyme de « quand les poules auront des dents ». Il faudra longtemps se repasser le but de Tchokounté pour y croire, mais c’est ainsi, ça s’est passé.
Labonne (7) : On ne sait toujours pas quel est son poste, mais il a été actif et intéressant ce soir. Peut-être que faux ailier – faux relayeur – faux récupérateur façon Matuidi 2018 est un rôle qui lui convient pas si mal.
FOMBA (2+/5) : Pas transcendant mais présent, présent mais pas transcendant. Oh bah écoutez, y a du pour et du contre, comme dirait l’autre.
THOMASEN (3/5) : M’a semblé un peu paumé sur certaines phases, mais une belle vista et une capacité à jouer entre les lignes. Un joueur assez classieux, récompensé par un but, conclusion d’une belle action. Espérons qu’il trouve sa vitesse de croisière et ne soit plus emmerdé par les blessures maintenant.
PAGIS (4/5) : Un profil « atypique ». Contrairement à l’immobilier, où quand on te dit ça il faut généralement s’enfuir en comprenant qu’on veut te vendre de la merde, ici on est face à un joueur dont on pressent les intuitions potentiellement géniales, malgré du déchet. Deux passes qui auraient pu être décisives. Digne fils de son paternel. Sorti pour DELPECH dont le rôle d’honnête doublure lui va assez bien.
KONE (2/5) : J’ai encore la conviction qu’il peut se sortir les doigts et s’y mettre pour de bon, mais il est clairement l’offensif le plus décevant ce soir. Il se murmure en plus qu’il serait pas contre mettre les voiles, ça fait beaucoup. Si au moins j’avais la certitude qu’il s’enculait sa race en boîte le vendredi soir, ça lui ferait une circonstance atténuante. Sorti pour N’GUESSAN, dont l’entrée a fait du bien à tout le monde dans le repli défensif.
TCHOKOUNTE (4/5) : On ne l’arrête plus. Grosse première mi-temps, 5e but cette saison pour lui, meilleur buteur, et c’est mérité vu le cœur qu’il y met. Remplacé par SAÏD qui a fait parler sa grosse maîtrise du tout-droit-tête-baissée.
Bon évidemment, comme dit plus haut, on est à mille lieues de l’enflammade.
Mais… Et si ça partait de là ?
Allez, la bise va.