France – Espagne (2-1) : L’Académie française sur le toit du monde, ou presque

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Deux introductions étaient prêtes : l’une dénigrant la Ligue des Nations comme une compétition sans intérêt, l’autre la décrivant comme la plus grande compétition du monde après la CDM et l’Euro, c’est-à-dire pas mal quand même. Au vu du résultat, sortez les confettis, mettez-vous des cotillons dans l’arrière-train : la France est sur un demi-toit du monde.

Et revoilà les Espagnols. La génération dorée depuis longtemps disparue, les potos d’Aymeric Laporte avaient pris l’habitude de rentrer dans le rang lors des dernières compétitions internationales : premier tour de la CDM 2014, huitièmes de l’Euro 2016 et de la CDM 2018. Seul le dernier Euro avait vu les Espagnols atteindre honorablement le dernier carré. Rebond temporaire ou renouveau en cours ? Battre les Italiens, récents champions d’Europe en demi, ce n’est pas donné à tout le monde. Mais la France, c’est la France. *met son béret, sort acheter une baguette, se regarde dans le miroir et sourit*

La compo :

Comme anticipé face à la Belgique, Deschamps reconduit le 3-5-2/3-4-3 (selon la position de Grizou et des pistons). Même système, mais quelques hommes différents.

Le derrière : Si Julot Koundé reprend sa place axe droite et Varane sa position centrale, c’est Presnel Kimpembé qui prend l’axe gauche à la place de Lucas Hernandez. DD vire donc le chouchou de votre rédacteur pour mettre le Parisien qui est le contraire, ces derniers mois, de la fiabilité, passant du meilleur au pire, imprévisible. A voir.

Le milieu : les pistons sont reconduits tout comme Paulo Pogba. Le Mancunien est accompagné cette fois d’Aurélien Tchouaméni et non de Rabiot, officiellement parce que Le Duc est positif au COVID, officieusement car Tchouaméni le mange matin, midi et soir et lui a piqué sa place.

Le devant : on attend du trio offensif qu’il fonctionne au moins aussi bien que lors de la deuxième période face aux Belges. En-deça de cette performance, ca risque de pas rigoler.

Le match :

Habitués à voir les Espagnols faire tourner le ballon jusqu’à plus soif, nous sommes beaucoup moins habitués à voir l’Equipe de France exercer 1) un pressing 2) un pressing haut. Et pourtant, les Bleus ont fait les deux, pendant tout le match, avec plus ou moins de réussite, l’opération n’étant pas encore ancrée dans leur ADN.

Ceci étant dit, la première grosse occasion est pour les Bleus : Pogba lance Benzema en profondeur plein axe, Karim dribble le gardien mais s’excentre trop pour redresser. La réponse de la Roja passe par une frappe mollassonne de Sarabia bien captée par Lloris. De ce premier quart d’heure à la pause, c’est un refrain bien connu qui se joue devant nos yeux : les Espagnols ont le ballon mais leur possession est rendue stérile par un bon quadrillage du terrain par les Bleus, lesquels attendent des éventuels contres à lancer.

Le score est nul et vierge à la pause. Pas grand chose à noter mais une mauvaise nouvelle quand même : à la quarantième, Varane se blesse sur une intervention et cède sa place à Dayot Upamecano. Habitué à jouer dans une défense à 3, le fils de la lune à l’allure de gros nounours va devoir vite se mettre au niveau : c’est une finale internationale.

Au retour des vestiaires, l’arbitre anglais, Anthony Taylor, sort le premier jaune de la partie pour une semelle de Pogba. Logique, comme tous les cartons jaunes qu’il aurait dû distribuer en première période pour des interventions bien en retard des Espagnols. Au tour de la Roja d’exercer un très bon pressing sur nos relances, obligeant par plusieurs fois Lloris à dégager loin (en touche) faute de solutions courtes et Pogba à se démerder tout seul face à 3 Espagnols, gueulant sur ses coéquipiers (coucou Benji) qui viennent pas l’aider.

L’heure de jeu arrive et nos Bleus ne parviennent presque plus à sortir de leur moitié de terrain. Pourtant, après un lancement côté gauche, Théo Hernandez arrive comme un boulet de canon et balance une lourde qui fracasse la transversale. Le coup eût été parfait. Sur l’occasion suivante, Mikel Oyarzabal est trouvé côté gauche : l’attaquant de la Real Sociedad se défait d’Upamecano dans la profondeur et trompe Captain Hugo d’une jolie frappe croisée (0-1, 61e).

BENZEMAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! Sur l’engagement, les Bleus profitent d’un déséquilibre côté droit pour renverser côté gauche vers Kabénouévé : l’attaquant des Bleus crochète aux 20m et enroule un bonbon dans la lucarne opposée. Grande jugador (1-1, 62e). On aime ne pas avoir le temps de gamberger. Egaliser si vite change complètement la dynamique du match : une heure que les Espagnols font tourner la balle, une heure pour qu’ils arrivent à marquer, ils sont libérés, joyeux ; et paf ! on égalise dans leur mouille une minute après. Mangeons-les maintenant.

Oh Kyky ! Je t’ai pas surnommé Kyky-les-grosses-balloches pour envoyer une frappe de poussin dans les gants d’Unai Simon ! Heureusement pour lui, Théo Hernandez lui donne une seconde chance : lancé en profondeur solo, Mbappé fixe le gardien, lui fait tourner la tête de ses passements de jambe et la glisse au fond (2-1, 81e).

Point VAR : on voit que Kyky est hors-jeu mais le but est validé, en accord avec la règle mais peut-être pas avec l’esprit. « Un joueur en position de hors-jeu qui reçoit un ballon joué délibérément par un adversaire […] n’est pas considéré comme tirant un quelconque avantage de sa position » : en l’occurrence, le défenseur Eric Garcia détourne du talon la passe de Théo Hernandez qu’il voulait dégager. Kyky profite donc de sa position en toute légalité…

Les dernières minutes tendent les slips français : ça manque de sérénité. Heureusement, Captain Hugo est là, rien ne passe. Trouvé dans la surface, Oyarzabal envoie d’abord une belle volée que Hugo renvoie juste avant le temps additionnel ; puis, à la 94e, à la réception d’un corner, le ballon repris de volée déraille de Koke vers le but mais Lloris est toujours là.

L’équipe de France remporte la Ligue des Nations 2021, succède au Portugal et sème de nouveaux espoirs pour la suite.

Vous ne verrez rien de plus beau avant décembre 2022.

Le débrief :

Tout n’est pas parfait, non. Mais la morosité post-Euro et les performances tristounes de septembre (Bosnie, Ukraine, Finlande) sont derrière nous. La compétition en elle-même ne vaut pas un grand titre, évidemment – suffit de voir la joie des joueurs, du staff et des supporters au coup de sifflet final d’ailleurs : aucun cul qui dépasse, aucune course sur la pelouse, pas d’extase ; juste la satisfaction d’un titre et de la victoire.

LE système est trouvé : il ne bougera normalement plus jusqu’à la Coupe du Monde au Qatar. Malgré le manque d’automatismes, des réglages à parfaire, des joueurs à confirmer à certains postes (piston droit, axe gauche, quid du retour de Kanté…), la France a battu la Belgique et l’Espagne en match à élimination directe en jouant en 3-4-3/3-5-2. Deschamps n’est pas fou : ça veut dire quelque chose. La capacité de réaction de l’équipe est folle : c’est bien. Nul doute toutefois que DD, comme les supporters, aimerait bien que les Bleus soient devant au lieu de courir après le score, de revenir et de gagner. C’est bien pour les émotions folles mais risqué pour le cœur (et pour le cul car à un moment, le siège éjectable sautera).

Il va être très intéressant (si si, je vous assure) de suivre les deux matchs de novembre, respectivement le 13 face au Kazakhstan et le 16 face à la Finlande, pour voir comment le nouveau système, avec plusieurs nouveaux joueurs et une équipe qui a retrouvé confiance en elle et en sa force, se comporte face à des équipes plus faibles. Il conviendrait de les éparpiller façon puzzle : ça ferait plaisir.

Les notes :

Lloris (4/5)

Oui, la relève, c’est Mike Maignan. Mais avant d’être relevé, Hugo tient quand même à rappeler que ce n’est pas parce qu’il joue dans un club insipide que son talent l’est. Ses parades décisives en fin de match compensent ses relances en touche devant lesquelles même Gilbert Montagné préfère fermer les yeux.

Kimpembé (2/5)

Soufflant le chaud et le froid, Presnel est depuis plusieurs mois l’incarnation de l’assurance tout-risques : on est protégé de tout, mais surtout de rien.

Varane (non noté/5)

L’ancien patron des Bleus a toujours l’élégance de la biche mais plus la voracité d’un tigre. Et l’élégance seule n’a aucun intérêt, d’autant quand elle se claque en sautillant. Remplacé par Upamecano (1/5), battu dans la course et au duel sur l’ouverture du score malgré sa carcasse et sa puissance. Également plusieurs relances pourries dans l’axe. Toujours pas de match convaincant en Bleu : jusqu’à quand DD va-t-il essayer ?

Koundé (4/5)

Je pense qu’on peut partir du principe qu’il ne bougera plus de là. De nombreuses situations dans lesquelles il a fait preuve d’autorité, de calme et de puissance, à l’image de ses multiples interventions devant Oyarzabal.

Pavard (1/5)

Les performances de Benji sur ce côté droit sont de plus en plus difficiles à supporter. Déjà pas très à l’aise ces derniers temps en simple latéral, il est complètement perdu comme piston. Et que diable fait-il si souvent en position d’avant-centre ? Remplacé par L. Dubois (non noté) qui, à défaut d’être meilleur que Benji, n’est pas pire quand il ne joue que dix minutes. Il faut trouver une solution à ce poste (Mukiélé ? Coman?).

T. Hernandez (3/5)

Étouffé en première période, le Milanais n’a sorti la tête de l’eau qu’à l’heure de jeu, avec l’ensemble de l’équipe. Dès lors, il a lâché les chevaux et enfin mangé son couloir. Sa frappe sur la barre et sa passe dé’ pour Mbappé relèvent donc une première heure terne.

Pogba (5/5)

C’est indécent.

Tchouaméni (4/5)

Un engagement physique et une application à la relance qui font plaisir à voir et qui ne plaident pas en la faveur de Rabiot. Son entente avec Paulo semble d’ailleurs aller dans ce sens.

Griezmann (2/5)

Pour sa 100e cape, Antoine n’a pas brillé. Apparemment, s’être coupé les cheveux ne suffit pas … Heureusement pour les Bleus, Pogba est étincelant ; mais on aimerait retrouver les deux au meilleur niveau ensemble. Remplacé par J. Veretout (non noté).

Mbappé (3/5)

Les grosses couilles de Kylian avaient des allures de raisins secs en première période. Ragaillardi par la pause et le rebond collectif, Kyky a réhydraté l’ensemble jusqu’à souiller la dignité du gardien espagnol. Un but qui en vaut deux.

Benzema (4/5)

Une première heure difficile, comme tous. Une dernière demi-heure fantastique, un but formidable. La réduction du score face aux Belges, l’égalisation ce soir… Pas mal non ? C’est français. Pas comme Aymeric Laporte.

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7 thoughts on “France – Espagne (2-1) : L’Académie française sur le toit du monde, ou presque

    1. J’ai pas du tout assez vu jouer les garçons pour avoir un avis dessus. Il est vrai que Clauss ressort beaucoup quand on évoque ce rôle : faudrait que je regarde Lens un de ces jours.

  1. Vous qui êtes dans la confidence, est-ce que Sergio Ramort va sortir de sa retraite et nous gratifier d’une Roja Académie sur ce match ? J’aimerais bien lire l’avis d’en face.

      1. Je crois malheureusement que Sergio Ramort est à l’image de la carrière de son doppelganger ces derniers mois : blessé.

        1. Peste, voilà qui est regrettable.
          Bon rétablissement à lui donc.

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