Avec le succès grandissant de la semaine de l’Editeur, nous avons décidé de continuer à mettre en valeur les journées passionnantes de nos dirigeants avec maintenant ‘la semaine du rédac chef’, votre nouveau rendez-vous du vendredi aussi.

 

Dimanche

Après cette semaine des plus éprouvantes, je me suis accordé une petite grasse mat’ pas volée. De toute façon, c’est dimanche, et je ne vois que deux raisons de se lever tôt en ce jour :
– pour regarder téléfoot, et donc avoir moins de 12 ans
– pour aller à la messe, et donc avoir plus de 70 ans.
N’étant ni en début, ni en fin de vie, il était donc fort légitime de prolonger un peu son plaisir à être au chaud, dans un lit douillet, tel un David méritant son repos du guerrier après avoir niqué la gueule de Goliath.
Vers 13h30, j’ai trouvé la motivation pour quitter mon lit, et je me suis installé devant canal plus pour prendre mon petit déjeuner-saucisson. Malheureusement, Roselyne Bachelot était l’invité du Supplément et ça ma coupé tout appétit. Je pensais avoir touché le fond dès le petit matin, mais c’était mal connaître les surprises que pouvaient me réserver l’émission informative du dimanche de la chaîne cryptée qui aimerait être de nouveau tendance. Cette dernière a décidé effectivement de consacrer un petit reportage à Jeremstar, une tapette géante qui interviewe des débiles de la télé réalité dans sa baignoire et colporte les rumeurs les plus inintéressantes sur ces mêmes personnes sur un blog qui lui rapporte plus d’argent par mois qu’horsjeu.net ne nous en rapporte chaque année. Ça m’a déprimé de faire ce constat et de commencer ma journée ainsi. Je suis reparti me coucher après avoir fini mon café. J’ai eu un peu de mal à m’endormir, mais je m’ennuyais finalement moins à compter les moutons plutôt qu’à découvrir les penchants les plus voyeuristes et narcissiques de ce monde dans lequel je n’ai pas choisi de vivre.

Comprenant à mon réveil, vers 18h, que cette journée était de toute façon foutue, j’ai décidé de pousser la perversion jusqu’à regarder le CFC en entier. Oui. Même la grande surface. Et là, quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que la nouvelle tête de jeune premier que l’émission footballistique nous offre maintenant chaque week-end est celle d’Arnaud Bonin. Car figurez-vous que ce sans doute charmant jeune homme était mon camarade de promo en études supérieures. A l’époque, il avait déjà un corps d’homme, mais encore une tête d’enfant. J’étais content pour lui qu’il ait fini sa croissance avant de passer à l’antenne et de pouvoir maintenant afficher un petit bouc tel que j’en portais à 17 ans et demi et que j’écoutais KoRn dans mon baladeur K7 en cours avant de m’endormir parce que je n’y étais pas allé de main morte sur le pet de shit que j’avais vite fumé à la récré pour arrêter de m’ennuyer à côté du radiateur.

Je n’avais bien sûr aucune nostalgie pour cette triste période lycéenne de ma vie. Mais j’étais quand même assez mal à l’aise devant la réussite insolente d’un gars qui fit les mêmes études que moi, mais pas les mêmes erreurs. En fait, je crois que je lui enviais plus ces années que j’ai moi ratées et qui lui offrirent la chance de faire des reportages au Brésil, à Singapour, en Albanie ou que je sais-je encore plutôt que cette consécration d’afficher son plus beau sourire dans les salons de la France entière du foot et ce privilège d’être reconnu dans la rue.

Constatant que j’étais malheureux devant le bonheur des autres, je tachais cette fois-ci de m’attrister en observant mon propre bonheur à moi. N’y parvenant pas non plus, je décidai de reconnaître cet échec de plus avant d’aller faire des pâtes alors qu’Hervé Matthoux annonçait le résumé de Nice-Caen. Conscient que le football ne m’apporterait aucune joie en ce jour, j’ai mangé mes bolognaises devant « La Vérité si je mens 3 » et n’ai pu m’empêcher de me demander si le service public espérait faire diminuer les agressions antisémites et le refus du cliché « juif = argent » en diffusant ce genre de films.

