Aïoli les sapiens,

On a beau se gausser des médias qui, devant la bonne série de l’OM, se transforment en Jean-Michel Blanquer sous speed en nous imposant un nouveau « test » toutes les semaines, force est de constater que certaines choses nous restaient à prouver lors de ce déplacement en Lorraine. En l’occurrence, nos joueurs devaient démontrer, face à l’un des adversaires réputés les plus faibles de notre championnat, leur capacité à maîtriser un match du début à la fin : foin de « capacité de réaction », ce que l’on veut ce soir, c’est un bon 4-0 digne de ce qu’un postulant à la Ligue des Champions doit infliger à un postulant à la Ligue 2.

Bah c’est raté. Pas complètement raté, avec insultes aux mères et Monsieur Lapin tous azimuts, non. Là où l’an dernier nous nous serions vautrés tête la première dans le traquenard, nous avons montré, devinez quoi ? notre capacité de réaction, encore et toujours. Après quelques victoires facilitées par des circonstances favorables (blessures, erreurs défensives adverses, etc.), nous avons montré notre capacité à éviter le naufrage en dépit de vents contraires (blessure stupide, ouverture du score adverse, pénalty litigieux concédé : excusez du peu). Reste cet ingrédient qui semble encore nous manquer, et qui nous risquera de nous manquer encore davantage lorsque nos moyens physiques ne nous permettront plus d’exercer notre pressing de sauvage : de la maîtrise, bordel de merde.


A ce titre, la réception de Nîmes nous offrira une dernière session de rattrapage dans ce qui représente bel et bien un test : montrer à la face de la Ligue 1 que nous sommes capables d’engranger les trois points contre des mauvais sans dépenser une once d’énergie physique et mentale superflue. Un but dans le premier quart d’heure, trois ou quatre autres ensuite, et le tout sans un carton ou une blessure qui dépasse, c’est ce que l’on veut désormais. C’est votre faute après tout, fallait pas nous rendre exigeants.


L’équipe

Mandanda (Pelé, 31e)
Sakai– Kamara – Alvaro – Amavi
Rongier– Strootman (Germain, 68e) – Sanson
Sarr (Radonjic, 46e) – Benedetto – Payet


Benedetto revient de blessure, et Strootman est réinstallé au milieu pour son dernier match de l’année avant de purger une suspension contre Nîmes. Caleta-Car sort du 11 de départ, au profit d’une charnière Kamara-Alvaro Gonzalez.


Le match

Hormis une alerte minime en début de rencontre, l’OM confisque rapidement le ballon aux Messins. Cette possession s’avère cependant improductive : pire encore que la première période face à Bordeaux, nous ne produisons quasiment aucune approche sérieuse de la surface adverse. Quelques belles combinaisons naissent malgré tout côté gauche entre Amavi, Payet et Sanson : l’une d’entre elle aboutit à une volée ratée de Sakai, une autre à un centre millimétré de Dimitri pour Morgan, qui voit sa reprise sortie par le gardien. Voici à peu près tout ce qu’il faut signaler de notre production offensive, alors qu’à l’arrière, au contraire, les signes d’inquiétude s’accumulent.


Non que le FC Metz nous terrorise, mais sa stratégie simpliste nous ennuie bien davantage que les prétendues « ambitions de jeu » de clubs rencontrés précédemment. Pas question ici de sortie de balle masturbatoires dès les 6 mètres : d’ailleurs, les deux seules fois où les Lorrains s’y sont essayés, ils ont failli le regretter amèrement en voyant notre horde de vautours fondre sur eux. Le FC Metz a résolu l’équation d’une manière qui donnera des idées à nos rivaux : des ballons expédiés devant dès la récupération en misant sur les un-contre-un. Evidemment, la plupart du temps, cela se traduit par de grosses tatanes captées par notre défense une main dans le slip, mais les quelques fois où Diallo ou Nguette obtiennent le ballon suffisent à encourager les Messins dans cette voie. Kamara est plusieurs fois battu par les dribbles adverses sur la droite, de même qu’Amavi côté opposé.

