C’est avec beaucoup de courage et de pudeur que le Times a fini par regarder la vérité en face. Il n’y a pas de « dream football league ». Juste un putain de bad trip pour eux.

« Lorsque nous sommes en tort, il faut savoir le reconnaître. C’est la meilleure chose à faire.»
Déjà, ça commence fort et bien. On a traduit la formule, mais la version littérale aurait été bien aussi : « we will hold our hands up ». « Hauts les mains » en quelques sortes, le Times finit par se rendre à l’évidence. Les mauvaises langues diront « c’est pas trop tôt ». D’autres préféreront penser que « mieux vaut tard que jamais ». Nous, on hésite un peu. Déjà qu’on a tendance à penser que « demain, c’est trop tard », que dire quand c’est presque une semaine après ?

« Il y a des moments où vous ne pouvez qu’admettre que vous avez tort. »
Continuation mode gentleman.Vous vous sentez obligé d’annoncer que vous avez tort au Times, façon « on a l’air tellement bêtes là, qu’il vaut mieux essayer de sauver la face ». En même temps le comité ne va pas non plus vous jeter la pierre. Enfin pas tout de suite. Il attend toujours que le groupe Amaury s’explique sur la non-venue de Beckham l’an dernier par exemple. Il faut reconnaître, ce n’est pas donné à tout le monde de savoir reconnaître ses torts. L’affaire Pierre Ménes vs les grosses dondons tend à le montrer. Bien sûr, le comité exclut de ce léger reproche Daniel Riolo. Lui, c’est différent, il a toujours raison et il est le premier à l’avouer.

« La semaine dernière, les pages football du times ont publié une histoire qu’ils pensaient être un blockbuster. »
Traduction : C’était énorme et tout aussi crédible qu’un film de Michael Bay. Productions incluses. Alors on a foncé, pour vous en mettre plein la vue. Et vendre.

« Le Qatar proposait un nouveau tournoi estival qui offrant des récompenses financières incroyables aux clubs qui auraient participé. »
Un peu plus qu’un tournoi estival quand même… C’était un nouveau championnat du monde mondial. Mais limitez l’énormité du truc, faîtes ce que vous voulez. Même si ça ne vous aidera pas à en sortir grandis.

« C’était une perspective horrible, qui menaçait de transformer notre sport, mais qui apparaissait aussi comme une superbe histoire. »
En fait, le Times ne sait pas trop s’il voulait insuffler un esprit de révolte chez ses lecteurs pour dire non à la Dream Football League… Ou juste se targuer de sortir un scoop avant les autres. Oui bon c’était surtout pour le scoop, mais faut pas le dire trop fort quand même.

« La Dream Football League était sur le point de devenir un cauchemar journalistique »
Là pour le coup, vous ne vous trompez pas. ça en était un. Pour vous en tous cas. Pour nous, c’était surtout une bonne blague, mais c’est vrai qu’on est un peu mauvais esprit.

« Oliver Kay avait noué des contacts avec quelqu’un qui semblait lié aux propriétaires qatari du Paris-Saint-Germain. Durant des mois, ce contact a fourni des informations qui se sont révélées être vraies. »
Ce n’est pas tout à fait faux. Mais il avait aussi révélé des grosses conneries. Marrant tout de même qu’Oliver Kay, considéré par « tous » comme un excellent journalistique n’ait pas fait pendant des mois, ce qui n’a pris qu’une semaine à un jeune padawan des Cahiers. On vous donne le lien, il devrait marcher quand le site remarchera.

« Kay ne s’est pas servi de ces informations, parce qu’il n’avait rien pour les recouper avec d’autres sources »
Ce serait presque louable de le reconnaître de la sorte si vous n’aviez pas dit le contraire pendant les 5 jours précédents. On va dire que « trop tard », c’est quand même mieux que jamais.

« Cependant, chaque fois qu’un tuyau se vérifiait, la confiance avec cette source grandissait »
Oui, ça on n’avait bien compris. Mais on aimerait comprendre du coup, Rob Beal n’avait à présent partagé avec vous que des infos avérées exactes ou vous n’avez jamais pensé à lui donner de mauvais points quand il racontait n’importe quoi ?

