Rostov-Manchester United (1-1) : La Raide et Vile Academy livre ses notes de coupe d’Europe.

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« La plage russe de mars », une rêverie de José Mourinho.

Salut à tous !

Ce jeudi 9 mars, les affolantes michetonneuses de Manchester United se rendaient aux confins du Caucase, à Rostov sur le Don précisément, afin de disputer le match aller de leur 16è de finale d’Europa League.

Un déplacement peu périlleux sur le papier, mais toutes choses n’étant pas égales par ailleurs, un match hautement piégeur de par la distance, le climat (continental doux selon Wikipédia, mais on ne doute pas que le ministère de la propagande russe est derrière ça), le contexte quelque peu inquiétant de légalisation du hooliganisme, et surtout la période un peu trouble que traversent nos gagneuses.


LES ROUGES DIABLESSES.

Subitement transcendé par une forme de mélancolie légère à son arrivée sur les bords de la mer d’Azov, José Mourinho inspire l’air iodé en carrant les épaules, et se souvient alors de l’homme qui le précéda aux commandes de Manchester United. Un homme qui ne craignait pas d’innover, ni de prendre les risques les plus inconsidérés en des moments critiques. Un homme au goitre proéminent, certes, à la carrure plus pantagruelique que réellement affûtée (et pourtant ancien joueur comme José) et à l’ego tellement surdimensionné qu’il avait fini par déformer son crâne au point de faire ressembler ce dernier à un bocal.

Troublé, José confond un instant les époques, et se met à mixer les exploits de son prédécesseur direct avec un autre, plus illustre, mais pas vraiment plus humble. Confusionné par la sonorité lointaine d’un violon larmoyant aux accents slaves, le Mou tremble soudain légèrement du menton et refrène un transport émotionnel violent. Il s’en faut de peu qu’il ne fonde en larmes, à la pensée de ses dernières inspirations tactiques infructueuses. Comme un mantra, il se trouve à répéter, seul, d’une voix blanche, cette suite de chiffres infâmes : « 4-2-3-1, 4-2-3-1, 4-2-3-1… ».

Divers exploit européens impliquant des joueurs qu’il ne connaît plus lui reviennent en tête comme un tourbillon de vent glacé descendant du Caucase : Darren Fletcher, John O’Shea, Wayne Rooney…il se souvient de ce 4-5-1 européen trempant négligemment sa mouillette dans le cœur jauni par la peur du Milan AC ou du FC Barcelone, se foutant des dégoulinures de victoire sur les doigts. Il se souvient aussi de ces tentatives plus expérimentales, d’une tournée américaine remportée en jouant en 3-5-2 avec Memphis Depay en soutien de l’attaquant, et Tyler Blackett à gauche du trio défensif…Quand soudain, sa rêverie est interrompue par un esclave assistant :

« Grand chef ! Grand chef !

-Comment oses tu parler à ton maître, vaurien ?

-Pardon, Maître, je voulais dire : Ô Saint Martyr de la Manita, double détenteur de la coupe aux oreilles de Gonçalo Guedes, Grand Faiseur du Saméto défensif devant l’éternel, Câlineur aux larmes de miel de Marco Materazzi, Infini Pourvoyeur de Diégo Milito, Chevaucheur Impénitent de la pelouse du Camp N…

-Oui ça va, ça va. Qu’est-ce que tu veux ?

-Vous n’avez pas empli la feuille de match de votre auguste sapience, Maître.

-Ah, oui c’est vrai. Donne moi ça. Et va me préparer un maté, vite. Et n’oublie pas d’y verser quelques larmes de Sergio Busquets. »

Voilà. Si vous aussi vous y voyez un X-wing, sachez que c’est indépendant de notre volonté (mais on trouve ça assez classe quand même, contrairement à ce schéma tactique).


LE MATCH

Sur une pelouse abominable, la partie prend d’emblée des airs de beach soccer improvisé, avec tous les levés de balle hasardeux que cela implique. Les Russes forcent le plus possible sur les longs ballons et tentent de tout gagner au physique, ce qui n’est pas pour déplaire à Phil Jones, Chris Smalling et Marcos Rojo, qui s’en donnent à cœur joie en dégageant longs ballons et joueurs adverses sans jamais avoir à se soucier de soigner la relance.

Pogba et Mkhitaryan, eux, sont à l’opposé sur l’échelle du plaisir footballistique, et se demandent ce qu’ils foutent dans cette boucherie où l’on ne joue jamais dans les pieds. C’est d’ailleurs dès que nos entraîneuses commencent à enfin mettre le pied sur le ballon et à ne plus balancer comme de gros demeurés que la lumière vient, avec au départ un excellent travail de Fellaini (qui sait aussi se servir de son grand corps pour faire autre chose que coller des pains), qui trouve Ibra dans la surface. La passe en double contact de ce dernier est délicieuse, et trouve l’Arménien au grand nez dans les 5 mètres 50 pour une ouverture du score fort rassurante (0-1, 36è).

