Le concert des Nations avait besoin d’un chef d’orchestre, est-ce vraiment étonnant de voir la Suisse diriger le monde ?

Adieu l’ami ! Enfin, ami : tant que tu laisses une pièce ou deux dans nos coffres hein. Comme prévu, on se retrouve pour une finale de groupe en Ligue des Nations. Je dis finale parce que les deux adversaires du soir peuvent terminer premier en cas de victoire. Il faudra deux buts d’écart en faveur des Helvètes alors que même un nul suffit pour les Belges. Vu l’importance de la rencontre et le prestige de l’adversaire (qui est quand même champion du monde de Belgique), la prudence est de mise. Surtout que notre match amical de préparation n’a pas été transcendant. Bon, vu qu’on jouait le Qatar c’était surtout l’occasion de soigner nos relations commerciales avec un partenaire premium. Je n’ai pas pu voir le match, mais vu le résultat (à savoir une défaite suisse 1-0) l’émir a dû faire un gros dépôt. Voyons ce que nous réserve le comte Vlad.


Les Suisses :

Suisse 4-2-3-1 football formation

 

Une compo hybride comme ma Jaguar I-Pace, celle avec les sièges chauffants en cuir de clandestin syrien. Comme quoi eux aussi peuvent avoir accès au luxe. Bref, hybride donc puisque le sélectionneur fait face à une vague d’immigrés de blessures parmi ses titulaires, notamment en défense centrale, ce qui n’est pas très rassurant. Pour vous faire comprendre, imaginez négocier un traité de neutralité sans être le banquier des belligérants : ça complique un peu les choses. Freuler préféré à Zakaria, Mbabu à Lang et Fernandes sur l’aile ce qui replace Seferovic en pointe et donc Gavranovic au stand découpage d’orange.


Le match :

Les points forts de la Nati, on les connait, ce sont les côtés. Ce constat implique que l’axe peut constituer le point faible, a fortiori quand il manque des titulaires. Les vingts premières minutes en furent une parfaite illustration, nos Suisses, suivant le modèle de leur fromage le plus célèbre, se faisant trouer au cœur même du jeu. Fébrilité individuelle, coordination défaillante, manque de conviction : notre équipe ressemble à la classe politique lorsqu’il faut s’attaquer au secret bancaire. Du coup les Belges mènent 2-0 après une vingtaine de minutes et un doublé du petit frère Hazard et on a l’impression d’être au fond du lac de Genève après avoir perdu notre troisième morceau de pain dans la fondue.

C’était sans compter sur le melon belge : et voilà que ça joue à la baballe, que ça trottine, que ça fait moins les efforts. Cinq minutes de cette bouillie de foot permirent aux Helvètes de se refaire une santé et sur une offensive côté droit, notre rasta (oui, on a des quotas en équipe nationale pour ça aussi) se retrouve fauché dans la grande surface, ce qui semble assez logique finalement. Rodriguez, ce bel homme, transforme le penalty et ne s’arrête pas là puisque quelques instants plus tard il dépose un centre sur l’extrémité qui dépasse des épaules de Shaqiri et qu’on pourrait désigner comme étant sa tête. Notre mètre cube remet direct au deuxième poteau où Seferovic surgit et égalise. L’irrationalité du retournement de situation le dispute à l’improbabilité de voir notre numéro neuf scorer contre une véritable équipe de foot et pas les premiers Islandais venus.

Le match bascule définitivement dans une autre dimension lorsque ce même Seferovic permet à la Nati de passer en tête juste avant la fin de la première période. Je rappelle que prendre un doublé d’Haris place la Belgique au même niveau que St-Marin, l’Autriche ou Andorre. 3-2 en notre faveur à la mi-temps et il reste quarante-cinq minutes pour prendre le cul des Belges et la tête du groupe.

L’ambiance au retour des vestiaires est aussi chaude que les boules de l’UEFA. La Suisse maîtrise le jeu et se porte souvent vers l’avant. Sur un corner, Shaqiri signe sa deuxième passe décisive de la soirée lorsque son centre trouve la tête d’Elvedi, tout heureux de se racheter après sa boulette de la première minute. Et surtout, la Nati se trouve être à ce moment qualifiée pour le final four, appellation qui nous rappelle un bon client du milieu du siècle dernier.

Les Belges essaient de réagir un peu, mais c’est un peu désorganisé. Après quelques minutes de flottement, la Nati se retrouve de nouveau aux avants-postes. Shaqiri talonne pour Mbabu qui centre pour Seferovic laissé seul par la défense adverse. Tête décroisée, but. Triplé de Seferovic. Nouveau titre pour la Belgique qui devient la seule nation à avoir encaissé un triplé de Seferovic. Dans les tribunes c’est la folie : les hommes se flagellent d’avoir douté de notre buteur, les femmes se tartinent les tétons de vacherin en scandant son nom, les enfants font une poussée de croissance sous la montée d’hormone. Les derniers instants sur le terrain sont du même acabit. Ça va d’un but à l’autre et les actions échouent de peu. Mais enfin c’est fini.

La Suisse remonte un score de 0-2 et l’emporte par plus de deux buts d’écart pour la première fois depuis 80 ans. La Suisse gagne contre les presque champions du monde. La Suisse termine en tête de son groupe et sera en demi-finale de Ligue des Nations. Et la Suisse vous emmerde.


Les notes :

Sommer (3/5) : Pas son meilleur match. Pas son plus mauvais non plus.

Mbabu (4/5) : Un match énorme d’un point de vue offensif et simplement correct niveau défensif. Il provoque le penalty et fait la passe décisive sur le dernier but. Il vient probablement de s’imposer comme titulaire.

Elvedi (3/5) : Il a été léger mais il a eu le mérite de réussir à se mettre dans le match au fil des minutes. +1 pour son but.

Klose (2/5) : Lui n’a pas de but pour gonfler sa note.

Rodriguez (4/5) : Le détonateur qui a fait exploser les Belges. Impliqué sur les deux premières réalisations suisses, son retour a fait beaucoup de bien.

Freuler (2/5) : Ce n’est pas un hasard si les offensives belges sont passées par l’axe et les suisses par les ailes.

Xhaka (3/5) : A peine mieux que son compère, mais plus impliqué dans l’orientation du jeu.

Fernandes (4/5) : Enfin un vrai ailier ! Son action sur le 3e but est remarquable d’intelligence. Comme Mbabu, il a sûrement pris la place de titulaire.

Shaqiri (5/5) : Son repositionnement de l’aile vers le poste de meneur de jeu est une réussite totale. On n’avait pas vu une aussi belle délocalisation depuis celle des usines Nestlé vers la Chine.

Zuber (2/5) : Du Zuber dans le texte, assez timide et pas vraiment décisif.

Seferovic (5/5) : Il le tient son match référence ! Maintenant s’il pouvait n’en reproduire ne serait-ce que 50% à chaque fois, on éviterait bien des ulcères à la Fiscanale.

Les remplaçants :

Zakaria (79e) : Il a remplacé Freuler et apporté de la fraîcheur en fin de match. A failli marquer le 6e but.

Benito (87e) : Remplace Zuber pour gagner du temps.

Ajeti (92e) : Entré pour permettre au héros du jour d’avoir sa standing ovation. Mission remplie.

 



Allez, on se retrouve au mois de juin au plus tard pour la demi-finale de Ligue des Nations. Peut-être avant si les matchs amicaux se goupillent bien.

En attendant, à r’voyure.

5 thoughts on “Suisse – Belgique (5-2) : la Fiscanale éructe de joie

  1. Forcément quand tu as des Rodrigues et des Fernandes c’est plus facile d’avoir un visa pour le Portugal…

    1. Rodriguez a des origines chiliennes et espagnoles, rien à voir avec nos maçons.

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