Aïoli les sapiens,

L’OM Champions Project® poursuivait à Dijon sa trajectoire à la Desireless. Après un premier succès populaire dont l’on ne saura jamais s’il était dû à la qualité de la performance plus qu’à un gros coup de bol, était venu le moment de la ringardisation abyssale, des moqueries faciles et des portes qui nous claquent à la gueule. Et donc, en cette fin d’hiver, arrive ce qui représente notre « tournée Stars des années 80 » à nous, ses scènes sur les parkings de zones commerciales, ses banquets au Flunch et surtout, ses succès médiocres mais qui procurent enfin leur quota d’applaudissements. Caen, Bordeaux, Dijon et bientôt Amiens : en ce moment, l’OM rencontre plus bouseux que lui, peu exigeants sur la forme et prompts à débourser les trois points sans négocier. Pas de quoi rêver aux feux de la rampe ni même gagner un peu de respect, mais ça paie les traites du pavillon.

L’équipe

Mandanda
Sakai– Caleta-Car – Kamara – Amavi
Sarr (Germain, 55e) – Lopez (Sanson, 69e) – Strootman (Rolando, 79e) – Ocampos
Thauvin – Balotelli

Les absences conjuguées de cadres tels que Rami, Payet et Luiz Gustavo conduisent Rudi Garcia (dehors) à des extrémités incroyables, du genre à faire jouer les joueurs à leurs postes. Le 442 victorieux contre Bordeaux est reconduit, mais fort heureusement le retour de Thauvin laisse tout de même à notre entraîneur (dehors) une petite latitude pour faire de la merde : exit Germain, pourtant prometteur en attaquant de soutien, et voici donc Florian extirpé de son aile droite pour venir assister Balotelli.

Le match

Dès la troisième minute, Balotelli tente un lob du milieu de terrain qui annonce la couleur : on l’a recruté pour avoir enfin un attaquant qui tente , alors nom de nom, oui, il va tenter. Au sein d’un OM dominateur dans les duels et la possession, Mario produit un nombre de tirs à faire s’exclamer tout Marseille : « ah mais c’est donc ça, un avant-centre ? ». Ce constat aurait pu nous amener à nous vautrer dans un optimisme démesuré, n’étaient les deux nuances suivantes, de taille.

Tout d’abord, l’OM domine, certes, mais sans pour autant nous dispenser de conserver un sac vomitoire à portée de main : certains joueurs sont invisibles, d’autres maladroits, et l’ensemble est surtout infoutu de jouer collectivement autrement que par de longs ballons, des touches déviées et des corners aléatoires. Si Balotelli parvient en effet à frapper plusieurs fois au but, ses essais désespérés sont le plus souvent contrés par un défenseur.

Ensuite et surtout, la tactique du « je joue pépère en attendant que le but vienne tout seul » est rendue caduque par la faute de l’adipeux des cages. À l’instar du chocolat de Mr Creosote, le brassard de capitaine ajoute à notre gardien les quelques grammes qui manquaient pour que son surpoids nous explose définitivement à la gueule. Après une perte de balle de Bouna Sarr, l’action se développe jusqu’à l’entrée de notre surface, d’où Chafik envoie un tir vicieux. Steve se vautre mollement pour capter le ballon, y échoue, et le palan commandé pour relever notre gardien n’arrive pas à temps pour empêcher Marié de reprendre (1-0, 18e).

La première mi-temps aurait pu être qualifiée de « médiocre mais bon, Balotelli a l’air chaud pour planter un but » ; du fait de cette boulette commise sur l’une des deux seules occasions des Bourguignons, elle atteint automatiquement la catégorie « on est nuls à chier et on ne mérite que ce qui nous arrive ».

Peu après la pause Rudi Garcia (dehors) effectue un coaching gagnant, à savoir qu’il replace les joueurs à leur poste. Je ne sais pas, il (dehors) aurait pu avoir cette intuition dès le coup d’envoi mais cela devait lui (dehors) sembler drôle de perdre 55 minutes, comme ça, gratuitement. Bref, Thauvin éjecte Sarr de l’aile droite tandis que Germain s’installe en second attaquant. Dans la minute qui suit, Valère et placé entre les lignes pour dévier un long ballon dans la course de Sakai. Victime d’un bel hippopotacle, Hiroki n’obtient qu’un corner ; l’occasion pour nous de constater que dans ces contrées reculées, les études vidéo des adversaires parviennent aux clubs sur cassette VHS acheminées par diligence en seize jours. Ainsi, l’OM peut tranquillement répéter à l’identique la combinaison exécutée avec succès contre Bordeaux pas plus tard que ce mardi, seuls les protagonistes différant : Lopez botte le corner, Thauvin dévie de la tête au premier poteau, Balotelli échappe au défenseur pour conclure de près (1-1, 56e).