« Après coup, il est facile de se dire qu’en faisant un minimum de recherche sur la personne, il aurait été catalogué comme une source peu fiable. Mais c’est bien mal comprendre le monde du football. »
Le problème, c’est qu’apparemment, vous êtes les seuls à bien le comprendre. Avec maxifoot.fr peut-être. Voire le10sport. Après tout, si Rob Beal les avait contactés, peut-être en auraient-ils fait autant que vous. Et puis on va dire finalement que la liste est non-exhaustive.

« Toutes sortes de parasites gravitent dans le milieux. Plus les enjeux financiers sont importants, plus ces personnages douteux rentrent en jeu, désireux de toucher une part du gâteau. »
Flûte alors. Il y a donc des gens malhonnêtes prêts à raconter n’importe quoi pour se faire de l’argent. Ou même pour obtenir un peu d’attention. Vous n’avez pas de chance le Times. Et surtout vous semblez tomber des nues. La France a eu Jack Kachkar pour s’en rendre compte. Pas de chance pour vous. Bon, il y a eu Ben Fairthorne, mais ça concernait ces cons du Daily Star. Qui aurait pu penser qu’un esprit aussi tordu pouvait vouloir piéger une institution aussi louable que la vôtre.

« Il arrive parfois pour des journalistes en charge du football, d’avoir une source au passé trouble quand on vérifie scrupuleusement »
On va finir par nous faire passer Oliver Kay pour un mec qui obtient des infos dans les bas fond de caves d’immeuble entre un dealer de crack, le frère caché de G-Ress pour ceux qui savent, et une prostituée sous un tas de feuilles mortes, comme elle.

« Certaines se révèlent être des sources utiles d’information, d’autres ne sont finalement pas ce qu’elles prétendaient être »
En fait c’est du pile ou face quoi. Pas de chance. Oliver Kay n’aurait probablement pas été meilleur dans la rubrique « paris sportifs ».

« Pour autant, cela ne veut pas dire qu’elles se trompent »
Le Times nous fait une Raffarin. Ce ne sont pas des sources dignes de confiances, mais elles ne disent pas de bêtises pour autant ? Win the yes need the no against the no ?

« Cela veut dire que chaque histoire a besoin d’être vérifiée »
Ben ça, peu importe la source, c’est toujours le cas non, peu importe son background ? C’est un peu la première chose que l’on vous apprend en école de journalisme, non ?

« Cette histoire du Qatar qui travaillait sur l’organisation d’un nouveau tournoi était très plausible »
Admettons. Il venait d’acheter le PSG pour avoir son premier participant. Mais vous pensez vraiment que ça aurait été une bonne idée de leur part près de 10 ans avant la coupe du monde FIFA qui va avoir lieu là-bas ?

« Le pays du golfe est devenu un acteur important sur la scène mondiale depuis une décennie et souhaite continuer à développer son rôle dans le football »
Oui. Et du coup c’était logique d’être tombé dans le panneau ?

« Des projets réunissant les meilleures équipes au Moyen Orient ont déjà été évoquées par le passé. »
Pas qu’au Moyen-Orient d’ailleurs. Mais ça vous faisait tout de suite beaucoup moins fantasmer. Ah non pardon, c’était moins « plausible ».

« Si un pays avait les ressources pour ce genre de compétition, c’est bien le Qatar. »
On ne sait pas. Pourquoi pas la Chine non plus ? Ou la Transnistrie ? Parce que ça vous fait fantasmer un peu quand même, non ?

« Kay a donc appelé quelques uns des plus gros clubs européens. Les réponses, en off, se divisaient en deux catégories. Certains n’avaient jamais entendu parler du concept. Les autres ont avoué avoir entendu parler de ce genre de projet, des sommes en jeu qui paraissaient crédibles, mais non ils ne pensaient pas que cela verrait le jour, ou qu’ils y prendraient part »
Alors d’une, il semble que seul Manchester United ait été contacté par Oliver Kay.
De deux, il n’a apparemment contacté le club qu’après la parution de l’article.
De trois, vous auriez peut-être pu penser à contacter également la fédération qatarie avant qu’elle ne fasse son démenti, non ?

« Ces sources secondaires ont traité la question sérieusement »
Oh purée, c’était des excuses, et ça partait d’une bonne intention, mais vous avez quand même tendance à vous enfoncer méchamment.

