Lyon-OM (1-1), La Canebière académie n’aime que la souffrance

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Couilles as usual.

Aïoli les sapiens,

Payer, payer cher et souffrir, et le proclamer haut et fort comme une passion. La saison olympienne ne prend toute sa saveur sado-masochiste qu’en s’étant procuré l’abonnement légal à Téléfoot, le seul qui permet de se lancer avec délectation dans des calculs infinis : nombre de missions professionnelles sans intérêt acceptées pour financer notre vice, nombre de leçons de poneys sucrées aux gosses pour s’offrir de quoi voir l’OM nier le football, ratio sommes dépensées / actions construites vues en direct, ce genre de choses. J’en connais même qui ont calculé qu’à somme égale, ils auraient pu se payer essence, péage et hôtel pour aller voir jouer l’AS Nancy-Lorraine, étant entendu que, tant qu’à souffrir, autant le faire bien.

Petit bémol, la chaîne Téléfoot ne comporte pas assez de mauvais consultants. Si je puis me permettre, je pense qu’avec une émission de débat faisant intervenir Jean-Marc Ferreri, Franck Leboeuf ou Pierre Ménès, par exemple, nous en aurions enfin pour notre argent.

Le seul moyen de rentabiliser le milliard d’euros de droits, c’est d’attirer les bons abonnés. Ce type de public est pointu et exigeant, mais l’OM et l’OL représentent clairement des arguments de choix.


L’équipe

Mandanda
Sakai  – Alvaro – Caleta-Car – Amavi
Rongier  – Kamara  (Gueye, 61e) – Sanson
Thauvin (Lopez, 61e) – Benedetto (Radonjic, 61e) – Payet (expulsé, 16e)

Amavi est de retour de sa suspension infligée pour n’être pas foutu de donner un coup de poing correct. L’effectif est donc au complet, à l’exception de Nagatomo victime d’une gastro-entérite toute à son honneur : si pressé de s’intégrer, le Japonais a en effet tenu à vomir avant de voir le match. Malgré les prestations lamentables livrées aux rencontres précédentes, Villas-Boas aligne une équipe inchangée, l’ambition du soir étant de toute façon très explicitement de ne pas commencer à jouer au football.

Quant aux transferts, à l’approche de la clôture du mercato, la situation est la suivante :
– Bouna Sarr est en route vers Munich pour 10 millions d’euros. Non non, pas au musée pour être exposé comme œuvre d’art, c’est bien le Bayern qui a posé cette somme pour le recruter. Une belle récompense pour ce contemporain de quelques-unes de nos belles heures (sa campagne de Ligue Europa 2018), et dont la mentalité exemplaire, les couilles à l’air et les centres au troisième poteau nous laisseront un souvenir sympathique ;
– Mickäel Cuisance fait le chemin inverse. On évoque un prêt avec option d’achat pour un milieu de terrain qui frôlerait la surpopulation, à moins que Paul Aldridge ne fasse des miracles dans la dernière journée de mercato ;
– On a parlé de Caleta-Car à West Ham pour une somme compensant à peine le montant de son recrutement, une proposition à laquelle Duje aurait rétorqué « ta mère le tricératops, moi je veux rester pour jouer la Ligue des Champions ». Et tout le monde ne s’en porte que mieux.
– On parle de Maxime Lopez à Sassuolo. On n’a pas parlé de Sanson, Strootman, Germain ou Mitroglou.


Le match

L’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon. Depuis cette rencontre mémorable, l’OM s’attache à préserver la mémoire de ce club désormais rebaptisé, en attaquant la rencontre comme un club de Nationale 2 en 1/32e de finale de Coupe de France. La possession est aimablement laissée à l’adversaire et, à l’image des politiques nationales contre le coronavirus, le slipomètre ne fait que varier du rouge au vermillon en passant par l’écarlate sans qu’aucune mesure concrète ne soit prise. L’OM ne passe pas le milieu de terrain, les corners et les centres s’accumulent, et on compte sur la maladresse lyonnaise et la Rudi’s touch pour faire le nécessaire.

Le pire, c’est que cela fonctionne : Thauvin et Rongier obtiennent, à force de contres favorables et de ballons arrachés, ce qui constitue notre premier vrai ballon d’attaque. Florian se recentre et voit Payet arriver plein axe à l’entrée de la surface de réparation, avec devant lui plus d’espace qu’il ne lui en faut. Dimitri est servi, enchaîne le contrôle et une petite délicatesse au fond du filet de Lopes (0-1, 16e).On a souvent coutume de dire que Payet n’a pas besoin d’être constant, tant une action de classe de sa part peut lui suffire à faire basculer un match. Dimitri teste ce postulat à l’extrême puisque, dans la minute qui suit son but, il applique une horrible semelle sur la cheville de Dubois. Si savater une tête de con, lyonnaise de surcroît, n’est jamais un acte totalement répréhensible, force est de constater que l’arbitrage vidéo force désormais à un peu plus de nuance : Stéphanie Frappart s’en va constater les images de la boucherie et applique finalement le carton rouge qui s’impose.


L’avantage d’entrer dans les matchs comme on entre dans un donjon SM, c’est qu’on est armés pour souffrir. Puisque de toute façon l’OM n’était pas venu pour jouer au football, l’événement n’est au départ qu’une péripétie. Les choses se compliquent quand l’arbitre siffle un pénalty pour une faute d’Alvaro sur Bard, qui semblait pourtant avoir déjà perdu le ballon. La saine réaction initiale suivant le coup de sifflet est bien évidemment de crier spontanément « connasse », avant que les correctifs nécessaires ne soient apportés :

– tout d’abord, le remplacement de l’insulte par un classique « fils de pute », pour ne laisser aucun doute quant à notre totale absence d’intention misogyne ;

– ensuite et surtout, le visionnage des images qui confirme que ce gros benêt d’Alvaro a bien marché sur le pied de Bard au moment où celui-ci exécutait son dribble. Une nouvelle fois, l’arbitre est dans le juste, ce qui est on ne peut plus contrariant.

Malgré la détente de Mandanda, Aouar exécute un pénalty imparable (1-1, 28e).


Déjà dépourvu de projet et d’ambitions de jeu en temps normal, l’OM n’a plus qu’à faire le dos rond en s’accommodant des circonstances. Le dernier quart d’heure de cette première mi-temps est un calvaire, marqué par une domination constante de l’OL, une belle raie de Mandanda et un but de Kadewere suite à un cafouillage sur corner, but refusé grâce au car vidéo ayant réussi à détecter une position de hors-jeu d’un micro-poil. Finalement, Stéphanie Frappart parvient enfin à mériter quelque insulte : elle laisse ainsi Lopes démonter Alvaro Gonzalez, sur une de ces sorties dont le portier taré s’est fait une spécialité depuis des années dans une impunité arbitrale qui rendrait jalouse n’importe quelle compagnie de CRS.

Malgré toute la confiance qu’on peut accorder à l’entraîneur lyonnais, on se dit à la pause qu’il faudra cette fois-ci un énorme effet Garcia pour que l’OM parvienne à retirer un point de ce match. L’OM est recroquevillé, réussissant l’exploit de tout miser sur un bloc bas sans savoir défendre, comme en témoignent les innombrables dédoublements lyonnais laissant nos latéraux à un contre deux faute de suivi des milieux. Cela étant, nous avions tort de douter : l’effet Rudi joue en effet à plein, avec un jeu lyonnais consistant quasi-exclusivement à bombarder notre surface de centres envoyés au pif, le tout rehaussé par ce soupçon de manque de réussite qui n’appartient qu’à lui. Alvaro revient d’abord de nulle part pour un sauvetage héroïque devant Caqueret, qui s’apprêtait à marquer une main dans le slip. Aouar se voit ensuite refuser un but pour un pied haut sur Mandanda, avant que deux lyonnais seuls aux six-mètres trouvent le moyen de ne pas profiter d’un centre à ras-de-terre. La beauté de l’histoire aurait voulu qu’un CSC de Thiago Mendes sublime l’ensemble, mais le contre-pied du défenseur sur son gardien à la 71e est sauvé sur sa ligne par un camarade.


Lyon s’enfonce dans la nullité pendant que l’OM tient bon : le match nul est préservé de manière encore plus inespérée que les deux précédents et vient récompenser l’abnégation incontestable des Olympiens. Toujours est-il que, de la même manière que l’arbre cache la forêt, les couilles si grosses soient-elles ne sauraient masquer l’absence de jeu et – osons le dire – de plaisir. Il reste un jour de marché des transferts et une trêve internationale pour travailler cela et espérer vibrer un peu alors qu’approchent les confrontations européennes.


Les joueurs

Mandanda (4/5) : Sans doute le seul homme à se demander pourquoi on nous qualifie « d’équipe défensive » alors qu’il doit s’affairer autant que si l’équipe était dirigée par Zdenek Zeman sous ecstasy.

Sakai (2+/5) : Pour pouvoir encaisser autant et quand même finir avec le sourire, ce n’est pas le code d’honneur du samouraï qu’Hiroki a potassé, c’est « Le Bondage pour les nuls ».

