Lyon-OM (2-1), La Canebière académie ne tient pas la distance

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« Il » est revenu.

Aïoli les sapiens,

La seule explication, c’est qu’il le font exprès. L’OM est une entreprise exclusivement vouée à nourrir une éternelle déception chez son public, c’est sa raison d’être. Pas la mélancolie éternelle à la façon nancéienne, non, quelque chose de beaucoup plus subtil et cruel, ce petit raffinement qui parvient à nous faire croire que cette fois-ci c’est la bonne, on va arriver à quelque chose… avant de tout invariablement saloper. Encore il y a quelque temps encore, c’était facile de nous décevoir : on rachète le club, on change tout l’organigramme, on annonce de grandes ambitions, et ensuite on est nuls à tous les échelons du club. Binaire, mais efficace.

Sauf que la déception c’est comme la drogue, à force on s’accoutume et les doses habituelles ne nous font plus rien. Donc faut forcer, faut instiller encore plus d’espoir pour tomber de plus haut. Un nouvel entraîneur, des promesses dans le jeu ? Au départ, tout ceci est accueilli avec une moue blasée, on n’attend pas grand-chose d’autre de la saison, si ce n’est de reconstruire. C’est alors que nous jouons bien, oh, pas longtemps, certes, juste le temps de montrer qu’on peut, mais qu’on ne le fera pas tout le temps. Pourquoi ? Parce que.


Alors évidemment, quelques espoirs, c’est assez pour lever un sourcil, mais on en reste ici encore au stade de la micro-déception, genre un nul contre Reims. Alors il faut préparer les esprits, connaître sa proie. Pas question par exemple de tomber dans le piège trop évident d’une défaite face à l’Entente sportive Cannet-Rocheville ou l’Union sportive chauvinoise : tous les supporters avaient déjà les muscles et les intestins bandés à l’extrême, la chute se serait avérée ici trop prévisible, et donc pas assez douloureuse.

C’est que, à l’image de nos globules blancs après la 16e vague de covid, nos défenses immunitaires ont appris à résister au virus de la frustration. C’est alors que l’Olympique de Marseille, pour faire tomber nos barrières, a utilisé l’arme ultime : la victoire à Bordeaux. Et là, c’est gagné : même nous, quadragénaires rompus aux affres de la vie, nous prenons à croire que des lendemains fleuris sont possibles. Un tour de plus est passé en Coupe de France ? Elle est à nous. La campagne européenne est lamentable ? Pas grave, nous voici reversé dans une coupe de tocards à faible adversité qui nous est forcément promise.


Le pari maléfique est gagné : quand nous nous présentons à Lyon, la confiance est sinon totale, du moins plus vivace qu’à l’habitude en cette occasion. C’est que la conjonction est idéale : l’adversaire est aussi diminué sportivement qu’il est au sommet en matière de filsdeputerie, trouvant le moyen de chouiner (pour des motifs qui m’échappent totalement d’ailleurs) pour un match que la commission de discipline a déjà eu la générosité de leur reprogrammer à domicile après l’agression de Payet. Nous rivaux alignent aussi in extremis Moussa Dembélé, pourtant positif au covid mais dont l’écouvillon du dernier test a miraculeusement été remplacé par une baguette magique avec une crédibilité validée par les laboratoires Novak Djokovic. Bref, pour une fois, pour au moins UNE fois de notre putain de vie de supporter sportif (voire de militant politique de gauche pour les inconscients qui cumulent), nous pouvions nous autoriser un petit espoir de voir les gentils gagner contre les enculés. Juste une fois, pour voir ce que ça fait.

Et c’est que les infâmes nous ont donné raison d’y croire, en plus, en piétinant consciencieusement les Lyonnais une mi-temps durant. Pour BIEN montrer que si nous perdons, c’est parce qu’on l’aura fait EXPRÈS. Quelle autre explication, que la volonté assumée de chier à la figure des gens qui consacrent autant de temps et d’énergie à cette équipe, peut éclairer l’interruption volontaire de football survenue brutalement au retour des vestiaires, jusqu’à laisser des lyonnais moribonds empocher la victoire ? Nous avons cherché d’autres raisons, échafaudé des scénarios, pondéré les arguments jusqu’à réfutation scientifique des hypothèses, si bien que nous en arrivons à ces mots de Sherlock Holmes : « Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité. » Voici pourquoi nous sommes en mesure d’affirmer que si l’OM fait de la merde à intervalles si réguliers, c’est uniquement dans le but de nous faire du mal, beaucoup, et tout le temps.