« Et c’est là que le Times a fait une grosse erreur »
Une ? On en a déjà compté un peu plus, mais passons.

« Parce que des gens importants n’ont pas ri de l’idée, alors l’histoire nous a paru crédible »
D’accord. Dans ces cas là, un spectacle d’Anne Roumanoff, c’est composé uniquement d’histoires vraies, puisque ça ne nous fait pas rire. Pourquoi pas…

« Les signaux d’alertes – le fait que personne n’ait de détails sur la DFL ou vu des dossiers la concernant – ont été oubliés. En principe, l’idée était plausible. Ils étaient nombreux à le dire ».
On va dire que vous reconnaissez à moitié votre erreur, ce qui vaut un quart de pardon. Il n’empêche qu’on aimerait comprendre pourquoi vous vous êtes obstinés à nier l’évidence malgré ces manquements que vous reconnaissez enfin.

« En réalité, l’histoire semble avoir été inventé et avait juste ce qu’il fallait de plausibilité pour être séduisante »
Non, en réalité l’article des Cahiers du Foot offrait tellement d’énormités qu’il était difficile de passer à côté du côté parodique. On passera sur Bonnie Pascal-Face, qui est une blague à la française. Mais le coup des îles qui auraient leurs propres lois, ou plutôt leur absence de lois, ça aurait pu vous mettre la puce à l’oreille. Cela dit, comme vous vous obstinez à ne pas citer la vraie « source » de toute l’histoire, pourquoi s’attendre à ce que vous jouiez franc-jeu ?

« Durant les trois jours qui ont suivi la publication de l’histoire il est apparu clairement que Kay et son article avaient été dupés. »
Kay et son article… On insiste tout de même sur le fait qu’il vous a fallu cinq jours pour vous en rendre compte alors qu’au bout de quelques heures seulement, vous aviez reçu un paquet de messages indiquant, pointant, et moquant erreur.
Et vous y avez souvent répondu avec condescendance, par ailleurs.

« Les vérifications du bureau de Londres n’ont pas été assez strictes avec le rush de la publication. »
Prix sans déconner d’honneur pour le Times. Un prix d’honneur collectif, un vrai non-travail d’équipe.

« C’est une situation inhabituelle. Normalement, quand un article est remis en cause, des avocats entrent en jeu. Les personnes et organisations, demandent un démenti, mais rien de tout cela cette fois-ci. »
Pourtant une alliance Qatar – Cahiers du Foot au tribunal, c’eût été drôle. Pardon, le comité divague totalement.

« Nous aurions pu surmonter la crise, dire au monde que le temps aurait vaincu le journal et laisser la colère s’estomper »
C’est beau, quelle envolée lyrique. Vous auriez pu effectivement, surtout que le comité n’aurait pas traversé la manche pour vous harceler.

« Mais le Times ne fait pas les choses de cette façon. »
Non, effectivement, vous présentez des excuses approximatives, réservées à vos abonnés, alors que vous persévériez dans vos erreurs vendredi dernier en répondant à un confrère. Vous savez, Mister Evans, directeur de la rédaction football du Times, ce confère que vous avez depuis bloqué sur twitter…

« Nous tenons à notre réputation. Il y aura des changements concernant notre manière d’opérer et un niveau supplémentaire de méfiance sera incorporé à nos pratiques de travail »
Vu l’affaire de la Dream Football League, on se demande en fait si votre rédaction faisait preuve de méfiance auparavant. Finalement, c’était un mal pour un bien alors ? En tous cas, merci et bravo pour vos « excuses ». Le comité n’est pas prêt de regretter de ne pas s’être abonné. Même si il y a 5 jours, la question commençait sérieusement à se poser.

« Mais une chose ne changera pas. Si nous avons tort à l’avenir, nous le reconnaitrons et l’admettrons. »
Oh purée la conclusion. Changez quand même votre timing la prochaine fois, surtout quand tous les éléments vous accablent aussi rapidement.

 

Bonus : Oliver Kay

Le journaliste du Times a jugé bon de s’excuser aussi publiquement finalement, en communiquant via sa « fan page » sur facebook.

