Lens-OM (0-2), La Canebière académie convainc
Les amis c’est bien, les amis qu’on bat c’est mieux.

Aïoli les sapiens,
Le match aller contre Lens avait donné lieu à d’écœurantes démonstrations de fair-play. Spectaculaire et indécis jusqu’au bout, le match s’était conclu par une victoire de nos adversaires, dont chacun s’accordait à dire qu’il s’agissait alors – avec la nôtre – de l’une des équipes les plus séduisantes de ce début de saison. Ajoutons à cela une amitié de longue date consolidée par quelques valeurs partagés, notamment la détestation des décérébrés zemmouroïdes de nos voisinages respectifs, et ce 2-3 était définitivement placé sous le signe de l’esprit sportif et de la solidarité entre les peuples. Spectacle navrant s’il en est, dans ces colonnes consacrées avant tout à la mauvaise foi et au niquage des mères des adversaires dans les bons jours et de nos joueurs dans les mauvais.
Quatre mois plus tard, Lens séduit toujours mais semble rentrer dans le rang. De notre côté, si les aspects comptables restent satisfaisant, les chevaux fous des débuts se sont transformés en mémères retraitées de la compta, ne tentant rien par peur de perdre et engrangeant leurs parcimonieux pourcentages nécessaires à se maintenir à flot. Il faut dire que nos adversaires ont trouvé la solution pour nous subjuguer aussi sûrement qu’une journaliste de France Inter face à un politique de droite : le blocquéquipe bas, avec option transitions meurtrières pour les plus talentueux comme Lille, avec option tatanes sur la rocade qui jouxte le stade pour les plus nuls comme Reims ou Bordeaux.
Or donc, il n’était que temps de retrouver nos copains lensois. Grand un, on a une chance de voir nos adversaires jouer au football ailleurs que dans leurs trente mètres ; grand deux, ce genre d’adversité aurait tendance à nous arranger un peu plus ; grand trois, faudrait voir à pas oublier que tout copains qu’ils soient, les Lensois nous ont quand même un peu beaucoup fistés au match aller et qu’une revanche serait du meilleur aloi.
Les Longorious Basterds
Lopez
Saliba – Caleta-Car – Luan Peres
Rongier (Balerdi, 91e) – Guendouzi – Kamara – Gerson (Lirola, 74e)
Ünder– Payet (Harit, 91e) – Luis Henrique (Bakambu, 74e)
L’OM voit son groupe enrichi de deux nouvelles recrues recrutées libres, à savoir l’attaquant Cédric Bakambu en provenance du championnat de la Chine (Beijing Guoan) et le latéral gauche Sead Kolasinac en provenance du championnat de la chouine (Arsenal). Ils croisent à Marignane Dario Benedetto, qui repart à Boca Juniors en ne méritant guère plus que des adieux polis, et le souvenir néanmoins de quelques buts importants.
Sur le terrain, Milik est écarté au profit d’un schéma sans avant-centre, sans que l’on sache toujous bien si la raison de ce choix tient davantage à la méforme individuelle du Polonais qu’à notre incapacité à disposer d’un fonctionnement collectif correct en sa présence.

Le match
Le match promettait une opposition de haut niveau entre notre milieu de terrain monopoliseur de ballon et celui de Lens, impressionnante mécanique menée par le golgothesque Seko Fofana. Eh bien au lendemain de ce match, nous avons le plaisir de l’annoncer : les nouveaux chevaliers sang et or de la Ligue 1, les princes-combattants de la mine, les conquérants de la brume et de la bière, ont passé la première demi-heure à se faire broyer comme des fleurs de beuh dans un mortier. En témoigne d’ailleurs notre sourire béat à la vue de ce spectacle, voyant Kamara, Guendouzi et les autres aplatir le moindre artésien qui faisait mine d’aller visiter notre camp.