En conséquence de quoi, let the merry go-round resume comme on dit :

Autre espoir insensé, celui d’une saison sans Monsieur Lapin. Raté donc, même si ce 1er février marque un record de sortie tardive.

Évacuons donc cette déception comme nous savons si bien le faire et préparons-nous dès maintenant à ce qui sera sans aucun doute l’objectif final de la saison : nous qualifier en finale d’une Coupe de France débarrassée de Paris, Lyon et Monaco, et y perdre face à Nantes.


 Les Longorious Basterds

Lopez
Lirola– Saliba – Caleta-Car – Luan Peres
Rongier – Kamara – Guendouzi
Ünder (Milik, 86e) – Payet – Luis Henrique (Harit, 70e)

Les absents restent les mêmes, s’y ajoutant seulement Kolasinac et Bakambu, non qualifiés pour la rencontre. Gueye, Dieng et Gerson sont avec leur équipe natonale ,De La Fuente n’est pas encore apte.

Le schéma sans Milik est reconduit. Rongier conserve la place de Gerson au milieu, Lirola étant titularisé arrière droit. Plusieurs jeunes complètent l’effectif, Benyahia faisant notamment sa première apparition sur le banc.


Le match

Plus encore que Lens la semaine précédente, Lyon finit la première période passé à la broyeuse. Notre milieu de terrain aplatit ses adversaires, la défense finissant le travail une main dans le slip. Les Lyonnais sont privés de leurs principales armes défensives, principalement les mecs qui agressent Payet sur les corners. Dimitri peut ainsi déposer le ballon sur la tête de Guendouzi, qui place une belle tête décroisée au premier poteau (0-1, 10e). L’OM marque donc dans le premier quart d’heure, une nouveauté cette saison. Cela fait suffisamment d’inédit pour ce soir : la domination outrageuse mais stérile, ponctuée de tirs hors cadre et de mauvais choix devant la surface, reste comme d’habitude de rigueur. Il n’en demeure pas moins que dans l’engagement et la maîtrise, nous accomplissons 45 minutes de haute volée.

Et là, donc, la commission d’enquête devra déterminer qui chez nous a donné l’ordre aux joueurs de se comporter comme des vieilles merdes. Sampaoli a coutume de répondre aux critiques sur ses phases de possession inabouties en rappelant qu’il s’agit aussi et surtout de priver l’adversaire de ballon dans un but sécuritaire. De là vient l’interrogation naïve que nous soulevions déjà à mots couverts contre Lens : POURQUOI BORDEL DE MERDE EST-CE PRÉCISÉMENT QUAND VOUS AVEZ UN SCORE À PRÉSERVER QUE VOUS NE CONSERVEZ PAS LE BALLON, puisque c’est ça qui est supposé vous protéger le mieux, bande de mastres ?


C’est en effet à une authentique démission collective, pour ne pas parler de sabordage, que nous assistons en cette seconde période. L’OM joue acculé sur son but, ne cherche plus à récupérer un ballon haut, et les délicieuses sorties de balle de la première période se muent en horribles coups de tatane rendant aussitôt le ballon à l’adversaire. Est-ce la fatigue d’un effectif inchangé ? L’inconfort de jouer contre nature ? Sont-ce finalement tout simplement des connards comme tant d’autres avant eux ? Toujours est-il qu’en même temps de ce coup de frein collectif apparaissent des failles individuelles : un duel perdu ici, un contrôle un peu long là, une course en retard sur l’aile…

C’est ainsi que Lyon passe toute la seconde période à nous faire souffrir comme peu d’équipes nous ont malmenés cette saison. Encaisser des buts à cause d’une défense folklorique, cela nous est arrivé à tour de bras ; mais se faire étouffer à ce point pendant aussi longtemps, cela n’avait guère encore été vu. Luan Peres, qui tenait jusqu’ici le coup tant bien que mal, se fait souiller par Gusto qui envoie des centres à la pelle. Nos ballons sont perdus dans les trente mètres.

