Stade Brestois – AC Ajaccio (2-0) : pourquoi ce déplacement à Brest est le meilleur de la saison

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À quel moment de ma vie j’ai pu commencer à me dire que faire 16 heures de route dans une vieille carcasse de 1994 pour aller voir un match de Ligue 2 était normal ? Je ne sais pas. Mais je l’ai fait.

Il est 8h30 ce vendredi 30 novembre lorsque je pose le cul dans ma 106. Première mauvaise nouvelle : une grosse flaque d’eau est apparue sous le pédalier, à l’intérieur de la voiture, pendant la nuit. Pas besoin d’écoper, le chauffage à fond pendant quelques kilomètres suffira à faire évaporer le liquide. Mais la journée s’annonce longue, surtout tout seul. Le GPS affiche 682 km et 7h49 de route. C’est bercé par les revendications des gilets jaunes sur la route, la plus belle étant la banderole « Macron destitussion » (sic), que le trajet se fait. L’excitation aidant, les 8 heures passent vite et j’arrive à Brest aux alentours de 17h. Là-bas, je vais visiter l’un des monuments les plus emblématiques de la ville : le E.Leclerc de Kergaradec, un bâtiment flambant neuf et design, afin d’y faire quelques achats (du saucisson, et de la bière bretonne).

Ensuite, direction l’hôtel des joueurs acéistes pour faire un petit coucou à toute l’équipe et enfin, c’est parti pour le stade Francis-Le Blé. Arrivé sur place, ma place de parking habituelle est prise, je me rabats donc vers une autre. Les petits rituels changent, ce n’est pas bon signe. Il est 18h45 quand les trois supporters acéistes de la soirée se retrouvent devant le parcage visiteurs. Bonne nouvelle : celui-ci est ouvert, pas comme il y a deux saisons. Autre bonne nouvelle : nous ne croisons pas la route du directeur de la sécurité brestoise, que nous n’insulterons pas ici, même si on n’en pense pas moins.

Je ne vous en ai pas encore parlé mais si j’étais si heureux de venir à Brest, c’est parce que le président brestois offrait le repas à tous les supporters présents. Un menu gargantuesque. Mais la mauvaise nouvelle tombe : le stadier nous annonce que nous n’aurons pas accès aux stands gratuits. Il essaye de nous rassurer en nous disant que lui non plus n’y aura pas accès mais ON S’EN BRANLE DE LUI ! On bâche la mort dans l’âme et nous attendons le coup d’envoi. Nous sommes donc trois en parcage visiteurs, Maxime venu de Niort, Toma qui habite dans le coin, et moi.

Alors que nos pieds commencent à geler et que nos gosiers crient famine, un homme arrive comme le messie avec un carton plein de sandwichs. Venu d’une autre buvette, il nous ramène un jambon-beurre chacun, que nous dévorons rapidement. Cinq minutes plus tard, alors que le match n’a toujours pas commencé, un autre type arrive les bras chargés d’un carton de pizza et d’un plateau où l’on y trouve toutes sortes de friandises : gratins, saucisses, cookie, gâteau au chocolat… Tout cela gratuitement et avec le sourire. Un accueil divin.

Il est donc l’heure des notations.

Les + :

  • Le jambon-beurre était sans doute le meilleur sandwich froid que j’ai mangé de toute ma vie de supporter.
  • Une baguette moulée, du beurre salé (ça change tout) et des cornichons. Le top du top. Surtout quand c’est gratuit. Merci.
  • La pizza de Domino’s (oignons, champignons sur base crème fraîche) était encore chaude. C’est la première fois que je mange de la pizza dans un stade. Agréable.
  • Les saucisses proposées sur des pics à brochette étaient froides mais elles avaient un goût délicieusement fumé.
  • Manger du gratin de pomme de terre dans un stade de foot, c’est pas la meilleure chose du monde ça quand même ? Surtout qu’il était très bon. Merci Denis Le Saint.
  • Terminer ce repas de goinfre par une note sucrée est très agréable. Top, du début à la fin.

Les – :

  • On nous a amené de la bouffe pour 15 personnes mais aucune boisson, on a failli mourir étouffé
  • Heureusement, la buvette du parcage a ouvert à la mi-temps. Là-bas, le type nous a servi une bière sans alcool dégueulasse, au goût de cidre et avec d’étranges morceaux à l’intérieur. Elle devait être périmée depuis un moment. Ça casse un peu tout le reste, surtout pour un verre vendu 3 euros.

Note sur le guide Michelin/Perfettu des buvettes de Ligue 2 : 4,75/5. La note décernée pour ce repas a longtemps été de 5/5. C’était sans compter sur la bière sans alcool infecte de la mi-temps. Le reste était totalement parfait. Nous nous sommes fait servir directement dans le parcage sans rien demander et surtout avec le sourire par deux mecs très sympathiques. Les plats étaient inédits dans un parcage visiteurs, variés, chauds et très bons. La principale qualité de ce repas a toutefois été sa gratuité. On a eu de la chance de tomber sur le match où le président offrait la bouffe à tout le monde. En temps normal, on sait que le repas aurait été bien moins délicieux (cf la saison dernière). Pour résumer : le meilleur jambon-beurre de Ligue 2, des plats chauds, sucrés, qui changent de l’ordinaire, un service parfait. Bref, un accueil incomparable.

Après un repas si copieux, direction les toilettes logiquement. Et là, ce n’est pas la même limonade.

Nouveauté cette saison : on va également noter les… toilettes des stades de Ligue 2. Alors faites attention, les photos peuvent choquer les âmes les plus sensibles.

Les toilettes du parcage visiteurs du stade Francis-Le Blé sont les plus puants de Ligue 2. Alors attention, ils ne sentent pas la merde, mais le renfermé. À peine nous passons devant la porte ouverte des chiottes qu’une odeur digne de celle du grenier de ta grand-mère vient te saisir les naseaux. Une odeur si forte qu’il est impossible de rester plus d’une minute à l’intérieur. Ces toilettes n’avaient toutefois que très peu d’intérêt sachant qu’elles ne possèdent pas un seul radiateur pour se réchauffer. On n’y trouve pas non plus de savon ni de torchon. Juste de gros rouleaux rouleaux de PQ. Sinon, le tout est assez propre et en bon état. Mais cela ne suffit pas. Note : 1,5/5.

Il est 20h, le match peut débuter. Le contenu de la rencontre est assez banal, l’ACA se fait dominer puis remet le pied sur le ballon avant de se faire punir juste avant la mi-temps. En toute fin de match, Joseph Mendes était sur le point d’égaliser lors d’un duel avec le gardien mais sa frappe ratée sera sauvée sur sa ligne par Quentin Bernard. Il s’agit ici du pire raté que j’ai vu dans ma carrière de supporter, à égalité avec un loupé de Panyukov contre le Paris FC. En tribunes, les trois membres d’I Sanguinari se sont réchauffés en entonnant quelques chants. Pas suffisant pour ne pas être gelé et faire gagner son équipe. Après le coup de sifflet final, Jérôme Hergault, Manu Cabit, Benjamin Leroy et Jérémy Choplin viendront nous saluer, le dernier venant même nous parler, avouant que cette défaite le faisait « chier ».


On débâche et plutôt que de partir faire les 8 heures de route dans la foulée, on se dit qu’on va aller faire un tour au Penalty, le bar situé derrière la tribune Quimper. Le repaire des ultras brestois et un passage obligé pour moi.

À peine je me suis payé une bière que des hordes de supporters brestois me reconnaissent et viennent gentiment me parler, me féliciter ou discuter du match. Max et Julio, rencontrés la saison dernière, sont bien évidemment présents. Mais je fais surtout connaissance avec de nouvelles têtes, comme Flo et ses potes, qui veulent m’emmener avec eux au resto, puis à la Javanaise, puis au Vauban (deux bars brestois), puis à l’hôtel (c’est là que j’ai commencé à prendre peur) pour dormir, puis au salon de l’érotisme le lendemain. Face à mon refus, ils tenteront tout de même de me kidnapper en me faisant monter de force dans un taxi (true story).

Du coup, je reste au Péno en (bonne) compagnie de @Julien_Fdn, de Ténor, de @guikerhas, de @AllezBrestcom, de @juliodelbrest29, de plein d’autres dont j’ai oublié le prénom (excusez-moi) et de @niko_ker alias Konio, un ultra brestois interdit de stade et dans un état alcoolisé avancé. Il me gratifiera de la chanson « J’ai la lime qui lime, le p’tit bout qui va qui vient » avec la chorégraphie appropriée : un doigt qui passe dans la braguette en guise de pénis qui se balance. Un moment d’anthologie.

C’était avant que Konio ne décide d’aller pisser en plein milieu de la route, tranquillement. Au même moment, passent sur le trottoir d’en face cinq ou six individus qui n’avaient rien à voir avec le SB29. Échanges de regards, insultes… Et les coups commencent à pleuvoir. Alors qu’une partie du Penalty fonce dans le tas, le reste regarde le spectacle. Dans la bagarre, une dread est arrachée. Elle sera ensuite brûlée au briquet, comme un trophée. À croire que c’est moi qui attire les bagarres, la dernière fois que j’étais venu, une baston avait aussi éclaté. Et il paraît qu’au Pénalty, c’est assez rare.

Après de longues et passionnantes discussions, maintes et maintes invitations à boire toute la nuit et à dormir sur place, quelques bières (deux pour moi, pas plus) et quelques photos avec les Brestois, vient l’heure pour moi de repartir pour 8 heures de route, agrémentées de quelques pauses pour dormir. Parti du stade à minuit, je suis arrivé chez moi aux alentours de 14h, pour un déplacement de 29 heures. Mais il en valait le coup. Si j’aime autant aller à Brest, c’est pour le merveilleux accueil qu’il nous y est réservé par les supporters locaux, tous plus sympathiques les uns que les autres. Et aussi pour ces moments au Pénalty. Merci mille fois les Brestois. À bientôt.

Perfettu

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