L’affaire tourne au vinaigre à la demi-heure, quand Payet adresse un missile en retrait à Mandanda. Auteur d’un contrôle admirablement dégueulasse, celui-ci se jette et voit sa vie défiler devant ses yeux quand Opa Nguette s’effondre devant lui, comme aux heures les plus sombres de ses fameux combinés pénalty+carton rouge. Bonne nouvelle, l’arbitre ne siffle rien et la vidéo confirme l’absence de contact. Mauvaise nouvelle, la vidéo confirme aussi que Steve s’est explosé la cheville sur son intervention : notre gardien quitte le terrain quelques instants plus tard.


Hormis sur l’action Payet-Sanson sus-mentionnée, l’OM se montre excessivement brouillon. Mise en place depuis quelques matchs, l’option « Amavi intérieur / Payet extérieur » vire à la caricature, quand Jordan se met à récupérer des ballons plein axe alors que Dimitri colle tellement à la ligne qu’il pourrait devenir chroniqueur chez Yann Barthès. Une saute de concentration de notre part suffit à faire craquer tout l’ensemble : sur un coup-franc rapidement joué au milieu de terrain, Strootman se livre sans réussir à récupérer, de même qu’un Jordan Amavi dont on se demande bien ce qu’il fout dans le rond central. Centonze est lancé dans le boulevard ouvert côté gauche, que Payet n’a pas réussi à refermer. A la réception du centre tendu, Nguette devance Kamara et bat Pelé, dont l’attitude « je me laisse tomber sur le cul » devient une signature aussi emblématique que le « je prends un air de dépressif » de Mandanda (1-0, 40e).


Villas-Boas réagit à cette situation mal embarquée dès la pause, avec l’entrée de Radonjic à la place d’un Sarr inexistant. Notre « chien-fou-mais-désormais-apaisé » s’illustre rapidement par un premier tir contré, suivi d’un centre hélas mal repris par Sanson. C’est le moment choisi par Hiroki Sakai, ni pire ni meilleur qu’un autre jusqu’ici,  pour adopter soudainement le comportement du crapaud qui fume. Nguette fait danser le Japonais dans la surface, qui à force de se faire enfumer finit par exploser dans un « sprouitch » assez dégoûtant. Hiroki tend la jambe n’importe comment, devant un attaquant trop heureux de s’y emplâtrer pour obtenir le pénalty. Geste mal maîtrisé d’un côté, chute grossièrement accentuée de l’autre : le genre d’action particulièrement délicate à interpréter. Heureusement, désormais la (Bartolomeu) VAR est là, et offre aux arbitres un progrès indiscutable : alors qu’auparavant l’arbitre prenait sa décision en un dixième de seconde et se faisait insulter sa mère quoi qu’il arrive, désormais celui-ci peut interrompre le jeu pendant deux minutes, constater que l’action reste aussi imbitable à interpréter même après huit ralentis, et prendre sa décision en se faisant insulter sa mère quoi qu’il arrive. M. Delajod entreprend un choix qui paraît logique : puisque la vidéo ne révèle pas d’erreur manifeste, il maintient sa décision et pose le ballon aux onze-mètres.

Contre toute attente, Yohann Pelé met un terme à l’analité de cette soirée en déployant ses 2m48 pour aller chercher le pénalty de Diallo au ras du poteau droit. Le slipomètre ne s’apaise pas pour autant après cet exploit : notre gardien est tout près de concéder un nouveau pénalty sur l’action qui suit, intervenant trop tard sur une balle en profondeur alors que Sakai n’avait pas fini de ramasser ses viscères éparpillés sur la pelouse. Un hors-jeu d’un poil pubien nous sauve alors la mise.


Metz a laissé passer sa chance, mais nous ne paraissons pas pressés de le leur faire regretter. Si notre pression s’intensifie, le jeu reste toujours aussi pauvre. Nous nous essayons alors à notre spécialité, sautant à la gorge des adversaires pour récupérer la balle dans leur propre surface. Sanson puis Amavi s’y emploient, permettant à Payet de tirer sur le poteau dans un angle fermé. Benedetto se voit ensuite trouvé en profondeur, l’occasion pour lui de saloper son unique opportunité de la soirée d’un piqué hors cadre.

Villas-Boas abat alors son dernier joker, ce qui ne veut pas  dire qu’il tire au fusil de chasse sur Rongier mais bien qu’il fait entrer Valère Germain à 30 minutes de la fin. Succès immédiat, Valère est lancé côté droit par Payet et délivre un centre en retrait parfait pour le Radonjic nouveau, qui bat Oukidja sans la moindre espèce d’état d’âme (1-1, 70e).