Mandanda est tout près de nous mettre un bon coup derrière la nuque en relâchant un nouveau tir, mais cette fois l’attaquant dijonnais rate piteusement sa reprise et l’OM peut repartir de l’avant. Notre domination est toujours aussi laborieuse, bien que ponctuée ça et là de quelques centres intéressants, c’est-à-dire manqués moins largement que d’habitude.

C’est alors que l’impensable se produit : après une récupération dans notre camp, Germain renverse intelligemment le jeu vers Strootman, qui prolonge le ballon sur notre aile gauche. Jusqu’à cette 74e minute, ladite aile gauche était une sorte de no man’s land, tant les sévices infligés au football par Amavi et Ocampos sur ce côté avaient fini par convaincre leurs coéquipiers d’y envoyer le ballon le moins possible. On notera d’ailleurs l’acte manqué de Strootman, se rendant compte in extremis qu’il allait passer la balle à Jordan Amavi et tentant trop tard de retenir son geste, avec pour seule conséquence de se ruiner l’adducteur en marchant sur le ballon. Brave Kevin, contre toute attente ton sacrifice ne fut pas vain : Jordan réussit une passe propre pour Ocampos, ce qui est en soi à saluer, et ensuite Lucas, qui n’avait rien mais alors là, strictement RIEN réussi jusqu’ici, enchaîne petit-pont sur le défenseur et lourde enroulée au fond de la cage (1-2, 74e).

Passée cette rupture spatio-temporelle, l’OM gère plutôt sereinement cette fin de match, à l’exception d’une dernière minute totalement slipométrique car on ne se refait jamais totalement. Ocampos, qui n’avait qu’à dégager loin pour que l’arbitre siffle la fin du match, adresse une passe moisie à 20 mètres de nos buts, forçant Kamara à tacler en catastrophe avec pour seul résultat de découper le joueur. Le Dijonnais salope honteusement ce coup-franc inespéré, et n’a plus qu’à se morfondre avec ses coéquipiers sur la lutte fangeuse qui les attend en bas de classement. Nous pouvons quant à nous de nouveau élever la tête vers la lumière (du moins tant que le calendrier continuera à nous offrir des faire-valoir de ce calibre).

Les joueurs

Mandanda (1/5) : De la même manière que les paquets de cigarettes comportent des photos dissuasives de cancer de la gorge, le ministère de la santé songe à illustrer les boîtes de nuggets de poulet par des plongeons de Steve Mandanda.

Sakai (3/5) : Un début de match excessivement discret, avant qu’il ne semble comme libéré une fois retrouvé Thauvin juste devant lui. Rudi Garcia (dehors) a donc mis 55 minutes à redécouvrir la notion d’automatismes : reconnaissons qu’on l’a déjà vu plus borné.

Caleta-Car (4/5) : Grand bénéficiaire des absences, Duje est bien forcé d’enchaîner les matchs et cela lui permet de monter en régime. Autoritaire en défense, précieux sur les coups de pieds arrêtés offensifs, Caleta-Car doit maintenant montrer ce qu’il vaut face à des clubs dont l’évocation inspire le respect, catégorie dont ne font assurément partie ni Bordeaux ni Dijon.

Kamara (4-/5) : L’opération « délogeons les vieux indéboulonnables » avance toujours. Si ça peut donner des idées à certains pour l’hôtel de ville…

Amavi (1+/5) : Avec des cancres comme celui-ci, je me sens plutôt Jean-Michel Blanquer que Jacques Prévert.

Sarr (1/5) : Victime collatérale de cette nouvelle lubie de vouloir placer les joueurs à leur poste : quand il jouait arrière droit, au moins on était indulgent avec lui.

Germain (55e, 3+/5) : Revoir un printemps.

