Manuel de savoir-parler foot

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Barnabé la Plume vous apprend le parler foot, en prenant les expressions les unes après les autres et non l’inverse.

Une initiation au footballistiquement correct

de Barnabé la Plume

Afin de vous permettre de briller en société lorsqu’il s’agit de parler foot, Barnabé la Plume vous offre gratuitement (*) un petit Manuel d’initiation aux expressions toutes faites du foot. Aujourd’hui, décortiquons l’expression suivante :

CHAPITRE 1 :

« Il faut prendre les matchs les uns après les autres »

Signification et méthodologie: désigne le fait qu’il faille jouer les matchs dans un ordre bien déterminé. Il convient d’abord de prendre un match, généralement le premier, puis de le jouer ; ensuite il faut prendre le prochain match – souvent le deuxième dans l’ordre – puis un autre qui vient après, puis encore un autre qui vient encore après, suivi d’un autre lui-même suivi d’un autre après lequel aura lieu le suivant, puis après encore un autre. La manœuvre s’effectue pendant toute la durée d’une saison jusqu’au dernier match.
L’ordre décrit ci-dessus doit être rigoureusement respecté, autrement on est obligé de tout recommencer. Après le dernier match, celui qui a eu tous les matchs dans le bon ordre est déclaré gagnant. Puis c’est la trêve. Puis on recommence lors de la nouvelle saison. C’est pourquoi il est également possible de « prendre les saisons les unes après les autres », mais uniquement quand elles ne sont pas de transition, évidemment. Parce que sinon, y a plus de saison et le fonds de l’air est frais.
Certains qualifient cette expression de « langue de bois » : ce sont de mauvaises langues. L’expression se situe dans la droite lignée de la théorie de la relativité générale d’Einstein et vise à établir la continuité du temps. Les footballeurs s’en servent également pour affirmer leur attachement à la fois au chrono et à une certaine logique dans la succession des évènements. Sinon, c’est le bordel.

Emploi : s’emploie le plus souvent pour répondre sans s’énerver au journaliste sportif : « ta gueule connard, on a perdu ce soir, j’ai pas en plus besoin que tu viennes me les briser avec tes questions à la noix » ou, alternativement : « même si on a gagné, je ne tomberai pas dans le piège de m’enflammer, alors c’est pas la peine d’insister avec tes questions à la noix. ».

Origine : l’expression est née suite à une tentative désastreuse de Luis Fernandez de prendre les matchs les uns avant les autres, ainsi qu’à une tactique délibérée de Raymond Domenech de prendre les matchs dans le désordre, n’importe comment. L’échec fut patent, puisque l’un comme l’autre n’ont réussi qu’à perdre les matchs les uns après les autres.

Avantage : marche avec beaucoup de sports, notamment tous ceux qui impliquent la tenue d’au moins deux matchs.
Exemple tennistique
. Sébastien Grosjean déclare : « oui c’est une 17e défaite de suite au 1er tour qui fait mal, mais je prends les matchs les uns après les autres…» Il a fini par prendre sa retraite. Dans le tennis féminin, on prendra « les points les uns après les autres » en espérant enfin arriver au point G.

Inconvénient : il faut bien l’admettre, on aura davantage de mal à employer l’expression avec la natation synchronisée ou le ski alpin. Il n’en faut pas désespérer pour autant. Dans l’exemple du ski alpin, un peu d’imagination suffit pour modifier à profit la formule de Didier : « il faut prendre les portes les unes après les autres ».
Au golf, il conviendra de prendre les trous les uns après les autres, comme l’a brillamment démontré Tiger Woods.

Exercice pratique :Enoncé
Sachant que l’Olympique Lyonnais doit jouer les matchs suivants :
Lyon – Saint Etienne le 25 septembre 2010
Tel Aviv – Lyon le 29 septembre 2010
indiquez à Claude Puel l’ordre dans lequel il devrait prendre ces matchs les uns après les autres en précisant notamment le premier et le dernier match de la série.
Indice
: il y a plusieurs solutions possibles.

Bonus « à la mode actuellement à l’UMP » : « Il faut pendre les roms les uns après les autres ». A manier avec précaution dans les soirées à thème type violons tziganes.

Encore plus que la démocratie de Ségolène, ce Manuel est participatif  et toutes les idées d’expressions toutes faites sont bienvenues : transmettez-les à Barnabé via Facebook ici.

* Les Cahiers du football proposaient en leur temps « A partir de là, le parler foot haut en couleurs » (voir ici) mais c’était payant…

16 thoughts on “Manuel de savoir-parler foot

  1. ça marche aussi avec les femmes, les bières, les pronos des frères Hullé, les trains.. mais là faut quand même faire gaffe car un train peut en cacher un autre.

  2. Mais que faut t’il dire dans le cas d’un match reporté à cause d’un terrain bourguignon gelé par une caillance mortel à faire passer Claude « l’anaconda » Makele pour un joueur de l’equipe reserve de chine?

  3. Il y a aussi : « Il y a eu de bonnes choses ce soir. Nous allons continuer à travailler car il y avait la place pour faire quelque chose. » Généralement employé quand « on a pris une tôle », que l’équipe « ne tourne pas » et que « le vestiaire est pourri ».

  4. en corollaire, « l’important, c’est les 3 points » valable pour tous les matches les uns après les autres, et quelle que soit la compétition …

  5. En fait, ils emploient toujours les memes expressions parce qu’ils ont peur de dire des conneries et de se retrouver dans le comité de vigilance médiatique!

    ps: Dans les cahiers: « Les erreurs payées cash (…) Exemple: « Nous, on payait cash les erreurs de nos adversaires » (Bernard Tapie). » :-)

  6. Justement il y a débat en ce moment à propos du record de défaites en ouverture de championnat détenu par Grenoble et fortement convoité par Arles-Avignon.
    La saison dernière le GF38 a enchainé 11 défaites d’affilé en L1 jusqu’au match nul de la 13ème journée. Sachant que la 11ème journée a été jouée (et perdue) bien plus tard, et que l’ordre des matchs les uns après les autres n’a pas été respecté par la Ligue, doit-on considéré que le record est de 11 ou de 12 défaites?
    Je pense que ce point doit être tranché officiellement avant que la ville de Grenoble ne soit totalement à feu et à sang (les affrontements du moment ne concernant pas gangsters et forces de l’ordre comme on essaye de nous le faire croire mais bien les onzesdéfaitiens et les douzesdaffilétiens). De plus je constate que malgré tous les efforts de ce débuts de saison Grenoble ne prendra pas le record de L2. Heureusement le record de National reste accessible pour la saison prochaine (mais prenons les saisons les unes après les autres).

  7. Quand tu penses que Hugo Lloris dit « point par point »… Putin, on va s’étouffer à la soupe aux communs symboles. Barnabé, prévois-tu une édition spéciale « La tête à toto selon Claude Puel ou le (match) nul par les nuls pour les nuls » ?

  8. Le petit Lassana a bien appris sa leçon

    « Dans ses propos relayés par le média Skysports, Diarra laisse entendre qu’il n’a pas l’intention de rallier l’Angleterre et MU qui serait prêt à mettre 24 M€ pour s’attacher ses services. « Je n’ai aucun commentaire à faire. Je suis un joueur du Real Madrid et tout ce que je veux faire c’est jouer semaine après semaine avec ce club. »  »
    FootMercato

  9. Bonjour,

    Juste pour alimenter les chapitres suivants : fréquentant une supportrice de foot qui m’inflige un certain nombre de matchs par semaine, en outre, pas les un après les autres puisque certains sont simultanés (mais puisqu’ils n’impliquent pas les même équipes peut-être que ça ne compte pas), j’ai pris l’habitude de procéder par mimétisme dans les assemblées footballistiques.

    Ainsi, j’ai découvert une formule passe-partout qui pourrait, sans équivoque, être ajoutée au vocabulaire footballistique; cela s’applique à tout joueur, appelons le « Valbuecuff », bon ou mauvais, dont la performance est illustrée à l’écran (et dont le non-footeux de mauvaise foi a pu mémoriser le nom); dès que l’assemblée hue ou bien applaudit le joueur en question, le non-footeux lâchera d’un ton égal : « En même temps, c’est Valbuecuff »

    Essayez ce truc, ça marche :)

  10. X.Gravelaine: « Dans ma carrière j’ai toujours pris soin de prendre les clubs les uns après les autres ».
    Sydney Govou lui répond qu’il ne se souvient pas dans quel ordre il a pris ses verres, mais qu’il a « prit soin de travailler les automatismes à l’entraînement ».

  11. « pour moi y a pas faute, après l’arbitre prend sa décision, je l’accepte, mais tout le monde se fera sa propre opinion avec les images »

    ou comment parler arbitrage vidéo subtilement tous les week end.

  12. Ah oui et t’as aussi: « Je ne parlerai pas de l’arbitrage »
    Variante: « Je ne m’exprime jamais sur l’arbitrage, mais ce soir… »

  13. Excellente lecture pour un vendredi fin d’aprèm… j’ai particulièrement apprécié la petite référence tennistique… je m’en vais dire à mon directeur que je vais prendre les dossiers les uns après les autres

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