Sedan – LOSC B (2-0), L’Ardwen Académie : l’éternel retour

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On peut être fier de n’importe quoi si c’est tout ce que l’on a. Moins on possède, plus il est nécessaire d’en tirer vanité. (John Steinbeck, A l’Est d’Eden).

La M’sieur Louis Académie vous dit bonjour.

Bim ! D’entrée ! je me suis dit « c’est ta première académie, envoie une citation de grand auteur dont le sens semble mystérieusement connecté avec ton sujet, au moins si le reste n’est pas bon, il restera toujours ça de bien écrit. »

On en est là, académiser un club de N2 avec un sentiment ambivalent, la fierté de vous faire (re)découvrir une belle place du foot français et la souffrance de le faire alors qu’il affronte les équipes réserves de clubs pros qu’on jouait il y a peu encore.

Et pourquoi une Ardwen Académie ?

Sedan c’est une histoire identitaire au sens positif du terme, un club qui colle à son territoire, voire à son terroir. Il y a du Lens, du Saint-Etienne, du Sochaux à Sedan. Les Ardennes sont les portes de saloon de la diagonale du vide, département rural et industriel qui en chie toujours valeureusement à rattraper le progrès. Le CSSA est le mégaphone du « peuple ardennais », les moments de gloire du club, les deux coupes de France, les trois finales perdues, la ligue 1, le renvoi de Philippe Bergeroo (je vous la raconterai celle-ci), les victoires contre l’obséquieux voisin rémois,… sont des preuves de vie. Les 20 à 25000 supporters montés à la capitale en 1999 et 2005 avec leur sanglier qui fait le tour d’honneur au SDF étaient là pour porter leur club mais aussi pour hurler à tous : « ON EXISTE PUTAIN ! ON EST LA ET VOUS NE POUVEZ PLUS FAIRE SEMBLANT DE NE PAS NOUS VOIR ! ».
Steinbeck a raison.

16,99 €.

Avoir grandi sur les terres de René Daumal, d’Arthur Rimbaud et de Michel Fourniret offre une certaine étanchéité à la douleur, voire une certaine appétence. C’est pourquoi, à l’aube de cette nouvelle saison au purgatoire (N2) j’ai décidé, par la présente, de vous faire la joyeuse chronique du CSSA dans les limbes du football « amateur » hexagonal, loin des fastes et du clinquant professionnel d’un Chambly-Rodez.

Et ça commençait ce week-end avec la réception de la réserve du LOSC. Pour le petit point de contexte, disons qu’après deux saisons franchement moroses, le CSSA, par un recrutement bien troussé et une prépa convaincante, est parvenu a faire naître un semblant d’enthousiasme et d’espoir pour la remontée en National.

La compo justement :

(Les notes me permettront de mieux vous les présenter).


Le match :

Je n’ai pas relu mon contrat mais j’espère qu’on n’est pas obligé de parler de football dans cette partie parce que ça va vite devenir compliqué.

Dans les grandes lignes, globalement on s’est fait chier, peu d’occases franches au final. C’est un peu ce qui arrive quand une équipe laisse le ballon à un adversaire qui ne sait pas trop qu’en foutre. Le LOSC B, ça tripote bien mais ce n’est pas efficace pour deux sous, j’ai le sentiment qu’ils auraient pu jouer encore cinq heures derrière sans plus de résultat (à part un frisson ou deux surtout sur coups de pied arrêtés). Comme disent les anciens par chez moi « aussi utile qu’si t’avais chouffler dans mon cul ! » (Il fallait bien se réchauffer durant les longues soirées d’hiver).

Ils sont aussi tombés sur une équipe sedanaise solide et aimant le contact humain, adepte de cette loi naturelle du foot district « Si le ballon passe, pas le bonhomme. » Les chiens pissent après les platanes pour marquer leur territoire, le milieu sedanais semelle (je semelle, tu semelles, il semelle,…). Et à ce jeu le trio de l’entrejeu est très fort, le Bon, la Brute et le Truand. Raphaël Calvet, dans le film Clint Eastwood, malgré qu’il soit considéré comme le bon, est une belle roulure, mais avec style, efficace, implacable mais soyeux. François « Paco/Tucco » Borgniet, le gars du cru (tu l’as ?), chouchou de Dugauguez, la grinta, des coups, en première ligne lors des bagarres, Eli Wallach à son meilleur. Aziz Dahchour, à peine débarqué nommé capitaine, il va plaire à Dugau autant qu’on l’aurait insulté sous un autre maillot, ce qu’il faut de vice et de technique pour mener ses hommes et faire sauter les nerfs des autres, Lee Van Cleef. Seul souci, il va falloir bien profiter des matchs où les trois sont alignés parce que dès que les suspensions vont commencer à tomber ce sera aussi précieux qu’une analyse pertinente de Roudy. Les trois ont pris leur petite biscotte.

Derrière, Lembet, peu inquiété, il a fait le taff. Il maîtrise toujours aussi bien le concept de la relance-saucisse mais efficace sur les rares fois où il a été sollicité. De même la défense centrale à bien maîtrisé les joueurs de five lillois. Physiquement solides, Baldé et Mendy ont sorti une bonne copie. Harvey à l’aise, Romain beaucoup moins mais pas de bobo.

Devant, faudra pas réclamer d’expliquer la constante de Planck mais ça devrait scorer, ça l’a d’ailleurs bien fait. Dans ce dispositif, il faut un gus dans le rôle ingrat du point-d’appui-costaud-qui-joue-3/4-de-ses-ballons-dos-au-but-et-va-au-carton-avec-les-defenseurs-en-attendant-un-centre, Durbant est une bonne pioche, puissant, solide et décisif sur le centre de Bekhechi pour l’ouverture du score. Sur les ailes, la recrue Neupoc Mendy, à gauche, m’a fait une bonne impression, beaucoup de puissance également, hargneux et pas maladroit balle au pied il aurait pu (dû ?) être récompensé par un but mais le juge de touche a décidé qu’il était hors-jeu (avantage de la N2, tu n’es pas emmerdé par la VAR, ça fait juste chier quand c’est à ton désavantage). Enfin l’artiste, Jéremy Bekhechi, soyons clairs, il n’a absolument rien à foutre en N2, élégant, au dessus techniquement, gros physique quand il s’en sert, décisif (un but, une passe D ce soir), il peut totalement disparaître par nonchalance sur certain match. Bekhechi c’est les Buzzcocks du football, classes, ultra-talentueux, tout pour devenir un des plus grands groupes du monde mais au final un plaisir confidentiel pour initiés snobs. Bekhechi on l’aime autant qu’on l’insulte. Ce soir il était dans un grand soir, on l’aime.

Résultat 2-0, clean sheet, dans un Dugau plein de plus de 2100 spectateurs. Dans un stade de 23000 places, 91 % d’espace vide, la boite crânienne de Gilles Favard. C’est toujours un crève-cœur quand tu as connu les grandes heures, le stade plein, bouillant, de voir ces tribunes vides. Mais il ne faut pas grand-chose pour que ça se remplisse, on a vécu du 9000 en N3, ça pourrait revenir, on peut vivre une belle saison. Ou pleurer. Encore une fois.

P.S. : Merci aux dirigeants de faire rentrer les joueurs au son de The Final Countdown, il y a des traditions Bordel ! On n’imagine pas l’OM rentrer sur du MeatLoaf ou Bordeaux sur 99 luftballoons !


Les notes :

Lembet : 3/5 – Pas ouf à la relance, peu inquiété, il est resté suffisamment concentré pour assurer lorsqu’il l’était.

