Metz-OM (2-2) : La Canebière Académie conjure
Vivement les défaites normales.

Aïoli les sapiens,
Dans l’histoire des sportifs provençaux, il en est un que j’affectionne tout particulièrement, c’est Jean Alesi. Pour les plus jeunes de nos lecteurs, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas encore célébré leurs 35 ans, Jean Alesi est ce pilote avignonnais de Formule 1 particulièrement prometteur, dont la carrière a été marquée par de multiples podiums et pourtant quasiment aucune victoire en 200 Grand Prix. Il faut dire qu’au meilleur de sa forme, la carrière d’Alesi a été marquée par de nombreux accès de malchance pure, avec une variété dans la manière d’échouer que l’on n’a jamais guère retrouvé que dans les dessins animés de Bip-Bip et le Coyote. Mécaniciens bourrés qui retardent l’arrêt aux stands, crevaisons, pannes de boîte de vitesses, retardataires qui l’envoient dans les barrières… Le plus spectaculaire restant ce Grand Prix de Monaco 1996, où pour une fois la poisse frappa à tour de rôle tous les concurrents devant lui pour laisser Jean seul en tête… et voir à ce moment précis le moteur de sa voiture exploser dans un panache très esthétique. L’histoire retient néanmoins une unique victoire, qu’il ne put d’ailleurs pas célébrer comme il se doit, sa voiture tombant en panne à l’orée du tour d’honneur. Jean Alési reste ainsi à jamais un talent dont les résultats ne furent jamais à la hauteur des attentes, d’autant qu’il voua la suite de sa carrière à se vautrer dans les graviers plus souvent qu’à son tour, sans que cette fois-ci l’intervention du Destin n’y soit pour grand-chose. Peut-être cette fréquentation assidue du bac à gravier était-elle sa manière à lui de conjurer le sort, d’être pour une fois maître de sa destinée en montrant qu’il savait perdre sans l’aide du hasard ?
De la même manière, on en vient à presque souhaiter une bonne branlée sans équivoque à l’OM, par exemple le mois prochain contre le PSG. Se faire coller un bon 4-0 dans les miches, mais sans but refusé, tirs sur le poteau ou trajectoires improbables, juste perdre un match normal, pas parce qu’on est maudits du hasard ou des arbitres mais juste parce qu’on a été nuls. Nous y perdrions en ambitions sportives ce que notre santé mentale y gagnerait, or depuis le début de saison ce sujet paraît de plus en plus préoccupant. Un match de l’OM en ce moment, c’est une course de Jean Alési auxquelles on ajouterait les carapaces de Mario Kart, le tout en ayant chié au préalable sur la grande pyramide de Teotihuacan en hurlant « j’encule tout le panthéon aztèque ». Et en ayant baisé la femme du commissaire de course de surcroît.
Le pire, dans les moments surnaturels que nous vivons, c’est d’être toujours infoutus d’analyser sereinement les performances de l’équipe : si l’on est optimiste, le jeu parfois alléchant que nous avons sous les yeux représente une base solide, qui ne pourra qu’appeler des résultats une fois que les dieux du football et les arbitres se seront lassés de nous la faire systématiquement à l’envers. Si l’on est pessimistes, le jeu parfois alléchant que nous avons sous les yeux ne nous a même pas permis de battre le ramassis de nullités que nous avons affrontées jusqu’ici, ce qui ne pourra qu’appeler des branlées irrémédiables quand l’adversité deviendra plus consistante.
Les Longorious Basterds
Lopez
Clauss – Mbemba– Balerdi (Vitinha, 75e) – Renan Lodi
Sarr – Rongier – Kondogbia (Veretout, 56e) – Soglo (Harit, 67e)
Ndiaye (Mughe, 75e) – Aubameyang
Par rapport au match surréaliste contre le Panathinaïkos, Marcelino fait tourner l’effectif, sans doute dans le but, par élimination, d’identifier le joueur qui porte la poisse à toute l’équipe. Ah remarque non, ça ne peut pas être ça, puisqu’il titularise Balerdi. Bon, disons que c’est pour reposer les organismes, dans ce cas.
