Le retour du moi

Je me réveille ce matin avec la sale impression que le monde a changé. Et pourtant, tout était pareil ou presque. Je me tire de mon lit difficilement, les jambes sont lourdes et la tête engourdie. Je me regarde dans la glace, à la recherche d’une bosse, d’un coup quelconque. Rien. J’ai juste la même gueule qu’hier, des cheveux en moins et des joues en plus. Des joues bien rouges d’ailleurs, imbibées de sang et d’alcool sans que je me souvienne pourquoi. J’allume la télé, je change de chaine en m’asseyant sur le canapé. Du foot, je cherche du foot pour éponger le mal de tête grimpant. Ça parle de la Juve, parfait. Le match arrive bientôt, nickel. C’est lequel déjà ? Le derby. Ah. J’ai perdu l’habitude. Et d’un coup, arrive Allegri. Merde, j’ai loupé un truc ou quoi ? Qu’est-ce que c’est que cette merde ? Tiens, lui aussi a perdu ses cheveux. Il en avait déjà pas des masses, le pauvre. J’écoute mais je comprends rien. Ils sont passés où les autres ? Les Sarri, les Pirlo ? C’est déjà fini ? J’ai dormi combien de temps ? Putain de merde. Je prends tout dans la gueule en quelques minutes. Un saut dans le temps à l’odeur de bitume. Ça pique. Comme l’impression de m’être fait traîner sur la nationale. La soirée d’hier devait être salement arrosée.

La partita

Dès le début du match je vois Danilo faire un discours aux joueurs, tous encerclés autour de lui. J’en ai déjà marre. Je ressens des palpitations et des tremblements, je suis à un doigt de faire un AVC. Et les premières minutes n’arrangent rien. Tout a un goût de traumatisme. Rien ne va, que des souvenirs crades qui gouttent comme Del Neri. Ça joue au flipper, des rebonds, partout. Personne ne sait plus faire un contrôle comme il faut ou quoi ? À se demander ce qu’ils apprennent à l’entraînement. Je lis en parallèle que l’entraîneur n’aime justement pas ça, les entraînements. Super. L’image se fige sur Cuadrado. Il a le brassard de capitaine. Carrément.


Sur le banc, Juric ressemble à un prof de technologie et nous fait la leçon. Et en face, chaque joueur ressemble à un champion. C’est fluide dans les mouvements, tranchant dans l’engagement. Je me fait un sandwich, tant qu’à faire. Le football il a changé à ce qu’il paraît, mais pas la Juve qui se retrouve à jouer comme y a 20 piges et se fait démonter comme une vieille en demande d’amour. Tout va trop vite pour elle. Les jambes ne suivent pas, le coeur lâche, les yeux convulsent. Rien ne se passe sauf le temps. 20 minutes de jeu, toujours pas un tir. Première demi-heure, ça y est on voit le gardien adverse. Milinkovic-Savic. Il était pas milieu de terrain avant ? Tout juste le temps de déglutir que l’action s’enflamme : sur une récupération haute (un hasard peut-être ?) la flambée : trois tirs d’affilée, le paradis. Mais pas un au fond, évidemment. Si je comprends bien, on a été plus dangereux en quelques secondes qu’en un mois. C’est parfait. Allegri se sent pousser des ailes et demande à son équipe d’attaquer mais personne ne bouge. Ambiance…


Reprise. Les joueurs ont une agressivité de façade. Ça gueule mais personne ne mord. Le bloc est bas. Bas du front, bas des bras. Contre-attaque, Kean et Vlahovic se retrouvent plus seuls que Cambadelis. Kostic a un moment est obligé de prendre le transsibérien pour participer à une attaque placée. C’est la Mer Rouge au milieu de terrain et on attend toujours Moïse. Kean comme le messie. Pendant ce temps là Cuadrado se prépare pour danse avec les stars et Juric fait son stretching sur le côté. On remercie, beaucoup, trop. Le Toro est approximatif, sanguin. Le cadavre qu’il a en face de lui est prêt à être cueilli. Kean de son côté mange à sa faim et Allegri perd les quelques cheveux qui lui restent. Et puis, venu de nulle part, l’ouverture du score. Sur corner, Vlahovic, laissé seul au second poteau pousse un ballon mort dans les filets. On se demande quand même pendant quelques instants s’il était pas hors-jeu quand même parce que finalement personne n’y croit vraiment. Mais le but est bien validé. C’est nul mais ça fait du bien quand même. On croque tout quand on a faim.

Les huit salopards

MILINKOVIC-SAVIC : Il a nettoyé tout ce qu’il pouvait sans finalement être récompensé. La gueule de son frère avec une barbe de faux taulard. De celles qui s’entretient à l’huile et à la crème de noix de coco de mes couilles. Bien fait pour lui.

RADONJIC : Le Serbe le plus en vue du début de match. Malheureusement pour lui il rentre au vestiaire bredouille et s’astique seul en écoutant ses compatriotes chanter dans le vestiaire d’à côté.

JURIC : Un look de technicien EDF à faire pâlir Maurice Sarri. N’empêche, avec trois brindilles il te fait un feu. Offrez-lui de quoi travailler monsieur Cairo qu’on rigole un peu.

VLAHOVIC : La vie injuste de ce clébard vagabond qui cherche son chemin en vain. Allegri l’a peut-être abandonné au bord de la route mais il reste fidèle.

ALEX SANDRO : Peut-être l’un des meilleurs du match et pourtant. Cette seule info suffit à souligner les abysses qu’explore la Vieille en ce moment. Pas besoin d’en rajouter, on a suffi d’espérer avec lui.

CUADRADO : Un joueur qui se conjugue au passé. Cuadrado sera sans mal remercié pour les services qu’il a rendus, mais qu’on abrège nos souffrances s’il vous plaît. Merci.

ALLEGRI : Sénateur à vie dans cette assemblée de salops. L’ennemi public numéro 1 s’éloigne de plus en plus du sport pour le standup. Quelques blagues par-ci par-là, comme un écran de fumée pour masquer la merde qu’il nous bourre depuis trop longtemps. Cassez-vous monsieur.

AGNELLI : Le boss final de cette sale crasse qu’est devenu le « football moderne ». L’année du centenaire de la famille Agnelli à la tête de la Juventus n’aurait pu être plus triste.

Ciao.

1 thought on “Torino – Juventus (0-1), la Bianconero Académie sans prévenir

  1. Très curieux de l’huile et la crème de noix de coco de vos couilles pour entrenir le poil je le confesse. Quel putain de bonheur de vous relire… Le seul que la Juve peut encore réussir à me donner.

    Fino Anal Fine.

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