Certes, l’OM souffre toujours autant de ses difficultés à se procurer de réelles occasions. Néanmoins, à la différence des séquences de possession affligeantes connues naguère, notre domination se manifeste cette fois-ci par une intensité remarquable dans les duels et une volonté constante d’aller de l’avant. Reste qu’une fois à vingt mètres du but, l’OM ne cesse de vérifier l’adage selon lequel entrer dans la surface de réparation sans tirer au but équivaut à danser avec sa sœur. Le fait que la rencontre se déroule dans le Pas-de-Calais ne change rien à l’affaire : le jeu olympien est l’équivalent de la friendzone en amour, présentant toutes les qualités sauf celle permettant de la mettre au fond.
Le destin lui-même s’acharne à notre impuissance. Ainsi, quand Valentin Rongier s’essaie à la frappe de loin, ce n’est pas pour produire la pissette habituelle contrée deux fois avant le lancement d’une contre-attaque, mais une aussi LOURDE aussi somptueuse qu’inattendue droit vers la lucarne. Résultat de l’opération : barre transversale, dos du gardien et poteau sortant, et le but qui dit à Valentin « écoute, t’es un gars super, t’es comme un frère pour moi, mais c’est mieux pour tout le monde si on reste amis ».
Si nos milieux défensifs pilotent à merveille notre rouleau compresseur, il manque encore les illuminations de Payet pour créer ces fameuses occasions. C’est chose faite juste après ce coup du sort quand, d’une position reculée, Dimitrai adresse une ouverture parfaite pour Ünder parti côté gauche. Cengiz centre pour Guendouzi, en avance dans les six-mètres, et c’est alors que Facundo Medina est pris en flagrant délit de sieste pendant les séances vidéo : alors que n’importe quel défenseur sait que le moins dangereux, dans une telle situation, reste de laisser Mattéo tirer au but, le Lensois se laisse aller à une poussette qui l’envoie valdinguer avant d’avoir pu toucher la balle. Stéphanie Frappart accorde le pénalty, qu’elle assortit d’un carton jaune et non d’un rouge en vertu des consignes relagives à l’absence de double peine (et aussi parce que, par définition, faire faute sur Guendouzi dans les six-mètres n’équivaut pas à anéantir une occasion de but). Quoi qu’il en soit, Payet valide notre exceptionnelle première demi-heure en prenant le gardien à contre-pied (0-1, 34e).
À ce moment surviennent les rares fausses notes commises par les Olympiens dans ce match. Après le but s’ensuit une baisse de régime physique et un certain relâchement mental aussi légitimes l’un que l’autre après une telle entame. Pour autant, ce temps faible prévisible est pourtant géré à la gacha empega par notre équipe, qui laisse les Lensois menacer plus que de raison jusqu’à se procurer deux grosses occasions. Sotoca est ainsi lancé seul dans le dos de la défense, butant sur une sortir autoritaire de Pau Lopez. C’est ensuite Saïd qui se voit offrir une position de frappe similaire, pour un tir heureusement fini à la pisse. Alors que l’OM s’est illustré comme le spécialiste des possessions de balle stériles, c’est précisément lorsqu’un tel style de jeu s’avèrerait utile que nous ne parvenons plus à mettre le pied sur le ballon.
Au retour des vestiaires, l’OM continue à subir, mais de manière nettement plus maîtrisée. Les Lensois ne parviennent pas à adresser autre chose que des centres aléatoires, alors que Payet est tout près d’aggraver la marque après un déboulé impressionnant depuis la ligne médiane, conclu par un tir hors-cadre. Un instant à haute teneur slipométrique nous rappelle néanmoins la fragilité de notre avantage quand, sur un corner dévié, Guendouzi doit ôter d’un sauvrtage acrobatique un ballon attendu par un attaquant seul au second poteau. De la 60e à la 75e minute, les Marseillais parviennent toutefois à repousser leurs adversaires plus loin de la surface : la tension diminue, et Bakambu est appelé côté gauche pour éventuellement enfoncer le clou.
