Bonus Post-comité la lettre ouverte de Vikash Dhorasoo

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Partout et nulle part à la fois.

Dans l’édition de l’Equipe du jour, Vikash Dhorasoo avait droit à une tribune libre, prenant la défense de Peguy Luyindula. Au départ, pourquoi pas, et qui de mieux pour défendre l’attaquant parisien que quelqu’un qui a vécu une expérience similaire. Mais à la lecture de cette lettre, nous avons d’abord pas mal ri, puis imaginé les réponses de Peguy durant le courrier. Nous tenons à souligner que nous n’avons absolument pas touché au texte de base de Vikash Dhorasoo, ni à la signature en bas de la lettre. Bon courage :

VD : Salut Peguy,
PL
: Salut Vikash.

VD : Comment tu te sens ?
PL : La bonne question. D’après toi ? Bien ? Non. Bon, question suivante.

VD : Je viens d’apprendre que tu es mis à pied par ton club, le PSG.
PL : Ben t’es bien informé, mon con.

VD J’ai été joueur de football professionnel au PSG comme toi, international comme toi, syndiqué pendant quinze ans à l’UNFP, probablement comme toi, j’ai été mis à pied, comme toi. Et là je ne sais plus. Je ne sais pas comment j’aurais réagi à ta situation actuelle. Aurais-je tenté de mobiliser mes/tes coéquipiers, aurais-je pris la parole dans le vestiaire, aurais-je contacté les autres joueurs pro du pays pour plaider ma/ta cause ? Juste ça, de ne pas savoir, me pose un gros problème.
PL : Boarf, t’aurais fait un livre, un film, un truc qui se vend, non ? Remarque, ça c’était passé comment pour toi déjà ? Ah oui, t’as pas moufté.

VD : Qu’aurais-je fait à vingt-cinq ans avec trois ans de contrat à venir, une carrière à gérer, subissant la pression de mes patrons, de ma famille, des médias et surtout de mon agent ? C’est moche de ne pas savoir. Et malheureusement je ne saurai jamais puisque je ne suis plus footballeur.
PL : Oui, ben les agents c’est comme les slips, on peut en changer, et j’ai pas vraiment 25 ans, mais puisque tu es lancé.

VD : Avec un peu de recul, je me rends compte que le footballeur professionnel moderne est un individu isolé, sans attaches, sans affects, hyper mobile, le produit idéal d’un marché mondialisé qui n’en rêvait pas tant.
PL : Attention Vikash, tu fais dans le sous Levi-Strauss et franchement, je ne sais pas si ça vaut bien le coup, surtout pour me défendre et surtout au vu de ma situation présente.

VD : Je me pose pas mal de questions. Pourquoi, Peguy, as-tu été mis à l’écart, sans pouvoir exercer ton métier dans des conditions normales, dignes du professionnel que tu es ?
PL : A vrai dire, je me pose aussi pas mal de questions. Du genre, pourquoi es-tu obligé de te faire de la pub sur mon dos, bien bon et bien large ?

VD : Pourquoi soudainement, après avoir été l’un des piliers de ce club durant des saisons difficiles sportivement, es-tu devenu un danger pour ton club et tes partenaires, au point qu’on t’interdise de fréquenter les mêmes terrains, les mêmes vestiaires ?
PL : Va savoir, Charles.

VD : Pourquoi si peu de réactions de la part de tes copains footballeurs qui font le même métier que toi, jeunes hommes souvent attaqués sur la place publique ?
PL : Pour éviter de se retrouver dans la merde, comme moi, non ?

VD Pourquoi si peu de solidarité face à une menace potentielle pour tous les joueurs de foot ? Le foot est un milieu qui perd la mémoire au point de ne même pas pouvoir penser à l’avenir.
PL : A Paris, si, ils pensent à l’avenir. Surtout au mien d’ailleurs, je te remercie.

VD : Peguy,
PL : Vikash,

VD : ton combat est politique et pas seulement professionnel.
PL : Putain, non, je veux juste jouer au football, moi.

VD : Si tu le perds ou s’il se règle dans l’intimité d’un bureau d’avocats, c’est beaucoup de joueurs qui ne pourront pas se regarder dans une glace, une fois de plus.
PL : Tu penses à Amalfitano ?