Lopez (3/5) : Propre sur lui et présente bien, mais somme toute plutôt effacé. Comme on dit en école de commerce, porter un beau costume sans avoir la volonté d’enculer l’humanité, ça ne sert pas à grand chose.

Sanson (69e) : Plus offensif que le précédent, certes grâce à un contexte tactique plus favorable.

Strootman (2+/5) : Alors que Jordan Amavi faisait de la merde avec chaque ballon qu’on lui transmettait, Kevin n’a pourtant pas hésité à sacrifier son adducteur gauche pour lui faire cette passe qui devait finalement s’avérer décisive. Je n’ai pas peur de qualifier cet épisode de miracle. Je n’ai pas peur de déclarer que cet homme est saint.

Rolando (81e) : Entrée plus que solide avec un bon nombre d’attaques annihilées. Bien que touchant à sa fin, le sort de titularisation éternelle de la déesse Erzulie conserve encore un petit fond de puissance.

Ocampos (3/5) : Je n’ai pas compris. Il oscille entre l’invisible et le nullissime, et puis d’un coup, il s’est sort sa langue comme le berger allemand dans la pub Royal Canin, et là il nous fait un chef d’œuvre. Et puis il rentre sa langue et il se remet à faire n’importe quoi le reste du match. J’ai pas compris.

Thauvin (3+/5) : Très bon depuis le début de saison sur l’aile droite, et donc fort logiquement bombardé à un poste de second attaquant où il s’est emmerdé ferme toute une mi-temps. Revient à ses premières amours à compter de la cinquante-cinquième, moment où il retrouve sa vivacité, ses automatismes, son entente avec les coéquipiers, la fortune, le retour de l’être aimé et un pénis de 35 centimètres.

Balotelli (4/5) : Un avant-centre, c’est un bon chasseur : dès qu’il voit un ballon, il tire (pas comme Clinton Njie, par exemple : lui, dès qu’il voit un ballon, il tire…). Un but vient le récompenser de ses efforts et le dédommager des coups abondamment distribués par les Dijonnais (et qu’il a d’ailleurs en grande partie rendus).

L’invité zoologique : Julio Tamanoir

Le fourmilier géant est un animal difforme et pataud, se mouvant péniblement au ras du sol quand des espèces semblables préfèrent s’élever dans les arbres. On prendra garde cependant à ne pas dénigrer cet animal précieux pour l’écosystème, qu’il contribue à purger de ses nuisibles. Le tamanoir est donc bien l’invité approprié pour évoquer ce club sans intérêt apparent, si ce n’est celui, considérable, de pouvoir débarrasser la Ligue 1 du Stade Malherbe de Caen.

– Les autres : Limités à tous les postes et sans grande imagination collective. Ils n’ont même profité qu’à moitié des cadeaux de Mandanda.

Le classement : Avant les autres matchs du week-end, nous grimpons à la cinquième place. De quoi augurer de lendemains plus optimistes si cette belle série se poursuit contre Amiens (oui, parce qu’ensuite, il vaudra mieux parler d’autre chose).

– Les boutons : lecteur, tu remarqueras quelques lignes ci-dessous de nouveaux et beaux boutons intitulés respectivement « faire un don » et « rejoins-nous ». Comme leur nom l’indique, tu es cordialement invité à cliquer sur le premier si tu souhaites nous aider à pérenniser le site, et sur le second si tu souhaites toi aussi écrire une académie sur ton club de cœur.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Homerc remporte avec les félicitations du jury un concours zoologique très dense.

Bises massilianales,

Blaah.

5 thoughts on “Dijon-OM(1-2), La Canebière académie rétablit la logique

  1. Je comprend mieux pendant la faille spatio-temporelle créé par Ocampos tous les offensifs de Porto ont pris son niveau hier…Bon t’es gentil Lucas tu rends tout on a ligue des champions Mardi

  2. Une plume très fine, décalée, lège et puissante à la fois. Le foot y est traité au 3eme degré avec sérieux, jubilatoire comme dirait mecaniquement un magazine hebdomadaire « chrétiens médias peuvent heurter »

  3. Impeccable cette acad, comme d’habitude serais-je tenté de dire.
    Par contre ma mémoire défaille, quel est le contentieux avec Caen ? Le passage de Vercoutre ?

  4. Xavier Gravelaine.
    Le titre de D2 1996.
    Franck Dumas.
    Kanté (et du coup on réccupère Diarra)
    Etc…

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