L’OM manque d’énergie et d’application pour retourner complètement la situation, les Messins hachant Dimitri Payet avec d’autant plus d’entrain que notre meneur de jeu n’est pas en réussite sur ses coups de pieds arrêtés. Un corner de Sanson trouve la tête de Germain, déviée puis sauvée devant la ligne de but, Radonjic tente une ultime lourde hors-cadre mais rien n’y fait : cet OM-là c’est mis à jouer bien trop tard pour récupérer autre chose qu’un nul, dont nous pouvons même nous estimer chanceux.


Les notes

Mandanda (NN) : Un seul instant de déconcentration, qui se paye d’une cheville en moins. Si Jean-Paul Delevoye était facturé au même tarif, on ne serait pas près de ranger la scie à amputation.

Pelé (30e, 4-/5) : Déploie ses ailes de géant pour exécuter le geste qui marque un véritable tournant du match en notre faveur. C’est d’ailleurs par indulgence pour son exploit que, dans son fameux poème, Charles Baudelaire a supprimé la strophe relative au gros cul du volatile.

Sakai (1+/5) : Du tréfonds du Japon ancien, le dit des Heike Monogatari, transporté par le luth des moines aveugles, a soufflé ses mille histoires aux enfants de l’Empire. S’ouvrant au vaste monde, ils ont emporté avec eux ces contes, et c’est ainsi qu’Hiroki-san nous raconte chaque soir le dit des méditations du guerrier rêveur.

Pendant la guerre des Heike et des Genji, il advint qu’un soldat s’ennuyât devant la monotonie des combats. Malgré le danger de chaque instant, la guerre lui paraissait devenir une tâche routinière. Tirer l’épée, charger, se replier, trancher des gorges, il s’acquittait de sa mission avec le triste efficacité du bureaucrate, bien loin des récits épiques qui avaient bercé son enfance.

Retournant inlassablement au combat, le soldat accomplissait son rôle mais dans son for intérieur, il était ailleurs, chevauchant de fiers destriers, sabre au vent, montant seul à l’assaut des forteresses ennemies… jusqu’à ce qu’un jour, un ennemi le tire de ses rêveries en lui fendant le crâne en deux d’un coup d’épée bien réel.

Et c’est ainsi que, de semaine en semaine, Hiroki-san se livre aux méditations du guerrier rêveur et, de temps à autre, se fait trucider en un instant sans que personne ne l’ait vu venir.

Kamara (2/5) : Il dégage une réelle impression de sûreté et d’autorité. La preuve, même les fois où il s’est fait uriner dessus par Diallo ou Nguette, on aurait dit qu’il maîtrisait son sujet, un prix d’excellence à l’école Christophe Castaner du « je ne doute de rien ».

Alvaro (3/5) : Peut se prévaloir d’être le seul défenseur à ne pas s’être fait submerger à un moment où à un autre, de la même manière que l’on peut narguer les néo-Provençaux en leur disant : « ma maison est peut-être moins belle que la vôtre, mais moi je ne l’ai pas construite en zone inondable, tas de cons. »

Amavi (2/5) : A mesure que ce match exhalait les remugles de la saison dernière, la logique voulait qu’une amaviade vienne logiquement garnir le tableau. Duels perdus, placements aléatoires, et fautes idiotes étaient bien au rendez-vous, mais dans des proportions pas si graves finalement, signe que même le Jordan nul a progressé.

Strootman (2/5) : Il y a plus de passes en avant dans un match du XV de France que dans celui de Kevin Strootman.

Germain (68e, 3+/5) : Titulaire, Valère Germain traîne sa peine pendant 90 minutes. Mais son fondement contient un réacteur en palladium, qui ne se recharge qu’au contact du banc de touche. Après une heure assis à se voir insuffler de nouvelles forces, Valère peut alors entrer en jeu plein d’une énergie nouvelle. Ni encore dieu ni totalement homme, Valère devient alors… le Zoker.