Le match
Sur la lancée de mardi dernier, l’OM commence par massacrer méthodiquement son adversaire. Dès la deuxième minute, Soglo centre une main dans le slip pour Sarr, dont la reprise frappe le poteau. Ismaïla récidive cinq minutes plus tard, et se voit cette fois-ci mis en échec par le gardien. Après un quart d’heure de domination totale, l’OM conclut une séquence de possession par un joli triangle Ndiaye-Claus-Sarr. Après deux contres favorables dans la surface sur les viers marins faisant office de défenseurs, il peut transmettre à Aumabeyang, dont le plat du pied ouvert complètement foiré se transforme en passe décisive pour Soglo : Emran marque son premier but en pro d’une frappe sèche (0-1, 14e).
La récréation étant achevée, les élèves du professeur Marcelino se mettent en rang et passent vingt minutes à tracer des lignes de 442 méticuleusement composées. Si notre entraîneur traçait les places de stationnement à Plan-de-Campagne, même les connards à SUV se sentiraient obligés de se garer dedans et pas à cheval sur de si beaux traits. Ces vingt minutes de blocquéquipe olympien, c’est du Mondrian : c’est épuré. C’est beau. C’est chiant. Le pressing messin ainsi que deux erreurs de Mbemba épicent à peine l’affaire, avant que l’OM ne repartent enfin de l’avant à dix minutes de la pause. Sur une récupération de Balerdi, Kondogbia lance une contre-attaque meurtrière, bonifiée par la passe d’Aubameyang pour Sarr qui manque son tir croisé. Pau Lopez s’envole ensuite pour détourner une frappe lointaine estampillée « jamais je la réussis mais puisque c’est l’OM en face, je la tente », avant qu’une récupération haute de Rongier relayée par Ndiaye n’envoie Ismaïla seul face au but. Inexplicablement, plutôt que de tenter le tir du gauche face à la cage ouverte, notre attaquant revient sur son pied droit et s’embronche dans les deux défenseurs qui n’en espéraient pas tant. Enfin, un amour de combinaison Kondogbia-Ndiaye-Clauss se termine par un centre parfait de Geoffrey pour Aubameyang, victorieux mais hélas hors-jeu.
La seconde mi-temps démarre sur les chapeaux du slip, quand nos joueurs manquent de concentration et voient les Messins s’amuser dans la surface, avant d’être mis en échec par Pau Lopez. L’avertissement est sans conséquence, puisque très rapidement l’OM prend le large : Sarr récupère au milieu de terrain et transmet à Kondogbia, qui lance parfaitement Aubameyang. Pierre-Emerick dribble le gardien de la même manière que mardi avant de centrer pour Rongier, qui conclut facilement de la tête. Et là, à ce moment-là c’est comme dans Miraculous, la série pour enfant : quand un personnage éprouve trop d’émotions négatives, le grand méchant l’ensorcelle en lui confiant des super-pouvoirs qui foutent le bordel pour tout le reste de l’épisode. En l’occurrence Wilfried Bien, arbitre vidéo de son état et notoirement marseillophobe, enrage tellement de ce second but qu’il reçoit le pouvoir de l’enculade suprême.
Dans un monde normal, quand Wilfried Bien appelle son central à l’oreillette, la réponse est approximativement celle-ci :
« Qu’est-ce que tu viens me faire chier pour une action litigieuse au milieu de terrain, on n’avait pas dit que c’était pour les erreurs manifestes, la vidéo ?«
Sauf que là, plof, pouvoir de l’enculade suprême, Wilfried Bien a la faculté de se faire obéir inconditionnellement de son central, qui se rend donc docilement à l’écran du bord du terrain, constate qu’on est à mille lieues de l’erreur manifeste et déterminante, et décide pourtant au mépris des règles d’annuler le but.
