Les supporteurs de l’AC Ajaccio en vadrouille : I Sanguinari à Quimperlé

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Perfetout seul. Ou presque.

 FCQACA

Ah Quimperlé. Sans doute le déplacement le plus improbable qu’I Sanguinari aura à faire dans sa longue histoire. Quimperlé, commune du Finistère de 12 000 habitants arrosée par la Laïta. Une rivière qui a fait des siennes pendant plusieurs jours en débordant et en inondant toute la partie basse de la ville. Heureusement, le magnifique stade Jean-Charter est situé de l’autre côté, dans la partie haute. Malgré les inondations et les pluies incessantes, I Sanguinari pouvait faire le déplacement. Presque sans craintes. Après avoir longtemps hésité et après avoir contacté à peu près toutes les autorités compétentes – ou pas – quant au report possible du match, la voiture pouvait partir de Paris. Il est alors 4h du matin. Le GPS indique alors environ 6 heures de route. 360 minutes que la voiture avaler sans peine, découvrant au fur et à mesure de la route, des bornes éco-taxes calcinées et surtout des inscriptions sur tous les murets. Mais en Bretagne, les « Valls démission » ou « Gouvernement = abruti » remplacent les « I francesi fora » corses.

I Sanguinari s’enfonce peu à peu dans la Bretagne profonde. Et finalement, à 11h30, I Sanguinari est dans la place, garé sur le parking du Leclerc juxtaposant le stade Jean-Charter. Nous sommes 3, le Perfettu et les deux frères Vince Per Noi. Et à peine arrivés que l’on se demande si l’on ne s’est pas trompé d’endroit. La sono du stade crache en effet inlassablement des tubes des années 80. Jean-Pierre François, Début de Soirée, Images, on se croirait à un concert Age tendre et têtes de bois. Mais non, la pelouse accueillera bien le match FCQ-ACA et non pas des chanteurs has-been. Premier ouf de soulagement.

Il est alors 12h30 lorsqu’I Sanguinari fait une entrée remarquée dans l’enceinte. Il faut dire que trois mecs habillés de rouge et de blanc dans une foule de Bretons en orange, ça choque. Et après avoir passé sans encombre l’obstacle des premiers stadiers, un premier dilemme s’offrait à nous : où nous placer ? Première solution, se poster en face de la ligne médiane, pour avoir une bonne visibilité. Solution retoquée, la cause ? Les longs panneaux de la Coupe de France qui auraient gâchés notre magnifique bâche. Deuxième solution, derrière les buts. Cette fois-ci, ce sont les publicités qui nous empêchent de nous installer. Du coup, et ce fut sans doute la meilleure décision de l’après-midi, I Sanguinari décide de se placer dans un coin, où les mains courantes sont dépourvues de publicités ou de sponsors. Mais surtout un choix stratégique : devant la buvette. Le temps de déployer la bâche et de la mettre en place que trois ou quatre « stadiers » étaient venus nous interroger. « Vous venez directement d’Ajaccio ? » fut ainsi la question la plus posée. Tous très gentils, tous très collants, les stadiers se sont même livrés au jeu des pronostics. Pour l’un d’eux, « Ajaccio va gagner 6-0 ». Pas de doute, soit l’homme avait forcé sur le cidre soit il n’y connaissait rien au foot. Ou alors les deux. Et ceux qui ne s’arrêtaient pas pour nous parler se contentaient de nous dévisager, comme des extra-terrestres.

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Désormais, il fallait attendre le début de la rencontre. Deux heures à tuer sous la pluie discontinue et le vent du Finistère. Fort heureusement, I Sanguinari a eu la visite … des filles de la buvette. Détrompez-vous, les membres n’auront pas fini leur soirée à l’hôtel F1 du coin, une Bretonne entre les jambes. Mais I Sanguinari, au lieu d’avoir les couilles vides, ont eu le ventre plein. Ces femmes, la cinquantaine et les gencives délestées de quelques chicos, ont eu l’extrême gentillesse de nous proposer et de nous offrir toutes leurs spécialités. Au menu, sandwichs, fars bretons, gâteaux et vin chaud. Le tout dans la joie et la bonne humeur. La magie de la Coupe de France, c’est aussi ça. C’est dans une ambiance festive que le match a pu débuter, non sans que Ricardo Faty et Sigamary nous ait salué de loin.

Trois au début, I Sanguinari s’est vite vu rejoindre par une flopée de fans du FCQ ou de simples curieux. Si bien que l’on était oppressé contre la barrière. Mais le pire fut bien l’arrivée de celui que l’on surnommera Astérix, un Gaulois petit et moustachu. Sauf que lui ne carburait pas à la potion magique mais plutôt à l’eau de vie. Il était accompagné de son ami gaulois Footix, qui en plus d’avoir une dent sur deux cumulait les footixeries du genre « C’est qui votre 13 ? Camara ? Ahah il y en a partout des Camara », « De toute façon en Coupe de France c’est comme ça, les petits ils ont plus la gnaque que les pros », « on voit pas la différence entre les deux équipes alors qu’il y a 6 divisions d’écart ». A eux deux, ils étaient assez pour saouler toute une cavalerie. Alors imaginez l’effet qu’ils ont fait à 3 petits supporteurs d’Ajaccio… Les questions d’Astérix fusent, tout le contraire du ballon, continuellement freiné par la pelouse dans un sale état. Mais le spectacle n’est pas dans les tribunes, mais bien sur le terrain. Sur un coup-franc direct, Quimperlé ouvre le score. C’est la douche froide. Et alors que l’on pouvait s’attendre à une explosion de joie, le stade est resté plutôt calme. Sauf Astérix, supporteur de l’autre équipe de Quimperlé, qui s’ébahit et nous pousse pour mieux voir les actions de but suivantes.

I Sanguinari dans Corse-Matin
I Sanguinari dans Corse-Matin

Fort heureusement, Ricardo Faty égalisa vite. Là, c’est le soulagement pour I Sanguinari. Trempés de la tête aux pieds, la mi-temps arrive au bon moment. C’est l’occasion d’aller se ressourcer à la buvette où nous attende celle que nous appellerons nos copines bretonnes. Un bout de gâteau, un verre de vin chaud – trop citronné – et c’est reparti pour 45 minutes de torture. Et d’Astérix dans son dos. On agite le drapeau, on chante un peu, on gueule contre Eduardo et Mostefa et le premier cité double la mise d’une Madjer sublime. Deuxième explosion de joie de l’après-midi. On crie. On nous regarde bizarrement. On re-crie. On se fout de notre gueule.

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Les fesses serrées, les jambes qui tremblent, les ongles rongés, I Sanguinari attend désormais la fin du match, sans toutefois réclamer la fin du match à l’arbitre. Aujourd’hui, pas de « Oh arbitre, oh PD, siffle, c’est fini ». Pas de petites annonces du genre « Vends Peugeot 205 coupé de 1988, 234 000 kilomètres, 3500 euros à débattre ». Les petites annonces, c’est la speakerine du stade qui les passent. Et elle aussi sonne #FooballVrai : « On vous rappelle que l’on a trouvé des clefs de voitures avec un porte-clefs en forme de cochon. Merci de venir les récupérer au stand bonbons ». De quoi faire passer le temps dans une fin de match dominée par l’ACA. Un ACA pas à l’abri d’un contre quimperlois. Heureusement, derrière, c’est solide. Par contre, devant, Eduardo ou encore Camara loupent des buts tout fait. Tant pis pour le tableau d’affichage, qui, au coup de sifflet final indique 2 buts à 1 pour les visiteurs. Les joueurs du FC Quimperlé peuvent être fiers d’eux. On peut ainsi applaudir les 22 acteurs, même si les Acéistes ont été globalement décevants.

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Vin chaud + far breton gracieusement offerts à la mi-temps

Pendant que certains échangent leur maillot avec les amateurs, d’autres se dirigent vers le parcage des Sanguinari. Il s’agit de Ricardo Faty, Eduardo, Sigamary Diarra et Claude Gonçalves. Sourire aux lèvres, ils en profitent pour serrer les mains des jeunes émerveillés mais surtout pour nous saluer. Une poignée de main, quelques mots échangés et des cadeaux. Comme promis avant le match sur Twitter, Ricardo Faty et Claude Gonçalves offrent leur maillot au Perfettu. Pendant ce temps-là, Astérix en profite pour scrouquer un drapeau à la testa mora. Et pour, enfin, nous laisser tranquille.

C’est donc avec le sourire qu’I Sanguinari a débâché, après cette victoire à l’extérieur. Une rareté pour I Sanguinari. Pour certains, la dernière victoire en déplacement datait de Valenciennes, d’autre de Toulouse. Autant dire une éternité. Et après la visite surprise d’Ultras du FC Lorient qui avaient fait le déplacement à Yzeure la veille et qui ont demandé « ils sont pas venus l’Orsi Ribelli ? », I Sanguinari pouvait prendre ses cliques et ses claques. Non sans avoir été dire adieu à nos copines de la buvette. En guise de cadeau d’au revoir, des 06 ? Des petites culottes ? Non, un sandwich aux rillettes et une part de cake chacun. L’hospitalité vraie.

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Mais avant de prendre la route, I Sanguinari ne pouvait pas partir sans avoir vu le président Orsoni. C’est donc tout naturellement qu’I Sanguinari s’est dirigé vers le bus des joueurs. Là-bas, un invité surprise discutait avec Thierry Debès : Yvon Pouliquen. Ca parlait sans doute de Ligue 2…

De tous les joueurs de l’AC Ajaccio, le plus sollicité fut sans conteste Memo Ochoa, assailli par les fans bretons. L’occasion pour découvrir que, dans cette contrée reculée qu’est Quimperlé, il existe encore des personnes qui utilisent des appareils photos jetables. Invraisemblable. Et alors que le bus s’apprêtait à partir, voici qu’arrivait Alain Orsoni, l’idole des Sanguinari. Béret sur le tête, clope au bec, c’est ainsi que le bel Alain s’est dirigé vers nous. « Salut les jeunes, vous avez vu ce match, c’était impossible de jouer sur un terrain comme ça, c’était impraticable ». Quelques déclarations croustillantes, dignes du bel Alain et le bus s’en alla, direction l’aéroport le plus proche.

I Sanguinari, eux aussi, pouvaient partir. Des étoiles dans les yeux, une qualification dans la besace et des vêtements trempés. Un petit strip-tease sur le parking de Leclerc histoire de se changer et de faire la route au sec, et le convoi pouvait repartir. Avec une seule envie, revenir à Quimperlé l’année prochaine.

Perfettu Erignacci.

5 thoughts on “Les supporteurs de l’AC Ajaccio en vadrouille : I Sanguinari à Quimperlé

  1. Merci à tous. Je suis plus modeste que Tristanec et Tristan, je me contente de découvrir la France. L’Europe c’est pour plus tard. (Quand l’ACA sera en Ligue des Champions)

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