OM-Auxerre (2-1) : La Canebière Académie arrose
Icaunais la chanson.

Aïoli les sapiens,
Monaco explosé, Paris humilié, Lens en attente, et nous qui recevons un mal classé. Sur cette base, constatons deux heures plus tard que l’OM a fait respecter la hiérarchie, a renvoyé Auxerre à son anonymat et palpe le jackpot. En théorie, il n’y a rien à redire à l’affaire, l’académie peut s’arrêter ici, tous les joueurs repartent avec leur 4/5 et on passe une bonne nuit.
Mais ce laps de temps que le naïf imagine ponctué d’un 4-0 sans nuance ni frisson, l’OM ne sait en pratique pas l’occuper autrement qu’en procurant aux supporters au minimum huit coliques acides et une amorce d’arrêt cardiaque à chaque match, pour nous laisser presque trop épuisé pour savourer la victoire. Si l’on vivait l’intégralité de notre vie comme on traverse chaque match de l’OM, on aurait l’impression de revenir du Vietnam à chaque fois qu’on franchit un passage piéton.
Les Longorious Basterds
Lopez
Mbemba (Guendouzi, 70e) – Gigot– Kolasinac (Balerdi, 93e)
Kaboré (Nuno Tavares, 46e) – Rongier – Veretout– Clauss
Ünder (Bailly, 89e) – Sanchez
Vitinha (Payet, 70e)
Après quelques ajustements entrepris contre Lyon (rappel : hahahahaha), Tudor revient à sa composition printanière, associant notamment Sanchez et Vitinha devant, et Clauss-Kaboré sur les côtés.
Le match
Sans surprise, Auxerre est venu pour mettre le bus devant sa surface, quoique dans l’Yonne cette expression ne soit pas exactement synonyme de sécurité. Du reste, l’empilement de défenseurs n’empêche pas Vitinha d’être trouvé à plusieurs reprises en position de tir, avec une constance dans le ratage de cible qui force l’admiration.
La domination marseillaise est totale, mais le manque d’application aussi. Aussi fougueux qu’imprécis, les Olympiens ne sont pas sans évoquer l’étalon du Poney Prolétaire Pertuisien, celui dont la monitrice dit « ah ça il fait le beau, mais il est tellement pas dégourdi qu’à un moment j’ai dû la lui tenir pour qu’il la mette dans la jument au lieu d’arroser tout l’enclos ».
C’est alors que le Vélodrome, fidèle à sa réputation, transcende les joueurs les plus anodins. Ou même, pas, il transcende les ballons, en fait. Après tout, nos adversaires, eux, ils font comme ils savent faire : tirer très fort en fermant les yeux, puisque s’ils savaient faire autre chose ils ne seraient pas relégables. Mais les ballons, eux, au Vélodrome, ils se transcendent, c’est comme ça : quand dans 19 stades de Ligue 1 ce genre de tirs finit en tribune, chez nous ça part forcément en lucarne. Exemple : quand Pau Lopez repousse mollement un coup-franc envoyé dans la surface, Birama Touré arme une volée de l’intérieur du gauche. Là normalement le ballon il se dit « wola, attends, je regarde mes notes, c’est qui, celui-là qui me tente une volée intérieur du gauche ? Birama Touré ? Je connais pas moi, attends, merde, je suis un Kipsta cousu au Bangladesh vendu 25 balles moi, je suis pas le Corner à Mouloud moulé pur plastique que t’as acheté au marché de la Plaine pour emmener les minots à la plage, j’ai été botté par Lionel Messi moi môssieur. Tiens, je vais partir dans la gueule d’un ramasseur de balle, ça lui apprendra à ce Birama Touré, à se prendre pour quelqu’un d’autre. » Mais là on est au Vélodrome, alors le ballon il se dit « ah oué, y a de l’ambiance ce soir, j’ai vu du beau linge en tribune présidentielle, si ça se trouve ya des recruteurs, en plus ya ma tatie et mes cousins qui regardent, attends, on va se faire beau, là ». Et là paf, le ballon, il finit en lucarne, il enlève son maillot, il fait le signe de Jul, bref, le ballon il ne se sent plus, et nous, on se trouve donc mené sur le seul tir auxerrois de cette première mi-temps (0-1, 33e).