Sauf que, si dans la série télé des coccinelles magiques interviennent toujours pour rétablir la situation, pour ce qui est de l’OM : nibe. Certes, l’arbitre central parvient à se libérer de l’emprise maléfique de Wilfried Bien pour expulser le Messin Lô à l’heure de jeu ; il faut dire que sa semelle atroce sur Ndiaye était de nature à réveiller n’importe quel envoûté. Si la cheville d ‘Illiman en sort miraculeusement indemne, Kondogbia doit en revanche quitter ses partenaires après un duel anodin.
Après ces multiples rebondissements, l’OM tente de ramener le calme en profitant de sa supériorité numérique. C’est oublier qu’aucun super-héros n’a délesté Wilfried Bien de son pouvoir de l’enculade suprême : alors que les Messins montent de nouveau au pressing, Sabaly se recentre en effaçant Clauss et tente un tir désespéré. Bien monté sur le tireur avec Veretout, Rongier contre la frappe mais depuis sa cabine vidéo, Wilfried Bien téléguide mentalement le ballon pour que celui-ci monte en cloche et retombe dans la cage en prenant Lopez à contre-pied (1-1, 65e).
Déjà prompt à faire une dépression nerveuse quand sa boulangère ne lui sourit pas comme d’habitude, Pau Lopez craque complètement devant cette accumulation de coups de sort : sur un corner dévié au premier poteau, Mikautadze récupère au second, contrôle et adresse un tir qui transperce notre gardien (2-1, 71e).
De la régie vidéo s’élève un « MOUHAHAHAHA » sardonique : il s’agit de Wilfried Bien, qui prend cependant soin de se reconcentrer immédiatement sur sa mission. Deux minutes après ce but, un amour de triangle Lodi-Veretout-Sarr envoie Jordan sur l’aile : le centre de Jordan est parfait, la tête de Ndiaye est appliquée, le gardien Messin est largement battu. Poteau. Cinq minutes plus tard, un coup-franc est envoyé par Lodi dans la surface, où Mbemba s’élève au-dessus de deux défenseurs pour placer une tête hors de portée du gardien. Poteau.
Au fait, tant qu’on parlait de super-héros, tout à l’heure, z’avez remarqué ? Le super-héros, c’est souvent un jeune insignifiant, gaffeur, qui en a chié, qui s’est fait moquer, et qui finalement parvient à accomplir le bien, moins grâce à ses super-pouvoirs que grâce à une résilience sans faille face à l’adversité. Ce super-héros, il se pourrait bien qu’il existe chez nous, et vous l’aurez deviné, il s’agit de Leonardo Balerdi. Non, je déconne, il s’agit de Vitinha. Mais oui, lui que l’on surnommait en fin d’année dernière Victor le lourdaud, la poterie de Braga ou encore l’endive à mauvaise peau, a su traverser les tempêtes pour devenir le sauveur que tout le monde attendait. Après qu’Harit a expédié sur le gardien une volée consécutive à un nouveau centre de Veretout, après que ce même Veretout s’est fait enfumer par Mikautadze sur une contre-attaque parée in extremis par Lopez, notre héros fait ployer les éléments contraires sous sa force de caractère : le ballon circule plusieurs fois entre les pieds de Clauss, Vitinha et Harit, jusqu’à ce qu’Amine ne décale notre attaquant sur la droit de la surface. Vitinha nous sert sa spéciale « frappe de bourrin tout droit en tirant la langue », sans subtilité mais avec une telle conviction que les Forces du Mal ne peuvent que s’incliner. Aucun poteau, aucun arbitre, aucun gardien ne s’interpose, et l’OM évite ainsi le pire (2-2, 82e).
Avec le temps additionnel, il reste alors plus d’un quart d’heure à jouer, sans toutefois que l’OM ne parvienne de nouveau à perforer le bloc messin.
Les joueurs
Lopez (2/5) : Il va falloir entreprendre un choix fort pour tenir compte de sa fragilité mentale : soit la câlinothérapie à base de renforcement positif et de bienveillance, soit la tête de cheval dans les draps et le transfert à Levante par le premier go fast qui passe. En tout cas une décision rapide et sans demi-mesure.