« C’était mon histoire. J’étais confiant. Quand les gens m’ont accusé de la voler ou plagier au site français « les Cahiers du foot », je me suis défendu, sincèrement et honnêtement. »
Les Cahiers ont pourtant rapidement évoqué la possibilité que votre source soit frelatée. Eux ne vous ont pas accusé de vol, juste de vous être fait avoir. Vous leur avez répondu « Très intéressant mes amis, très intéressant… »

« Il y a des éléments du processus de publication que je pourrais défendre, mais cela ne servirait pas notre but de toutes façons. Les élements majeurs étaient basées sur la parole de quelqu’un dont j’ai grandement surestimé la crédibilité. »
Alors qu’une recherche google aurait pu vous mettre sur la voie… Mais ça doit être la pointe du journalisme qui y pense. Les autres ne pensent à utiliser google que pour s’auto-googler sans doute.

« Je ne peux pas encore totalement expliquer pourquoi et comment cela a eu lieu. Tout ce que je sais, c’est que j’ai baissé ma garde, et en faisant de la sorte, j’ai causé du tort à moi-même, mes collègues (pas simplement du times, mais de toute la communauté de rédacteurs sportifs) et bien sûr de nos lecteurs, qui attendent de nous la plus grande qualité journalistique ».
Bon, là vous vous emballez un peu Oliver. Vous n’avez pas causé de tort à tous les rédacteurs sportifs. Certains se sont quand même bien marrés. Surtout s’ils repensent à tous les tweets de vos autres collègues. Notre préférence va à Evans, qui avait dit que tous ceux qui pensaient que vous vous étiez fait duper étaient « fous ».

« Comme Tony l’a dit (…) »
Non rien, là, on va couper, c’est démago et on trouve ça moche de citer son patron.

« PS : Message aux gars des Cahiers du Football. Un de vos lecteurs m’a accusé d’escroquerie. Si je me suis défendu, c’était parce que je savais que je n’avais rien fait de ce type. S’il y avait un escroc ici, ce n’était pas moi. »
c’est juste. Vous êtes la première victime. Mais c’est un peu comme celles de Madoff, on a du mal à vous plaindre.

« Mais, un sincère « désolé » (en français dans le texte, le comité rêvait d’utiliser cette expression un jour, merci Oliver) vous est adressé personnellement ».
Pour le coup, on le croit sincère celui-là. Mais on va quand même se faire plaisir dans le comité en reprenant quelques unes de vos déclarations de la semaine dernière. Merci donc à vous qui nous permettez de teaser. Et ça le comité aime.

8 thoughts on “Le Times vous présente ses excuses, le comité traduit

  1. Enfin ! Bon, Ils auraient pu s’excuser publiquement envers les Cahiers, et même envers L’Apprenti qui s’en ait pris plein la gueule !
    Féliciations aux Cahiers et à Hors Jeu pour ne pas avoir lâché l’affaire, et obliger le Times à s’excuser publiquement! C’est déjà énome, commun symbole… ;)

  2. « Un de vos lecteurs m’a accusé d’escroquerie. Si je me suis défendu, c’était parce que je savais que je n’avais rien fait de ce type. S’il y avait un escroc ici, ce n’était pas moi. »

    Je ne sais pas pourquoi mais la mésaventure de ce journaliste me touche autant que celle d’Alou Diarra avec son transfère sans humanité…

  3. D’accord avec Imay Diamant: ils auraient pu s’excuser aupres de J.Latta d’avoir pompé son article. Ca aura eu au moins le merite de faire un pub d’enfer aux Cahiers.

    Au fait, c’est parce que leur nombre de visiteurs a explose que leur site ne fonctionne plus? Ou bien est-ce un complot Rob Beal/Qatar pour les mettre en etat de nuire?

    Merci au Gros Membre bilingue pour l’excellente traduction

  4. L’apprenti a quand même résisté jusqu’au bout à l’envie de dire à Matt Hughes, l’un des journalistes du Times les plus offensifs sur Twitter, qu’il avait la même tête que Boutoille.

  5. et bin…on ne nous dit pas tout…

    Pauvre Oliver, à aucun moment il se rend compte que si on s’acharne sur lui, c’est surtout parce qu’il a eu une attitude de fucking bastard?

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