Harvey : 4/5 – A l’aise sur son côté, saignant offensivement, présent défensivement. Pourrait faire beaucoup de mal avec un brin de justesse en plus lorsqu’il doit centrer.

Baldé / B. Mendy : 4/5 – Costaud. Mention spéciale à Mendy qui a lourdé d’entrée son vis à vis d’un coup d’épaule de brutasse, façon hockeyeur mal luné, histoire de refroidir tout le monde. Ça a plutôt bien fonctionné.

Romain : 3/5 – Quelque peu emprunté balle au pied, timide offensivement, il n’a pas brillé mais n’a pas fait d’erreur.

Calvet : 4/5 – Un boss tout simplement, solide et propre, voir plus (l’ouverture pour Bekhechi sur le premier but!), il va être très précieux s’il continue à ce niveau.

Borgniet : 3/5 – Paco a fait du Paco, ratisser, ratisser, ratisser et distribuer quelques lames. Un joueur utile qui ne calcule pas.

Dahchour : 3/5 – Nouveau capitaine, grosse expérience, du vice et le sens du jeu.

N. Mendy : 3/5 – Très actif, grosse percussion, quasi décisif, bonne pioche.

Durbant : 4/5 – Il a parfaitement fait ce qu’on attendait de lui et a claqué son but.

Bekhechi : 4+/5 – Un but une passe décisive, beaucoup d’implication, il a beaucoup défendu. Match quasi parfait. HDM

Cadeau bonus 
La petite danse de la victoire de Paco Borgniet.
https://twitter.com/i/status/1160613816327135234

17 thoughts on “Sedan – LOSC B (2-0), L’Ardwen Académie : l’éternel retour

  1. La bise anale de bienvenue à l’ami Mustafi Dahleb. Grâce à toi, je sais désormais qu’Ardwen n’est pas seulement le personnage le plus inutile de l’univers de Tolkien (avec les Mages Bleus).

  2. Bienvenue à vous. Hâte de lire vos académies suivantes (sauf celle de votre victoire contre nous en Coupe de France).

  3. J’ai eu un peu peur avec le titre, je me suis dit « qu’est ce qu’il va nous casser les couilles sur horsjeu avec cette chanteuse de la Star’Ac de Leroy de mes couilles ?! »

    Puis je me suis calmé à la lecture fort intéressante de cette académie, et je ne dis plus « couilles » parce que je suis zen maintenant, ça va mieux.

    Bienvenue !

  4. Bienvenue à vous, cher voisin. Et une bien belle académie pour débuter votre carrière ici.

  5. Quel plaisir de vous lire enfin ici ! En plus l’Ardwen c’est super bon, surtout la triple. @rhinitmichuls en a bu plein en arbitrant la dernière fois.

  6. Des années que je traîne sur ce site en enviant les autres clubs… On a enfin notre académie, j’suis trop fier !
    Merci Mustafi (en plus ça rime) !!!

    1. Faisez gaffe en disant merci Mustafi quand-même, il y a beaucoup de Gunners qui écrivent ici.

  7. Les Ardennes ont leur acad’. On attend les boches de pied ferme (le pied gauche de préférence) maintenant.

  8. Le nom ardwen bof bof c est une biere desormais indus des ardennes qu on trouve a lidl y avait bien d autres nom prince’s accademie etc…

    1. Tsssss
      C’est bon l’Ardwen, stop au fake news où je demande aux décodeurs de confirmer mes infos.

  9. Belle plume et belles références. Y de l’intellect par ici ! J’ai dû aller chercher une ou deux fois sur Google pour comprendre. Par exemple « Ardennes ». Et cet Arthur Rimbaud a l’air pas mal du tout.

  10. Quel plaisir de voir arriver l’académie de mon club de coeur… Ca sent l’année de la montée !

    Merci Mustafi, tu auras mon attention chaque semaine comme l’a @BLAAH (faut croire que j’aime les académies des clubs fournisseurs de frustration).

    Bise à Woinic

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