Clauss (3+/5) : Alors qu’avec Cengiz Ünder il a dormi toute la saison dernière à l’hôtel du cul tourné, ça fait plaisir de voir que Jonathan erst capable de multiplier les combinaisons avec ses coéquipiers.
Mbemba (3/5) : Auteur en première mi-temps d’une belle balerdise, sans conséquence (donc, pas une balerdise, par définition). Rien de notable par la suite, sinon sa malchance au moment de tirer sur le poteau (donc rien de notable pour un Olympien).
Balerdi (3/5) : Absolument rien à signaler, si ce n’est que nous le détestons officiellement depuis le match contre Annecy l’an dernier.
Vitinha (75e) : L’anti-Pau Lopez. Lui, on peut avoir le corps arbitral français qui brûle le logo du club dans des cérémonies rituelles, tirer quinze fois sur le poteau, encaisser douze frappes déviées et subir trois blessures par match, il continuera à bosser avec la même constance. « C’est le Naruto de l’OM », me souffle Dromadette.
Renan Lodi (3/5) : Encore un match hygiénique pour Papa Renan, qui pourra profiter du voyage retour pour continuer sa partie de « je te tiens, tu me tiens » entamée avec Marcelino pendant le voyage à Athènes et toujours sans vainqueur à ce jour.
Sarr (3-/5) : Très belle activité, qui gagnerait à s’accompagner d’un peu plus d’application : d’une part parce que, déjà quand on s’applique, on a trois chances sur quatre de tirer sur le poteau, et d’autre part parce qu’avec les tuiles aléatoiro-arbitrales qui nous tombent sur la gueule à chaque match, on n’a pas trop le luxe en ce moment de gâcher des occasions faciles.
Rongier (3+/5) : Comme Guendouzi au match précédent, il faut distinguer les statistiques dans le monde normal (un but marqué) de ses statistiques dans le monde à l’envers (zéro but marqué, un tir dévié dans son propre but).
Kondogbia (2+/5) : Evidemment, dans la mesure où l’OM a fait le choix de l’attentisme pendant la moitié de la première mi-temps, ce n’est pas facile de se mettre en valeur. Mais on a dessiné de jolies lignes.
Veretout (56e, 3+/5) : On retiendra des centres particulièrement appétissants lorsqu’il fallait égaliser.
Soglo (3+/5) : Du mal à tenir la distance mais procure l’extase en quelques minutes. Bref, un jeune.
Harit (67e) : Tire dans toutes les positions possibles et avec une absence de réussite manifeste, et a dès lors la lucidité de transmettre le ballon au seul parmi nous qui avait le mojo.
Ndiaye (2+/5) : Là, il est en train de se dire «il y a des dizaines de clubs de haut niveau en Europe et il a fallu que je tombe amoureux de celui-là. » Bah ouais, frère, on en est tous là.
Mughe (75e) : Attention de lui garder la tête fraîche, le garçon veut bien faire mais se mélange un peu parfois.
Aubameyang (4/5) : Après son doublé au match précédent,le voici auteur d’une passe décisive pour Soglo et d’une autre pour Rongier. Mais si vous voulez, on peut aussi l’engueuler pour lui dire qu’il aurait dû marquer trois buts et trois passes décisives.
L’invité zoologique : Daffy Duckidja
Le boulot d’un canard de dessin animé, c’est de divertir les spectateurs pendant un temps donné, au cours duquel il se passe absolument n’importe quoi : ça court de partout, ça se lance des pétards, des enclumes, des hippopotames, ça agit au mépris de la rationalité et des lois de la physique, bref les seules limites sont celles du cerveau chtarbé des scénaristes. That’s all folks.
- Les autres : Partis comme ils sont, on a contribué à un dixième de leur total de points de la saison.
- Le classement : Victoire à domicile, nul à l’extérieur. Le rythme des champions.
- Coming next : Le calendrier européen s’étant singulièrement allégé en ce qui nous concerne, nous n’avons que la réception de Brest et le déplacement à Nantes programmés avant la première trêve internationale.
- Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Candy, Mandy et Sandy remportent le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah