France – Islande (1-0) : l’Académie française à la rubrique « faits divers »

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On y a cru comme tout le monde

Noyés au milieu des retours jouissifs de l’Éditeur et de Claude Pèze, ces beaux hommes au talent envié et à la langue bien pendue (twhs), les Bleus savaient qu’ils devaient livrer un match hors du commun pour attirer sur eux les regards. Mais ils ignoraient qu’ils avaient déjà perdu un autre combat.

Avant d’affronter la Turquie lundi, les Bleus se rendent en Islande avec une mission toute simple : prendre les 3 points avec Matuidi ailier gauche.

La compo :

Le derrière :

Lloris s’étant démis l’épaule avec Tottenham (alors qu’il s’entraînait à plonger en regardant les performances de haut niveau d’Harry Kane dans ce domaine), c’est Mandanda – de retour – qui prend sa place. Sur le côté, Pavard est toujours là, alors qu’Hernandez-mi-amor est laissé au repos pour le moment à cause du FC Flammekueche et sa clique de moralisateurs. Digne prend sa place. En charnière en ce moment, Varane-Lenglet est une affaire qui roule sur les rails de coke de Jérémy Menez.

Le milieu :

Pogba toujours indisponible, Coco Tolisso tient le flambeau. A ses côtés, le retour de Kanté après ses pépins physiques était prévu, mais Ngolo s’est blessé à l’échauffement. C’est donc Moussa La ReuSta qui officie. Tolisso-Sissoko, football champagne à prévoir. Où est Matuidi me direz-vous ? Vous le savez très bien.

L’attaque :

Fort de ses dernières sorties en Bleu, Kingsley Coman est titulaire sur le flanc droit. D’aucuns préfèreraient qu’il soit d’une manière définitive, ferme et logique, sur le flanc tout court. Grizou-Giroud, ça ne mérite pas d’explications. Matuidi ailier gauche, back to 2018 all over again. Ca promet.

Le match :

Une minute de jeu, un bug de réalisation : cette rencontre s’annonçait sous les meilleurs auspices. Les Islandais font un pressing haut en début de match mais les Bleus s’en sortent sans trop de soucis. La France met le pied sur le ballon, mais notre possession est on ne peut plus stérile. Griezmann, assez effacé, se montre inhabituellement imprécis ; Coman a très peu de situations à se mettre sous la dent ; Matuidi est autant ailier gauche que moi mécanicien. La maîtrise bleue augmente jusqu’en fin de première période. Quelques occasions pour les Bleus mais pas de but. La mi-temps arrive et, avec elle, son lot de surprises. Les chaînes d’infos se réjouissent : 10 millions de téléspectateurs vont passer de la météo d’Evelyne Dhéliat à l’analyse de Dominique Rizet.

« Xav’ la menace » s’est fait pincer à Glasgow. Plus de 8 ans de fuite, de cavale et de vadrouille pour se faire choper par un kilt et une Bilhaven en descendant de l’avion. Vous me direz, il en a une sacrée paire El Javier : et vas-y que j’te prends un faux passeport, et vas-y pépouze que j’vais à Roissy prendre l’avion. « On me dit le plus grand bien de vos châteaux et de vos montagnes » aurait-il dit aux officiers écossais. « Do you know Waldemar Kita ? » aurait ajouté le chaux-man. Les mots de trop certainement.

Twitter a donc explosé. Plus personne n’avait un seul œil sur le match. Votre bien-dévoué a bien tenté d’écouter Margotton et Lizarazu après l’annonce de ce tournant du 21e siècle, mais les voix des commentateurs l’empêchaient d’être concentré à 100% sur la page Wikipédia de celui qui se faisait appeler sur l’appli locale d’entraide entre voisins : « L’as de la terrasse ». 21h40, Wikipédia est déjà à jour. Internet est un outil formidable. J’apprends que la police française l’a reconnu à Roissy mais n’a pas eu le temps d’intervenir. Wiki se transforme pour une soirée en Libé direct, les vannes pourries de transitions entre journalistes en moins ; ou en CNews, avec la rigueur et le cerveau en plus.

Partir de Paris, se faire choper à Glasgow, réussir à s’échapper pour présenter l’Équipe du Soir… Un destin hors du commun.

Le match reprend. Beaucoup de questions se posent. Les Bleus vont-ils élever leur niveau de jeu ? Est-ce que Deschamps a annoncé aux joueurs sa démission à la mi-temps pour aller retrouver le fil actu du Monde ? Les Islandais vont-ils tirer leur épingle du jeu profitant du fait que tout le monde se fout maintenant du match, y compris les supporters des Bleus en tribunes qui actualisent sans cesse leur timeline au lieu de s’adonner au supporterisme chevronné et de filmer leur ola dans un stade à moitié vide avec une qualité de vidéo médiocre ? Faut-il remercier Anthony LaPaglia ?

Griezmann a vraiment les cheveux longs. A croire qu’il veut ressembler à un Islandais. Il a presque leur niveau ce soir cela dit. Je m’éloigne du sujet principal, pardon. L’agent secret américain le plus secret du monde reste sur le devant de la scène. 8 ans qu’il attend la lumière, tapi dans l’ombre. Il les veut les projecteurs. S’il le pouvait, il éteindrait lui-même les lumières du Laugardalsvöllur. Les Bleus le sentent, la lutte pour le pouvoir s’intensifie. Ils se disent que c’est le bon moment pour voler le thunder de Xavier. Sur une remise de la tête dans la surface islandaise, Grizou récupère le ballon, part sur la droite, se prend un coup dans le genou et s’effondre 5 mètres plus loin. L’arbitre turpinise. Giroud s’empare du cuir et propulse les Bleus devant (1-0, 65e).