Ce but n’arrange rien à un OM déjà en train de se crisper devant son manque de réussite. Notre domination continue ainsi à se traduire par une multitude de centres à destination de tous les lieux où ne se trouve pas un joueur de l’OM.
Un premier geste est posé à la reprise avec le remplacement de Kaboré par Nuno Tavares : le Portugais est censé apporter davantage de qualité dans le dernier geste, ce qui nous permet de mesurer le niveau de désespoir auquel en est rendu Tudor dans ce domaine. Alors que le dispositif mis en place par notre entraîneur permet pour une fois de fracturer assez facilement le blocquéquipe adverse, nous sommes anéantis par notre finition de torchés au Garlaban.
L’arbitrage ne nous aide pas davantage, puisque Sanchez se voit privé d’un pénalty après avoir pourtant vu son centre dévié de la main. En soi, le caractère involontaire de la main est très admissible, mais l’arbitrage vidéo ayant conduit à sanctionner régulièrement ce genre de geste, on est bien en peine de comprendre pourquoi il n’en est pas de même ce soir.
Peu après, une belle combinaison s’achève par un centre d’Ünder pour Nuno Tavares, seul au second poteau mais qui voit son tir dévié sur la ligne par le retour défensif de l’espace d’un Auxerrois.
A vingt minutes de la fin, Tudor entreprend des mouvements plus radicaux, sortant un défenseur et l’avant-centre pour faire entrer Payet et Guendouzi. Les arbitres vidéo, eux, ont le bonheur de prolonger leur sieste, ce qui permet à Kolasinac de s’en sortir avec un « c’est pas bien Monsieur, ne recommencez pas » après un amour de coup de coude dans la gueule d’un Auxerrois en pleine contre-attaque.
Dans la foulée, Clauss trouve Ünder, qui parvient à pivoter autour de son défenseur pour envoyer une lourde du droit dans la lucarne opposée, comme quoi notre équipe se montre si tenace que même les forces occultes acharnées à nous casser les couilles se lassent avant elle (1-1, 75e).
Un bonheur n’arrivant jamais seul, Guendouzi adresse une fort jolie passe en profondeur pour Sanchez, qui ajuste la balle entre les jambes du gardien. Le révélateur de hors-jeu ne révélant que dalle, l’action est décidée selon la méthode du « azy trace une ligne au pif, on dira que c’est scientifique et irréfutable », pour notre plus grand bonheur (2-1, 77e).
Ce retournement de situation aurait pu clore l’affaire, mais voici que l’OM a donc un avantage à défendre. Or, quand cette équipe ne mène pas, elle se crispe, et quand elle mène, elle panique : l’idée de finir un match dans la sérénité est exclue. Galvanisés par leur réussite de la première période, les Auxerrois multiplient les centres et, dès qu’une position de tir est trouvée, en reviennent à leur stratégie : tirer très fort en fermant les yeux. Sachant qu’il existe tout de même des limites à l’improbable, les défenseurs et Pau Lopez s’affairent pour éviter une nouvelle déconvenue. Une dernière contre-attaque permet à Guendouzi d’enterrer le ballon au piquet de corner opposé pour valider la victoire.
Les joueurs
Lopez (2+/5) : Doit craindre moins le déplacement à Lens que l’OM-Angers au Vélodrome dans 15 jours et l’inévitable frappe de 40 mètres en lucarne de Batista Mendy.
Mbemba (3/5) : Sorti sans démériter pour raisons tactiques (« trois défenseurs contre ces paralytiques c’est peut-être un de trop, et pour ce qui est de rater des centres on est aussi largement pourvus »).
Guendouzi (70e) : Nonobstant une ou deux hésitations slipométriques devant notre surface, Mattéo a montré percussion et intelligence, pour un résultat quasi-immédiat. Notre victoire a été tirée par ses cheveux, en quelque sorte.
Gigot (4/5) : Trente ans plus tôt, il aurait précisément été un grand défenseur de l’AJ Auxerre, d’autant que Guy Roux aurait rentabilisé son salaire en le louant aux agriculteurs du coin pour leurs travaux de labour.