Notre recrue n’a besoin que de deux minutes et trente-huit secondes pour y parvenir. Du milieu de terrain, il transmet à Guendouzi, qui temporise juste ce qu’il faut pour lui rendre le ballon en pleine course. L’angle de frappe n’est guère ouvert, mais Cédric est trop jeune chez nous pour être contaminé par la maladie endémique de notre ville et connue sous le nom de « trouillopathie de l’avant-centre » : l’attaquant tape au premier poteau, et bien lui en prend puisque le gardien encaisse le tir entre ses jambes (0-2, 77e).
Les préséances ainsi établies, l’OM n’a plus qu’à gérer la fin de son match de patron, laissant les Lensois s’approcher de manière tout aussi impuissante et ratant par un petit manque de conviction de la part d’Ünder puis Harit des opportunités de parachever le tout.
En résumé, voici ce que nous appelons un match-référence. Celui-ci n’a certes pas gommé tous nos défauts (notamment la faiblesse du nombre d’occasions) mais nous a permis de renouer avec une intensité et un impact dans le camp adverse qu’il nous appartiendra maintenant de montrer à chaque match contre des adversaires plus faibles, a fortiori au Vélodrome. Pour le dire autrement : à mesure que la fin de saison approche, montrer une première demi-heure de ce niveau, c’est la base requise pour qui prétend finir en haut du classement.
Les joueurs
Lopez (4/5) : Une petite alerte exceptée, Pau régule le jeu sous pressing comme il faut, n’hésitant pas à lâcher le dégagement-soupape nécessaire quand celui-ci devient trop menaçant. Avec les mains, c’est tout aussi sûr. Surtout, s’il n’avait pas dit « stop » sur cette occasion de la 38e minute, le match aurait très bien pu tourner en mauvaise limonade.
Saliba (4/5) : Le mystère demeure sur la préparation mentale spécifique qu’il a suivie pour ce match,sophrologie et visualisation ou bien simples coups de pieds au cul, toujours est-il que sa concentration était cette fois-ci parfaite. Et le William Saliba c’est comme la tomate : quand c’est concentré, c’est trop fort.
Caleta-Car (3-/5) : Ce petit « moins » lui laisse le bénéfice du doute quant aux deux attaquants que notre défense a laissé partir en fin de première mi-temps. On parlera plutôt de responsabilité partagée entre relâchement des milieux, inattention des centraux et alignement folklorique : ne gâchons pas ce beau week-end pour des broutilles et prenons plutôt un instant pour méditer la comparaison indiquée à la note du joueur précédent, qui se hisse facilement parmi les envolées littéraires les plus ambitieuses de l’histoire de cette académie.
Luan Peres (2+/5) : On formulera ici à peu près la même remarque que pour Duje, en déséquilibrant toutefois légèrement les notes car l’équilibre c’est l’absence de mouvement et l’absence de mouvement c’est la mort.
Rongier (4/5) : Le Rongieur, dans toute sa splendeur, sapeur sans peur, inlassable au labeur, des frappes qui comptent pour du beurre.
Balerdi (91e) : Remonte de fait d’un rang dans la hiérarchie des défenseurs, après qu’Alvaro s’est fait publiquement indiquer la sortie par le président avec un remarquable manque d’élégance. Ceci dit, Duje avait vécu la même chose et l’a finalement plutôt bien vécu, ça peut être un mode de management en fait.
Kamara (4+/5) : Une performance rappelant le joueur de très haut niveau que peut devenir Boubacar. Pour tout dire, la seule chose qu’il ne parvient pas à récupérer c’est un stylo pour signer sa prolongation de contrat ; on peut supposer que Kolasinac a été recruté pour lui prêter son Bic en lui faisant un gentil regard.
Guendouzi (5/5) : Un pénalty provoqué, un but sauvé, une passe décisive et le redoutable Seko Fofana promené en laisse pendant 90 minutes. Cela mérite véritablement d’élever une statue à ce petit Espagnol sans qui rien de tout cela n’aurait été possible.
Gerson (3/5) : Ce schéma sans numéro neuf fixe lui permet habituellement de donner son meilleur en venant se projeter dans la surface toutes les cinq minutes. Or curieusement Gerson est resté assez sage de ce point de vue (par consigne, on imagine) : on a peut-être gagné en solidité ce que l’on y a largement perdu en percussion.
Lirola (74e) : Entré à droite pour permettre la remontée du Rongieur, Pol n’en finit pas de voir ses joues et son jeu s’empâter.
Ünder (3+/5) : Sans sa qualité de finition, Cengiz a cependant remué à bon escient pour appeler la passe de Payet et donner le centre aboutissant au pénalty. On a déjà vu le collectif amorphe sauvé par les fulgurances de Cengiz, et ce soir le Turc davantage porté par ce même collectif. Le jour où les deux paramètres seront au taquet en même temps, il y a des défenseurs qui prieront pour voir leur test covid positif avant le match.
Luis Henrique (2+/5) : Pendant que De La Fuente se remet de son covid et/ou de sa méforme, Luis Henrique tient le rôle du petit jeune pas franchement dégueulasse mais qui gagnerait quand même à se décoincer.
Bakambu (74e) : Se surnomme Bakagol comme Bakayoko, marque dès ses premières minutes de jeu comme Christian Gimenez. Cédric doit véritablement déborder de confiance en lui pour se permettre de coller de tels doigts dans le cul du karma : on salue, mais on n’en a pas moins peur de la suite.
Payet (3+/5) : Comme depuis quelques semaines, on n’a pas droit à un très grand Payet. Juste une ouverture masturbatoire aboutissant à un pénalty qu’il transforme lui-même, et une occasion ratée de peu après une course magistrale. La routine, quoi.
Harit (91e) : Une contre-attaque conclue par un tir un peu hésitant, sans grande conséquence.
L’invité zoologique : Florent Sotocacatoès
Sa crête, son cri et son sale caractère le démontrent : le cacatoès est venu pour peser dans la jungle game, comme on dit. Hissé à la force des plumes parmi les animaux qui comptent, bénéficiaire d’un succès d’estime certain, le perroquet ravit les amateurs de style et de nouveauté. Ceci dit, quand on y met les moyens, le volatile se domestique assez bien finalement : une chaîne à la patte et des cacahuètes dans la mangeoire, et voici notre piaf prêt à gentiment nous donner ses observations sur ce match.
– Les autres : Une demi-heure d’annihilation totale, dont ils ne se sont pas remis. Leurs occasions prouvent cependant à quel point il est nécessaire de leur maintenir constamment la tête sous l’eau, les diables étant toujours prompts à reprendre espoir.
– Le classement : Le chassé-croisé avec Nice se poursuit, puisque nous voici deuxièmes en attendant les matchs du week-end.
– Coming next : Hormis le match à recaser contre Lyon, le calendrier de février abonde en adversaires abordables dans diverses compétitions : Montpellier en Coupe de France, Qarabag en Conférence Ligue, Angers, Clermont et Troyes en championnat. Je sais que c’est illusoire mais si, pour UNE fois dans notre vie, on négociait bien ce virage, hein ? Juste une fois, un plein de buts et de points, pour voir ce que ça fait ? Hein ? Hein ?
– Le jeu : Motchus, c’est comme Motus mais avec des mots marseillais à deviner. C’est proposé par ZeBobs et Médéric Gasquet-Cyrus, et ça se joue ici : http://motchus.beaubiat.fr/
– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Max von Thb remporte le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah.
Cœur sur nous.
Allez l’OM !!!
Droit au but !
https://youtu.be/5_c97KVSrpU