Ne voulant terminer ma soirée télé sur un tel nanard, j’ai regardé ensuite Drive sur France 4, soulagé de pouvoir me faire enfin ma propre opinion sur ce film qu’après tout le monde a vu et dont la Bande-originale rétro-relou nous avait prodigieusement cassé les burnes au moment de la sortie de l’oeuvre en salle. Je dois reconnaître que la qualité du programme était nettement supérieure, que le travail esthétique est fort bien réalisé, et que cette omniprésence musicale du synthétiseur des années 80 n’est pas dénuée des charmes, m’ayant moi-même convaincu que lorsque je ferai un long-métrage, je l’accompagnerai de ces nombreuses chansons qui ont éclairé ma triste adolescence. Sur le film en lui-même, j’ai beaucoup plus de réserves à mettre. Mais je pense manquer de sensibilité féminine pour bien apprécier l’histoire cucul-la praloche qui y est racontée.
Par la suite, je suis tombé sur un programme que je ne connaissais pas : « l’Autre JT ». On aurait dit une sorte de vrai journal version 2010 en cheap. La qualité catastrophique des sketches qui entrecoupaient les reportages mi-bobo mi-jeune-débile-d’aujourd’hui aurait dû me dissuader à regarder le programme plus longtemps, mais j’ai trouvé ça assez courageux d’y recevoir un ex-Rugbyman parlant clairement de dopage. Ce n’est pas « jour de rugby » qui oserait en faire autant.

Lundi

Ayant donc regardé la télé jusqu’à pas d’heures, j’étais encore extrêmement fatigué à mon réveil, vers onze heures trente. Les académies ayant déjà été mises en ligne, j’ai regardé ce qu’il se disait un peu sur la toile. Et c’est là que j’ai appris ‘l’affaire’.

Jérôme Latta, notre gentil parrain, est très critiqué dans les bureaux virtuels d’horsjeu.net après avoir insulté sur twitter Franck Ripoux et pris à partie Camelus Blaah. Tenté d’intervenir dans un premier temps pour apaiser les tensions, j’ai finalement hésité à le faire en remarquant que Les cahiers du foot étaient notre dernier soutien dans l’univers footballistico-médiatique. N’était-ce pas mieux finalement d’envenimer un peu la situation pour qu’horsjeu.net soit enfin totalement isolé, comme l’a été Dieudonné ? N’était-ce pas une bonne solution à retenir pour connaître enfin la gloire que nous méritons ?

Je n’avais toujours pas pris de décisions lorsqu’une nouvelle affaire éclata. La LFP se manifesta auprès des cahiers pour la mettre en demeure, parce que sa nouvelle rubrique « La boite à Gifs » de St Mtex contenait des images de ligue 1 et que l’institution thiriezien ne ramassait pas un euro dans cette histoire.

C’est quand même à se coincer les parties génitales dans une porte ces histoires. A croire que l’on veut tuer toute passion. Non, tu ne rends pas la ligue 1 rigolotte sans payer des droits d’abord. Non, tu n’as pas le droit d’insulter l’arbitre alors que tu es supporter.

J’en étais arrivé à la conclusion que le monde était moche, et qu’il était devenu interdit d’essayer de l’embellir alors que France 2 diffusait Elephant Man. C’était étrange. Je me suis senti à la fois beau, et mal à l’aise. Mal à l’aise de me sentir beau, mais aussi mal à l’aise que personne d’autre ne l’avait jusqu’à présent remarqué.

Mardi

Ayant donc regardé la télé jusqu’à pas d’heures, j’étais encore extrêmement fatigué à mon réveil, vers onze heures trente. Les académies ayant déjà été mises en ligne, mais un peu marqué par l’épisode d’hier, je n’ai pas décidé de profiter de l’occasion pour regarder ce qu’il se disait sur la toile. J’ai préféré me masturber.

Mercredi

J’ai enfin pu me lever à une heure normale, soit onze heures un quart. J’ai mis deux académies en ligne, et j’ai appris peu de temps après la qualification de Monaco en 1/8e de finale. J’ai trouvé ça incroyable, et j’aurais presque pu m’en réjouir si ce club payait correctement ses impôts et si Damien Degorre n’était pas l’unique journaliste de France à défendre leur parcours dans cette compétition mi-figue, mi-raisin quand même.

Alors que je cherchais un truc à lire sur facebook, un ami a lancé la conversation et a insisté pour que je réponde favorablement à son invitation de samedi, le gars ayant « une grande news a annoncé ». Sachant qu’il est en couple depuis 8 ans avec le même être de sexe opposé, et qu’elle a eu 30 ans cette année, la grosse news en question ne faisait aucun doute. Il a tout de même été surpris que je devine en 2 temps 3 mouvement le contenu de la « grande news », me soupçonnant même d’avoir été informé par un des camarades de promo alors qu’il n’y en a plus que 3 (en le comptant lui, et sans compter Arnaud Bonnin) qui me parlent encore.

Devant son entrain, sa bienveillance à mon égard, et son bonheur, j’ai fini par céder et à lui dire que je viendrai. Ce n’est pas non plus comme si un samedi soir passé avec Laurent Ruquier et Aymeric Caron était tellement plus réjouissant. Mais j’espère que c’est quand même lui qui va payer les consommations, mais parce que je ne vois pas pourquoi sinon je me réjouirais de l’arrivée sur terre d’un autre être humain dans un contexte de fort chômage et un climat de paranoïa écologiste.