VD : Chers amis footballeurs, le moment est peut-être venu de se réveiller pour défendre l’un des nôtres, l’un des vôtres, qui pourrait être vous.
PL : C’est ça l’emmerde Vikash, c’est de s’adresser aux joueurs et uniquement aux joueurs, on ne peut pas avoir les masses autour de nous vue la période. Et de toute manière, c’est déjà arrivé. Moi, je vais les coller au tribunal, ma carrière sera grillée mais tant pis, je n’aurai pas perdu au moins, je suis dans mon bon droit.

VD : Le moment est venu de montrer aux présidents de club, aux agents, aux entraîneurs que nous ne sommes pas que des marchandises, mais bien des êtres humains.
PL : Oui, t’es bien mignon avec tes grandes idées mais étant donné la manière dont les footballeurs agissent depuis Bosman, bon, ben si, nous sommes des marchandises et notre milieu a dans son ensemble accepté cela. Je te rappelle que j’ai joué à l’OM et à Lyon.

VD : Humains donc faibles, perfectibles, aptes au dialogue ou à la révolte. La force d’une équipe comme d’une société se juge à la force du maillon faible.
PL : Non, mais j’ai pas le temps de regarder les conneries de TF1, Vikash.

VD : Aujourd’hui, le maillon faible risque de lâcher si vous ne réagissez pas.
PL : Arrête Vikash, tu veux quoi ? Un numéro vert pour soutenir un ancien lyonnais ? Ca passera jamais.

VD : Chers amis footballeurs, un jour peut-être, vous ferez le bilan de votre carrière, pleine de titres ou pas, riche ou moins riche, vous serez fiers de faire partie de cette génération qui se sera mobilisée pour un coéquipier, qui aura mené un combat collectif pour l’avenir. Vous aurez peut-être perdu, mais vous aurez une réponse. Pas moi.
PL : T’as pas had a dream par hasard Vikash ? Ecoute, laisse tomber, je me sens mal.

Vikash Dhorasoo, cofondateur du mouvement Tatane (www.tatane.fr).

Peguy Luyindula, panneau publicitaire malgré lui .

13 thoughts on “Bonus Post-comité la lettre ouverte de Vikash Dhorasoo

  1. C’est magnifique, j’ai eu des vision de Meg Ryan qui se faisait brouter par un taliban.
    Et pourtant je suis à jeun.

  2. éNORME !!! Merci Vikash et surtout merci le comité, d’ailleurs les réponses sont tellement crédibles que je soupçonne Peguy d’avoir profité de son temps libre pour devenir gros membre en cachette !

  3. @Love sports,
    Je n’en suis pas vraiment persuadé, bien que j’aimerai y croire.
    Il faut tout de même se souvenir que Peguy et Vikash entretenaient une très bonne relation au sein de l’autre olpympique; et ce malgré leurs lectures divergeante (torchon de droite pour l’un, torchon de gauche pour l’autre).

    Du reste, cela n’enlève rien au côté horripilant de Vikash. Le côté coeur à gauche et portefeuille à droite me fatigue à un très haut point. Et puis surtout c’est bien beau de vouloir faire du social et du syndicalisme quand il s’agit de soit, ça l’est moins d’aller voir Blayau en pleurant pour lui dire que Fournier est nul parce qu’il n’arrive pas à le faire jouer avec Kalou.

    Par ailleurs c’était assez troublant de l’entendre faire l’analogie du cas d’Antoine Kombouaré et de Laurent Fournier sur le plateau de 100% foot. Mais bon, il parait qu’un Alzheimer précoce est de plus en plus fréquent chez les footballeurs devenus consultant, les affres du dopage peut être.

  4. C’est marrant on dirait un mélange Krasucki/luther king.
    Mais bon, les mélanges c’est quand même Claude Pèze qui s’y connait le plus.

  5. Magique ! Je crois que je n’ai pas autant ris depuis la « air-passe » de Nakata pendant le match OM-ASSE de 2006 !
    Merci le comité.

  6. Manque plus que « l’internationale » à la fin…encore un qui a perdu l’occasion de fermer sa gueule, Vikash-cache…affligeant!

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