La deuxième mi-temps s’ouvre en revanche sur une douche froide nommée Bukharov : sur un long ballon venu du rond central, l’attaquant profite du retard d’alignement de Phil Jones pour contrôler joliment de la poitrine et enchaîner avec un sèche qui fusille à bout portant un Romero jusqu’ici irréprochable. (1-1, 53è).

Le match se rééquilibre ensuite tout en continuant à verser dans un inesthétisme rare, nos gagneuses ne parvenant cette fois plus du tout à poser le ballon, même sur de courtes séquences. L’entrée de Martial vient tout de même dynamiser tout cela et permet à Blind de jouer plus haut, ce qui n’est pas un mince avantage. La plupart des actions mancuniennes dans la dernière demi-heure viennent donc du côté gauche, et même si elles ne sont pas payées, elles laissent augurer de bonnes choses pour le retour, à savoir une raclée qu’on espère de tout cœur indécente.

Si le hold-up aurait pu être parfait sans encaisser cette égalisation, on peut donc se satisfaire de ce résultat quasiment inespéré compte tenu des conditions, en rappelant tout de même que Rostov avait battu le Bayern sur ce même terrain en phase de poules de la Ligue des Champions plus tôt dans la saison. Oui, le Bayern de Münich, pas celui de Juan-les-Pins.


LES NOTES.

Romero 4/5 Comme dit plus haut, il a été parfait tout le match, d’un sérieux à toute épreuve sur les ballons aériens, et autoritaire avec sa défense, surtout dans les moments de doute. Dommage pour le but.

Jones 2/5 Philou est un peu le chouchou de la Raide et Vile Academy, mais quand il pêche, il faut le dire tout de même, ce qui est déchirant pour nos petits cœurs de démons : déjà coupable d’avoir provoqué un penalty lors du match précédent, il a cette fois été désigné comme responsable sur le but, puisque le révélateur hors-jeu l’a repéré en plein dans son repli trop flegmatique.

Smalling 2/5 S’il a su faire preuve de sérieux au marquage et nous a même gratifiés de gestes défensifs de classe, il ne parvient toujours pas à conjurer le sentiment de panique qu’il fait naître chez chacun au moment de relancer.

Rojo 3/5 Son style bourrin a parfaitement collé à l’ambiance et à l’exigence physique de ce match.

Young 2/5 Positionné en latéral dans un 3-5-2, il allait devoir faire preuve de coffre. Son début de match a été convaincant, mais il s’est vite éteint, et a fini dans l’anonymat le plus total.

Herrera 3/5 Toujours présent à la bagarre, car soyons honnête : il aime ça. Remplacé par Carrick (91è)

Fellaini 3/5 À l’aise dans son rôle de tour de contrôle devant la défense, il est toutefois venu apporter un éclair technique à contre-emploi sur le but, puisque c’est lui qui parvient à amener le ballon au sol dans la surface adverse (grâce à son talent particulier pour le contrôle de la poitrine).

Blind 3/5 À l’annonce de la composition, et alors que la défense à trois n’avait pas été confirmée, on a un instant cru qu’il allait évoluer au milieu. Cruelle déception de le voir rester sur le côté, car quitte à expérimenter, autant que le Mou le place dans un rôle où il avait donné des gages de réussite. Son coup de patte a été utile, surtout sur coups de pieds arrêtés. Remplacé par Valencia (91è)

Pogba 1/5 Positionné en 10, dans un rôle qu’il semble ne pas vouloir assumer, il a été d’une faiblesse rédhibitoire. Incapable de jouer avec son corps comme il sait si bien le faire quand sa technique est prise en défaut, sa performance s’est restreinte à boucher les espaces.

Mkhitaryan 3/5 Difficile d’exister pour lui dans un match réservé aux grands costauds. Sa force a été de ne pas abdiquer, surtout après avoir encaissé un jaune alors qu’il prenait des coups depuis le début du match. Sa vitesse a bien aidé pour se débarrasser du marquage, mais le terrain l’a en revanche privé de tout coup d’éclat balle au pied. Remplacé par Martial (67è).

Ibrahimovic 3/5 Est-il possible qu’il ait laissé son ego en Angleterre, qu’il ait eu à cœur de rattraper sa connerie intersidérale avant d’entamer sa suspension ? On l’a en tout cas vu combatif, ne lésinant pas sur les courses et le pressing, précieux à la bagarre, et en plus, décisif.


SUBS.

Martial 3/5 Son entrée a semé une balle panique dans le camp adverse, sa vitesse et ses appels venant achever les corps usés des Russes qui avaient beaucoup couru depuis le début.

Carrick et Valencia (non notés) sont entrés pendant les arrêts de jeu dans l’unique but de mettre fin le plus rapidement possible au calvaire. Mission accomplie.

Bobby Carlton.

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