Me rendant compte que je suis un misérable égoïste, je ne trouve malheureusement d’autres choix que d’applaudir hypocritement lorsque la nouvelle sera annoncée samedi. Mes talents d’acteur ne sont pas exceptionnels, mais j’ai pour moi la chance qu’aucun de mes rares amis ne lit ce que j’écris sur ce site. Même ailleurs d’ailleurs.

 

Jeudi

ça devait arriver. A force de voir ma jeunesse évoquée sans arrêt, j’ai rêvé que je retournais à l’école. On était pas très nombreux dans ma classe. 12 ou 15. Et en fait, je n’ai véritablement identifié personne, à part une fille de ma promo, qui dans la vraie vie a cessé tout contact avec moi une fois qu’elle était rentrée dans la vie active et que c’était moins fun d’avoir des potes alcoolico-toxico-glandeurs.

J’étais le mec détesté de ma classe. Mais personne n’osait trop me le dire parce que j’avais de la répartie généralement, et que quand je n’en avais plus, je devenais violent.

D’ailleurs, entre deux cours dont un de musique, j’éclatais la gueule d’un mec qui faisait un peu trop son crâneur et qui avait mal parlé de la mère de Tony Chapron ou un truc comme ça. De toute façon, le prétexte était plutôt fallacieux. L’essentiel était de démontrer ma supériorité physique. Je n’en étais d’ailleurs pas peu fier à mon réveil, ayant presque enfin l’impression de savoir ce que ça faisait d’éclater la gueule de quelqu’un et d’être fort à la bagarre.

Entre temps, toujours dans mon rêve donc, je rentrais chez moi en RER. Dans l’escalator, des cons de Parisiens anonymes se livraient à un jeu de mémoire et de rapidité pour rendre les transports en communs enfin conviviaux. Je les ai donc insultés, en expliquant qu’ils ne feront jamais rien de leur vie s’ils se souciaient de ce qu’on disait d’eux. Ils devraient au contraire être fiers d’avoir des transports en communs où la chaleur est tout sauf humaine. Ils devraient même gifler la moindre personne qui se met à y sourire. Ils devraient détruire toutes les pubs qu’on y trouve et qui affichent un peu trop de couleurs hypocrites ou de joie vivre retrouvée dans la consommation. Qu’ils assument enfin ce qu’ils sont réellement et ce qu’ils ressentent au lieu de se comporter comme des gentils enfants qui veulent faire plaisir à leurs parents. Qu’est-ce que cette idée de faire du métro un lieu de joie de vivre et de plaisir de s’y retrouver ? C’est quoi la prochaine étape de leur vie pourrie après ça ? « Je suis trop content de retrouver ma petite entreprise et mes sympathiques collègues ainsi que mon déconneur de supérieur » ?

Excédé par tant de médiocrité, je fis demi-tour et pris le premier TGV qui partait pour Guingamp.

Vendredi

Laissez-moi tranquille s’il vous plaît.

13 thoughts on “La semaine du rédac chef

  1. J’ai tendance à penser qu’il n’y a presque rien d’inventer dans cette semaine.

    You have to realize that someday you will die, until you know that, you are useless.

  2. Lapin Rouge. Dimanche. 15H. On discutera de pourquoi que ça aurait dû être le Stade Briochin en Europa League.

  3. « En fait, je crois que je lui enviais plus ces années que j’ai moi ratées et qui lui offrit la chance de faire des reportages au Brésil, à Singapour, en Albanie ou que je sais-je encore plutôt que cette consécration d’afficher son plus beau sourire dans les salons de la France entière du foot et ce privilège d’être reconnu dans la rue. »

    C’est Denis le nègre cette semaine !

  4. C’est bieng, ça vaut pas un griboullis de Pendule mais ça enterre l’éditeur et tous ses nègres dans une fausse commune.

    Par ailleurs, Arnaud Bonin a-t-il un lien avec Amélie?

  5. Belle tentative de l’éditeur qui prend la défense des CdF mais je le soupçonne d’être à l’origine de la délation à la lfp concernant la fameuse affaire de la boite à gifs, ça sent la scission, l’éditeur veut acquérir le monopole du football vrai et tente tout et n’importe quoi pour écarter ses anciens partenaires… salaud de capitaliste !

  6. Le samedi c’est la faille inter-temporelle trou noir multi dimentionnel d’Interstellar ?
    Ou c’est branlette comme le mardi ?

  7. Donc si il y a horjeuiades le retour Dieudoné sera un guest?
    Sinon plus je lis les semaines du Redac’ chef et plus l’expression ne rien faire c’est agir prend tout son sens!

  8. J’ai hâte de lire la semaine à venir autant que de ne pas la vivre.
    Et ses moustmatchs vestiges crypto capitalistes du football gratuit vu à la TV.

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