Sanson (3+/5) : A vu débarquer une équipe de BFM-TV pour un reportage intitulé : « En pleine grève de son équipe, ce joueur parcourt 30 km par jour pour faire son travail. »

Rongier (2+/5) : A repris ce soir l’héritage tactique du gegendribble de Lucas Ocampos, en perdant de nombreux ballons pour mieux aller les récupérer comme un sauvage dans les pieds messins. Esthétique, mais peu productif.

Sarr (1/5) : Bouleversé et à côté de ses pompes, ce qui est un peu logique quand on a connu Metz et qu’on y retourne. Nelson Mandela était un peu dans le même état en revenant à Robben Island en 1994.

Radonjic (46e, 4/5) : Cela devient donc banal de voir Nemanja Raahlovelic nous sauver les miches avec des reprises plat du pied décroisées en toute décontraction. On mesure mal à quel point il est extraordinaire de le voir accomplir simplement des gestes propres : c’est un peu comme au tennis, quand Benoît Paire marque un point sur un smash là où tout le monde s’attendait à ce qu’il colle la balle dans le filet après avoir crié « chier, pute, pute, la chatte à ta mère ».

Payet (2+/5) : Faute de trouver Benedetto, il réserve sa fameuse transversale de 40 mètres à Steve Mandanda, avec un succès que l’on devine mitigé. André Villas-Boas avait jusqu’ici déployé des trésors d’imagination pour préserver Dimitri du calendrier, mais cette fois-ci ses coups de pieds arrêtés anémiques ne trompent pas : le moment est venu comme chaque année de penser au rougail de Mamie et moins au football.

Benedetto (1/5) : Voyons voyons, il y a sans doute une explication. Peut-être que si on lui ajoute une barbe, une canette de 8.6 et un berger allemand… WOPUTAIN, KOSTAS, C’ETAIT DONC TOI ! TU NOUS RENDS TOUT DE SUITE DARIO ET TU TE CASSES !


L’invité zoologique : Opa Nguêpe

A la différence de l’industrieuse abeille, la guêpe est un nuisible à la limite du parasitisme. On le tolère à force d’habitude mais quand on y prend conscience, on se sentirait bien mieux sans elle, et sa vilaine habitude de nous piquer quand on s’y attend le moins. Bref, l’invité approprié pour parler de ce match contre une équipe destinée à ne pas passer l’hiver mais qui ne s’en ira pas sans distribuer quelques coups de dards ici où là.

– Les autres : Moins dégueulasses que d’autres, par exemple Bordeaux, ne serait-ce que par leur refus de se prendre pour d’autres en confondant les actions suicidaires avec des « intentions de jeu ». Mais bon, s’ils distribuent les points aussi généreusement alors que le match leur sourit, ils ne risquent pas de faire long feu à ce niveau.

– Le classement : Voir Lyon perdre devant tout le monde, ça reste très rigolo mais ça finit par ne plus nous arranger des masses au classement. Rennes revient ainsi à 5 points et un match en retard tandis que de son côté, Lille se rapproche également à 4 points. Ah, et notre match nul rend le PSG officiellement champion d’automne, pour ceux qui s’y intéressent.

– La radio : Cette semaine, j’étais invité par l’ami Sisko à son TeCasse spécial football, doté d’intervenants de haute volée. Le podcast est ici : https://radiogalere.org/?playlist=2019-12-09-tecasse

– Les boutons : as-tu seulement remarqué les boutons qui figurent sous cette académie et qui t’invitent à nous donner respectivement de tes mots et de tes sous. Vois comme ils sont beaux, attrayants et doux au cliquer.

– Les réseaux : Ton dromadaire blatère également sur Facebook et Twitter. Et sur Instagram aussi, tiens, mais voyez ça avec notre chargée de communication, moi je sais pas comment ça marche. Padls a tout donné pour obtenir la victoire au  concours zoologique.

Bonus musical : L’ami Toko Blaze sort un nouvel album ! Pour le soutenir, c’est ici que ça se passe : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/toko-blaze-tropical-cut. Un CD a gagner pour les lecteurs de la Canebière Académie, par tirage au sort entre les partages Twitter et Facebook de cette académie et de la prochaine.

Bises massilianales,
Blaah.

5 thoughts on “Metz-OM (1-1) : La Canebière Académie laisse des plumes

    1. A force de se vider les couilles sur l’adversaire, il y a des lendemains qui font mal à la bite… (proverbe chinois me semble-t-il…)

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