Kolasinac (4-/5) : Son coup de coude pas net aurait pu donner une autre tournure au match, mais selon l’expression consacrée, « ya rien, ça joue ». On considère donc que ce geste est à intégrer à sa panoplie d’actions consistant à atomiser les Auxerrois à la moindre ébauche d’attaque de manière toujours autoritaire mais jamais illicite.
Balerdi (93e) : Après sa titularisation-surprise face à Lyon (rappel : hahahahaha), Igor Tudor se fend d’une nouvelle provocation envers le Destin (« oui, on est tellement sûrs de gagner qu’on se permet même de faire rentrer le mec le plus poissard du monde et non, tu vas absolument rien nous faire »). Ca me fait penser au type qui chante « sorcière, sorcière, prends garde à ton derrière », dans le conte de la sorcière du placard à balais.
Kaboré (2+/5) : A raté moins de centres que les autres, mais c’est aussi parce qu’il a moins osé centrer.
Nuno Tavares (2+/5) : D’accord, on marronne de prendre des buts improbables par des mecs au développement psychomoteur limité, mais les clubs qui ont pris des buts du droit de Nuno Tavares en début de saison doivent être dans le même état que nous.
Rongier (3-/5) : Une prestation rigoureuse mais manquant peut-être d’audace, ce que les agences de notation pourront sanctionner d’une manière que d’aucuns trouveront injuste. Il paraît nécessaire de poursuivre dans la voie engagée de manière encore plus résolue et volontariste.
(Nda : au départ je voulais écrire « on aurait préféré qu’il se montre un peu plus sale face à une équipe qui n’attendait que de se faire dilater l’anus », mais puisque Bruno Le Maire se permet d’écrire comme sur Horsjeu, je ne vois pas pourquoi nous on ne pourrait pas écrire comme au ministère de l’Economie.)
Veretout (3-/5) : Prière de se reporter ci-dessus à l’appréciation de l’autre composante des Rongetout, et d’utiliser l’espace rendu ici disponible pour une insulte gratuite à Gérald Darmanin.
Clauss (2+/5) : Tu connais le point commun entre un footballeur et un tampon hygiénique ? Pour que ça fonctionne, ça doit bien s’appliquer.
Ünder (3+/5) : Autant, les centres manqués c’est comme les pizzas sur la carte de fidélité, faut en enquiller assez pour avoir droit à la pizza gratuite ou à un but.
Bailly (89e) : Cette phase retour nous permet de voir Eric Bailly par petits bouts, un peu comme la phase aller finalement.
Sanchez (3+/5) : Fait ce qu’il faut, où il faut, quand il faut.
Vitinha (2/5) : Tu passes une demi-heure de plus avec Jean-Pierre Papin à la fin de chaque entraînement, tu manges avec Jean-Pierre Papin, tu dors chez Jean-Pierre Papin, tu prends la place de la femme de Jean-Pierre Papin si tu veux, mais la prochaine fois, avec autant de ballons dans la surface, tu finis avec un doublé minimum.
Payet (70e) : Entrée sympathique mais toujours dépourvue DU geste décisif qui fait du bien (prévu le week-end prochain à Lens, rappelons-le).
L’invité zoologique : Mbaye Nianguille
Les anguilles, c’est bon mais c’est pas facile à attraper, comme nous le rappelle ce monument de notre culture télévisuelle (les âmes sensibles s’arrêteront au titre de la vidéo). Voici les observations de notre invitée :
- Les autres : encore plus nuls qu’Ajaccio ou Strasbourg qui, eux, retirent des points de ce genre de scénario improbable.
- Le classement : Alors là ATTENTION ya du mouvement. Derrière, Monaco reprend une rouste et se trouve à neuf points. On est pas mal placés pour le podium. Lens est provisoirement à 4 points, mais rencontre mercredi des Toulousains encore bourrés de leur victoire en coupe. Devant, Paris n’est plus qu’à 5 points, mais leur calendrier très favorable laisse à penser qu’il leur faudra vraiment être d’énormes viers pour lâcher cet avantage.
- Coming next : Plus que 5 matchs, dont celui de samedi à Lens pourrait dé(ngolo)canter un peu plus la situation.
- Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Florent Llrns remporte le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah