Mais non, je ne me suis pas endormi.

Bonjour, prenez un siège je vous prie. Un cigare ?

Vous êtes donc venu sur mon divan pour évoquer Pologne-Japon. Vous voulez dire que Pologne-Japon est un sujet qui a éveillé en vous un intérêt. Je ne vous jugerai pas pour cela car je suis médecin et à l’écoute avant tout, mais j’aimerais que vous ayez pleine conscience de votre état mental présent. Répétez après-moi je vous prie : « oui, je suis venu car j’avais envie d’en savoir plus sur Pologne-Japon ». Voilà… vous fondez en larmes en vous demandant ce que vous êtes en train de faire de votre vie, c’est le début d’une prise de conscience, c’est très bien. Nous allons résoudre votre problème, mais évacuons auparavant ce Pologne-Japon, je crois qu’il nous faut rapidement exorciser cela.

Nom de Dieu, vous êtes vraiment venu vous intéresser à Pologne-Japon… quand on y repense… j’en ai rencontré des tarés, dans la carrière, mais comme quoi, on n’a jamais fini d’être surpris.

 

L’équipe

Fabianski

Bednarek – Glik – Jedrzejczyk

Bereszynski – Krychowiak – Goralski – Kurzawa

Zielinski – Lewandowski – Grosicki

MMMhhh ? Mais non, je ne m’endors pas, je vous dis. Je prends des notes dans ma tête. Allez, remettez-vous sur ce divan et continuez à me parler de votre maman.

 

Le match

Bien que le Japon joue sa qualification, le match se joue sur un rythme pépère, avec quelques occasions de temps à autre de chaque côté. Kawashima réalise un arrêt magnifique en première mi-temps, mais cède sur un coup franc de Kurzawa repris par Bednarek. A dix minutes de la fin, le Japon est qualifié malgré cette défaite, la Pologne est heureuse de cette victoire qui conclut une phase de poule honteuse, plus rien ne se passe. Voilà.

 

Psychanalité du footballeur : Akira Nishino

Une fois n’est pas coutume, je vais faire un pas de côté et m’intéresser plutôt à ceux d’en face, tant la psychologie de cette équipe me semble fascinante. Nous voici donc en présence du sélectionneur japonais, successeur d’un Vahid Halilhodzic viré deux mois avant le tournoi.

L’enfant du pays succède ainsi dans le tumulte au très peu japonais Vahid. Vahid, critiqué pour son management tyrannique, un père fouettard en quelque sorte. Nishino se voit ainsi appelé dans un moment critique, à rien de moins que « tuer le père ». La mission est presque accomplie avec brio dès les deux premières rencontres, suffisamment tôt pour que le remords s’installe. Mon Dieu, qu’ai-je fait ? Je vais réussir là où Père allait échouer ? Quelle fierté, mais aussi quelle trahison… mais ce Monsieur, c’est aussi celui qui met son zizi dans Maman, je veux le tuer, je dois le tuer…

On comprend la confusion mentale de ce pauvre Akira, à laquelle s’ajoute l’atavisme nippon pour le sacrifice héroïque. Mon équipe s’appelle les samouraï, mais se qualifier en se tournant les pouces pour attendre une anonyme sortie en huitièmes, ce n’est pas samouraï du tout comme parcours. Où sont les bandeaux noués sur le front, les éventrations ? Ah, forte symbolique de l’éventration, évidemment : puisque Vahid = figure du père = figure du pénétreur de maman ; tuer le père = pénétrer le père, fantasme d’homosexualité mal assimilé ; auto-éventration : se pénétrer soi-même = pénétrer (avec sa lame) ce fils qui a pénétré (avec le symbole) ce père qui a pénétré (avec sa bite) sa maman ; d’où par l’auto-éventration, cette réalisation du fantasme de rapport sexuel maternel. J’appelle ce concept : « l’inception pénétrante ».

Problème : Akira Nishino ne peut pas s’auto-éventrer sur la touche : le protocole FIFA ne l’autorise pas, et de plus le Japon est en position victorieuse, rappelons-le. D’où l’impasse, que le sélectionneur résout en faisant n’importe quoi : 4 des meilleurs titulaires sur la touche pour un match décisif : ce n’est pas franchement se planter un poignard dans l’utérus, mais l’on sent néanmoins l’attraction de la lame. Quant à ces dix dernières minutes où le Japon fait tourner la balle sans chercher à attaquer, alors qu’un seul but dans l’autre match suffirait à les éliminer, il me faut pour analyser cela convoquer une autre spécialité japonaise.

Figure 1.

 

En refusant le jeu, l’équipe d’Akira Nishino ne fait rien d’autre que de se laisser lier pieds et poings à la merci du Sénégal, avec tout l’imaginaire – cliché certes, mais les clichés ont leur importance dans le psychisme – attaché aux hommes d’Aliou Cissé : l’érotisme sauvage, l’énormité de la verge, le poing vengeur du Wakanda.

Figure 2.

 

Figure 1 + figure 2 = je ne vous fais pas un dessin de la figure 3, n’est-ce pas. Toujours est-il que par ce risque maîtrisé, M. Nishino a su exploiter cette tension érotico-psychique, en transférant ces envies d’inceptions pénétrantes vers le fantasme, beaucoup plus synthétique et plus sain, de M. Cissé pénétrant sa maman avec le poing. En conséquence de quoi, hop, apaisement général et Japon qualifié.

 

Les notes :

Dans tout ça je me rends compte que j’ai complètement oublié de vous parler des joueurs polonais. Croyez-en mon avis d’expert médical, vous ne perdez rien au change, c’est tous des cons (voir ces confrères pour une analyse plus détaillée quoique convergente dans ses conclusions).

Voilà, c’en est fini de la Pologne, mais en tant que médecin, je reste à la disposition de tout lecteur (solvable) souhaitant m’entreprendre de diverses questions footballistico-psychanalitique. Ca fera 200 schillings. Mes amitiés à votre maman,

 

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