Survient cette 68e minute et ce que l’on a coutume de nommer le tournant du match, si tant est que les conséquences de ce loupé s’arrêteront bien à cette soirée et à la maisonnée réveillée ce soir après avoir défoncé la poubelle de la cuisine à coups de latte. Avec toute la maîtrise dont il est capable en ce moment, c’est-à-dire grâce à un contre favorable de porc, Lirola lance Ünder dans la surface. Guendouzi et Payet sont au centre, mais Cengiz est sur son bon pied, dans la position qu’il affectionne… c’est bien simple, il a TOUT pour choisir sereinement et, comme Bakambu contre Lens, plier le match en faisant oublier les petits défauts rencontrés. Et donc, alors qu’il nous a déjà tant apporté de buts et de points, Cengiz assassine la rencontre en tirant largement à côté de la cage.


Trois jours après Montpellier, Caleta-Car se fend d’une nouvelle bourde, si ce n’est cette fois-ci que Lopez nous sauve d’une magnifique double RAIE en sortant devant Dembélé puis Caqueret. Lyon accélère et Shaqiri tire deux fois de peu au-dessus : l’avertissement n’est visiblement pas suffisant, puisque personne ne le suit quand il déboule dans la surface pour reprendre de la tête un centre de Gusto (1-1, 77e).

L’OM tente aussi tôt de repartir de l’avant, ce qui montre que la chose était donc bien possible et ne fait que renforcer l’envie de leur coller des claques. Dembélé est près de nous humilier d’un retourné de peu hors cadre, avant que Sampaoli ne fasse entrer Milik pour un temps de jeu d’une générosité folle, à savoir six minutes temps additionnel compris.

Finalement, c’est Saliba, irréprochable voire impressionnant jusqu’ici, qui finit de nous enterrer en se faisant souiller d’un admirable contrôle orienté de Dembélé, lequel peut tranquillement aller piquer son ballon au-dessus de Lopez (2-1, 89e). L’arbitre siffle la fin du match sur une tentative de lob à ras-de-terre de Payet, capitaine ce soir d’une équipe de gros dégueulasses comme on croyait bien ne plus en voir de sitôt.


Les joueurs

Lopez (4/5) : Le seul à n’avoir pas déçu, en pure perte cependant tant le reste de l’équipe avait la ferme intention de faire de la merde. Il aurait aussi bien fait d’aller à la plage avec son filet à papillons pour rattraper les bordilles avant qu’elles s’envolent à la mer, ça n’aurait pas été moins dérisoire.

Lirola (1+/5) : Dire qu’on a insulté la Fiorentina tout l’été lorsqu’ils faisaient traîner les négociations pour son transfert. On était loin d’imaginer qu’en fait ils auraient pu nous éviter de faire une connerie.

Saliba (2+/5) : Maintenant zob, on note comme au patinage. La prestation a beau être impressionnante dans son ensemble, quand tu la conclus en te ramassant les gencives sur la glace, ça fait des points en moins.

Caleta-Car (2/5) : Deux énormes bourdes en deux semaines. Il faut dire que ces derniers jours, il s’attendait à chaque instant à devoir annoncer à sa femme que Longoria lui avait trouvé un aller simple avec départ dans l’heure en Angleterre pour toute la famille. Maintenant que le mercato s’achève, on peut espérer qu’il se détende.

Luan Peres (1/5) : Largué en première mi-temps sur chaque ballon long, il a rattrapé les situations à la course en première mi-temps, avant de passer la seconde à agoniser. C’est d’autant plus dommageable que, visiblement, il peut crever avant que ses coéquipiers daignent venir lui donner un coup de main.

Rongier (2/5) : Dans son duel de trapus avec Shaqiri, chacun a eu sa mi-temps, mais le Suisse a fini par remporter le combat par KO. Nul doute que Valentin fera encore plus de musculation, pour revenir l’an prochain encore plus trapu.

Kamara (3+/5) : Tellement étincelant en première période que son éclat a persisté même après que l’équipe fut éteinte, un peu comme la lueur des étoiles mortes (ami habitué, tu sais qu’en général les phrases trop jolies sont suivies par une blague de bite ; prépare-toi).