De la chirurgie esthétique, vous vous rendez compte ? Quel genre de type voyant le fuyard meurtrier Dupont (avec un T) dans le besoin s’est dit : « tiens oui, je vais le transformer en Dupond (avec un D), ça m’a l’air d’être un chic type » ? Giroud sort pour Ben Yedder (78e). Moi qui croyais être débarassé de Christophe Hondelatte, je suis sûr qu’il va reprendre sa place pour un All Star Game exclusif. Les tanneurs se réjouissent. C’est toute l’économie qui repart. Sissoko dégage en corner. Demain, 12 octobre 2019, les titres de presse s’arrachent et battent des records. Libé sort une belle Une ; Challenges sort enfin un dossier qu’il garde dans les tuyaux depuis le krach de 79 : « Terrassier : un métier qui a du chien » ; le Figaro ne parle toujours pas des affaires Dassault ; Closer annonce la liaison entre Xavier et Laëtitia Halliday, ce que le PDG de Deliveroo dément le jour-même chez Élise Lucet ; Valeurs Actuelles titre : « le jour où Xavier a arrêté de se raser » ; et Macron souhaite qu’on offre à Xavier une seconde chance car tout le monde a le droit d’avoir des casseroles au cul.

C’est quoi l’actu de la soirée CNews déjà ?
Et dire que le plus angoissant sur cette page, c’est qu’il y ait encore la tronche de (taisez-vous!) Elkabbach.

Les Bleus n’en peuvent plus, ils veulent en finir et connaître les moindres détails de la big niouze, la grande novela. Eux aussi sont des êtres humains après tout. Eux aussi ont leurs hontes morbides et leur curiosité malsaine. Eux aussi ont le droit d’être heureux en-dehors de leur métier. Eux aussi ont le droit de s’interroger au même titre que l’expert police(partout)-justice(nulle part) de BFM quant à la responsabilité du tonton de Xavier qui, alors que Xavier McBéton n’avait que 16 ans, l’a invité à faire du ciment pour consolider le garage. Hondelatte annonce enfin qu’il nous dira tout, tout, tout, sur le zinzin, lundi à 14 heures. Vous y serez ? Tous les chefs de chantier s’arrêteront de bosser, tous les agents de sécu de Roissy aussi. Sifflez Monsieur l’arbitre, les Français veulent savoir.

Le match prend fin, et avec lui la folie rédactionnelle. Le calme revient peu à peu, et la litanie des soirées d’automne avec. Fred Callenge parle à Deschamps de sa vie privée et de son ami Nagui (sic), le bar en bas de chez moi se peuple de trentenaires à chino et à chow-chow, rigolant plus fort que de raisons à des vannes convenues, Max paye le Sex on The Beach de Chlo’ car il est au premier rencard et veut surtout pas se griller, Chlo’ trouve ça mignon mais aussi un peu sexiste donc rien n’est joué, Dave Appadoo sort ineptie sur ineptie, et le monde nous fait peur, nous attriste, nous énerve, mais il recèle encore de parcelles de bonheur dont il faut profiter : Patoche Balkany suit tout cela, lui aussi, mais depuis sa cellule en zonzon. Cheh.

Les notes :

Mandanda (3/5)

Lloris aurait pu jouer avec une seule de ses deux épaules, ça n’aurait rien changé.

Pavard (2/5)

Un vrai rempart face à des plots, c’est mieux que rien. Apport offensif quasi inexistant.

Varane (3/5)

Propre. Il doit avoir le cul qui brille.

Lenglet (3/5)

Aussi propre que son compère. Et lui aussi il a de beaux reflets. Je voudrais pas être dans leur chambre. On dirait qu’il est chez les Bleus depuis longtemps par contre, c’est bon signe.

Digne (3/5)

Plutôt des bons centres, soit l’existence d’une activité offensive en plus d’une activité défensive sobre.

Sissoko (1/5)

On est pas bien là, en 2014 ?

Tolisso (2/5)

On peut pas dire qu’il se soit particulièrement mis en valeur. C’est bien dommage. J’aimerais vraiment le revoir dans un autre rôle (à 3, avec Kanté et Pogba).

Matuidi (2/5)

Prenez une raquette de ping-pong et taper dans un volant de badminton : ça dépanne, mais c’est pas fait pour.

Coman (2/5)

Quelques dribbles qui ont fait mouche. Pour le reste, aussi intempestif que la drosophile. Remplacé par Ikoné (non noté).

Griezmann (2/5)

Effacé d’abord, plus investi ensuite. Mais pas un grande jugador ce soir, un peu comme lors de ses deux dernières sorties. Obtient le péno.

Giroud (3/5) :

De bonnes remises, mais un match globalement neutre. +1 pour le péno et son 37e but chez les Bleus. Remplacé par Ben Yedder (non noté).



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1 thought on “France – Islande (1-0) : l’Académie française à la rubrique « faits divers »

  1. Claude Pèze et Xavier Dupont de Ligonnes qui réapparaissent le même jour, coïncidence ? Le peuple veut savoir.

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