Alvaro (3/5) : À l’exception de ce malencontreux pénalty concédé pour avoir laissé traîner son 45 fillette où il ne fallait pas, un gros match marqué par de nombreux incendies éteints dans notre surface. Il aurait même pu obtenir un pénalty, sans cette fichue loi du jeu disposant qu’un gardien a parfaitement le droit de mettre des coups de latte dans les côtes dès lors qu’il tient le ballon en mains.

Caleta-Car (3/5) : Averti dès la 4e minute par une arbitre intransigeante sur le jeu dur (enfin, surtout le nôtre), Duje ne s’est pas désuni et a tenu la baraque aussi sereinement que cela était possible.

Amavi (3+/5) : Naguère, confronté à une situation faisant entrer en jeu plus d’un paramètre, Jordan résolvait le dilemme en criant « Aaaaaaaaaaaah » avant soit d’arracher une jambe adverse soit de coûter un but. Désormais, il nous gère des un-contre-un, des un-contre-deux, des interceptions, des dégagements et des contre-attaques avec la sérénité d’un bonze.

Kamara (2/5) : Autant on voit que des joueurs adhèrent au projet consistant à subir le jeu, autant on sent bien que Boubacar, le plan « fais-de-moi ta chose et piétine-moi les testicules avec tes talons aiguilles », c’est moins son délire. D’où peut-être sa relative retenue en ce moment.

Gueye (61e, 3/5) : Un impact nettement plus spectaculaire que Boubacar, avec quelques interceptions bien senties.

Rongier (2/5) : Du progrès dans la combativité, comme quoi la méthode Hartman a peut-être porté ses fruits. Après, nos milieux de terrain, c’est comme les spermatozoïdes : la première fois que Leeuwenhoek les a regardés s’agiter n’importe comment sous son microscope, il a bien mis trois ans à comprendre ce qu’ils faisaient et à quoi ils servaient.

Sanson (2-/5) : D’abord rétif à l’idée de suivre son opposant quand celui-ci dédoublait dans le dos d’Amavi, Morgan s’est bien vite attelé aux tâches défensives, où il a fait montre d’une admirable capacité à encaisser trois fois un dribble identique. Sinon, si l’on ne parle pas de football, sur le critère « couilles » c’est ok pour lui aussi.

Thauvin (3/5) : Volontaire pour produire ce qui ressemblait le plus à des actions offensives côté olympien, avec finalement une efficacité optimale la seule fois où il s’est trouvé en situation de délivrer une passe décisive. Moins radical que Payet dans la façon de sortir du match, il s’est contenté de gentiment décliner physiquement.

Lopez (75 e) : A contribué à ce que le ballon circule un tout petit peu plus dans le camp lyonnais.

Payet (1/5) : Maîtrise technique impressionnante et finition fatale, perte de repères, déséquilibre mental, violence superflue, quitte les lumières sur un gros plan mettant en évidence son surpoids. Le match de Payet, c’est la carrière de Steven Seagal résumée en trois minutes.

Benedetto (1/5) : Déjà qu’en temps normal Dario se procure un ballon exploitable à chaque fois que son horoscope voit la face cachée de Jupiter traverser la constellation du Loukoum, il ne fallait pas en attendre davantage vu les circonstances.

Radonjic (61 e, 2/5) : Toujours sa qualité de dribble postmoderne, qui sur un malentendu aurait pu faire vriller les faibles cerveaux des défenseurs lyonnais. Des sorties de balle propres sans erreur slipo-fatales, c’est déjà ça.


L’invité zoologique : Houssem Aoûtat

L’aoûtat est une larve d’acarien parasite particulièrement connue pour les démangeaisons insoutenables qu’elle inflige à son hôte. On raconte que sur l’échelle de la gêne, le prurit de l’aoûtat se situe approximativement sur le même échelon que le supplice de la goutte d’eau, le massage de couilles au papier de verre ou les interventions de Franck Ferrand pendant le Tour de France. L’aoûtat était donc bien l’invité approprié pour accompagner cette soirée-supplice.

– Les autres : Que dire, sinon : « Il n’est plus chez nous ».

– Le classement : Peu importe.On sait tous comment cela va se finir : nous allons agripper une place européenne en jouant un football horrible et en faisant pleurer les équipes attrayantes du moment.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Sylvain C. gagne le concours zoologique.

Bises massilianales,

Blaah.

3 thoughts on “Lyon-OM (1-1), La Canebière académie n’aime que la souffrance

  1. ce match résume la météo du moment:
    tu sors en marcel sous un soleil lumineux, et tu te prends une drache mémorable le temps d’arriver en terrasse, trempé comme une soupe.

    8 points pris sur le supposé top 6, en vrai c’est bieng ou pas?

  2. Oui, bon, on va peut-être arrêter avec les blagues cyclistes, hein ? C’est fini, là.

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