Guendouzi (3+/5) : Il marque, et pour une fois ce n’est même pas lui qui salope la balle de match. Si l’équipe ne s’était pas brutalement transformée en ramassis de viers marins, on aurait pu parler d’une belle soirée.

Ünder (1/5) : PUTAIN MAIS TU VAS PAS T’Y METTRE TOI AUSSI, NON ?

Milik (84e) : Coûte cher, n’est pas adapté aux usages, ne voit pas les usagers s’adapter à lui, finit par prendre la poussière. C’est pas un buteur, c’est un logiciel de l’Éducation nationale.

Luis Henrique (1+/5) : Une note dégradée pour cause de collectif à chier, qui ne doit cependant pas masquer certains progrès entr’aperçus pendant notre temps fort. À ce rythme, on devrait être en mesure d’assister à une performance complète de sa part autour du troisième match de préparation du mois d’août.

Harit (70e) : Rien à signaler, si ce n’est une percée sur laquelle il est projeté au sol par le sosie de Goebbels sous le regard indifférent de l’autorité (par contre je n’ai pas compris sur le coup ce que Caqueret a voulu dire par « c’est que le début, attends avril 2022 », surtout en traçant un « Z » avec les doigts ; peut-être compte-t-il se déguiser en Zorro pour le match retour ?).

Payet (1+/5) : Vous me copierez cent fois : « Une saison de football ne cesse pas le 31 janvier et un tifo « the King » n’est pas un trophée ». À la suite de quoi vous repartirez en classe vous remettre au travail avec vos camarades.


L’invité zoologique : Leo Duboa

Toujours insaisissable, c’est quand on croit l’avoir définitivement acculé que le serpent constricteur  nous échappe avant d’aller bouffer la moitié de nos poules, à la suite de quoi il peut retourner à sa sieste. Le boa est une vermine dont la seule raison d’être est de nous contrarier, ce qui en fait l’invité approprié pour commenter la rencontre de ce soir.

– Les autres : C’est dingue, eux, leur entraîneur, quand il constate que quelque chose ne va pas au cours du match, il change des trucs. Je savais pas qu’on avait le droit, autant c’est encore une entourloupe ce leur part.

Coming next : Un enfoncement inexorable dans la dépression en championnat, une élimination sans gloire en coupe d’Europe et la finale de coupe de France à perdre contre Nantes. La routine, quoi (sinon ça n’a pas changé, c’est toujours Angers, Clermont, Metz et Troyes, avec des morceaux de de Qarabag au milieu). Ah, si, une nouveauté : nous nous rendons à Nice mardi pour la Coupe de France.

– Les recrues : Pas de nouveau mouvement au mercato d’hiver, mais la saison prochaine se prépare déjà. Le défenseur Samuel Gigot nous rejoindra ainsi en provenance du Spartak Moscou, tandis que quelques jeunes recrues en post-formation sont également attendues.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Max von Thb remporte le concours zoologique.

Officiel : si l’on en croit ce tweet publié juste après la rencontre, Benoît Payan est parti mettre lui-même des claques à Sampaoli.

Bises massilianales,

Blaah.

4 thoughts on “Lyon-OM (2-1), La Canebière académie ne tient pas la distance

  1. Harit c’est notre nouveau Cuisance…une arnaque totale et heureusement comme pour le sus nommé, il n’est que prêté sec…ouf..
    mais pourquoi Sampaoli s’obstine à le faire jouer?
    aussi Henrique devrait être celui qui rentre à 5 minutes de la fin. par Milik!

  2. Corrigez moi si je me trompes cher Blaah mais Monaco est encore en lice en coupe de France. A moins que la FFF n’ai décidé de les virer pour cause d’être un paradis fiscal, mais je crois que cela tiens pous du rêve que de la réalité.

    Oui je sais, c’est pas très sympa un commentaire juste pour corriger une erreur. Mais je suis fan lyonnais, j’aime bien que tout sois carré et en ordre

    J’ai apprécié cette édition tout spécialement, mais je dois vous remercier pour votre académie persistante. Au moins au lieu d’insulter le monde quand l’OM a du succès, maintenant je me dis qu’au moi Blaah et sa famille sont heureux et qu’on aura une belle acad. C’est ma manière à moi de relativiser.

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